• Aucun résultat trouvé

Les lignages d’Audenarde et de Looz-Agimont : ~1240-1350

Dans le document LES AVOUERIES DES ÉGLISES LIÉGEOISES XI (Page 51-57)

PREMIERE PARTIE – LA MENSE CAPITULAIRE

I. L’avouerie de Hesbaye

5. Les lignages d’Audenarde et de Looz-Agimont : ~1240-1350

Du fait d‟un vide documentaire de près d‟une trentaine d‟années, la destinée de l‟avouerie de Hesbaye s‟avère difficile à retracer durant la première moitié du XIIIe siècle. Il nous faut ainsi attendre 1240 pour trouver une nouvelle mention d‟un avoué de Hesbaye. Nommé Louis d‟Audenarde, il épouse Mathilde de Limbourg168, une des filles de l‟ancien avoué Frédéric de Limbourg, qui lui apporte fort probablement Lummen169 en dot. Il ne s‟agissait pas d‟une

166 Charee ou cherree : contenance d‟un char, équivaut au double de la charretée. Cf. F.GODEFROY, Dictionnaire de l’ancienne langue française..., t.2, p.68.

167 C.GAIER, ibidem., p.243.

168 JACQUES DE HEMRICOURT, Œuvres, éd. C. DE BORMAN, A.BAYOT, E.PONCELET, t.2, p.294 Ŕ C.G.ROLAND, Histoire généalogique..., op.cit., p.105.

169 Province de Limbourg, arrondissement de Hasselt.

terre d‟avouerie, mais d‟une seigneurie, qu‟on retrouvera pendant plusieurs siècles parmi les biens patrimoniaux de l‟avoué de Hesbaye, tout comme Aigremont. Mais, contrairement à cette dernière, Lummen n‟est pas un fief liégeois, étant tenue du comte de Looz. D‟une manière générale, cependant, Lummen n‟était pas soumise aux impôts ruraux lossains170. Louis d‟Audenarde est encore cité en 1242. Il était mort en 1261, date à laquelle Mathilde de Limbourg est mentionnée comme veuve. On signalera que Mathilde est la première épouse d‟un avoué de Hesbaye revêtue du titre d‟ « avoueresse de Hesbaye »171. D‟après C. Godefroid, l‟apparition de l‟avoueresse constitue un indice du déclin de l‟institution, prouvant que l‟avouerie se transmet désormais sous forme de dot et perd dès lors tout caractère militaire172. Nous ne partageons pas ce point de vue, dans la mesure où la transmission de l‟avouerie sous forme de dot est attestée depuis maintenant plus d‟un siècle, à savoir depuis l‟époque de Wiger de Waremme. C‟est d‟ailleurs ainsi qu‟Eustache de Chiny devint avoué de Hesbaye. Eu égard au rôle que ce dernier joua au siège de Bouillon, il est peu probable que cette transmission de la charge par les femmes affecta de quelque manière l‟importance militaire de l‟avouerie. En outre, rien ne prouve non plus que le titre d‟avoueresse de Hesbaye n‟est pas plus ancien. En tout cas, il existait déjà auparavant dans d‟autres avoueries de nos régions. On sait par exemple que dans la première décennie du XIIe siècle, l‟épouse de l‟avoué de Saint-Trond, Gislebert de Duras (1088-1136), était intitulée

« avoueresse » (en latin, advocatrix)173. Et là encore, on ne peut guère parler de déclin, bien au contraire : les avoués de Saint-Trond furent à l‟apogée de leur puissance et de leur indépendance sous les Duras.

Arnould, le fils aîné de Louis d‟Audenarde174 et Mathilde de Limbourg, apparaît comme avoué de Hesbaye en 1261, lors d‟un accord conclu avec Jean, seigneur d‟Audenarde, le cousin de feu son père.

Par le passé, à une date qui reste inconnue, Jean avait assigné à l‟avoué Louis II 120 livrées de terre par an, au bois dit Ruberban ainsi que dans d‟autres bois et dans la ville de Kerkehen175. Dans un acte donné en novembre 1261176, Jean d‟Audenarde fait savoir qu‟Arnould est venu devant lui et ses hommes et qu‟il a renoncé entièrement aux 120 livrées en question. En échange, Jean lui assigné 120 livres annuelles en monnaie de Flandre, issues de son vinage177 d‟Audenarde. Cette rente sera perçue pour moitié à la nativité de saint Jean-Baptiste (24 juin) et pour moitié à Noël. Au cas où l‟envoyé d‟Arnold ne percevrait pas le plein paiement dans un délai de huit jours, il pourra demeurer à Audenarde en attendant et ce aux frais de Jean. Par ailleurs, le seigneur d‟Audenarde ne pourra rien prélever sur le vinage avant le versement de la rente, qui sera effectué par son receveur. Le document stipule que cette mesure reste valable pour les héritiers de l‟avoué Arnould.

170 Communes de Belgique, dir. H.HASQUIN, t.3, p.2342-2344.

171 J. DE HEMRICOURT, Ibidem.

172 C.GODEFROID, op.cit., p.392.

173 C‟est ainsi qu‟est qualifiée la comtesse Gertrude, qui, d‟après Rodolphe, était encore pire que son époux dans les vexations qu‟elle infligeait à l‟abbaye de Saint-Trond. Cf. RODOLPHE, Gesta..., op.cit., p.179.

174 Oudenaarde, province de Flandre orientale, chef-lieu d‟arrondissement.

175 Peut-être Kerkom (forme ancienne Kerkehem en 1214), province de Brabant, arrondissement de Louvain.

Cf. Communes de Belgique, op.cit., t.3, p.2198.

176 Edition dans JACQUESDE HEMRICOURT, Œuvres, t.II, p.17-18.

177 Apparaît ici sous la forme winage. Substantif masculin désignant le droit seigneurial consistant à prendre une certaine quantité de vin sur les terres viticoles d‟une seigneurie et sur son pressoir. Perçu d‟abord en nature, le vinage fut plus tard converti en redevance en argent. Par extension, il peut également désigner un droit payé pour la sûreté des routes, un péage sur les bestiaux et les voitures traversant une seigneurie. Cf. F. GODEFROY, Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVesiècle, t.8, 1895.

Il est également question de la mère d‟Arnould, qui est cependant nommée Mahaut, et non Mathilde. Qualifiée de dame de La Marck et d‟avoueresse de Hesbaye, elle aura droit à la moitié des 120 livres de rente annuelle tant qu‟elle sera en vie, en raison de son douaire.

Arnould est encore mentionné en 1279 et 1283. Il épouse Marie, dame de Chaumont en Brabant, qui lui apporte vraisemblablement cette ville en dot. Son successeur portera en tout cas le titre de seigneur de Chaumont. Marie meurt le 8 avril 1301 et est inhumée à Valenciennes178.

Intitulé seigneur de Lummen et de Chaumont, Louis III est attesté comme avoué de Hesbaye entre 1306 et 1312. Le 15 juillet 1306, il se trouve à Mons, devant la comtesse Philippine de Hainaut, afin de lui vendre une rente annuelle de 45 livrées de terre sur les revenus de la ville de Chièvres179, qu‟il détenait en fief de Guillaume, comte de Hainaut et de Hollande180. La vente, dont le montant s‟élève à 750 livres, comporte un cérémonial au cours duquel l‟avoué Louis reporte le fief en la main de la comtesse181.

Fils de Louis et de Yolande de Diest, Arnould succède à son père comme avoué de Hesbaye en 1315. Le 24 avril de cette même année, il fait relief de l‟avouerie au château de Moha182, en présence du châtelain des lieux, Gérard, et d‟autres membres de l‟aristocratie. Par la même occasion, Louis relève la seigneurie de Chaumont, ainsi que la justice et les revenus, sous forme de cens et de rentes183.

Trois ans plus tard, Arnould épouse Alice, la fille d‟un seigneur des environs de Liège, Henri de Hermalle. Le contrat de mariage, en date du 12 octobre 1318184, s‟avère particulièrement intéressant. Il émane de l‟évêque de Liège, Adolphe de la Marck, et fut donné au château de Huy où se rendirent Henri de Hermalle, sa fille Alice ainsi que l‟avoué de Hesbaye, Arnould.

Un tabellion public, le clerc Jean dit d‟Espiere de Tournai, de même que différents témoins étaient également présents. On remarquera qu‟Arnould porte encore à cette époque le titre d‟écuyer.

Les clauses du contrat, conclu entre Henri de Hermalle et Arnould sont les suivantes :

1. Henri de Hermalle reconnaît avoir donné à Arnould, en vue de ce mariage, 200 livrées de terre, à percevoir chaque année en gros tournois de France sur divers biens. Ceux-ci comprennent notamment 30 bonniers de terre arable au lieu-dit Malaise daleis Verme185, les revenus de chaque bonnier étant estimés à 3 muids d‟épeautre. Le muid valant alors 10 sous tournois, ce total de 90 muids d‟épeautre équivaut en argent à 45 livrées. Sont également mentionnés, la dîme de Seroncamp186, valant annuellement 120 muids d‟avoine soit 60 livrées de terre, la menue dîme de ce même lieu, estimée à

178 Ibidem, p.294. Valenciennes : France, département du Nord, chef-lieu d‟arrondissement.

179 Province de Hainaut, arrondissement d‟Ath.

180 Guillaume Ier d‟Avesnes, né en 1286, comte de Hainaut, de Hollande et de Zélande entre 1304 et sa mort (1337). Il était le fils de Philippine de Luxembourg et du comte de Hainaut Jean Ier (1280-1304).

181 F. DE REIFFENBERG, op.cit., t.1, p.487-489.

182 Entité de Wanze, province de Liège, arrondissement de Huy.

183 E.PONCELET, Le livre des fiefs de l’Eglise de Liège sous Adolphe de la Marck (1313-1344), Bruxelles, 1898, p.166 Ŕ S.BORMANS, Les seigneuries féodales du pays de Liège, Liège, 1871, p.105.

184 JACQUES DE HEMRICOURT, Œuvres, t.2, p.38-40.

185 Toponyme non-identifié.

186 Peut-être Serinchamps, province de Namur, arrondissement de Dinant.

15 livrées par an, 14 bonniers de prés sis à Ombrai187, qui représentent 60 livrées, et enfin 60 bonniers de bois sis sur le cours de la Meuse, près d‟Engis188, estimés à 20 livrées. Arnould pourra jouir dès à présent de ces 200 livrées et, au cas où Alice décèderait avant lui sans lui avoir donné d‟héritier, il les détiendra jusqu‟à la fin de sa vie.

2. De même, si Alice meurt avant Arnould et qu‟ils n‟ont pas eu d‟héritier légitime, l‟avoué de Hesbaye recevra 200 autres livrées de terre, perçues en gros tournois sur l‟ensemble de l‟héritage de Hermalle, qu‟Henri tient de son premier mariage.

Toutefois, Arnould ne pourra en bénéficier qu‟après la mort de son beau-père. En attendant, il devra se contenter de la rente mentionnée au point 1.

3. Arnould concède à sa future épouse, à titre de douaire, toute l‟avouerie de Hesbaye, Aigremont avec son château, Awirs, Fexhe-le-Haut-Clocher189, Chaumont avec son manoir ainsi que Ghistoul, dont la justice et la seigneurie sont également tenues en fief de l‟évêque de Liège. En cas de décès d‟Arnould, Alice pourra en jouir pour le restant de ses jours. Toutefois, si le couple n‟a pas eu d‟enfants, le plus proche héritier d‟Arnould pourra récupérer les biens constituant le douaire, à condition de laisser à la veuve une rente de 800 livrées de terre assignée sur ces mêmes biens.

4. Les parties s‟accordent encore pour que, si Arnould et Alice meurent sans hoirs, l‟ensemble de leur héritage revienne au plus proche parent, de chaque côté.

Parmi les domaines de la cathédrale Saint-Lambert confiés à la protection de notre avoué, se trouvait celui de Mons190, non loin de Liège, ainsi que les localités de Souxhon et de Rullier qui en dépendent. En 1325, les habitants de ces lieux connurent des difficultés avec Arnould, ainsi qu‟il ressort d‟un jugement de la cour des échevins de Liège, en date du 2 février.

La contestation portait sur un impôt de 3 setiers d‟avoine, que l‟avoué Arnould prétendait lever sur chaque maison de ces localités. Un certain nombre d‟habitants s‟étant plaints devant les échevins locaux, l‟affaire fut transférée devant la cour de Liège, qui leur donna raison, décrétant que ces personnes ainsi que toutes les autres demeurant à Mons, Souxhon et Rullier ne sont nullement obligées de satisfaire aux exigences de l‟avoué191.

Tout au cours des décennies 1320 et 1330, nous retrouvons régulièrement Arnould comme témoin de différents actes, notamment les reliefs de fiefs ayant eu lieu sous l‟épiscopat d‟Adolphe de la Marck192.

Le 11 novembre 1327, l‟avoué de Hesbaye conclut une alliance avec la Cité de Liège contre l‟évêque, en vue d‟assurer le maintien de la paix de Fexhe et des lois du pays. Ce document qui contenait sans doute des informations de premier ordre est malheureusement perdu193.

187 Il pourrait s‟agir d‟Ombret-Rawsa, dépendance d‟Amay, province de Liège, arrondissement de Huy.

188 Province de Liège, arrondissement de Huy.

189 Province de Liège, arrondissement de Waremme.

190 Mons-lez-Liège, province de Liège, arrondissement de Liège, section de Flémalle.

191 C.S.L., t.3, n°1086, p.277.

192 E.PONCELET, Le livre des fiefs..., op. cit., p.197, 253, 357-358, 394, 416 et 424. Néanmoins, dans ce même livre de fiefs (p.42), nous rencontrons un cas curieux : un Louis avoué de Hesbaye est cité le 30 décembre 1321.

Reste à déterminer s‟il s‟agit d‟une erreur de la part du scribe ou d‟une preuve de la survie de l‟avoué Louis III jusqu‟à cette date. Sans prétendre parvenir à la certitude, nous penchons pour la première solution.

A la mort de son beau-père, Arnould hérite du titre de seigneur de Hermalle, conformément aux dispositions du contrat de mariage de 1318. Nous l‟en trouvons revêtu dans un acte du 4 juillet 1332 par lequel il approuve le testament de feu maître Jean Porta, chapelain épiscopal de Saint-Lambert. L‟intervention d‟Arnould dans cette affaire de succession s‟explique par la nature des biens concernés. En effet, Jean Porta lègue à la chapellenie épiscopale des terres sises à Fexhe-le-Haut-Clocher et à Voroux, qui meuvent en fief de notre avoué194.

Cette même année 1332, Arnould prend part à des opérations militaires contre les Brabançons. Armé sous la couronne de lumières, il reçoit l‟étendard le 6 mai195.

La dernière mention certaine de l‟avoué Arnould remonte à 1339. Est-il décédé vers cette date ? Nous demeurons dans une relative incertitude, étant donné la présence d‟éléments contradictoires.

Maurice Yans, qui a publié le livre des fiefs de la cour féodale de Hesbaye sous l‟avoué Arnould, estime que celui-ci a sans doute encore vécu jusqu‟à la fin de la décennie 1340. Il base son argumentation sur la mention, parmi les feudataires d‟Arnould, de Jacques Chabot, qualifié d‟échevin de Liège. Or, ce dernier n‟a exercé cette charge qu‟à partir de 1348196. Yans n‟exclut toutefois pas une erreur de la part du copiste, qui aurait substitué le nom du mari à celui de sa veuve. Nous estimons cette seconde éventualité comme plus probable. En effet, nous sommes pratiquement certains qu‟Arnould était mort en 1346. En tout cas, Alice, dame de Hermalle et avoueresse de Hesbaye, est bien mentionnée comme veuve lorsqu‟elle se rend à Maastricht le 17 décembre de cette même année. Accompagnée de Thierry de Seraing, son mambour197, l‟avoueresse fait relief de tous les biens qui lui reviennent, par la succession de son défunt mari. Il est notamment question de son douaire, constitué de l‟avouerie de Hesbaye et ses appartenances198.

Alice, encore mentionnée comme veuve en 1349, meurt vers 1356 et est inhumée dans sa localité d‟origine, à Hermalle. Arnould et Alice n‟ayant pas eu d‟héritier mâle, l‟avouerie de Hesbaye se transmet une nouvelle fois en ligne féminine. C‟est effectivement leur fille Yolande qui apporte la charge en dot en épousant Louis de Looz-Agimont, sire de

193 E.FAIRON, Régestes de la cité de Liège, t.2, Liège, 1937, n°67, p.79. Cet acte a en effet disparu et seule subsiste une brève analyse dans des répertoires lillois dressés en 1409.

194 C.S.L., t.6, n°377, p.73-74.

195 JEAN de HOCSEM, Chronique, éd. G.KURTH, Bruxelles, 1927, p.220. La période 1332-1338 fut effectivement marquée par de fortes tensions entre l‟évêque Adolphe de La Marck et le duc de Brabant, Jean III. Il y eut un commencement d‟hostilités, mais l‟archevêque de Cologne et les comtes de Hainaut et de Juliers parvinrent à faire accepter leur arbitrage. Rendu le 8 avril 1338, il prit le nom de paix de Montenaeken.

196 M.YANS, Un dénombrement des biens et revenus de la Haute Avouerie de Hesbaye au XIVe siècle, B.C.R.H., Bruxelles, 1941, p.348-349. Jacques Chabot fut échevin de Liège jusqu‟en 1362. Cf. C. DE BORMAN, Echevins..., op.cit., t.1, p.198-199.

197 Ce personnage fait fonction de tuteur, en raison de l‟incapacité juridique qui frappe l‟avoueresse, en tant que femme.

198 E.PONCELET, Les feudataires de la Principauté de Liège sous Englebert de la Marck, Bruxelles, 1948, p.226.

A signaler que dans l‟acte de relief, le défunt mari d‟Alice n‟est pas nommé Arnould mais Louis. Il s‟agit très vraisemblablement d‟une nouvelle erreur. Ainsi, savons-nous qu‟il n‟y eut pas à cette époque d‟autre avoué de Hesbaye portant ce prénom que Louis III, dont l‟épouse se nommait Yolande de Diest. Par ailleurs, la référence au douaire sur l‟avouerie de Hesbaye, conformément au contrat de mariage de 1318, permet de dissiper rapidement les doutes qui subsisteraient à ce sujet.

Neufchâteau et de Warcq199, fils de Jean, seigneur d‟Agimont et petit-fils du comte Jean de Looz et de Chiny (1279) et de sa seconde épouse, Isabelle de Condé200.

Yolande et Louis vivaient conjoints en 1344201, date à laquelle ce dernier prend le titre d‟avoué, soit deux ans avant qu‟Alice ne relève les biens de l‟avouerie de Hesbaye en tant que veuve. Peut-être Arnould n‟était-il même pas mort à cette date. Il n‟est pas exclu que ce dernier, trop âgé ou malade, ait accepté que son gendre lui succède de son vivant. Les sources sont malheureusement très réduites pour cette période de l‟avouerie, aussi nous limiterons-nous à cette simple supposition.

La descendance d‟Arnould nous est par contre bien connue grâce à l‟œuvre du chroniqueur Jacques de Hemricourt. L‟avoué et son épouse eurent en tout six filles. Outre Yolande, sans doute l‟aînée, que nous venons d‟évoquer, nous rencontrons Julienne, dame de Hermalle, mentionnée en 1357, qui épouse en premières noces Jean, sire de Wavre202, puis, en secondes noces, Guillaume dit ly Ardenois, sire de Spontin203 ( 7 avril 1385). La deuxième cadette, Elisabeth, meurt alors qu‟elle est encore jeune tandis que Marie épouse Guillaume de Bolland204, sire de Gesves205. La cinquième fille, Alice, apporta en dot la seigneurie de Chaumont et de Ghistoul à son époux, le chevalier Lambert d‟Oupeye206. Elle était morte le 4 mai 1356, date à laquelle Lambert fait relief des deux seigneuries en vertu de ses convenances de mariage et par décès de son épouse207. Egalement seigneur de Herstal, Lambert décèdera en juin 1376. Félicitée, enfin, épouse le chevalier Jean de Herbigny, sire de Beauraing208 (1386-1400). Elle décède sans héritiers209.

Louis de Looz-Agimont est surtout connu dans l‟histoire liégeoise pour la charge de mambour210 qu‟il occupa en 1344-1345, durant la vacance du siège épiscopal. Il appartient au même lignage que le comte de Looz, mambour durant l‟interrègne précédent, en 1312, qui avait d‟ailleurs pris illégalement possession de la régence. Au contraire, la nomination de Louis se déroule dans les règles. Candidat du chapitre cathédral, il est désigné comme mambour par les états, le chapitre préférant consulter le peuple afin d‟éviter tout problème ultérieur211. On notera qu‟au XVe siècle, d‟autres avoués de Hesbaye, cette fois issus de la maison de La Marck, exerceront de nouveau la mambournie. Il n‟existe toutefois pas de lien exclusif entre l‟avouerie de Hesbaye et la dignité de mambour, comme le prouve l‟accession à celle-ci d‟Eustache Persan de Rochefort (1364) et de Wautier de Rochefort (1378).

199 France, département des Ardennes, arrondissement de Charleville-Mézières.

200 C.GODEFROID, op. cit., p.402 Ŕ C.G. ROLAND, Notice historique sur le comté d’Agimont, Annales de la société archéologique de Namur, t.16, 1883, p.263.

201 JACQUES DE HEMRICOURT, Œuvres, t.2, p.294.

202 Province de Brabant wallon, arrondissement de Nivelles.

203 Province de Namur, arrondissement de Dinant.

204 Province de Liège, arrondissement de Verviers.

205 Province de Namur, arrondissement de Namur.

206 Province de Liège, arrondissement de Liège.

207 S.BORMANS, Les seigneuries féodales…, op.cit., p.105.

208 Province de Namur, arrondissement de Dinant.

209 JACQUES DE HEMRICOURT, Oeuvres, t.2, p.294.

210 Ce sens généralement rare du terme « mambour », désigne dans l‟histoire liégeoise, où il est par contre d‟usage courant, le tuteur d‟un pays momentanément dépourvu de chef.

211 Par le passé, le chapitre cathédral avait en effet dû destituer des officiers, faute d‟avoir consulté le peuple lors de leur nomination. Cf. A. MARCHANDISSE, La vacance du siège épiscopal et la mambournie sede vacante à Liège aux XIIIe-XVe siècles, Centre de recherches en histoire du droit et des institutions, t.15, Bruxelles, 2001, p.65-92.

Dans le document LES AVOUERIES DES ÉGLISES LIÉGEOISES XI (Page 51-57)