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3,98% de la superficie du territoire national

3.4. D’autres types d’aires protégées au Gabon ?

L’interrogation se pose à la fois pour les formes de mise en réserve de la nature existantes avant la création des parcs nationaux et pour les futurs espaces protégés que le Gabon souhaite créer.

Il est difficile de lister avec exactitude les autres aires protégées existantes au Gabon. Il même plutôt compliqué de savoir s’il en existe d’autres. Le flou juridique, l’intérêt et la vision de chaque instititution en charge de la protection de la nature nourrissent cette incertitude. Le nombre d’aires protégées et la cartographie qui les représentent sont différents selon l’organisme public ou privé.

Pour certains acteurs, le décret de création des parcs nationaux abroge celui qui crée les aires protégées préexistantes, ces dernières n’existent plus. Les aires protégées sont essentiellement constituées de parcs nationaux. Cette idée est soutenue principalement par l’ANPN (bureau centrale-Libreville) et le RAPAC.

Pour d’autres organismes, le décret de 2002 annule les arrêtés et les décrets qui créent les anciennes aires. Mais puisqu’il ne précise pas lesquelles, ils considèrent que le décret déclasse uniquement les espaces qui on été englobés par les parcs nationaux. C’est le cas du Petit Loango qui l’a été par le parc national de Loango. Cet avis est appuyé par des services des Eaux et Forêts, notamment les brigades de faune qui cogèrent le parc de Loango, et par l’ANPN-Loango. Il n’est pas rare de trouver des listes des aires protégées mentionnant les réserves de faune et de chasse. Au ministère des Eaux et Forêts, précisément dans les services relatifs à l’économie forestière et/ou à l’exploitation forestière, les cartes des permis forestiers ne font apparaître que les 13 les parcs nationaux (cf. carte de l’exploitation forestière au Gabon88). Si pour la brigade faune, les réserves de faune et domaines de chasse existent toujours, il soulève néanmoins l’ambiguité des procédures juridiques sur le classsement des parcs qui ne se prononcent pas sur le déclassement ou le (re)classement. L’affirmation de leur présence est donc empreinte d’hésitation. Pour l’ANPN-Loango, l’absence des aires prééxistantes de la cartographie des

88 La carte de l’exploitation forestière au Gabon (carte 5, p. 61) est celle des permis forestiers réalisée par le

91 cartes forestières est une anticipation de ce qui pourrait se faire dans l’avenir ou du souhait du ministère des Eaux et Forêts. « Peut être que le ministère considère déjà que les autres aires n’existent plus. Mais le déclassement n’a pas été fait » dit-elle.

D’autres acteurs de la conservation soutiennent que le décret annule les espaces protégés antérieurs aux parcs nationaux. Mais l’absence de clarté sur ce qui est ou n’ets pas déclassé dans le texte de loi laisse penser que les autres aires subsistent toujours. Cette idée est défendue par les ONG, principalement le WWF, et quelques membres du personnel des Eaux et forêts.

L’interprétation de la loi est fonction de l’acteur. Il faut aussi noter la question de leadership sur la gestion des aires protégées entre l’ANPN et le Ministère des Eaux et Forêts. Nous avons d’un côté, l’ANPN (anciennement CNPN), rattachée au début de la création des parcs à la Présidence de la République, donc un organisme autonome, qui n’a pas de compte à rendre au Ministère des Eaux et Forêts. Et de l’autre côté, il y a le Ministère des Eaux et Forêts, de l’Environnement et de la Protection de la nature qui a toujours géré les aires protégées, et qui se sent « exclu ». Il ne réalise pas ou refuse d’accepter la main-mise de l’ANPN sur un domaine qui était autrefois le sien : la gestion des espaces protégés. Le fait que les réserves de faunes et les domaines de chasse n’existent plus signifie réellement qu’il n’a plus ce pouvoir.

Pour les ONG, particulièrement le WWF, il semble que la disparition des anciennes aires protégées affaiblie ou anihile l’existence du CAPG. Les cartes établies par le WWF continuent à faire apparaître les réserves de faune et les domaines de chasse, même la réserve du Petit Loango. Cette dernière est mentionnée sur la légende alors qu’elle n’est pas localisée sur la carte, si ce n’est le lieu-dit Petit Loango. Le WWF note sur certaines de ces cartes que les parcs nationaux de Loango et Moukala-Doudou sont inclus dans le Complexe d’Aires protégées de Gamba (cf. annexe 3). L’existence du CAPG était basée sur les réserves de faune et domaines de chasse. Ne pas savoir ce qu’ils deviennent c’est ne pas savoir ce que devient le CAPG. Cela revient aussi à exclure le WWF de la gestion des parcs et donc se défaire de sa suprématie sur la la conservation de la nature dans cette région du pays. Dans ce cas, c’est la légitimité même du complexe d’aires protégées qui peut être remise en cause. Les complexes d’aires protégées, les pays écologiques et les écorégions n’ont aucune existence légale au Gabon. Il n’existe pas de textes de lois qui définissent les règles de gestion de ce type de territoire ou de zone. Ce sont des aires de gestion durable qui sont établies et gérées selon les visions des ONG internationales.

92 Si pour certains acteurs (ANPN-bureau central/Libreville, RAPAC, services d’exploitation forestière du ministère des eaux et forêts), la loi est claire et que par conséquent il ne subsiste pas d’autres aires protégées au Gabon en dehors des 13 parcs nationaux, pour d’autres en revanche (service de la direction de la faune et de la chasse des Eaux et forêts, WWF, ANPN-Loango) le flou juridique les conduit à considérer l’existence (légale ou pas) des réserves de faune et domaines de chasse. Les premiers voient en l’attitude des seconds une manifestation nostalgique : ils disent que « ce sont des nostalgiques ». Ils reconnaissent toutefois qu’au-delà de la nostalgie et du leadership, le flou juridique a sa part de responsabilité.

Autrement dit, l’existence officielle ou officieuse des autres types d’aires protégées est fonction de l’interprétation de la loi par chacun et de leur leadership. L’idée du flou juridique est partagée par tous mais à des degrés différents.

Si l’on se range du côté des acteurs qui pensent qu’il existe d’autres espaces protégées en dehors des parcs, l’ensemble des espaces mis en réserve pour la conservation sont : le domaine de chasse d’Iguéla, la réserve de faune de Petit Loango, le domaine de chasse de Ngove-Ndogo, l’aire d’exploitation rationnelle de faune des Monts Doudou, la réserve de faune de Moukalaba-Dougoua, la réserve de faune de Moukalaba-Doudou, le domaine de chasse de Sette-Cama, la réserve de faune de la plaine Ouanga (tous faisant partie du CAPG), la réserve présidentielle de Wonga-Wongué et l’arboretum de Sibang.

Avant la création des parcs nationaux de Loango et de Moukalaba-Doudou en 2002, le CAPG était composé de huit aires protégées. Il s’agissait, du nord vers le sud, du domaine de chasse d’Iguéla, de la réserve de faune de Petit Loango, du domaine de chasse de Ngove-Ndogo, de l’aire d’exploitation rationnelle de faune des Monts Doudou, de la réserve de faune de Moukalaba-Dougoua, de la réserve de faune de Moukalaba-Doudou, du domaine de chasse de Sette-Cama et de la réserve de faune de la plaine Ouanga.

Au sujet des aires protégées du CAPG, les interprétaions de la loi divergent même entre les acteurs qui estiment qu’ils subsistent toujours. Si pour certains la création des parcs de Loango et de Moukalaba-Doudou ne déclasse aucune aire prééxistantes, pour d’autres en revanche, elle déclasse celles qui ont été englobées par les dits parcs. Car comme ils le disent (brigade de faune, ministère du tourisme) : dans la théorie, la création des parcs nationaux de Loango et de Moukalaba-Doudou en 2002 suppose le déclassement des aires protégées prééxistentes à leur emplacement et le (re)classement de celles qui n’ont pas été englobées par lesdits parcs. Autrement dit, seules les réserves de faune du Petit Loango et la réserve de faune de Moukalaba-Dougoua ont été déclassées. Les autres

93 réserves de faune et domaines de chasse n’ont pas été déclassés ou l’ont été partiellement. Il ne resterait par conséquent que 6 sur les 8 antérieures : le domaine de chasse d’Iguéla (espace réduit par le parc national de Loango), le domaine de chasse de Ngove-Ndogo (espace réduit par le parc national de Loango), le domaine de chasse de Sette-Cama (espace réduit par le parc national de Moukala-Doudou), l’aire d’exploitation rationnelle de faune des Monts Doudou (espace réduit dans sa quasi-totalité par le parc national de Moukalaba- Doudou), le domaine de chasse de Moukalaba (aucune réduction de surface) et la réserve de faune de la plaine Ouanga (aucune réduction de surface).

Carte 8 : La composition du CAPG avant et après la création des parcs nationaux de