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3,98% de la superficie du territoire national

Section 1 La protection de la nature, un concept global

1.1. Les notions clés

1.1.4. Aire protégée et parc national

Un(e) aire/zone/espace protégé(e) est « une zone de terre et/ou de mer spécialement consacrée à la protection et au maintien de la diversité biologique ainsi que des ressources naturelles ou culturelles qui y sont associées, et gérée par des moyens légaux ou autres » (UICN, 1994).

Après plusieurs modifications sur la définition internationale des espaces protégés qui ont commencé en 1969 lors de l’assemblée générale de l’UICN de New Delhi, l’UICN a établi depuis 1994 six catégories internationales d’aires protégées. Leur détermination est faite à partir des critères fonctionnels de protection, avec des objectifs de gestion (différents ou identiques sur un ou plusieurs aspects) qui les caractérisent. Il s’agit de :

105 Ia – Réserve naturelle intégrale (à vocation scientifique)

Ib – Zones de nature sauvage (à vocation strictement écologique) II – Parcs nationaux (protection, tourisme et éducation à la nature) III – Monuments naturels, sites naturels remarquables

IV – Aires de gestion des habitats et des espèces V – Paysage terrestre ou marin protégé, ouvert aux loisirs VI – Espaces de gestion durable des ressources naturelles

Tableau 22 : Objectifs de gestion de chaque catégorie d’aire protégée

Objectifs de gestion Ia Ib II III IV V VI

Recherche scientifique 1 3 2 2 2 2 3

Protection des écosystèmes naturels 2 1 2 3 3 - 2 Protection des espèces de la biodiversité 1 2 1 1 1 2 1 Maintien des services environnementaux 2 1 1 - 1 2 1 Protection d’objets naturels ou culturels particuliers - - 2 1 3 1 3 Tourisme et loisirs récréatifs - 2 1 1 3 1 3 Information, éducation à la nature - - 2 2 2 2 3 Utilisation raisonnée des ressources naturelles - 3 3 - 2 2 1 Maintien des particularismes culturels traditionnels - - - 1 2

1= objectif essentiel, 2= objectif secondaire, 3= en principe non applicable, - = non applicable Source : Depraz, 2008.

Selon l’UICN (1994), un parc national est :

« une zone naturelle, terrestre et/ou marine, désignée (a) pour protéger l’intégrité écologique dans un ou plusieurs écosystèmes dans l’intérêt des générations actuelles et futures, (b) pour exclure toute exploitation ou occupation incompatible avec les objectifs de la désignation et (c) pour offrir des possibilités de visite à des fins spirituelles, scientifiques, éducatives, récréatives et touristiques dans le respect du milieu naturel et de la culture des communautés locales ».

Nous pouvons également nous tourner vers la loi sur les parcs nationaux du Gabon (2007) qui définit un parc national comme « une aire protégée établie sur une portion du territoire où des écosystèmes terrestres ou marins, des sites géomorphologiques, historiques et autres formes de paysage, jouissent d'une protection particulière avec

106 l’objectif de maintenir la diversité biologique et les processus de régulation écologique naturels en y autorisant des activités réglementées d’écotourisme, de recherche scientifique et d’éducation tout en contribuant au développement économique et social des communautés locales ».

Des définitions, certes moins récentes, abordent dans le même sens la notion de parc national. Pour Lachaux C. (1980) par exemple, « les parcs nationaux visent la protection de la nature sous toutes ses formes, minérales, végétales, animales, mais ils veulent être aussi le lieu privilégié d’activités scientifiques, récréatives et ludiques » (Lachaux, 1980).

Par rapport aux deux définitions précédentes (1994 et 2007), celle de Lachaux ne tient pas compte de l’intérêt des communautés locales. Elle permet ainsi de distinguer les différentes conceptions d’un parc national avant les années 1980-1990 et après celles-ci. Toutefois, malgré l’évolution de ses objectifs, notamment la réalisation du développement durable, la composition du parc national n’a guère changé.

En effet, que l’on se réfère à Lachaux (1980) ou à la loi sur les parcs nationaux du Gabon (2007), un parc national est généralement composé de trois zones. Cette délimitation systématique est conforme à celle proposée par l’UICN. Héritier et Laslaz (2008) soulignent que le modèle idéal prend la forme d’un emboîtement de zones de protection : zone tampon, parc au sens strict, réserve intégrale correspondant chacune à un gradient supplémentaire de protection et de « naturalité »96. Ces formes de zonage de l’espace, ces emboîtements d’échelles, ces coupures et ces segmentations spatiales configurent la protection.

Pour Lachaux (1980) un parc national est composé de trois zones, disposées selon un schéma concentrique : la réserve intégrale, le parc en lui même et la zone périphérique. La réserve intégrale peut être établie dans le parc national pour une protection maximale de la faune et de la flore. Il est prévu que des restrictions particulières, par exemple l’interdiction de circuler, soient édictées dans un but scientifique. Le parc protège la faune, la flore et le milieu naturel. Les activités humaines, agricoles pastorales ou forestières peuvent être exercées à condition qu’elles soient réglementées. La zone périphérique ou le pré parc peut faire l’objet d’aménagements. La réglementation du parc ne s’étend pas à

96 La « naturalité » caractérise ce qui est naturel (Brunet et al., 1998). C’est un néologisme employé pour

traduire « wilderness », un terme américain, au lieu de « sauvage », un terme français. Les notions de « Wilderness » ou de « naturalité » sont déterminantes dans la distinction, établie par l’ONG Conservation Internationale (CI), entre les zones sauvages de haute biodiversité (hight-biodiversity wilderness areas) et les zones où la biodiversité est menacée (hotspots) (Mittermeier et al., 2002 et 2004 ; Jacquet et Tubiana, 2007).

107 cette zone car elle a pour rôle de réanimer et de développer l’économie de zones rurales en déclin, en les associant étroitement aux avantages liés à la présence du parc national, particulièrement du fait du tourisme. C’est dans les zones périphériques que doivent être réalisés les équipements d’accueil et d’hébergement pour le séjour des touristes.

Selon la loi sur les parcs nationaux du Gabon (2007), « chaque parc national comprend une zone périphérique incluant, le cas échéant, une zone tampon dont les superficies sont fixées par voie réglementaire » (article 13). Une zone périphérique est l’espace environnant un parc, pour prévenir et limiter les impacts négatifs sur le parc ainsi que développer des actions écologiquement adaptées à la conservation, sans préjudice des droits d’usages coutumiers (article 3). Une zone tampon est l’espace géographique de protection contigu à un parc national (article 3). Le code forestier (2001) recommande que la largeur d’une zone tampon soit d’au moins 5 kilomètres aux limites des parcs nationaux (article 77). Cette recommandation est rappelée dans la loi sur les parcs nationaux (2007).

La comparaison des définitions et des compositions du parc national entre l’UICN (1994), Lachaux (1980) et le Gabon (2007) démontre que la conception d’un parc national n’est pas variable. Elle est faite selon des normes internationales. La conception (légale) du Gabon est donc un ‘‘copier-coller’’ de la pensée internationale (UICN). Autrement dit, les décisions prises par la communauté internationale, en matière de conservation, jouent un rôle déterminant sur les résolutions politiques nationales.

Figure 9 : Composition d’un parc national selon la définition de Lachaux (1980)

Réalisation : Chiberth Aulaire MOUSSAVOU Source : Lachaux, 1980.

Parc

Zone périphérique Réserve intégrale

108 Figure 10 : Composition d’un parc national selon l’UICN (1994)

Réalisation : Chiberth Aulaire MOUSSAVOU Source : Héritier et Laslaz, 2008.

Figure 11 : Composition d’un parc national selon la loi sur les parcs nationaux du Gabon (2007)

Réalisation : Chiberth Aulaire MOUSSAVOU Source : Loi sur les parcs nationaux du Gabon, 2007.

Les espaces protégées en général, et les parcs nationaux en particulier sont un moyen de protéger la biodiversité de même qu’une manière de préserver et de valoriser le patrimoine naturel propre à un pays ou une région. Cette valorisation passe par l’écotourisme. Zone périphérique : zone tampon Parc ou zone de protection intégrale Zone périphérique Parc Zone tampon Réserve intégrale

109 1.1.5. L’écotourisme

Le concept d’écotourisme a connu une évolution dans sa pratique et sa définition. Selon Françoise Gerbaux97, l’écotourisme est né aux Etats-Unis en 1985 dans des Organisations Non Gouvernementales de protection de la nature. Cet avis n’est pas partagé par l’architecte Hector Ceballos-Lascurain98 pour qui l’écotourisme s’est développé dès 1983. Il donnait en 1987 la définition suivante de l’écotourisme : « tourism that consits in travelling to relativy undisturbed or uncontaminated natural areas with the specific objective of studying the scenery and its wild plant and animal, as well as any existing cultural manifestation (both past and present) found in these areas »99.

En 1993, l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) le définissait comme un « tourisme qui consiste à voyager dans les zones naturelles, conservées, relativement intactes dans le but d’étudier, d’admirer et de jouir du paysage et de la flore et de la faune sauvages, ainsi que de tout élément de caractère culturel existant dans ces zones ».

Dans ces deux définitions, l’écotourisme était perçu comme ‘‘un tourisme récréatif’’. Aujourd’hui il est plutôt en accord avec le développement durable. C’est un tourisme qui prône la conservation (de la nature et la culture) et le développement socio- économique local.

Déjà en 1989, dans la définition de l’écotouriste (celui qui pratique l’écotourisme) de Ziffer100, l’aspect récréatif est présent avec une insistance sur les notions de conservation et de développement : « l’écotourisme est une forme de tourisme qui s’inspire principalement de l’histoire naturelle d’une région, incluant ses cultures indigènes. L’écotouriste est celui qui visite les régions relativement peu développées dans un esprit d’appréciation, de participation et de sensibilisation. L’écotouriste pratique une forme de tourisme qui est non consommatrice de ressources naturelles et faunistiques ; il participe directement à la conservation du site ainsi qu’à l‘amélioration du bien-être économique des populations locales, par les travaux qu’il effectue et au moyen des contributions financières. Le séjour de l’écotouriste devrait renforcer son sens de l’appréciation, son engagement face aux questions de conservation en général et à l’égard des besoins spécifiques des collectivités locales. L’écotourisme implique également une approche de gouvernance par le pays ou la région hôte, lequel ou laquelle s’engage à établir et à maintenir des sites, avec

97 Citée par Poirier, 2003. 98 Cité par Poirier, 2003.

99 Traduction en Français : l’écotourisme est un « tourisme qui consiste à voyager/visiter des milieux naturels

calmes ou relativement non contaminés avec l'objectif spécifique d'étudier le paysage, la flore et la faune, de même que les cultures existantes ou passées ».

110 la participation des populations locales, à les mettre en valeur de façon appropriée, à faire respecter la réglementation, ainsi qu’à utiliser les bénéfices des entreprises pour financer l’aménagement du territoire et le développement de la communauté ».

Ceballos-Lascurain101 complète sa définition en 1993 de la manière suivante : « environmentaly responsible travel and visitation to relatively undisturbed natural areas, in order to enjoy and appreciate nature (and any accompanying cultural features-both past and present) that promotes conservation, has low visitor impact, and provides for beneficially active socio-economic inolvement of local populations ».102 .

La définition la plus utilisée est celle publiée en 1991 par Ecotourism Society103 : l’écotourisme est un « tourisme responsable dans des sites naturels qui protège l’environnement et assure le bien être des populations locales ».

Ces différentes notions que nous avons défini structurent les questions abordées dans notre étude. Cette dernière requiert aussi de définir le concept de développement durable, fondement de la conception actuelle de la conservation de la nature.

1.2. Le développement durable, concept fondamental de la nouvelle conception