• Aucun résultat trouvé

4. Cadre méthodologique et difficultés de la recherche

4.2. Les difficultés de la recherche

Nous avons été confrontés à plusieurs difficultés dans la recherche documentaire et pendant les enquêtes de terrain. Nous citons les plus importantes.

4.2.1. Au niveau de la recherche documentaire

Les difficultés dans la recherche documentaire ont été liées à la disponiblité des ouvrages sur la conservation de la nature au Gabon, particulièrement sur les aires protégées, et à la différence des données chiffrées d’une source à l’autre sur une même question.

Il existe très peu d’ouvrages sur la conservation de la nature, les aires protégées, la gestion de la nature, le braconnage, la déforestation, le tourisme et toutes autres thématiques portées sur l’environnement au Gabon. Afin de faire face à ce manque, nous avons dû nous appuyer principalement sur les rapports d’études des ONG (WWF, WCS, RAPAC, etc.), d’organismes internationaux (FAO, IUCN, etc.) et d’institutions étatiques (les ministères) ; de même que sur les thèses, les mémoires, les articles et les reportages (ou documentaires) télévisés. La rareté des sources bibilographiques sur cette thématique est un problème régulièrement soulevé par les chercheurs. Bingono Meba (2004) par exemple soulève également cette carence :

« La documentation spécifique est à l’image même des concepts centraux étudiés. Autrement dit, peu d’études on été menées sur notre zone d’étude. Seulement quelques numéros de la revue Le Cri du pangolin (ONG Ami du Pangolin) et rapports de mission (ECOFAC, CUREF, ASF, WWF, WCS, …) nous ont été accessibles. Il existe également des rapports faits par des exploitants forestiers mais difficiliment accessibles. Rien de spécifique du côté de l’administration publique malgré le décret présidentiel consacrant l’année 2003 comme « année de l’écotourisme au Gabon ». Nous ajoutons au constat de Bigono Meba (2004), que rien de plus n’a été fait sur la documentation malgré le lancement

34 du slogan « le tourisme c’est possible au Gabon » en 1997 et la création de 13 parcs nationaux qui occupent 11 % du territoire depuis 2002.

La différence de données statistiques d’une source à l’autre a été aussi un problème. Les exemples de la superficie occupée par les parcs nationaux du Gabon en hectares (ha) et en pourcentage (%) et du taux d’endémisme de la flore du pays donnent un aperçu.

Pour le CNPN, dans son Plan cadre de gestion des parcs nationaux du Gabon 2006- 2012, la superficie des parcs nationaux du Gabon est de 3 013 842 hectares (dont 129 307 hectares de territoire marin) soit 11,26 % de la superficie du territoire national. Sur la terre, cette surface est de 2 884 535 hectares soit 10 % du pays. Selon CARPE et PFBC (2007), dans Les forêts du Bassin du Congo. Etat des forêts 2006, la superficie est supérieure à 2 919 000 hectares. Selon CARPE et Union européenne (2009), dans Les forêts du Bassin du Congo. Etat des forêts 2008, la superficie est tantôt de 2 919 000 hectares tantôt de 2 191 000 hectares.

Par rapport au taux d’endémisme de la flore du Gabon, Sosef et al. (2005) parlent de 10,8 %. D’autres sources avancent des taux diffèrents. Bergeron et Callaque (2007) mentionnent 15 % et le Ministère des Eaux et forêts (1999) donne un pourcentage de 20 %.

4.2.2. Au niveau des enquêtes de terrain

La distance entre le pays de nos études universitaires, la France et le terrain de notre objet d’étude, le Gabon a été une difficulté. Cette distance soulève principalement les problèmes financiers pour se rendre régulièremnet sur le terrain. Nous avons financé nous mêmes notre premier (2006), deuxième (2007) et quatrième séjour de terrain (2010). Pour le troisième séjour (2008), nous avons bénéficié de l’aide financière du programme ACI (Action Concertée Incitative) « Les ressources dans les pays du Sud : pratiques et enjeux de développement » octroyé à RURALITES/ICoTEM, notre laboratoire d’accueil. Nous avons également reçu l’aide du Réseau des Aires protégées d’Afrique Centrale (RAPAC). Cette association régionale28 nous a encadrés, en tant que stagiaire dans le cadre de la thèse. Elle nous a soutenus pour les démarches adminsitratives et les déplacements au Gabon, particulièrement dans le parc de Loango et ses environs. Les difficultés financières ont également été un handicap pour effectuer nos recherches dans la partie nord du parc. Les financements octroyés par le RAPAC s’étaient épuisés dans l’achat du carburant pour le bateau, l’achat de présents (tabac, alcool, sucre, jus de fruits, etc.) qu’il fallait offrir à chacune des personnes avec qui nous nous entretenions, particulièrement dans les villages.

35 La rémunération de notre guide (10 000 F CFA/jour soit environ 15 euros/jour) s’ajoute à ses dépenses.

Les difficultés ont été également d’ordre administratif. L’obtention des signatures des principaux officiels du domaine des parcs (ANPN) et des ONG actives dans le parc d’étude (WWF, WCS, etc.) est une démarche nécessaire avant de solliciter une autorisation de recherche. La procédure peut durer plusieurs semaines. Le temps d’attente varie en fonction de la disponibilité des protagonistes. Au moment de notre terrain la mesure venait d’être prise. Nous n’étions donc pas informés. Une fois que nous avions rassemblé ces signatures, il nous a fallu patienter deux mois pour obtenir l’autorisation d’accès au parc national de Loango. Celle-ci est délivrée par le CENAREST. Toujours dans le cadre administratif ou protocolaire, lorsque qu’une personne se rend dans une localité pour une recherche scientifique, elle doit se présenter aux officiels (préfet, maire, conseiller départemental, chef de village, etc.). La démarche autorise en quelque sorte, au niveau local, les actions que vous allez entreprendre dans le cadre de votre enquête de terrain. Pour ce faire, il faut prendre des rendez-vous, qui sont parfois repoussées à maintes reprises, sur plusieurs jours, voire des semaines, raccourcissant ainsi le temps consacré à l’enquête.

Toujours dans le cadre des procédures, nous n’avons pas pu obtenir l’autorisation d’accès aux sites d’exploration pérolière (Lotus) de la Sinopec (nord du parc), au site de forage de Total (Atora) ou de toute autre société qui exploitent du pétrole à la périphérie du parc. Nous avons pu accéder uniquement au camp de Koumaga, une base logistique et de stockage de matériel de Shell située à la périphérie sud du parc (cf. annexe 18).

A ces difficultés, il faut ajouter la réticence et le refus de certains habitants de participer à l’enquête, particulièrement les populations du parc de Loango et ses environs. Ils estiment qu’ils ont « trop de problèmes qui ne sont pas réglés jusque là malgré les nombreuses missions des ONG, de l’Etat, des étudiants (des eaux et forêts et de l’UOB) et des chercheurs étrangers ». L’agressivité verbale, le refus d’être photographié, filmé, enregistré sur le dictaphone29 et d’aborder « le sujet parc » ou « les affaires du parc » sont autant d’exemples des difficultés rencontrées sur le terrain. L’inaccessibilité à certaines personnes ressources clés ou à certaines informations capitales a été de même un handicap (au ministère des mines, à la direction générale du tourisme, à l’ANPN, etc.). Tout et rien est souvent dit confidentiel.

La barrière ethno-linguistique a aussi été un handicap. N’étant pas originaire de la province de l’Ogooué-Maritime, région linguistique des Nkomi, Ngowé (ou ngové), des

29 Les raisons sont diverses : d’abord parce que les populations locales sont énervés, ensuite par peur de

36 Lumbu et des Eshira, il nous était difficile de nous entretenir avec la population locale. Il nous a fallu faire appel au service d’un interprète pour les entretiens. Il faisait de même office de guide et de chauffeur du petit bateau que nous avait prêté le WWF-Gamba. Les rares occasions de nous entretenir avec les populations se sont présentées pour les interlocuteurs Punu, notre ethnie. Dans des rares occasions, nous captions un ou deux mots en Lumbu et en Eshira.

Le matériel de sécurité et de transport a souvent montré ses limites. Lorsque nous étions dans la région du parc de Loango, en dehors de la marche à pied dans la forêt ou entre différents poinst d’un village, nous nous déplacions tous les jours dans un petit bateau qui ne disposait pas du matériel obligatoire dans un bateau. Nous n’avions pour ainsi dire pas de gilet de sauvetage, pas de pagaies et nous avons été confrontés à des pannes de moteur ou d’hélice. Par exemple, une fois l’hélice de notre bateau « hors bord »30 est tombée en panne en pleine lagune. Il nous a fallu ramer à la main avec le bout de bois qui nous servait de pagaie et vider l’eau qui pénétrait dans le bateau (cf. annexe 20) pendant plusieurs heures, avant d’atteindre le débarcadère d’un village (Pitonga).

À côté de ces problèmes matériels, nous pouvons aussi souligner le côté émotionnel ou mental, marqué particulièrement par le décès par noyade d’un habitant de Pitonga pendant notre séjour sur le terrain en 200831. Nous empruntions tous les jours un petit bateau, comme nous l’avons dit précédemment sans matériel de sécurité adéquat. Et c’était nos débuts dans le monde de l’eau, autrement dit c’était la première fois que nous montions dans un bateau, et ce pour faire des voyages réguliers et sur nombreuses heures, alors même que nous ne savions pas nager. Constater qu’un jeune homme qui connaît les moindres recoins de la lagune n’a pas pu s’en sortir a fait naître en nous des angoisses, bien plus importantes que les quelques unes que nous avions eu pendant nos excursions en forêt. Heureusement pour nous, elles ont été de courte durée, le désir de la recherche ayant pris le dessus.

Des problèmes d’ordres médicaux se sont invités tout au long de cette période de thèse. Il s’agit particulièrement d’un kyste synoviale douloureux sur le poignet droit, manifesté dès 2007 et opéré en 2010. Etant droitière, il nous a handicapée dans la rédaction ; et la rééducation annoncée courte au départ a été plus longue que prévue. Nous pouvons aussi parler de la fièvre typhoïde que nous avons contractée lors de notre séjour sur le terrain en 2010. L’état physique dans lequel nous étions, a été un frein à la réalisation d’une enquête supplémentaire dans le parc de Loango, particulièrement dans sa partie nord.

30 Bateau à moteur.

37

PREMIERE PARTIE : LA CONSERVATION DE LA NATURE AU

38 INTRODUCTION

Le Gabon est un pays d’Afrique équatoriale. Il est recouvert de forêt et abrite l’une des plus petites populations d’Afrique centrale. Pour garantir son développement économique, l’Etat se base sur l’exploitation de ses ressources naturelles. Dans le cadre de la conservation de la nature, le Gabon a crée 13 parcs nationaux en 2002. L’intérêt du Gabon pour cette cause remonte à l’époque coloniale. Il est de même fotement lié à l’idélogie international actuel. L’élan pour la conservation de la nature a commencé dans les pays du Nord et s’est ensuite étendu au Sud. Les parcs nationaux, sur lesquels le Gabon concentre ses efforts en faveur de la conservation, ont des enjeux locaux (ou nationaux) et internationaux considérables.