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3,98% de la superficie du territoire national

Section 2 Enjeux économiques et sociau

2.1. La diversification de l’économie

L’économie du Gabon dépend essentiellement de l’exploitation des ressources telles que le bois et le pétrole.

Le secteur forestier (exploitation du bois) est la deuxième activité économique du Gabon après le pétrole et le deuxième employeur après l’Etat. Cette activité a toujours eu recours à une main-d’œuvre importante. Aujourd’hui encore, même s’il ne participe qu’à 3 % du PIB du pays, il emploie 28 % de la population active (Illanga Itoua, 2005), soit environ 400 000 personnes, pour 7 500 emplois directs dont 14,5 % du secteur privé (Bergeron et Callaque, 2007).

L’importance du secteur forestier dans l’économie nationale est une réalité pour l’ensemble des pays du Bassin du Congo. En République Centrafricaine par exemple, le secteur forestier représentait 9,7 % du PIB en 1995 (RIDDAC, non daté et Ontcha, non daté). Au Cameroun, où il a contribué à 4,9 % du PIB en 2004 (Thies et Beligne, 2007), ce sont 100 000 personnes qui sont directement employées par le secteur forestier organisé ; 80 % de la population tire son énergie139 de la biomasse, soit environ 64 % de l’énergie utlisée sur l’ensemble du pays (Illanga Itoua, 2005). Près de 70 % des 60 millions de personnes qui vivent dans le bassin du Congo dépendent des ressources naturelles pour s’alimenter, s’éclairer et cuisiner (COMIFAC, 2005).

139 Usage du bois ou de ses dérivées pour : bois et copeaux de bois pour le feu de cuisson, résine d’arbres pour

148 Photo 1 : Des employés du secteur forestier mesurant des grumes d’okoumé

Source : Pourtier et al., 2004.

Le secteur pétrolier est la première activité économique du Gabon. C’est grâce à cette dernière que le pays a été considéré, dans les années 1970-1980, comme « l’eldorado de l’Afrique »140. C’est également sur la force économique du pétrole que l’Etat avait grandement misé pour faire du Gabon un « émirat africain »141. Mais, le secteur connait un déclin depuis la fin des années 1980 malgré une petite remontée de la production dans le milieu des années 1990. Cette situation affecte le développement du pays car son économie dépend fortement de l’activité pétrolière. La dépendance au pétrole est de même valable pour les dépenses publiques puisqu’elles reposent essentiellement sur les revenus du pétrole. En d’autres termes, l’augmention des dépenses publiques est fonction de celle des recettes pétrolières (cf. fig. 15). Les différentes crises du secteur ont, par conséquent, toujours eu des impacts immédiats sur la santé économique du Gabon comme ce fut le cas dans les décennies 1970 et 1980.

140 Mboutsou in Ben Yahmed et al. (2004), rappelle cette perception du Gabon dans le continent africain : « au

cours des années 1970, grâce au pétrole principalement. Le Gabon était considéré comme un eldorado africain attirant par milliers les étrangers à la recherche de travail ».

141 L’émirat africain est dit ici en comparaison aux pays du Golfe, musulmans, réputés pour leur richesse

149 Figure 15 : Fluctuation des recettes pétrolières et des dépenses publiques hors dette au Gabon de 1972 à 1992 (en milliards de F CFA)

0 100 200 300 400 500 600 700 1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 Recettes pétrolières Dépenses publiques

Source : Institut Pédagogique National, 1993.

En effet, après l’euphorie économique des Trente Glorieuses (1945-1975), le Gabon, comme la plupart des pays africains appuyés sur la rente pétrolière, avait connu une crise économique sans précédent. Le secteur pétrolier avait subi de façon assez sévère, dans la seconde moitié des années 1980, les conséquences des mouvements erratiques des prix : c’est le ‘‘contre choc’’ de 1986. Les cours du baril étaient revenus à ceux d’avant les ‘‘douze glorieuses’’ (1974-1985). Le budget du Gabon qui avait triplé en 1974 et 1975, fut amputé de moitié au terme des ‘‘douze glorieuses’’ (Pourtier, 2001).

Le déclin économique concerne également le secteur minier surtout le manganèse et l’uranium. Il s’observe avec une baisse de production dans la décennie 1990. Le secteur du manganèse enregistre une baisse de production dès 1991 pour atteindre son niveau le plus bas en 1995. Cette chute était due à l’émergence de nouveaux producteurs et surtout à la diminution de production d’acier spécial dans le monde142, de -2 % (Institut Pédagogique National, 1993). Nous reprenons le graphique de la production de manganèse au Gabon de 1988 à 2008 que nous avons exploité précédemment pour permettre une lecture de la baisse de la production observée en 1995.

Si le manganèse continue à être un secteur clé de l’économie malgré cette phase de déclin, il n’en est pas autant pour l’uranium. Débutée en 1961, l’exploitation de l’uranium a été très propice à la fin des années 1970. Elle a permis au Gabon d’occuper le 3ème rang de

142 Cette baisse de production d’acier s’explique par une détérioration de la conjoncture mondiale et par une

150 producteurs africains d’uranium durant cette décennie (Pourtier et al., 2004). Mais à partir de 1991, le secteur connaît une baisse de production. Elle fut causée par l’appauvrissement des gisements. L’épuisement total des mines d’uranium fut effectif en 1999 et entraîne la fin de la production.La Compagnie des Mines d’Uranium de Franceville (COMUF) qui exploitait ce minerai ferme définitivement ses portes en 2000.

Figure 16 : Evolution de la production de manganèse de 1988 à 2008 (en millions de tonnes) 0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 19881989 19901991 1992 19931994 19951997 19981999 2000 2001 2002 20032004 20052006 2007 2008

Sources : Direction Générale de l’Economie, 2002 et 2009.

Figure 17 : Evolution de la production d’uranium au Gabon de 1986 à 1999 (en centaines de tonnes) 0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1997 1998 1999

151 L’évolution de la croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) est un bon indicateur de la crise économique, depuis les années 1980-1990, par rapport à la décennie précédente. Alors qu’il enregistrait une variation de croissance entre 6 et 14 % dans la décennie 1970, le PIB du Gabon est en baisse depuis plus de trente ans malgré les remontées observées en 1997 et en 2007143. Elle est dès les années 1980 de l’ordre de 0 à 5,8 %.

Tableau 35 : Taux de croissance du PIB du Gabon de 1970 à 2008

Périodes Croissance (%) Crois. (%) sans les remontées

de 1997 et 2007

1970-1980 entre 6 et 14,6 entre 6 et 14,6

1980-1990 Entre 0 et 2 Entre 0 et 2

1990- 2000 Entre 0 et 5,8 Entre 0 et 2,1

2000-2008 Entre 0 et 5,5 Entre 0 et 3,6

Sources : Direction Générale de l’Economie du Gabon, 2002, 2008 et 2009 ; IPN, 1983 et 1993.

Cette situation économique exprime la vulnérabilité du « modèle rentier »144. C’est un modèle qui dépend de l’évolution des cours mondiaux des matières premières sur lesquels les Etats africains n’ont pas de mainmise. Il est vite affecté par les fluctuations conjoncturelles et son avenir à moyen et long terme est plus qu’incertain. Il est conditionné par les ressources consommables et s’épuise lorsqu’elles s’amenuisent ou manquent et ne permettent plus le cumul de type extensif. Dépourvu de synergies internes susceptibles de favoriser une croissance auto cumulative, il ne peut survivre que par la protection tarifaire. Il est rendu rapidement obsolète par l’ouverture des frontières et la mise en concurrence internationale qui révèlent sa faible productivité. Ces trois éléments de fragilité, le premier, d’origine extérieure, démontrant et amplifiant les deux autres, sont concomitants dans les années 1980. Ces dernières peuvent être donc qualifiées de décennie de crise (Dubresson et Raison, 1998).

La dépendance du Gabon à une ressource naturelle au cours instable a pour ainsi dire condamné son économie à vivre au rythme des fluctuations des prix du brut et en fonction des volumes d’exportation, eux-mêmes dépendants de la taille des gisements. De plus, à moyen terme, la poursuite des tendances actuelles, pour ce qui est du vieillissement de l’appareil de

143 En 1997 et en 2007, le taux de croissance du PIB approchait sensiblement 6 %. Il était respectivement de 5,8

% et de 5,5% (DGE, 2002 et 2009).

144 Le modèle rentier est fondé sur la consommation d’espace, la prédation minière et énergétique (Dubresson et

152 production et de la sous-valorisation des ressources naturelles renouvelables, se traduirait à la fois par la dégradation des performances économiques et par une érosion du patrimoine écologique du pays. Le déclin des secteurs pétrolier et du minerai a entraîné une crise sociale accentuée par de très faibles opportunités d’emploi et un taux de chômage élevé145.

Face à cette dépendance, particulièrement au pétrole, le principal enjeu économique attendu de l’exploitation des parcs nationaux pour le Gabon est la diversification et la réorganisation du tissu économique, de même que la dynamisation du secteur privé. L’une des alternatives prônée par les pouvoirs publics pour y parvenir est le développement de l’écotourisme. Les parcs nationaux sont l’occcasion pour le Gabon de mettre en place une filière de tourisme écologique.