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Les méthodes : l’observation directe et l’entretien semi-directif

2. Cadre méthodologique

2.6. Quelques biais de recherche

2.6.3. Les méthodes : l’observation directe et l’entretien semi-directif

Le troisième et dernier biais de recherche concerne les méthodes choisies. Nous avons en effet pris le parti d’observer les participants dans des situations naturelles et de ne pas

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dissimuler notre présence afin de créer des relations de confiance avec les acteurs. Cela était d’autant plus essentiel pour qu’ils puissent ensuite se confier à nous lors des entretiens de recherche qui suivaient l’observation de la rencontre entre les enseignants et les parents.

Cependant, ce dispositif aurait pu rendre les participants mal à l’aise et les empêcher d’agir naturellement sachant que nous les observions dans le cadre d’une recherche (et non d’un simple stage comme cela a pu être le cas lors de notre formation). De plus, la parole des enseignants et celle des parents auraient pu elles aussi être influencées par le fait qu’ils savaient que nous rencontrions l’autre partenaire. Les données récoltées et les analyses effectuées pour répondre à notre problématique auraient pu dès lors être influencées par des pratiques d’autocontrôles utilisées par les acteurs pour se protéger des éventuelles critiques quant à leurs actions et du fait que nous puissions informer l’autre partenaire de leurs confessions. Néanmoins, certains indices nous permettent à nouveau d’affirmer que ces biais ont été faibles et limités.

Tout d’abord, tous les participants ont eu le choix d’accepter ou de refuser de participer à notre recherche. De ce fait, il est possible de considérer que si les enseignants et les parents ont accepté, ce n’est pas pour ensuite s’autocensurer dans leurs pratiques, leurs comportements et leurs discours. Cela n’aurait pas eu réellement de sens, car si notre présence ou le fait de se confier sur le thème principal annoncé de la recherche les gênait, ils auraient simplement refusé l’observation de l’entretien individuel et de participer à l’entretien post-observation. Cependant, nous ne pouvons pas être persuadés que les participants n’aient pas ressenti un souci de désirabilité sociale ou une crainte d’être jugés négativement dans notre travail. Afin d’éviter ces biais d’autocontrôles, nous avons donc essayé de développer des relations de confiance avec tous les participants, aussi bien avec les enseignants qu’avec les parents d’élèves.

Comme nous connaissions personnellement les enseignants, un lien de confiance s’était déjà créé avec ces derniers, ce qui a permis à notre avis qu’ils nous montrent réellement leurs pratiques enseignantes lors des entretiens qu’ils menaient avec les parents et qu’ils ne s’autocensurent pas dans leurs discours, étant donné que nous avions déjà eu l’occasion de les observer et de discuter avec eux dans le cadre de notre formation universitaire. Notre statut d’étudiants et de futurs enseignants a également contribué à les mettre en confiance, du fait que nous apprenons encore le métier et que nous ne sommes pas des chercheurs éloignés de leur monde comme pourraient l’être d’autres chercheurs provenant uniquement du domaine de la recherche universitaire. Nous pensons dès lors qu’ils se sentaient responsables de nous former au mieux à cette pratique de l’entretien avec les parents, comme cela a été le cas lorsque nous étions en stage. Nous avons également essayé de construire des relations basées sur la confiance avec les parents. Les raisons expliquées dans la première sous-partie de ce sous-chapitre (le choix des enseignants) peuvent être reprises pour justifier l’évitement de ces biais d’autocontrôles. Nos statuts d’étudiants, les explications de la recherche fournies étape par étape par les enseignants et par nous-mêmes, ainsi que l‘attention portée à l’écologie des lieux ont sans doute permis que les parents agissent naturellement et qu’ils ne se sentent pas jugés par notre présence observatrice.

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En outre, les enseignants ne peuvent pas réellement contrôler leurs pratiques, car ils ont un travail à effectuer. Il s’agissait en effet de réels contacts avec les parents et dans la plupart des cas, du seul entretien individuel réalisé dans l’année. De ce fait, ils ne pouvaient effectuer une représentation théâtrale et jouer un autre rôle que le leur qui est d’informer les parents de la situation scolaire de leur enfant et de chercher d’éventuelles pistes d’action si besoin. Cela est également le cas pour les parents qui viennent à l’école parce qu’ils souhaitent être informés des résultats scolaires et du comportement de leur enfant. Ils ne peuvent donc pas totalement contrôler leurs pratiques, bien qu’ils aient tout de même la possibilité de simplement écouter les dires des enseignants sans leur répondre, contrairement à ces derniers qui sont dans l’obligation d’informer les parents afin de remplir leur cahier des charges. Cependant, tous les parents se sont exprimés pendant les entretiens avec les enseignants et certains se sont également adressés à nous. Nous pensons dès lors que les participants n’ont pas été gênés par notre présence et que les entretiens entre les parents et les enseignants se sont déroulés le plus naturellement possible sans qu’ils aient contrôlé leurs pratiques et leurs comportements.

Enfin, nous sommes d’avis que les discours des participants n’ont pas non plus été contrôlés par ces derniers. En effet, les entretiens de recherche ont duré entre 1 heure et 2 heures pour la majorité (sauf deux entretiens qui ont duré une quarantaine de minutes), ce qui permet d’affirmer que les acteurs avaient bien des choses à nous dire. Evidemment, il n’est possible de savoir s’ils ont omis certaines informations qui auraient pu les mettre mal à l’aise ou qu’ils estimaient qu’elles ne nous regardaient pas. Toutefois, la plupart des parents et des enseignants n’ont pas hésité à nous raconter des situations conflictuelles ou qui les ont dérangés avec l’autre partenaire, à affirmer leur désaccord ou leur mécontentement face à certaines situations et à se confier sur des expériences personnelles difficiles qu’ils ont pu vivre. De ce fait, nous pensons que cela montre une certaine sincérité dans leurs discours et qu’ils ne les ont pas « biaisés », bien que nous ne puissions en être totalement persuadés à nouveau.

En conclusion, nous remarquons que les biais de recherche qui auraient pu influencer les données récoltées et les résultats obtenus du fait de nos choix méthodologiques ont été dans l’ensemble limités et contrôlés. Bien qu’il ne nous soit pas possible d’être entièrement persuadés qu’ils n’aient eu aucun impact dans notre recherche, il nous est tout de même possible d’affirmer que ces biais ont été de faible importance.

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