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L’avouerie de Franchimont

Dans le document LES AVOUERIES DES ÉGLISES LIÉGEOISES XI (Page 128-133)

DEUXIEME PARTIE – LA MENSE EPISCOPALE

IX. Franchimont et le ban de Verviers

1. L’avouerie de Franchimont

IX. Franchimont et le ban de Verviers

A l‟origine, ces territoires formaient le vaste domaine de Theux698, qui fut concédé par le roi Zwentibold (870/871-900) à l‟évêque Francon (858-901), le 8 octobre 898699. Le souverain y conserva provisoirement le droit de chasse, avant que celui-ci ne soit cédé à son tour à l‟évêque par le carolingien Charles le Simple (893-922), en 915700. Dès le haut Moyen Age, le domaine de Theux fut divisé en quatre bans : Theux, Sart, Jalhay et Spa701. Plus tard, à une date indéterminée, un cinquième vit le jour, celui de Verviers702. L‟ensemble de ces bans était régi par un châtelain, une sorte de gouverneur qui tenait ses fonctions en fief du prince-évêque et résidait au château de Franchimont703. L‟existence d‟une avouerie dans cette région est attestée en 1155, dans le diplôme de Frédéric Barberousse énumérant les possessions de l‟Eglise de Liège704. D‟après ce document, il semble qu‟il y avait alors un seul et même office pour Theux et Verviers705. Sans doute Theux désigne-t-il ici le domaine primitif et l‟ensemble des bans qui le composent. Quoiqu‟il en soit, les deux avoueries bien distinctes de Franchimont et du ban de Verviers ne feront leur apparition que plus tard, à la fin du XIIIe et au début du XIVe siècle respectivement.

1. L’avouerie de Franchimont

C‟est effectivement à la fin du XIIIe siècle que surgit dans les sources une haute avouerie de Franchimont. Sa juridiction s‟étend aux bans de Theux, Spa, Sart et Jalhay. Elle constitue un fief détenu de l‟évêque de Liège par les comtes de Clermont, qui l‟ont peut-être héritée de leurs prédécesseurs, les comtes de Montaigu. Le premier avoué connu, Louis de Clermont706, est également seigneur de Harzé707. Mentionné à partir de 1285, il exerça vraisemblablement

696 Aujourd‟hui Grâce-Hollogne, province de Liège, arrondissement de Liège.

697 C. DE BORMAN, Echevins…, op.cit., t.1, p.160-161.

698 Province de Liège, arrondissement de Verviers. Cf. H.BAIVERLIN, L’évolution du domaine de Theux, Ann.

42e congrès féd. arch. hist. Belgique, Malmédy, 1974, p.11-23.

699 CSL, t.1, n°VI, p.8-9 ; Die Urkunden Zwentibolds und Ludwigs des Kindes, éd. T. SCHIEFFER, MGH, DD, Berlin, 1960, n°24, p.61-62.

700 CSL, t.1, n°X, p.14-15.

701 Sart, Jalhay et Spa, communes situées en province de Liège, arrondissement de Verviers.

702 Province de Liège, chef-lieu d‟arrondissement.

703 On notera qu‟au XVIe siècle, l‟ensemble des bans prit l‟appellation de marquisat de Franchimont, terme finalement inexact, car le prince-évêque ne désigna jamais de « marquis » à la tête de la châtellenie. Le château de Franchimont est situé à 1 Km au sud de Theux, à l‟extrémité d‟une colline. Cf. P.HOFFSUMMER, Le château de Franchimont, s.l., 1997 et Communes de Belgique, dir. H.HASKIN, op.cit, t.2, p.1438-1439.

704 CSL, t.1, n°XLVI, p.76-80 ; Die Urkunden Friedrichs I., éd. H. APPELT, MGH, DD, t.1, Hanovre, 1975, n°123, p.206-208.

705 Toiz et Vervier cum advocatia et omnibus pertinentis earum.

706 Section de Walcourt, province de Namur, arrondissement de Philippeville.

707 Section de la commune d‟Aywaille, province de Liège, arrondissement de Liège.

la charge jusqu‟à sa mort, survenue après 1332708. De son épouse, Isabeau de Bellestre et Bohain (1350), il eut deux fils dont l‟aîné, Wery, lui succéda.

Haut avoué de Franchimont, seigneur de Harzé, Wéry fut également sénéchal du comte de Luxembourg, Jean de Bohême (1309-1346). Il mourut vers 1359709 et fut inhumé à Harzé, à l‟instar de son père. Sa succession était loin de poser problème : son épouse, Jeanne de Julémont, lui avait donné pas moins de six enfants710. Harzé et l‟avouerie de Franchimont passèrent au fils aîné, Louis, cité à partir de 1360711.

Par un record de la cour de Theux en date du 8 juin 1365, Louis se voit confirmer les différents privilèges attachés à sa charge. Il a ainsi droit au tiers des amendes pour toutes les plaintes jugées devant les échevins. Par contre, il ne percevra rien des amendes infligées par les forestiers. Il ne pourra pas non plus prétendre au panage712. Toutefois, en cas de pâturage illégal des porcs en forêt, si une plainte est déposée et qu‟elle donne lieu à une amende, il en recevra le tiers.Il en ira de même pour tout délit perpétré en forêt, qu‟il s‟agisse d‟un meurtre, d‟un larcin ou de coups et blessures. Enfin, l‟avoué de Franchimont se verra attribuer le tiers des essaims d‟abeilles trouvés dans les bois.

Le 5 juillet 1377, la cour de Theux délivre un autre record, confirmant son droit au comte713 avoine. Ce terme désigne un revenu d‟un setier d‟avoine, d‟une poule et d‟une maille, qui était prélevé au profit de l‟avoué en certains lieux et sur certaines masures714.

La trace de Louis se perd après 1388715. En 1391, nous assistons au relief de l‟avouerie de Franchimont par son fils aîné, Guillaume de Clermont. Egalement seigneur de Harzé, de Han-sur-Lesse716 et de Gramptinne717, il décèda le 27 octobre 1413.

Son épouse, Philippotte d‟Argenteau ne lui ayant laissé aucun descendant, c‟est son frère puîné, Jacques, qui lui succéda comme seigneur de Harzé et, selon toute vraisemblance, comme avoué de Franchimont. Toutefois, ce dernier ne tarda pas à disparaître à son tour le 8

708 J. DE HEMRICOURT, Œuvres, t.2, p.242. Louis de Clermont, sire de Harzé et de Borsy était le second fils de Jacques de Clermont (vers 1245-1276).

709 J. YERNAUX, Notice historique sur la seigneurie de Harzé, Bulletin de la société verviétoise d‟archéologie et d‟histoire, t.13, Verviers, 1913, p.96-98.

710 Louis, dont il sera question ci-après ; Jacques de Harzé, seigneur de Fanson (1360-1382), Roland de Harzé, seigneur de la cour d‟Olne à Awans (1360) et chanoine de la collégiale Saint-Paul à Liège et trois filles, dont le prénom demeure cependant inconnu. J. DE HEMRICOURT, Ibidem, p.242.

711 C.G.ROLAND, Les seigneurs et comtes de Rochefort, A.S.A.N., t.20, Namur, 1893, p.414-415. Louis avait deux frères, Rollon, sire del Court d’Olne d’Awant, et Jacquemin.

712 Redevance due au seigneur d‟une forêt pour la glandée et paisson des porcs. Cf. F. GODEFROY, Dictionnaire de l’Ancienne langue française, t.6, Vaduz Ŕ New York, 1961, p.19.

713 Il s‟agit bien ici d‟un « compte », c‟est-à-dire de l‟état de ce qui est dû ou reçu. En ancien français, ce terme était parfois orthographié comte ou conte. D‟après T.L.F. informatisé, CNRS, Nancy, op.cit.

714 J.DARIS, Notices historiques…, op.cit., t.12, Liège, 1885, p.151-152. Le comte avoine fera l‟objet de deux autres records. Le premier, en date du 21 décembre 1382, émane des hommes de fiefs de Louis et stipule qu‟aucun habitant des différents bans placés sous la juridiction de l‟avoué ne doit être dispensé du paiement de la redevance. Le second, du 13 juillet 1388, émane cette fois de la cour échevinale de Harzé. Cf. J.YERNAUX, op.cit., pièces justificatives n°IV et V, p.112-115.

715 J. DE HEMRICOURT, Ibidem, p.242.

716 Section de Rochefort, province de Namur, arrondissement de Dinant.

717 Hameau de la commune de Gesves, province de Namur, arrondissement de Namur.

mars 1416. La haute avouerie de Franchimont échut alors à Jeanne de Harzé, sœur des deux précédents. Elle avait épousé le chevalier Jacques de Beaufort de Celles718.

Peu après, en 1421, l‟avouerie fut relevée par Louis de Celles, cousin des précédents. Sans doute est-ce lui qui réapparaît en 1431, dans un accord conclu avec son frère Jacques, au terme duquel il se voit attribuer la seigneurie de Harzé719. Louis laissa la seigneurie de Harzé et l‟avouerie de Franchimont à son fils, Jean. Le relief de cette dernière eut lieu en 1437720. L‟avouerie figura par ailleurs dans les biens apportés par Jean de Celles à sa future, Marie de Longchamp, comme l‟atteste un contrat de mariage du 31 janvier 1452721.

Par la suite, la seigneurie de Harzé est de nouveau aux mains d‟un Louis de Celles. Il demeure difficile de dire s‟il s‟agit du Louis de 1431 ou d‟un fils de Jean de Celles. Toujours est-il qu‟il mourut entre octobre 1477 et 1479. Peu auparavant, le 28 septembre 1477, il vendit la haute avouerie de Franchimont à Guillaume de la Marck, pour un montant de 400 florins du Rhin722.

Si l‟impact de cette vente en elle-même est relativement négligeable, il en va tout autrement lorsqu‟on y ajoute l‟acquisition du château de Franchimont par le même Guillaume, qui eut lieu le 3 octobre suivant. De la sorte, le « sanglier des Ardennes » devenait le maître absolu du territoire de Franchimont, où il fera régner la terreur jusqu‟à sa mort, en 1485723.

Le 4 décembre 1486, la veuve de Guillaume renonce en faveur de Jean de Hornes (1484-1505) à tous ses droits sur l‟avouerie de Franchimont724. Malgré tout, l‟office demeurera dans le patrimoine des La Marck. Ainsi passe-t-il à Jean Ier qui demande à la cour de Theux un nouveau record de ses droits (14 novembre 1514). Les privilèges mentionnés au XIVe siècle sont confirmés et on constate un ajout concernant la désignation d‟un porte-parole assermenté.

Délégué par l‟avoué, ce dernier s‟exprimera au nom des parties impliquées dans les affaires judiciaires, lors de chaque plaid général ou dans la quinzaine qui suit. Sans pouvoir prétendre à un salaire, il percevra des droits de la personne faisant appel à ses services725.

Jean Ier meurt le 14 août 1519. Lui succèdent Jean II et son épouse, Marguerite de Wassenar.

La situation à cette époque est passablement confuse car les héritiers des de Celles continuent manifestement à revendiquer l‟avouerie, ce malgré la vente de 1477. C‟est ainsi que Frédéric de Sombreffe726, époux d‟une Jeanne de Celles, connaît un différend avec Marguerite, veuve de Jean II de La Marck.

Dans un mémoire présenté devant la cour féodale de Liège, Frédéric de Sombreffe prétend que Marguerite a usurpé les droits de son lignage sur l‟avouerie de Franchimont. Il en fait

718 C.G ROLAND, op. cit., p.415. La première mention de Jacques de Celles date de 1382, époque à laquelle il n‟était qu‟écuyer. Cf. aussi J. DE HEMRICOURT, Œuvres, Ibidem.

719 Louis de Celles était le fils de Jacquemin, lui-même frère de l‟avoué Louis mentionné jusqu‟en 1383.

720 J. YERNAUX, op.cit., p.98.

721 Ibidem, pièce justificative n°VIII, p.121.

722 P.HARSIN, Etudes critiques sur l’histoire de la principauté de Liège 1477-1795, t.1, Liège, 1957, p.58 & 73 (d‟après A.E.L., Cour féodale de Liège, reg.49, f°31).

723 Cf. sur ce personnage, O.VERSCHUEREN, Guillaume de La Marck, un condottiere dans le pays mosan à la fin du Moyen Age (mém. Licence), Liège, 1993.

724 P.HARSIN, op.cit., p.191, d‟après Echevins de Liège, reg.48, f°373.

725 J.DARIS, op.cit., p.152.

726 Province de Namur, arrondissement de Namur.

même relief le 19 juin 1538727. Cela n‟empêche évidemment pas Marguerite de Wassenaer de continuer à s‟intituler avoueresse de Franchimont, comme nous le constatons par exemple en septembre 1542. Dès lors, la mainmise des La Marck ne semblait plus contestée, comme le confirme le relief de l‟avouerie effectué par la même Marguerite devant la cour féodale de Liège, le 22 septembre 1553728. A noter que pour la première fois, l‟office était relevé en même temps que la seigneurie de Seraing-le-Château729, également inclue dans le patrimoine des La Marck.

Les troubles n‟en étaient pas pour autant terminés, car des dissensions familiales se firent bientôt jour. Dans leurs testaments, Jean II de La Marck et son épouse avaient prévu que l‟avouerie reviendrait à leur fils cadet, Philippe. Cependant, cette décision mécontente l‟aîné, Guillaume II, véritable aventurier qui s‟illustrera notamment comme chef des gueux de mer. Il se dit privé de son droit d‟aînesse et considère la passation de l‟avouerie à Philippe comme contraire à la coutume. Cette opposition entre les deux frères conduira à des démêlés juridiques, dont un procès en appel devant la chambre impériale. Finalement, Guillaume II parviendra à se faire investir de l‟avouerie de Franchimont et de la terre de Seraing-le-Château le 3 avril 1557730, se brouillant à cette occasion avec son autre frère, Georges731. Cette mainmise de Guillaume II sur ces deux fiefs ne sera néanmoins que temporaire. En effet, après en avoir dépossédé le bouillant aventurier, le prince-évêque de Gérard de Groesbeeck (1564-1580) les concéda à son frère Philippe (né en 1548), de sorte que les dispositions testamentaires de Jean II se trouvèrent finalement respectées. De ce fait, un nouveau relief eut lieu le 11 octobre 1574732.

Lorsque l‟avouerie héréditaire du marquisat de Franchimont apparaît de nouveau dans les sources, en 1613-1614, elle est aux mains d‟Ernest de la Marck. En 1615, celui-ci épouse Sibylle de Hohenzollern qui mourra seulement quelques années plus tard, après avoir donné naissance à un fils souffrant d‟une maladie mentale, Jean Frédéric. Par la suite, Ernest se remariera à deux reprises et deux autres fils naîtront du dernier lit : Engelbert, l‟aîné, et François Antoine. Ces mariages successifs, de même que la démence de Jean Frédéric rendaient la succession complexe. Dans son testament, en date du 3 juillet 1653, Ernest nomma des curateurs pour Jean Frédéric. L‟un d‟eux, François Egon, comte de Furstenberg-Heiligenberg733 (1626-1682)734, était le neveu de sa première femme.

Après la mort d‟Ernest, François Egon s‟entendit avec Ferdinand Charles, comte de Löwenstein, fils de Josine de la Marck, avec pour but d‟empêcher François-Antoine (né vers 1640/41) de recueillir la succession. Leur statut de curateurs, confirmé par Ferdinand III (1637-1657), leur permit de mener leur plan à bien. Par ailleurs, ils bénéficiaient d‟un autre

727 J. YERNAUX, op.cit., p.102.

728 S. BORMANS, Seigneuries féodales, op.cit., p.354.

729 Section de Verlaine, province de Liège, arrondissement de Huy.

730 S. BORMANS, Ibidem.

731 J. DE CHESTRET DE HANEFFE, Ibidem, p.214.

732 Ibidem, p.222.

733 Allemagne, Bade-Wurtemberg.

734 Fils du comte et général de l‟armée impériale Egon de Fürstenberg (1588-1635), François Egon était le frère aîné de Guillaume Egon de Fürstenberg, futur prince-abbé de Stavelot-Malmédy (1682-1704). François Egon quittera l‟armée pour devenir ministre et conseiller très écouté du faible Maximilien-Henri de Bavière (1650-1688). Les deux frères entreront au service de Louis XIV. En conséquence de quoi, François Egon recevra l‟évêché de Metz (1658). Cf. G. MOISSE-DAXHELET, La principauté de Stavelot-Malmédy sous le règne du Cardinal Guillaume-Egon de Fürstenberg : problèmes politiques et institutionnels 1682-1704, Namur, 1963, p.25 et suiv.

atout en leur faveur : l‟origine roturière de la mère de François Antoine. Aussi, dans un premier temps, tous deux firent-ils relief de Seraing-le-Château et de l‟avouerie de Franchimont au nom de Jean Frédéric. Des années plus tard, en 1670, le comte de Löwenstein sera finalement investi de la seigneurie de Seraing, et sans doute de l‟avouerie de Franchimont, par lettres patentes de l‟Empereur.

L‟année suivante (1671), Ferdinand Charles de Löwenstein tenta de s‟entendre avec François Antoine, qui s‟était entre-temps exilé au Luxembourg pour échapper à la surveillance des curateurs de son frère. Le projet ne visait rien de moins que la renonciation à l‟héritage paternel, en échange du comté de Schleiden735. Cependant, François Antoine ne ratifia jamais le document.

Le 2 avril 1672, l‟avouerie de Franchimont et Seraing-le-Château furent de nouveau relevées par François Egon de Furstemberg, qui agit cette fois en qualité de tuteur de Maximilien Ferdinand de Löwenstein, fils de Ferdinand Charles. Environ deux ans plus tard, enfin, la situation se compliqua encore davantage du fait de la décision impériale de nommer Théodora de Gavre comme curatrice de Jean Frédéric de La Marck, à la place du comte de Löwenstein.

L‟époux de celle-ci, Philippe d‟Arenberg, prince de Chimay et gouverneur de Luxembourg, entra aussitôt dans la course à l‟héritage des La Marck. Nous ne nous attarderons pas sur cet imbroglio successoral, qui dépasse le cadre assigné à notre étude, nous contentant d‟examiner les conséquences pratiques pour l‟avouerie de Franchimont.

Ainsi constatons-nous que deux jours à peine après la mort de Jean Frédéric (29 août 1674) et ce bien que la curatelle n‟ait plus de raison d‟être, Philippe d‟Arenberg s‟empressa de relever l‟office au nom de sa femme, en même temps que la seigneurie de Seraing. Le 30 octobre suivant, c‟est au tour de Maximilien Charles, comte de Löwenstein et de Rochefort, de relever les deux fiefs. Finalement, il semble qu‟en s‟appuyant sur le testament de feu son père, Ernest de La Marck, François Antoine parvint à faire valoir ses droits et à s‟imposer, procédant à un nouveau relief des deux fiefs le 9 novembre 1674. Ce n‟est toutefois que le 31 mars 1676 qu‟un mandement impérial rétablit officiellement François Antoine de La Marck dans tous ses biens familiaux.

Un problème de taille demeurait : François Antoine manquait d‟argent. Aussi ne conserva-t-il guère Seraing et l‟avouerie de Franchimont, qu‟il engagea successivement. En 1678, cette dernière se trouvait aux mains d‟un nommé Renier de Fays. Cela n‟empêcha toutefois pas la veuve de François Antoine, Marie Catherine Charlotte de Wallenrode, de conserver le titre de

« haute voueresse héréditaire de Franchimont » lorsqu‟elle releva les fiefs au nom de son fils, devant la cour féodale de Liège, le 30 juillet 1681. Peu après, elle se remaria avec un Furstenberg, le comte Emmanuel François Egon (1663-1686)736, qui fit à son tour relief de la charge le 22 novembre 1684. A cette époque, bien que devenue essentiellement honorifique, l‟avouerie de Franchimont continuait d‟assurer à son détenteur la perception du tiers des amendes, ainsi que l‟atteste un placard datant de la même année 1684737.

Les La Marck n‟en demeuraient pas moins grevés de dettes et durent dès lors se résoudre à vendre Seraing-le-Château et l‟avouerie de Franchimont aux enchères. La vente se déroula le 27 mai 1686 : Emmanuel François Egon parvint à récupérer Seraing pour 50.000 impériaux,

735 Ancienne principauté du cercle du Bas-Rhin-Westphalie.

736 Neveu de l‟évêque François Egon, il fut chanoine à Cologne et à Strasbourg avant de devenir colonel au service de l‟Empereur. Il fut tué lors de l‟assaut de Belgrade, le 6 septembre 1686.

737 Ibidem, p.196.

mais l‟avouerie demeura aux mains de Renier de Fays qui déboursa la somme de 9.500 impériaux738.

Cette perte de l‟avouerie de Franchimont, après plus de deux siècles passés dans le patrimoine familial, fut mal acceptée par le comte Louis-Pierre de La Marck739. Le 3 juillet 1703, il signa à titre de protestation un document contestant les aliénations des anciens biens de sa famille, en particulier l‟avouerie. Il mourut toutefois le 4 novembre 1750 sans avoir obtenu gain de cause. Louis-Pierre fut le dernier La Marck à se prévaloir du titre d‟avoué de Franchimont.

Dans le document LES AVOUERIES DES ÉGLISES LIÉGEOISES XI (Page 128-133)