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Le développement durable, concept fondamental de la nouvelle conception de la conservation

3,98% de la superficie du territoire national

Section 1 La protection de la nature, un concept global

1.2. Le développement durable, concept fondamental de la nouvelle conception de la conservation

Le développement durable est devenu un concept incontournable pour la conservation de la nature. Il est nécessaire de nous pencher sur les définitions du développement, du sous-développement et du dévelopement local pour mieux cerner le concept de dévelopement durable.

1.2.1. Développement, sous-développement et développement local

Le terme de dévelopement fait son apparition dans le vocabulaire économique au milieu du XXème siècle. C’est un terme englobant et vaste. Il est donc souvent nécessaire de l’employer en précisant les dimensions abordées : économique, social, culturel, local,

101 Cité par Poirier, 2003.

102Traduction en Français de la définition : l’écotourisme est «le voyage responsable de l’environnement et la

visite des milieux naturels relativement calmes. Il permet d’aimer et d’apprécier la nature et la culture passées et présentes. C’est un voyage qui promeut la conservation et dont l’impact socioéconomique est av antageux pour les populations locales ».

103 Cité par Lequin, 2001. L’Ecotourism Society est une organisation qui regroupe des professionnels du

tourisme et de l’environnement. Son objectif est de développer le rôle de l’écotourisme en tant qu’instrument de protection de la nature et de réfléchir à ce que devraient être ses principes ainsi qu’aux mesures à mettre en œuvre pour les appliquer.

111 rural, urbain, etc. Lorsque le développement insiste sur les aspects structurels et qualitatifs, il peut se définir comme une transformation des structures démographiques, économiques et sociales, qui, généralement, accompagnent la croissance (Echaudemaison CD., 1996). Lévy et Lussault (2003) le définissent comme un accroissement de richesse associé à l’amélioration des conditions de vie d’une population sur un territoire.

Le développement s’oppose au sous-développement. Ce dernier caractérise l’état d’une société dont les aspects économiques, sociaux, politiques et culturels empêchent d’assurer à l’ensemble des individus qui la composent la satisfaction des besoins fondamentaux de la personne humaine (Echaudemaison C.D., 1996).

Par ailleurs, « dans un monde où les territoires et les localités sont toujours d’avantage interconnectés au sein d’un ensemble de réseaux, le processus de développement s’effectue dans le cadre d’une compétition entre une multiplicité d’espaces d’échelles variées, où entrent en ligne de compte les avantages comparatifs de chacun d’eux, leurs capacités à l’adaptation et à la spécialisation » (Lévy et Lussault, 2003). Les termes de développement local et de développement durable vont alors s’imposer à partir des années 1980.

Le développement local est une approche qui tient compte des politiques visant à réduire le rôle de l’Etat, à décentraliser les décisions. Il accorde une place essentielle aux initiatives des acteurs locaux, aux ressources et aux valeurs culturelles endogènes. Quant au développement durable, il consiste à prendre en compte le long terme et la protection de l’environnement dans le processus d’accroissement des richesses et d’amélioration des conditions de vie des populations. Il reconnaît à ce titre la fragilité des équilibres écologiques et des ressources naturelles des territoires (Lévy et Lussault, 2003).

Les deux formes de développement ont prévalu dans les débats portés sur le développement. Mais c’est sans doute le développement durable, concept incontournable de ce monde baigné par l’idéologie environnementale, qui s’affirme le plus.

1.2.2. Le développement durable

Principal objet des politiques de conservation depuis la fin du XXème siècle, le développement durable (ou développement soutenable104) vise à relier le développement économique et social, la protection de l'environnement et la conservation des ressources naturelles. Il a permis de faire de la conservation un outil autour duquel peuvent se

112 rassembler les professionnels de la protection, l’Etat et les populations locales pour une même cause : la conservation durable de la biodiversité. Pour Aubertin et Rodary (2008), « le développement durable a permis de défendre et de structurer les grandes modifications et les avancées de ces dernières décennies en matière de politiques d’environnement, des projets participatifs des années 1980 aux approches régionales et mondiales initiées dans les années 1990 ». Le concept a toutefois fait l’objet de critiques des ‘‘pro stricte conservation’’ et a engendré des tentatives de « retour aux barrières »105 (Aubertin et Rodary, 2008).

La notion de développement durable est née d’un processus de réflexion menée dès le début des années 1970. La première tentative d’harmonisation entre développement et respect de l’environnement s’est faite avec la notion d’écodéveloppement, mise en avant lors de la Conférences des Nations Unies sur l'environnement de Stockholm (1972) à l’initiative de son organisateur Maurice Strong. Mais cette stratégie de développement ne réussira pas à s’imposer puisqu’elle sera condamnée par les représentants des Etats-Unis lors de la conférence des Nations Unies de Cocoyoc en 1974. Il faudra attendre les années 1980 pour qu’elle soit de nouveau sur la sellette par le concept de développement durable.

Le concept de développement durable a été proposé pour la première fois en 1980 dans la Stratégie mondiale de la conservation publiée par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), le Fonds mondial pour la nature (WWF) et le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE). En 1987, la Commission des Nations Unies sur l'Environnement et le Développement (CNUED) publie le Rapport Brundland, Our common future (Notre avenir à tous) qui va participer à sa diffusion. Le Rapport Brundtland définit le développement durable comme « un développement qui répond aux besoins des générations actuelles sans pour autant compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs besoins ». En 1991, La nouvelle stratégie de conservation de la nature publiée par l'UICN, le WWF et le PNUE, le désigne comme « une amélioration des conditions de vie des communautés humaines respectant les limites de la capacité de charge des écosystèmes ». Le concept de développement durable fut entériné en 1992 lors du sommet de Rio. Il devient à partir de cette date le principal fil conducteur des politiques globales et locales de conservation. L’institutionnalisation du

105 Il s’agit d’un mouvement qui prône, dès le début des années 2000, un retour à la conservation stricte dans

des espaces clos. Les partisans du « retour aux barrières », représentés principalement par les ONG de conservation (World Wide Fund for Nature, Conservation International et The Nature Conservancy) considérent que le recours à la gestion participative ou communautaire n’est pas bénéfique pour la conservation. En d’autres termes, « la conservation basée sur l’intéressement local est souvent un échec » (Aubertin et Rodary, 2008).

113 développement durable au niveau international va contribuer à l’intensification de la conservation enregistrée entre 1985 et 1995 dans l’ensemble des continents (Aubertin et Rodary, 2008).

Le développement durable vise donc 3 objectifs : le respect de l’environnement écologique, le bien être des populations actuelles et des générations à venir, et, le développement économique rentable sans danger pour la biodiversité et la planète. Ces trois objectifs sont résumés par les trois pillers du développement durable soulignés par Aubertin et Vivien (2006) : l’écologie, le social et l’économie.

Le développement durable est aujourd’hui une notion inévitable dans les politiques publiques, notamment sur la conservation de la nature. Les parcs nationaux en sont l’une des traductions. A quand remontent-ils ? Répondre à cette question, nous amène à nous tourner vers les origines de la conservation de la nature afin de mesurer son évolution dans le monde et en Afrique subsaharienne.