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Les châtelains de Beaumont (~1230-1300)

Dans le document LES AVOUERIES DES ÉGLISES LIÉGEOISES XI (Page 174-182)

TROISIEME PARTIE – LES BONNES VILLES

3. Les châtelains de Beaumont (~1230-1300)

Conformément aux instructions données par l‟évêque Robert, Renier de Lexhi et Guillaume de Crisnée firent rapidement connaître les résultats de leur enquête, sans doute dès les derniers

1013 …si vacante qualibet advocacia maior ipsius civitatis advocatus aliquid in ea iuris haberet, …iudicatum est, quod episcopus vacantem sibi cuiuscunque loci advocaciam vel in manu sua quantocunque vult tempore retinere potest... Cf. Friderici I. Constitutiones, éd. L. WEILAND, MGH, LL, t.1, Hanovre, 1893, n°280, p.387 ; cf. aussi Die Urkunden Friedrichs I., 1168-1180, éd. H. APPELT, MGH, DD, Hanovre, 1985, n°796, p.364-365.

1014 J.DARIS, Notice historique sur l’abbaye de Beaurepart..., op.cit., p.347 et 351 ; E. PONCELET, L’avouerie de la Cité, op.cit., p.190, d‟après Abbaye d’Aulne, Cartulaire, fol. 221 v°. Il est intéressant de noter que les deux actes impliquant Wéry concernent une nouvelle fois Cornillon, ce qui semble confirmer un lien privilégié entre les ministeriales de Pré et cet établissement.

1015 Nous savons que Renier de Lexhy était mort le 7 janvier 1298, lorsqu‟il fut question de ses trois filles devenues béguines, dans un acte de l‟évêque de Pierrepont. Cf. CSL, t.2, n°DCCCLIV, p.545-546.

1016 Le chevalier Guillaume de Crisnée est mentionné la première fois en 1239 (Chartes de Saint-Jean, t.1, p.53-54). Il épousa avant 1250 Hawide, veuve de Walter de Vervoz. Cf. J. DE HEMRICOURT, Oeuvres, op.cit., t.2, p.429.

1017 CSL, t.1, n°CCCXXXIV, p.412.

jours du mois d‟avril 12411018. L‟acte qui en résulte constitue la première source fondamentale concernant les droits, devoirs et prérogatives de l‟avoué de la Cité. Comme l‟indique le document, ceux-ci étaient en vigueur dès l‟époque de Jean d‟Eppes.

L‟avoué Baudouin se vit accorder le tiers des deniers prélevés sur le pain et la cervoise. Il percevait également le tiers des amendes résultant des plaintes portées devant le maire et ensuite transférées devant le tribunal des échevins. Toute « paix », c‟est-à-dire le règlement d‟une affaire à l‟amiable ou composition, était impossible sans lui et, dans chaque cas, il avait droit au cinquième des deniers en résultant.

Les mesures prises par l‟évêque aboutirent en fin de compte à une reconnaissance des droits de l‟avoué par les bourgeois, mais il fallut pour cela attendre décembre 12441019. Les deux documents délivrés à cette occasion nous éclairent davantage sur ces prérogatives. En plus de celles déjà mentionnées en 1241, l‟avoué se voit reconnaître le droit de participer avec le mayeur aux perquisitions effectuées à la recherche de mauvais vins. S‟il trouve le cellier clos, l‟avoué pourra en défoncer la porte. Par ailleurs, il jouira du tiers des vogements par jugement1020. En outre, on trouve consigné le rôle de l‟avoué en matière de police sur les terrains communaux ou werixhas, où il percevra le tiers des amendes éventuellement infligées. Son rôle de surveillance s‟étendra aussi aux maisons et aux fortifications. Si le seuil d‟une maison dépasse sur la voie publique, ses habitants devront lui payer 12 deniers. De même lors de l‟ouverture de fenêtres et de jours dans les murailles ayant fait partie des anciens remparts.

A partir des années 1230, époque de l‟épiscopat de Jean d‟Eppes, l‟avouerie de Liège est donc exercée par Baudouin de Beaumont, membre d‟un lignage depuis longtemps fidèle à l‟épiscopat liégeois. En effet, la châtellenie de Beaumont1021, dont notre avoué tire son nom, est déjà attestée lors de l‟inféodation du comté de Hainaut à l‟Eglise de Liège, en 10711022. Depuis 1168 au moins, elle était aux mains du lignage auquel appartenait Baudouin : son grand-père, puis son père, Ghislain II (1189-1215) avaient ainsi été feudataires de l‟évêque pour ce bien. Ils étaient également les détenteurs d‟un autre fief, la seigneurie de Solre-le-Château, qui mouvait du seigneur de Barbençon1023.

La première mention de Baudouin dans les sources remonte à l‟année 1205, où il est qualifié de majeur, ce qui nous conduit à situer sa naissance aux environs de 1185. Fils aîné du seigneur Ghislain II, il fut adoubé vers 1211 et recueillit l‟héritage familial, à savoir la châtellenie de Beaumont et la seigneurie de Solre. On lui connaît deux frères puînés :

1018 CSL, t.1, n°CCCXXXV, p.413.

1019 CSL, t.1, n°CCCLXXXI & CCCLXXXII, p.469-470.

1020 Vogement est une forme du substantif masculin vochement, qui désigne une assignation ou convocation devant la justice. Cf. Dictionnaire du Moyen Français (DMF), op.cit. (http://www.atilf.fr/blmf). A noter que cette prérogative se maintiendra jusqu‟au XVe siècle, époque à laquelle le mayeur traitera seul certains cas de plaintes, de vogements et d‟accords judiciaires et s‟en attribuera la totalité des profits. Cf. E. PONCELET, L’avouerie de la Cité, op.cit., p.136-137.

1021 Province de Hainaut, arrondissement de Thuin. Il y existait en fait deux seigneuries. La principale d‟entre elles appartint jusqu‟au XVe siècle à une famille portant le nom du village. Quant à la seconde, elle était partagée entre plusieurs propriétaires et incluait notamment les fermes du grand-Rignoeulx et du petit-Rignoeulx qui relevaient en fief de la terre de Beaumont. Cf. Communes de Belgique, op.cit., t.2, p.1286.

1022 CSL, t.1, n°XXV, p.37-38. A l‟époque, les occupants des châteaux de Beaumont et de Mons opprimaient l‟évêché de Liège.

1023 Solre-Saint-Géry, section de l‟actuelle commune de Beaumont. L‟ancienne commune de Barbençon fait également aujourd‟hui partie de Beaumont.

Guillaume, qui deviendra seigneur de Rouveroy1024 (1221) et de Quiévrain1025, et Henri. Ce dernier mérite particulièrement notre attention, car il connut une brillante carrière au sein de l‟Eglise liégeoise. D‟abord chanoine de Saint-Lambert (1212), puis clerc (1215-1219), Henri de Beaumont accéda à la dignité d‟archidiacre de Hainaut (1230), pour finir prévôt, de 1239 jusqu‟à sa mort en 12421026.

De par ses origines mêmes, de par les relations étroites de sa parentèle avec l‟épiscopat liégeois, perceptibles depuis Hugues de Pierrepont (1200-1229)1027, de même que par la présence de son propre frère parmi les hauts dignitaires de l‟Eglise, Baudouin de Beaumont apparaissait donc comme un candidat idéal à l‟avouerie. Poncelet va même plus loin, en alléguant que Ghislain II était peut-être déjà avoué de la Cité, ce qui expliquerait l‟accession de Baudouin à la charge, mais aussi l‟entrée d‟Henri au sein du chapitre cathédral. Les données manquent toutefois pour confirmer cette hypothèse.

D‟une manière générale, la période de l‟avoué Baudouin de Beaumont est assez peu connue.

Jusqu‟à sa mort, il n‟apparaît en effet qu‟à deux reprises, en tant que témoin : en 12451028, puis en 1250, cette fois aux côtés de son fils, le futur Baudouin II qu‟il avait eu de son épouse Clémence, veuve d‟un chevalier brabançon, mais aussi de son petit-fils, prénommé Baudechon1029.

Les terres patrimoniales de Baudouin étant relativement éloignées de Liège, il est probable qu‟il fut peu présent dans la Cité. Ce n‟est donc pas un hasard si c‟est précisément à son époque qu‟apparaît pour la première fois un lieutenant d‟avouerie, cité dans la charte de décembre 1244. Bien que nous ne disposions pas d‟un inventaire des biens de l‟avoué, comme ce sera le cas sous son successeur, il est permis de penser que les châtelains de Beaumont possédaient quelques propriétés à Liège. Parmi elles, sans doute, cette maison de la place du Marché, sise entre l‟église Saint-André et la rue des Mineurs, au lieu-dit Le Muid. Ce bâtiment portera le nom de maison de Beaumont jusqu‟au XVe siècle et c‟est là que notre avoué mourut vers la fin de 1250 ou au début de 12511030.

Comme à l‟époque des de Pré, une transmission héréditaire se mit en place et l‟avouerie passa dès lors au fils aîné de Baudouin, Baudouin II, lui aussi châtelain de Beaumont. Comme son père, Baudouin II connut des difficultés avec les Liégeois. Malgré la reconnaissance des droits de l‟avoué par ces derniers en 1244, les relations demeuraient certainement tendues. Les citains de Liège ne percevaient sans doute pas bien l‟intérêt de cette avouerie pratiquement dénuée de pouvoirs, qui ne leur apportait pas grand-chose et avec laquelle ils devaient pourtant partager les profits, notamment en matière judiciaire. Dès lors et bien que nous ne connaissions pas précisément les faits, il est vraisemblable que les Liégeois refusèrent de payer les redevances dues à l‟avoué. Aussi, l‟évêque Henri de Gueldre (1247-1274) dut-il intervenir et, par un acte donné à Beaumont le 29 avril 1255, mander au mayeur, aux échevins

1024 Province de Hainaut, arrondissement de Thuin.

1025 Province de Hainaut, arrondissement de Mons.

1026 E. SCHOOLMEESTERS, Liste des prévôts de l’église Saint-Lambert pendant les XIe, XIIe et XIIIe siècles, Leodium, t.4, 1905, p.98.

1027 Le père de Baudouin, Ghislain, châtelain de Beaumont intervient ainsi en 1211, en même temps que ses trois fils, lors de la donation de la dîme de Beaumont à l‟abbaye d‟Alne. Cf. E. PONCELET, Actes d’Hugues de Pierrepont..., op.cit., n°90, p.95 & n°93, p.97-98.

1028 CSL, t.1, n°CCCLXXXVI, p.476-477.

1029 E. PONCELET, L’avouerie de la Cité, op.cit., p.194, d‟après Abbaye d’Alne, cartulaire, fol. 121.

1030 Le Muid désignait le lieu de la vente du blé sur le grand marché de Liège. E. PONCELET, ibidem, p.194-195, d‟après Pauvres en Ile, cartulaire, fol. 137.

et aux citains de Liège de laisser le chevalier Baudouin, avoué de Liège, jouir des droits dont il usait au temps de son prédécesseur, Robert de Thourotte (1240-1246)1031.

En plus de voir son autorité et son utilité contestée dans les affaires urbaines, l‟avoué Baudouin II eut à connaître des difficultés d‟ordre financier. Elles le conduiront à céder à deux échevins de Liège, Jean de Lardier et Pierre Bovéal1032, les biens qu‟il détenait dans la Cité et ses alentours en raison de l‟avouerie. Assez curieusement, dans l‟acte du 14 juillet 1265, qui notifie cette cession opérée devant le mayeur et les échevins de Liège1033, Baudouin de Beaumont indique qu‟il tenait ces biens en fief héréditaire du comte de Looz, Arnould. Si ceux-ci étaient effectivement attachés à la charge d‟avoué, il aurait dû les tenir de l‟évêque ou du chapitre de Saint-Lambert, d‟autant plus qu‟à cette époque le comte de Looz ne paraît en aucune manière lié à l‟avouerie de Liège.

Le contrat prend la forme d‟un lansage, opération qui est attestée dans la principauté de Liège dès le début du XIIIe siècle (1206). A l‟origine, elle prend la forme suivante : moyennant le payement d‟une rente annuelle, un propriétaire aliène la jouissance d‟immeubles ou de droits immobiliers (ou domaine utile), tout en conservant la nue-propriété (ou domaine direct).

Toutefois, au fil du temps, on constate une évolution, notamment en ce qui concerne la rente qui devient purement recognitive et n‟est plus proportionnée à la valeur des biens lansagiés.

Par ailleurs, le lansage lui-même a tendance à recouvrir de plus en plus souvent « une opération usurière et doleuse »1034. Il en va ainsi dans le cas qui nous intéresse.

En échange d‟une rente annuelle de 6 sous liégeois, payable pour moitié à Noël, Baudouin donne en lansage ses biens immobiliers qui représentent au total un capital d‟environ 645 marcs liégeois. Ceux-ci comprennent :

- la maison dite de l‟avoué, qui se trouve au lieu-dit « el Preit » devant la collégiale Saint-Paul1035 en Ile (valeur 250 marcs) ;

- deux brasseries, sises dans le même quartier de l‟Ile dont les revenus annuels s‟élevaient à 4 marcs et 10 sous liégeois ;

- un cens de 40 sous liégeois sur la brasserie et le moulin du seigneur Radou ;

- deux bans situés en Mangonie, sur le Marché, représentant 8 marcs de revenus annuels ;

- un cens de 26 sous liégeois sur une tenure en aval de la Cité de Liège ; - un pré et un jardin devant l‟église Saint-Martin en Avroy1036.

1031 CSL, t.2, n°DXXXVI, p.75.

1032 Jean de Lardier fut échevin de Liège entre 1253-1283 ; Pierre Bovéal entre 1260 et 1282. Cf. C. DE BORMAN, Les échevins de la souveraine justice de Liège, Liège, 1892, t.1, p.76-78 et 81-82.

1033 CSL, t.6, Annexe 19, p.255-256.

1034 J. RUWET, Le « lansage » dans le droit liégeois, R.B.P.H., t.21, Bruxelles, 1942, p.95-112. On notera qu‟à la fin du XIIIe et au XIVe siècle apparaît une autre forme de lansage, visant essentiellement à l‟extinction des dettes, à une époque où l‟hypothèque n‟existe pas. Ainsi, l‟ancien détenteur a aliéné le domaine direct ou la nue-propriété au profit de son créancier, pour ne conserver que la jouissance du bien moyennant un cens annuel et héréditaire. A défaut de paiement du cens, le créancier pourra confisquer l‟ensemble des droits du débiteur sur le bien en question. La nature floue et le caractère usurier du lansage finirent par attirer l‟attention des princes-évêques qui décrétèrent son interdiction à deux reprises, en 1368 et 1403. Cf. également P. BERTRAND, Commerce avec dame Pauvreté, structures et fonctions des couvents mendiants à Liège (XIIIe-XIVe siècles), Liège, 2004, p.192-195.

1035 Il s‟agit de l‟actuelle place de la Cathédrale, qui fut baptisée place du roi Albert après la Première Guerre mondiale, en hommage au roi chevalier. Il en était encore ainsi du temps de Poncelet.

1036 Au haut Moyen Age, peut-être dès le IXe siècle, un édifice religieux fut bâti dans ce qui deviendra le quartier d‟Avroy. Il est en tout cas attesté au XIe siècle où il forme le centre d‟une paroisse considérable. En 1034, l‟église d‟Avroy fut donnée à l‟abbaye de Saint-Laurent. Il semble qu‟elle était placée à l‟origine sous le

En même temps que le lansage, Baudouin II de Beaumont contracta un prêt, toujours auprès des deux échevins. Comme l‟indique un acte délivré par le mayeur et la cour échevinale, le prêt portait sur une somme de 100 marcs de Liège, que Baudouin s‟engagea à restituer pour la prochaine fête de la nativité de Saint-Jean Baptiste (24 juin 1266)1037. Le lendemain, 15 juillet 1265, Baudouin donna un acte par lequel il réitérait son engagement1038.

Comme nous l‟avons suggéré précédemment, le contrat de lansage conclu entre Baudouin et les deux échevins dissimulait en réalité un prêt usurier. Conscient trop tard de la duperie, Baudouin ne manqua pas de protester, mais ses réclamations demeurèrent vaines. Pierre Bovéal (1282) finit d‟ailleurs par considérer les biens lansagiés comme sa propriété et décida dans son testament du 20 juillet 12811039 de les léguer aux pauvres. Ses exécuteurs testamentaires ne procèderont toutefois à la donation qu‟en 1297 et, Bovéal s‟étant lui aussi endetté, il n‟en restait pratiquement rien hormis un cens de 8 marcs et 5 sous, 1 livre de cire et 3 chapons !

A l‟occasion du lansage, plusieurs tenants Ŕ ou hommes de fief Ŕ de l‟avoué de Liège furent énumérés : le seigneur Radou d‟Ile, déjà cité, Ernas del Preit, Jean Pagans dit le haleur ainsi qu‟Evrard, gendre de Radou d‟Ile. La liste n‟est probablement pas complète, car l‟on sait par un document ultérieur (1293)1040 que Baudouin II possédait une cour féodale et que celle-ci comprenait au moins 22 feudataires, parmi lesquels des dignitaires ecclésiastiques de premier plan : le doyen de Saint-Lambert1041 et les abbés de Saint-Laurent1042 et Saint-Jacques1043. Pour le reste, les autres hommes de fief appartenaient essentiellement à la petite noblesse et au milieu échevinal : le seigneur de Nivelle-sur-Meuse, Jean d‟Awirs, Jean Henneviaus, Radou, fils de Radou d‟Ile, ancien échevin de Liège1044. On mentionnera encore Henri Pilars, héritier de Libert Boveal, Jean li Mas, héritier de Lambert le Fou, Gilles Crasmadars, également échevin de Liège (1266-1291)1045, Antoine de Halebeke et ses frères, l‟héritier du seigneur Nicolas de la Ruelle, l‟écuyer Jean, dit Hannekin, de Lixhe. Quant aux biens concédés aux différents feudataires, ils se situaient principalement dans les environs de Nivelle-sur-Meuse (5 hommages) et de Lixhe1046 (2 hommages).

Jusqu‟à présent, l‟avouerie de Liège avait connu une histoire peu tourmentée. Ainsi, hormis quelques heurts entre l‟avoué et les Liégeois, le plus souvent résolus par l‟intervention

patronage de saint Martin. Au fil du temps, toutefois, on constate l‟apparition de l‟appellation Sainte-Vérone (ou Sainte-Véronique), qui finira par l‟emporter au XVe siècle. Avec Saint-Christophe, Sainte-Véronique était l‟une des deux églises desservant la seigneurie d‟Avroy. T. GOBERT, Les rues de Liège..., op.cit., t.4, Liège, 1901, p.62-64. E.PONCELET, Les domaines urbains de Liège, Liège, 1947, p.63.

1037 CSL, t.6, Annexe 20, p.256.

1038 CSL, t.6, Annexe 21, p.257.

1039 C. DE BORMAN, Echevins..., op.cit., pièce justificative n°Vbis, p.444-447 ; E. PONCELET, L’avouerie de la Cité, op.cit., p.197-198.

1040 M.L.POLAIN, Documents inédits relatifs à l’ancienne avouerie de Liège, B.I.A.L., t.3, 1857, p.302-303.

1041 Maître Jean des Canges, 14 juillet 1279 Ŕ  12 décembre 1303. Cf. E. SCHOOLMEESTERS, Liste des doyens de l’église Saint-Lambert pendant les XIe, XIIe et XIIIe siècles, Leodium, t.4, 1905, p.99. Cf. aussi C.RENARDY, Les maîtres universitaires dans le diocèse de Liège : répertoire biographique (1140-1350), Paris, 1981.

1042 Jean Peureal, attesté comme abbé de Saint-Laurent à partir du 20 janvier 1292. Monasticon belge, op.cit., t.2, p.43.

1043 Guillaume de Julemont, abbé de Saint-Jacques entre le 6 novembre 1283 et sa mort, le 18 avril 1301.

Cf. Ibidem, p.15-16.

1044 Radou d‟Isle, échevin de Liège 1260-1273, laissa deux fils, dont le Radou en question, et deux filles. Cf. C.

DE BORMAN, Echevins..., op.cit., p.79-80.

1045 C. DE BORMAN, Ibidem, p.83-84.

1046 Sections de la commune de Visé, province de Liège, arrondissement de Liège.

épiscopale, aucun événement notable n‟était à signaler : pas de contestation majeure, pas d‟usurpation. La situation était sur le point de changer, l‟avouerie attirant désormais les convoitises des grands princes territoriaux. La cause du changement ne semble pas à rechercher du côté de l‟avoué légitime, Baudouin, mais bien au niveau du climat politique qui prévalait à Liège à l‟époque. Le trône de Saint-Lambert était alors occupé par Henri de Gueldre qui, loin d‟avoir la vocation ecclésiastique, était peu apprécié de ses sujets, pour ne pas dire détesté. Les Liégeois se trouvaient donc prêts à accueillir toute initiative étrangère qui leur apporterait un soutien contre le prélat honni. L‟ambitieux duc Jean Ier de Brabant, dont les relations avec Henri de Gueldre étaient particulièrement mauvaises, en était conscient. Il se tenait prêt à saisir toute occasion lui permettant de s‟immiscer dans les affaires liégeoises.

Au moyen d‟intrigues, le duc parvint ainsi à persuader les bourgeois de Liège qu‟il lui revenait de les protéger, y compris contre l‟évêque. Pour ce faire, il leur proposa de le désigner comme avoué1047. En agissant de la sorte, Jean Ier recherchait sans doute plus un moyen d‟intervention, que la charge d‟avoué proprement dite, finalement peu lucrative et dépourvue de pouvoirs effectifs. Quoi qu‟il en soit, les Liégeois accueillirent favorablement son initiative et, le 26 novembre 1270, Jean Ier était reconnu haut avoué héréditaire et défenseur légitime par les bourgmestres, échevins, jurés et communauté de Liège1048. Le 20 janvier de l‟année suivante, le duc promettait aux bourgeois de Liège de s‟acquitter loyalement des devoirs lui incombant en qualité de haut avoué de la Cité1049.

Jean Ier n‟accéda pas pour autant à l‟avouerie de Liège. En effet, sa reconnaissance comme avoué par les Liégeois était entièrement illégale : rien n‟autorisait la Cité à disposer de la charge et à y placer qui bon lui semblait. Les conséquences de cette démarche se limitèrent donc pour l‟instant à de simples prétentions1050.

Les Liégeois n‟avaient cependant pas oublié l‟offre de protection brabançonne et, lorsqu‟ils connurent de nouvelles difficultés, une quinzaine d‟années plus tard, la question de l‟avouerie refit surface. Les citains de Liège se trouvaient cette fois confrontés à divers problèmes liés aux impôts, à la Sauvenière et à la juridiction échevinale1051. Aussi, le 5 août 1286, un accord fut-il conclu avec le duc Jean Ier, qui s‟engagea à maintenir les Liégeois dans leurs droits et privilèges, si nécessaire contre l‟évêque et le clergé1052. Le duc savait sans doute bien qu‟il n‟aurait pas à s‟opposer à l‟évêque, Jean de Flandre, son propre beau-frère, avec lequel il entretenait des relations cordiales. Son objectif était avant tout de rassurer les Liégeois et de s‟assurer des alliés dans sa lutte pour la succession du Limbourg. C‟est d‟ailleurs dans le même but qu‟il nouera une alliance avec l‟évêque, le 15 avril 12871053.

1047 Le duc Jean Ier apporta son soutien aux communes dans leur soulèvement contre Henri de Gueldre.

1047 Le duc Jean Ier apporta son soutien aux communes dans leur soulèvement contre Henri de Gueldre.

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