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La composition du CAPG avant et après la création des parcs nationaux de Loango et de Moukalaba-Doudou

3,98% de la superficie du territoire national

Carte 8 La composition du CAPG avant et après la création des parcs nationaux de Loango et de Moukalaba-Doudou

Réalisation : Chiberth Moussavou_2009 Sources : CNPN et WWF, 2007.

Outre les espaces protégés publics, la réserve (de faune) présidentielle de Wonga- Wongué ferait aussi partie des aires protégées du Gabon. Elle est située le long de la côte, entre Libreville et Port-Gentil. Crée en 1956, elle a changé de statut au fil des années. Entre 1956 et 1972, elle a été une réserve de faune, puis classée parc national ; elle est actuellement réserve présidentielle. Selon le Ministère des Eaux et Forêts (MINEF),

94 Wonga-Wongué pourrait reprendre le statut de parc national dans sa totalité ou en partie. Malgré son existence officielle, la réserve n’a pas de délimitation exacte, elle dépendra de son statut à venir. En plus des cirques du Grand Bam-Bam et du Petit Bam-Bam, on peut observer d’importantes populations de buffles et d’éléphants. Il existe des structures d’accueil presque à l’abandon, des pistes qui couvrent l’ensemble du territoire occupé par la réserve et un aérodrome. Cette situation peut perdurer car comme l’indique son statut juridique, Wonga-Wongué n’est pas accessible à tout public.

L’arboretum de Sibang est également listé dans les possibles autres aires protégées du Gabon. Il est difficile, au vu de la variation de statuts juridiques qui lui sont attribués, de le considérer comme un espace protégé. En effet, l’arboretum de Sibang est tantôt statué comme une forêt domaniale classée au même titre qu’une aire protégée ou un jardin botanique (article 8 du code forestier du Gabon/2001), tantôt comme un jardin botanique sans être un espace protégé (selon l’IPHAMETRA89). Il est aussi souvent désigné comme un espace protégé par quelques acteurs de la conservation (Eaux et Forêts, etc.), par des outils pédagoiques nationaux (IPN, 1993) et par la population locale alors qu’il est totalement absent de la liste désignant les aires protégées au Gabon (article 70 du code forestier de 2001). Nous avons tenté d’avoir des explications sur cette situation auprès de différents acteurs de la conservation (Ministère des Eaux et Forêts, celui de l’Environnement et l’IPHAMETRA. Les réponses sont variables en fonction des interlocuteurs. La définition de l’aire protégée peut nous aider à déterminer le statut de l’arboretum. Selon la loi sur les parcs nationaux de 2007, une aire protégée est un espace naturel ou aquatique géographiquement délimité, défini et réglémenté pour la protection et la gestion durable du patrimoine naturel et culturel (article 3). Or, l’arboretum est un espace aménagé, planté et donc pas naturellement établi. Selon cette définition, Sibang n’est pas une aire protégée même s’il apparaît dans certains documents et ouvrages comme tel. Mais est-ce pour autant qu’il n’a pas un objectif de conservation ? Qu’importe le manque d’éclcaircissement sur son statut, l’arboretum de Sibang contribue à la préservation d’espèces végétales. C’est un moyen ou une structure de conservation ex-situ. Ce conservatoire de plantes joue un rôle tout aussi scientifique, pédagogique que culturel. Il peut être considéré comme un patrimoine culturel.

L’analyse sur les « autres aires protégées du Gabon » ne consiste pas à dire qui a raison ou tort sur sa vision de la composition des aires protégées. Elle montre surtout à quel point le flou juridique peu avoir des impacts différents sur les services en charge des aires

95 potégées. Selon le Ministère des Eaux et forêts, le reclassement officiel des réserves et domaines de chasse serait en cours. Cette action viendrait ainsi régler les imprécisions liées à la question des autres types d’espaces protégées.

Face à l’imprécision juridique qui entoure le nombre exact des espaces protégés, de même qu’à la question du leadership, faut-il considérer, par rapport à la cartographie ancienne et actuelle du CAPG par exemple, que les anciens domaines de chasse et réserves de faune non englobés totalement ou partiellement par les parcs nationaux existent toujours ? Et ceux qui ont été totalement recouverts ont été déclassés sans un support juridique clair ? L’impossibilité de l’administration des aires protégées et des ONG à confirmer ou infirmer leur existence officielle ou encore à dire avec exactitude la composition des espaces protégés du Gabon interroge sur l’empressement de l’Etat à créer les parcs nationaux sans garantir au préalable les bases juridiques nécessaires. Elle interroge aussi sur la préparation des acteurs concernés par la conservation, sur la place et le rôle de chacun. Les enjeux des parcs nationaux auraient-ils primés sur ces aspects ?

En plus, des parcs nationaux, et des espaces protégés suscités, existantes ou pas selon les institutions, l’Etat gabonais, sur les propositions de l’UICN90 et de l’Unesco91, prévoit d’accroître ses efforts en matière de conservation par une augmentation en nombre et en catégories d’espaces protégés. Il envisage de créer un sanctuaire dans le Mont Iboundji, une réserve dans le bassin inférieur de l’Ogooué, des sites de protection partielle ou spéciale à Minkol-Makok, au Nord-est et à Rabi-Ndogo.

Le sanctuaire du Mont Iboundji est situé dans la province de l’Ogooué-Lolo, au sud du parc national de la Lopé. Avec une altitude de 400 mètres, le Mont Iboundji domine un vaste paysage forestier habité par de grands mammifères tels que les gorilles et les éléphants. Son sommet est dominé par une forêt primaire marquée par le passage du vent, alors que ses pentes et les paysages alentours sont constitués de forêt secondaire résultant de l’agriculture sur brûlis.Son statut juridique n’a pas encore été défini, il a juste été proposé comme sanctuaire de biodiversité par l’UICN92. Ses limites sont aussi au stade de proposition. Il n’existe pas encore de sentiers ou de pistes aménagées pour permettre aux touristes d’admirer les chutes du Mont Iboundji et les attractions environnantes.

Le bassin inférieur de l’Ogooué, deuxième grand delta d’eau douce de l’Afrique (National Geographic et République gabonaise, 2002), est situé entre les villes de

90 L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature.

91 Abréviation d’United Nations Educational Scientific and Cultural Organization. Ce qui signifie en français

Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture.

92 La recherche de futures aires protégées est faite à l’initiative de l’Etat (MINEF). La proposition est ensuite

96 Lambaréné et Port-Gentil. Par rapport à son statut juridique, il répond aux critères des réserves de biosphère et des sites Ramsar. Il a ainsi été proposé comme réserve de la biosphère par l’UICN. Le site est pittoresque de par ses mosaïques d’eau douce et saumâtre qui comportent de grandes étendues de mangrove, de forêts marécageuses, de prairies humides et de massifs de papyrus. Diverses sortes d’animaux aquatiques (crocodiles, lamantins, hippopotames, etc.), des oiseaux qui cohabitent avec des tortues et des sitatungas peuvent être observés. La pêche sportive peut être pratiquée au campement d’Ozouri situé à l’embouchure de l’Ogooué, au sud de Port-Gentil. Le côté historique et culturel de ce bassin est lié au fait qu’il est une ancienne voie de pénétration du Gabon. La voie fluviale est toujours empruntée, par bateau ou par pirogues, pour découvrir les paysages du pays.

Le site de protection partielle ou spéciale de Minkol-Makok est situé au nord du Gabon, dans la province du Woleu-Ntem. Il comprend un ensemble d’inselbergs isolés proposés comme sanctuaires. Le site de protection partielle ou spéciale du Nord-est est un ensemble de zones étudiées par le WWF. Il comporte une zone tampon située entre le parc national de Minkébé et des concessions forestières où la chasse est proscrite, une concession forestière et les couloirs jumelés au projet de zone protégée transfrontalière Gabon-Cameroun-Congo (TRIDOM). Le site de protection partielle ou spéciale de Rabi- Ndogo est situé dans le sud-ouest du pays. Il relie les parcs nationaux de Loango et de Moukalaba-Doudou pour former le complexe d’aires protégées de Gamba.

Le Gabon souhaite certes élargir son acte en faveur de la conservation mais il est confronté au problème du statut juridique pour la majorité des futurs espaces protégés. Si le statut juridique du sanctuaire est clairement défini par la loi, il n’en n’est pas de même pour le bassin inférieur et pour la zone de protection partielle ou spéciale. Il n’existe aucun texte de loi à ce propos.

La loi N° 0016101 Portant code forestier en République gabonaise définit en son article 73, le sanctuaire de la manière suivante : « c’est une aire de protection de communautés animales ou végétales spécifiques ou menacées d'extinction, ainsi que leur habitat. Son accès est réglementé ».

La superficie fait aussi partie des éléments qui freinent leur création, particulièrement celle du sanctuaire du Mont Iboundji et de la zone de protection de Minkol-Makok qui sont petites. Concernant le sanctuaire, c’est une zone de fort intérêt

97 biologique mais à cause de sa petite étendue elle ne peut pas être classée en parc national (National Geographic et République gabonaise, 2002)93.