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3,98% de la superficie du territoire national

Section 2 Véhiculé du Nord au Sud

2.1. Le contexte évolutif des parcs nationaux dans le monde

L’origine des parcs nationaux est liée aux combats idéologiques menés pour la conservation de la nature dans les pays du Nord. Différentes aires protégées, en fonction des préoccupations du moment, vont être créées, passant des forêts royales et des réserves de chasse ou de gibier, aux sanctuaires naturels et aux parcs nationaux. La création de ces aires protégées s’est souvent faite au prix de violences des puissances coloniales envers les populations autochtones. Les colons imposaient leur idéologie. Les parcs nationaux de Yellowstone et de Yosemite en sont des exemples. German et al. (2010) le soulignent dans les termes suivant :

« Historiquement, les aires protégées ont été au cœur des politiques de conservation de la nature. Les premiers parcs modernes ont été créés dans des territoires coloniaux à la

114 fin du XIXè siècle. C’était une époque où les politiques pouvaient être imposées par la force, sans véritable négociation avec les peuples autochtones. Les deux premiers parcs nationaux emblématiques, Yellowstone et Yosemite, furent ainsi créés vers la fin des guerres indiennes aux Etats-Unis, au moment où les derniers îlots de résistance sur ces terres tribale s’étaient anéantis ».

Les Etats-Unis sont en effet le berceau des parcs nationaux. L’idée et le terme de parc national a été formulé pour la première fois en 1832 par le peintre américain George Catlin (1796-1872). Il propose une politique de protection au gouvernement basé sur la création d’un parc national. Pour lui, le parc contient des hommes et des bêtes dans toute la beauté sauvage de leur nature. Quarante ans plus tard, soit en 1872, le premier parc national du monde est créé dans l’Etat du Wyoming : le Yellowstone (880 000 ha). En 1890, deux autres parcs nationaux voient le jour : le Yosemite National Park et le Sequoia National Park. Le Canada créa trois parcs nationaux : le Waterton Lakes Park en 1885, le Glacier National Park en 1886 et, le Banff National Park en 1887. La création des parcs nationaux s’est ensuite étendue en Europe, précisément en Grande-Bretagne et dans les possessions britanniques d’outre-mer. C’est surtout dans ces dernières que fut initié le modèle américain. L’Australie crée six parcs et la Nouvelle Zélande deux. En Afrique du Sud une importante réserve de chasse voit le jour en 1898, le Sabie Game Reserve. Elle deviendra le 1er janvier 1926,le Krüger National Park. En 1925, sont créés au Congo belge, les parcs nationaux Albert au Kivu et celui de Virunga sur la rive du lac Edouard. Et en Inde, la réserve forestière d’Assam Kaziranga, créée en en 1908, prend en 1974 le statut de parc national (Lachaux, 1980 ; Kendrick, 1989106 ; Vande Weghe, 2004 ; Cremin, non daté).

Dans la seconde moitié du XXe siècle, les parcs nationaux deviennent la forme d’aires protégées la plus répandue. En 1975 par exemple, le monde compte 1204 parcs nationaux et réserves analogues répartis dans 97 pays. Ils recouvrent à peine 0,6 % de la surface de la planète (Lachaux, 1980). Les plus grands espaces occupés par les parcs nationaux et réserves analogues sont concentrés pour l’essentiel en Amérique du Nord avec 37 millions d’hectares soit 1,6 % de son territoire, suivi de l’Afrique avec près de 35 millions d’hectares soit 1,2 % de son territoire. Dans les autres continents, ils occupent des superficies inférieures à 10 millions d’hectares : l’Asie avec 6 millions d’hectares soit 0,1 % de son territoire, l’Europe avec 5 millions d’hectares soit 0,5 % de son territoire,

115 l’Amérique du Sud avec 5 millions d’hectares soit 0,3 % de son territoire et enfin l’Océanie avec 4 millions d’hectares soit 0,4 % de son territoire (Lachaux, 1980).

Tableau 23 : Les parcs nationaux et réserves analogues dans le monde en 1975

Nombre de parcs Superficie (ha) Superficie moyenne d’un parc (ha) Nombre d’Etat concernés % du territoire classé en parc national Europe 379 4 785 080 13 000 24 0,5 Asie 166 6 246 023 38 000 15 0,1 Afrique 170 34 806 814 200 000 37 1,2 Amérique du Nord 356 37 194 465 105 000 6 1,6 Amérique du Sud 48 4 830 904 100 000 9 0,3 Océanie 85 4 071 559 50 000 4 0,4 Total 1 204 91 934 845 95 0,6 Source : Lachaux, 1980.

Depuis 1975, le nombre de parcs nationaux a fortement augmenté : en 2003, sur les 102 102 aires protégées présents dans le monde, 3881 étaient des parcs nationaux. Ces derniers occupent une superficie de 4,41 millions de Km² sur les 18,74 millions (Depraz, 2008) soumis à un régime de protection sur l’étendue de la planète. D’autres auteurs, (Aubertin et Rodary, 2008) parlent de près de 20 millions Km². Les parcs nationaux occupent ainsi la plus grande surface des aires protégées de la planète, soit 21,7 % (Héritier et Laslaz, 2008).

116 Tableau 24 : La place des parcs nationaux parmis les autres catégories internationales d’espaces protégés de l’UICN en 2003

Catégorie d’espaces protégés Nombre Superficie

Ia – Réserve naturelles intégrales (à vocation scientifique)

4 731 1,03 M km²

Ib – Zones de nature sauvage (à vocation strictement écologique)

1 302 1,01 M km²

II – Parcs nationaux (protection, tourisme et éducation à la nature)

3 881 4,41 M km²

III – Monuments naturels, sites naturels remarquables

19 833 0,27 M km²

IV – Aires de gestion des habitats et des espèces

27 641 3,02 M km²

V – Paysage terrestre ou marin protégé, ouvert aux loisirs

6 555 1,05 M km²

VI – Espaces de gestion durable des ressources naturelles

4 123 4,38 M km²

Unités de protection de la nature non catégorisées

34 036 3,57 M km²

Total 102 102 18,74 M km²

Source : UICN, 2003. In Depraz, 2008.

Tout comme son nombre et sa superficie, l’intérêt porté aux parcs nationaux a évolué au fil des temps. On est ainsi passé d’un type de zones protégées, à l’exemple des parcs nationaux de Yellowstone et de Yosemite, dont l’objectif était de préserver la beauté des sites et la géologie inhabituelle des aires concernées, à d’autres délimitations dont le but était de sauver des qualités écologiques, le climat local, le sol et la régulation hydrologique. Les conservationnistes se sont ensuite, focalisés sur la flore et la faune : dans un premier temps sur les animaux les plus prisés par les chasseurs et dans un second temps sur des animaux qui ne l’étaient pas spécialement. Leur intérêt était alors porté sur les grands animaux spectaculaires à cause de la forte attraction qu’ils exercent sur le grand public : la « mégafaune charismatique » (Cholchester, 1995). Le lion, l’éléphant, la girafe, le rhinocéros, le buffle et l’hippopotame en font partie.

117 Aujourd’hui, les efforts de conservation sont principalement concentrés dans les pays en développement, particulièrement dans les régions tropicales. Ces dernières renferment plus de la moitié des espèces du monde sur 12 % de la surface du globe (Colchester, 1995). Parmi les zones prioritaires identifiées, on peut citer l’Amazonie (en Amérique du Sud) et le Bassin du Congo (en Afrique centrale) reconnus comme des « zones de diversité maximale et de moindre vulnérabilité » (Cholchester, 1995).