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NATURE ET DES HOMMES A VALORISER

Section 2 La forêt, un bien vital pour les populations du parc de Loango

2.1. Caractéristiques socioculturelles et socioéconomiques des populations locales

2.1.1. Les populations des villages du nord du parc

Le secteur nord du parc est limité au sud par le Rembo Echira et l’ancien village du Petit Loango, l’océan Atlantique à l’ouest, le bassin du fleuve Ogooué au nord et par les provinces de la Ngounié et du Moyen-Ogooué à l’est. Le département d’Etimboué, dont le chef-lieu est Omboué, compte 10250 habitants. Il est divisé en trois cantons : le canton Lagune Nkomi, le canton Lagune Iguela et le Canton Rembo Nkomi. Les villages situés dans le parc sont Bonne Terre, Obiro et Yombe. À la périphérie se trouvent Ntchongorové et d’Idjembo. Toutes ces localités font parties du canton Lagune Iguéla. Selon l’histoire, il semble que les premiers habitants de la lagune Iguéla176 soient originaires de la province de la

176 La lagune Iguéla est aussi appelée lagune Ngové. Iguéla signifie « passage obligé » dans l’ethnie Nkomi.

187 Ngounié. Leur déplacement serait lié aux migrations de travail engendrées par l’exploitation forestière.

● Bonne Terre

Selon l’histoire la plus répandue, le village Bonne Terre177 ou « Moutambe Mouboti » aurait été fondé par Aluka Monivé, un homme du clan Ngubi originaire de Mandji178. Il alla chercher son fils, qui faisait partie du clan179 Boundombi pour venir diriger le village. Ce dernier deviendra le chef de canton de la lagune. Le site de Bonne Terre fut par la suite abandonné pendant quelques années à cause de la mort du chef de canton.

D’autres versions affirment, selon le chef actuel de canton de la Lagune (Blaney et al., 1999), que le premier chef de canton de la lagune serait Adjembé de Mandé, du clan Mandé. Il en aurait pris la chefferie vers 1920. Il aurait vécu à Obiro 1 et serait décédé vers 1940 (Blaney et al., 1999).

Le chef du village est généralement du clan Mandé. En effet, des années 1940 aux années 1980 par exemple, à l’exception d’Antoine Ogoula qui était du clan Ekamu (1945-1948), les autres chefs étaient du clan Mandé tels que Marcelin Rewora qui était né d’un père Mandé (1948-1953) et de Michel Yéno du clan Mandé (fin des années 1980).

Avec une population de 5 habitants, Bonne Terre est le village le moins peuplé de tout le parc. Parce qu’il est enclavé et surtout parce qu’il a une très petite population, il est dépourvu de structures de base (école, dispensaire, etc.) au même titre que le village Sounga. Ce sont les ethnies Eshira, Balumbu et Ngové qui occupent cette petite localité rurale. La pluralité ethnique constatée dans ce village, et dans d’autres, par rapport à la taille de sa population est due au mariage entre personnes d’ethnies différentes180 et à la polygamie. Les habitants de Bonne Terre exercent leurs activités agricoles, de chasse et autres activités traditionnelles (récolte de vin de palme, de bois de chauffe, etc.) dans leur terroir villageois.

177 Traduction française de l’expression « moutambe mouboti » de l’ethnie Eshira. 178 Dans la province de la Ngounié.

179 Autrefois, le peuple gabonais était divisé en tribus, elles mêmes scindées en clans. De nos jours, les tribus

n’existent plus ou ne sont plus désignées comme le principal critère de distinction entre les groupes sociaux. Ce rôle revient au clan. La désignation actuelle des tribus est souvent assimilée aux ethnies. Nous apportons des détails sur le clan dans les paragraphes traitant les liens entre totems claniques et conservation.

180 Si dans le passé, les gens se mariaient uniquement avec des personnes de la même ethnie, c’est l’effet inverse

188 ●Obiro

Le nom du village Obiro trouverait son explication dans la déformation par les locaux de « au bureau ». L’histoire retient que dans l’ancien temps les habitants de la région de la lagune se rendaient dans ce village pour faire rédiger leurs lettres par des enfants alphabétisés. C’était le lieu de l’écriture, le bureau.

Le village Obiro a changé trois fois de sites, Obiro 1, Obiro 2 et Obiro 3. Obiro 1 et 2 se trouvaient de l’autre côté de la lagune. Le site de Obiro 2 aurait été occupé des années 1930 à 1952. Le site d’Obiro 3, l’actuel, a été fondé en 1952. Les anciens sites ne servent plus que de cimetières (Obiro 1) et de campements agricoles (Obiro 2).

Obiro est fortement touché par l’exode rural. Entre 1993 et 1998, la population est passée de 108 à 7 personnes (Blaney et al., 1999). Tout comme Bonne Terre, il fait aujourd’hui partie des villages de moins de 10 personnes. Il ne serait pas étonnant qu’il disparaisse totalement ou se regroupe avec les villages voisins. Cette population très décroissante est constituée pour l’essentiel de l’ethnie Ngové. En dehors de leur village respectif, les habitants de Yombé et Obiro occupent communément l’ancien site d’Obiro 2 pour leurs activités agricoles.

● Yombé

Le nom du village Yombé est celui d’un génie dont le terme signifie dans l’ethnie Nkomi « tu m’as fait du mal mais je te reverrai quand même chez moi demain ». Il n’a pas toujours eu ce nom. Il s’appelait à l’origine Ilemba qui signifie « faire un geste » et était situé, contrairement à la localisation actuelle, de l’autre côté de la lagune Iguéla. Yombé aurait été fondé en 1950 par Rembondo Ndougou. D’autres chefs lui ont succédé, essentiellement du clan Avangué, tels que : Njogo (pendant l’époque coloniale), François Ngamba (1959-1982), Joseph Edembé (premier chef de regroupement des localités de Yombé et Obiro à partir de 1967), François Mbondo et actuel chef de village de Yombé depuis 1988 (Blaney et al., 1999).

Bien que ce soit le village le plus peuplé du nord du parc, avec près de 40 personnes, Yombé ne dispose ni d’école, ni de structure médicale. La population est ethniquement composée des Ngové, Nkomi, Balumbu, Bavarama et des Eshira. Comme pour la plupart des villages de la région, la diversité ethnique pour une population peu nombreuse est due aux migrations du travail dans les secteurs pétroliers et forestiers ; de même qu’aux mariages.

189 ● Ntchongorové

Ntchongorové ou « la pointe de la plaine181 » a été créé pendant la période coloniale. Plusieurs clans se sont succédé au poste de chef du village. Il semble qu’à l’origine, il était aux mains du clan Ekamamu ou Guassinga182. Le chef actuel est du clan Mandé.

Le village est habité par près de 50 personnes. Comme dans la plupart des autres villages, on y retrouve des Ngové, Myènè, Balumbu, Echira et Bapunu. Il n’y a pas d’école, ni de dispensaire. Toutefois, la présence du poste de contrôle de la brigade de faune d’Iguéla (campement fixe) et les activités touristiques lui permettent de fournir des emplois aux locaux, réduisant ainsi l’exode rural.

Les populations de Ntchongorové exercent leurs activités traditionnelles (agriculture, chasse, pêche, etc.) essentiellemement au carrefour Mpivié-Idjembo, dans la forêt Opaka et sur le site de l’ancien village de Mangoué.

● Idjembo

Idjembo qui signifie « deux arbres », en référence aux sexes féminin et masculin représentés par deux arbres qui se trouvent à côté du village, a été fondé en 1941. Il a été principalement dirigé par le clan Mandé.

La localité d’Idjembo compte environ 100 habitants représentés par les ethnies Ngové, Balumbu, Echira et Bapunu. Ils effectuent leurs activités traditionnelles (agriculture, chasse, pêche, etc.) particulièrement sur la route Mpivié-Omboué, le site de l’ancien village de Mangoué, à l’entrée de l’ancienne piste qui menait à l’ex village de Ntchonimbani.