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NATURE ET DES HOMMES A VALORISER

1.1. Histoire de l’occupation spatiale de la zone du parc

D’une superficie de 1 550 km², situé entre les lagunes Ngové et Ndogo, le parc national de Loango couvre l’emplacement de l’ancien parc national du Petit Loango, la seconde aire protégée du pays. Il est bordé à l’ouest par l’océan atlantique et dispose de plages désertes de sable blanc sur plus de 85 kilomètres. Il est entouré et parsemé par un archipel de 350 îles et îlots réparties sur les lagunes. Sa création et sa localisation sont liées à la particularité de sa faune et de sa flore. Outre cet aspect, la localisation et la fréquentation ont aussi été influencées par la proximité de Gamba et Port-Gentil, principalement villes pétrolières et dans une moindre mesure forestières. Elles sont d’importantes sources de touristes. Son emplacement a également un lien avec la découverte du pays par les explorateurs européens et à la richesse de la faune et de la flore de cette région.

Les côtes gabonaises ont été reconnues pour la première fois par des marins portugais en provenance de Sao-Tomé et de l’île du Prince (Principe) à la fin du XV siècle. Ils donnèrent au Gabon le nom de Gabao (ou de Rio de Gabao) parce que les côtes du pays

167 Le terme de paysage (une apparence et une représentation : un arrangement d’objets visibles perçu par un

sujet à travers ses propres filtres, ses propres humeurs, ses propres fins (Brunet et al., 1998)) n’est pas employé à la place de patrimoine naturel parce qu’il renvoie généralement à des apparences et à des représentations de l’environnement issues des perceptions et des visions d’une ou plusieurs personne(s), société(s) ou culture(s). En outre, en géographie de l’écologie (allemande ou russe), le paysage se limite à la végétation : il désigne « l’ensemble des attributs naturels d’un espace, parfois réduits aux écotopes, si ce n’est aux formations végétales » (Brunet et al., 1998). Dans ce cas de figure, le paysage est inclus dans la notion de patrimoine naturel. Nous ajustons ainsi notre définition en disant que le patrimoine naturel est l’ensemble des richesses floristiques, fauniques et paysagères d’un espace donné qu’il faut conserver pour les générations à venir.

174 avaient la forme d’un manteau à capuche (Chevalier, 2006). Dès lors la découverte des régions de la côte gabonaise, du nord au sud, deviendra l’objectif des explorateurs.

Certains explorateurs ont marqué l’histoire de la côte gabonaise. Au nord de la côte, c’est-à-dire au-dessus de Libreville, les Portugais abordent les populations riveraines de l’Estuaire du Gabon : les Mpongwé. Ils les dénommèrent Pongo. Ce nom est à l’origine du premier nom donné au pays par les européens : Rio Pongo ou Rio do Gabâo. Les Portugais donnèrent à la région de la pointe nord de Libreville (nom donné en 1848) le nom de Cabo de Estérias, qui signifie « Cap des Spartes », à cause de port courant des spartes (chaussures) par les habitants du pays Mpongwé. L’endroit s’appelle actuellement Cap Estérias. Lopo Gonçalves fut le premier à débarquer sur le delta de l’Ogooué. Il donnera son nom à la presqu’île de Mandji (l’actuel Cap Lopez) en 1472. Rui de Sequeira découvre le pays Ngowe, au sud d’Eliwenkomi, le 25 novembre 1472. Toujours en 1472, Fernâo-Vaz découvre le pays Nkomi. Il lui donnera son nom : Fernan-Vaz. Entre 1472 et 1475 Fernâo Gomez arrive dans les pays du sud-ouest du Gabon : Setté-Cama et Mayumba. Il explorera ensuite l’ancien royaume du Mani-Kongo au Congo (Chevalier, 2006). Le pays de Cama ou royaume de Cama est habité par les Cama (ou Nkomi), et, le pays de Setté ou le royaume de Loango est le territoire des Lumbu. Mayumba est le territoire des Vili.

Les explorateurs ouvriront la voie à la traite négrière et au troc. En effet, la région devient rapidement un lieu de traite et des comptoirs de troc s’érigent un peu partout. Il existe encore sur les berges de la lagune Ndogo, des morceaux de faïences et quelques tombes envahies par la végétation qui témoignent de la présence de comptoirs coloniaux entre le XVIIème et la fin du XIXème siècle. Une carte du Royaume de Loango commandée par le Roi de France en 1731 indiquait déjà les noms de ‘‘rio Sette’’ et de ‘‘rio Cama’’ (cf. annexes 9, 10 et 11). A l’époque, ces noms semblaient désigner à la fois des rivières, un village, voire une tribu ou un royaume (Pourtier, 1989).

À la fin du XIXème siècle, les missionnaires succèderont aux négriers et aux troqueurs. En 1890, le père Carrie de la mission de Fernand Vaz, fonde la paroisse de Sette Cama (Chevalier, 2006).

Au cours de la même période, l’exploitation forestière débute sur la côte sud-ouest du Gabon. Elle est la première zone d’exploitation forestière du pays. Elle sera exploitée par les grandes compagnies forestières pour l’okoumé, le limba, l’iroko, etc., jusqu’en 1962. Les exploitants forestiers qui cotoient les habitants de la forêt côtière et cette forêt giboyeuse furent la renomée de la région du parc au point d’attirer des guides de chasse. Au début des années cinquante (1950), le guide de chasse Maurice Patry s’installe à Sette Cama pour une

175 trentaine d’années. Il fera de Sette-Cama un lieu de chasse connu des grands amateurs de chasse sportive ou de tourisme cynégétique. Des personnalités politiques européennes168 connues sur la scène internationale ont eu l’occasion de pratiquer la chasse sportive à ses côtés dans le domaine de chasse de Sette-Cama, partiellement englobé par l’actuel parc de Loango.

Une partie de la côte sud-ouest du Gabon, espace habité par des populations forestières et côtières, et, reconnu pour sa flore et surtout sa faune particulière par l’administration coloniale, sera destinée à la protection de la nature : au parc national du Petit Loango. Ce nom, aujourd’hui lieu dit, a été donné au parc en souvenir du royaume de Loango.

Le parc national du Petit Loango est le premier parc national du Gabon. Il fut créé pendant la période coloniale, précisément en 1956 soit dix ans après la création de la première réserve naturelle, la Lopé (1946). Cet espace protégé changera de statut et s’accolera à d’autres catégories de mise en réserve de la nature dès 1962. C’est ainsi que vont être classés, selon l’arrêté du 17 novembre 1962, deux réserves de faune (petit Loango et plaine Ouanga) et trois domaines de chasse (Ngové-Ndogo, Sette-Cama et Iguela). Cet ensemble d’aires protégées deviendra en 1966 l’Aire d’Exploitation Rationnelle Faune (AERF) de Sette-Cama. Le 13 avril 1971, selon le décret portant ouverture des aires protégées à l’exploitation touristique, l’AERF de Sette-Cama est ouverte au tourisme. Pour assurer la protection pratique de l’AERF, la brigade de faune de Sette-Cama sera créée seulement en 1982 dans la partie sud, celle d’Iguéla en 1995 dans le nord.

Tableau 36 : L’Aire d’Exploitation Rationnelle de Faune de Sette-Cama

Domaine de chasse de Ngové-Ndogo Domaine de chasse de Sette-Cama

Domaine de chasse d’Iguéla Réserve de faune de Petit Loango Réserve de faune de la plaine Ouanga

250 000 hectares 200 000 hectares 150 000 hectares 80 000 hectares 20 000 hectares Total 700 000 hectares

Sources : IPN, 1993 et documentation du ministère du tourisme du Gabon, section écotourisme, 2008.

168 Selon le chef de village de Sette-Cama, Giscard d’Estaing et les membres de la famille royale d’Angleterre

176 En 2002, une petite partie de l’AERF de Sette-Cama est convertie en parc national : Loango. Ce classement va modifier la nomenclature et la structure du complexe d’aires protégées de Gamba (CAPG). Le parc s’étend entièrement sur l’espace qu’occupait l’ancienne réserve de faune du petit Loango et partiellement celui des domaines de chasse d’Iguéla et de Ngové-Ndogo (cf. carte 18). Il fait partie du complexe d’aires protégées de Gamba et du complexe écologique et transfrontalier Gamba-Mayumba-Conkouati. Le Parc de Loango est un site Ramsar. Il est proposé comme Site du Patrimoine Mondial (World Heritage Site).

Photo 2 : Entrée sud du parc national de Loango

Photo. Chiberth Aulaire MOUSSAVOU, Sette-Cama, août 2008.

Sur la pancarte (en métal) surelévée, il est écrit « Bienvenue, Brigade de Sette-Cama, Contrôle ». Sur les extrémités, en bas, il est inscrit « WWF » et « MINEF », les deux institutions en charge des aires protégées. Cette pancarte date de 1982, année de création de la brigade de Sette-Cama. Sur la pancarte (en bois) située à même le sol, il est marqué « Entrée sud du parc national de Loango, Sette-Cama ». A l’extrémité droite du panneau, se trouve une tête d’antilope, logo de Gabon parcs-Agence Nationale des Parcs Nationaux. Cette pancarte a été mise en 2002. Les deux pancartes témoignent du passage de la réserve de faune de Petit Loango (par rapport à l’AERF de Sette-Cama) au parc national de Loango.

177 Carte 17 : Le Parc national de Loango

178 Carte 18 : Localisation du parc de Loango par rapport à l’AERF de S-C et au CAPG