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Les delle Biest : 1390-1469

Dans le document LES AVOUERIES DES ÉGLISES LIÉGEOISES XI (Page 125-128)

DEUXIEME PARTIE – LA MENSE EPISCOPALE

VI. Awans-Loncin

2. Les delle Biest : 1390-1469

Christian était le neveu de Libert Ier Butor675, avoué de Horion mort en 1347. Il fut aussi échevin de Xhendremael676 et c‟est d‟ailleurs en cette qualité que nous le retrouvons le 19 juillet 1392, à l‟occasion d‟un différend l‟opposant à Renier dit Ryzac de Navaing au sujet de la seigneurie de Pas-Saint-Martin. Les deux parties nommèrent des arbitres pour régler le litige, mais nous ignorons ce qu‟il en advint. Par contre, nous savons que Christian mourut aux alentours de 1400. Le 13 mars de cette même année, c‟est son fils homonyme, Christian II delle Biest, qui relevait l‟avouerie d‟Horion et Pas-Saint-Martin677.

Christian II vécut jusqu‟en 1454 au moins. Il épousa Catherine d‟Heure, dame de Werm, veuve de Thierry Marteal de Morpertingen. Leur fils, Christian III delle Biest devint chanoine de la cathédrale Saint-Lambert et abbé séculier de Thuin. Son statut ecclésiastique ne l‟empêcha cependant pas d‟hériter de l‟avouerie de Horion et de Pas-Saint-Martin, lorsque son père en fit reportation devant la Cour féodale de Liège, le 11 août 1453.

Lorsque Christian III décéda, le 21 juin 1475, l‟avouerie de Horion ne se trouvait déjà plus aux mains des delle Biest678. En effet, dès le 20 septembre 1469, elle avait été relevée avec le Pas-Saint-Martin par un nommé Jean ber (sic), seigneur d‟Auxy. Celui-ci en avait aussitôt fait transport à Olivier, bâtard de Wesmael. Par la suite, les deux fiefs avaient échu à un autre chanoine de Liège, Christian du Pas. Enfin, à la mort de ce dernier, ils étaient passés à Tillequin van den Wyer qui fit relief le 1er octobre 1481.

3. L’époque moderne : les de Horion (1505-1583), de Carondelet (1583-1735), de Grady et de Liedekercke (XVIIIe siècle).

Durant les premières années du XVIe siècle, la seigneurie de Pas-Saint-Martin et l‟avouerie de Horion furent l‟objet d‟un nouveau contentieux. Le 24 août 1505, les fiefs étaient relevés par Guillaume de Horion, seigneur d‟Oleye et de Grand-Axhe679. Le 1er octobre suivant, c‟était au tour d‟Hermann van den Wyer d‟en être investi, par décès de Tilman van den Wyer, son père.

Comme on pouvait s‟y attendre, cette situation déboucha sur un procès, mais, le 22 décembre 1506, la cour fit savoir qu‟elle ajournait son jugement. Par la même occasion, Anne, veuve de l‟avoué Olivier de Wesmael, déclarait que la sentence éventuelle ne devait pas lui porter

674 Seigneuries féodales, op.cit., p.317.

675 La soeur de Liber Ier Butor avait épousé Adam delle Biest (vers 1320-21).

676 Commune d‟Ans, province de Liège, arrondissement de Liège.

677 Ibidem.

678 J. DE THEUX DE MONTJARDIN, Le chapitre de Saint-Lambert, op.cit., t.2, p.288 ;S.CHOT-STASSART, op.cit.

679 Deux sections de Waremme, province de Liège, chef-lieu d‟arrondissement.

préjudice. Sans doute faut-il en déduire qu‟elle continuait de bénéficier d‟un usufruit ou d‟un douaire sur certains biens de Horion ou de Pas-Saint-Martin.

Le procès se termina semble-t-il à l‟avantage des de Horion, car les van den Wyer n‟apparaissent plus dans les sources ultérieurement. C‟est d‟ailleurs le fils homonyme de Guillaume qui fit relief de l‟avouerie et de Pas-Saint-Martin en 1532.

A ce Guillaume II succéda un Guillaume III qui disparut aux environs de 1583. Ce fut alors la sœur de ce dernier, Marguerite, veuve de l‟écuyer Jean de Carondelet680, qui releva entre autres fiefs l‟avouerie de Horion (24 mars)681. Vingt ans plus tard, elle transportait l‟office à sa fille, Catherine de Carondelet, en même temps que le Pas-Saint-Martin, le château de Horion et le fief de Engis682. Catherine, devenue entre-temps chanoinesse de Sainte-Waudru, ne conserva les biens que l‟espace de quelques années. Dès le 8 juillet 1610, elle y renonçait en faveur de son frère, Ferri, seigneur de Bodegnée683, la Chapelle, Lierneux684, etc.

Par la suite, il semble que l‟avouerie ait été dévolue à Pierre de Carondelet qui épousa Anne de Mérode, dont il eut plusieurs enfants. Cependant, suite à des événements que nous ignorons, ceux-ci furent placés sous la tutelle de Ferdinand de Mérode, gouverneur de la ville et du château de Huy. C‟est précisément ce statut de tuteur qui valut à ce dernier d‟être momentanément titulaire de l‟office à compter du 17 décembre 1654.

L‟avouerie de Horion demeura aux mains des de Carondelet jusqu‟aux premières années du XVIIIe siècle. C‟est alors que le fief, ainsi que celui de Pas-Saint-Martin, échurent à une famille d‟échevins de Liège, les de Grady : Pierre Henri685 d‟abord, puis son fils Henri Godefroid686. Toutefois, durant cette période, la veuve de l‟avoué Charles François Dominique de Carondelet continuait à jouir de droits sur l‟avouerie de Horion et le Pas-Saint-Martin. Ce n‟est que le 13 septembre 1735 qu‟elle décida de les céder au profit de Ferdinand François, baron de Surlet, né comte de Liedekercke, afin qu‟il en fasse « purgement hors des mains de l‟échevin de Grady ».

A la mort de Henri Godefroid de Grady (1766), sa veuve bénéficia d‟un usufruit sur Horion et Pas-Saint-Martin dont elle effectua le relief à trois reprises entre 1767 et 1785. Dans le même temps, le 19 mai 1784, l‟avouerie de Horion et le fief du Pas-Saint-Martin avaient été dévolus à Maximilien Henri Joseph, comte de Liedekercke, seigneur de Jambes687 et chanoine

680 Marguerite avait épousé Jean de Carondelet vers 1573. Cf. S.BORMANS, Seigneuries féodales, op.cit., p.125.

681 S.BORMANS, Ibidem., p.160. Il s‟agit de Jean de Pottes, seigneur de Carondelet, de Potelle et d‟Aulnoy-lez-Valenciennes. Il mourut le 14 novembre 1581. Cf. E. DE BETHUNE-SULLY, Aulnoy-lez-Valenciennes, Bulletin de la Société d‟études de la Province de Cambrai, t.43, 1955. Notons qu‟un autre Jean de Carondelet figurait parmi les érudits dont le prince-évêque Ernest de Bavière suivait les conseils. Successeur de Nicolas de Woenstraedt (chancelier de 1584 à 1588), Jean de Carondelet était un fin diplomate et un homme cultivé correspondant avec le philologue et humaniste Juste Lipse. Cf. S. ZANUSSI, La politique intérieure liégeoise sous Ernest de Bavière (1581-1612), (mém. Licence), Liège, 2004, p.8.

682 Province de Liège, arrondissement de Huy.

683 Dépendance de Verlaine, province de Liège, arrondissement de Huy.

684 La Chapelle, dépendance de Lierneux, province de Liège, arrondissement de Verviers.

685 Né vers 1643, fils de Henri de Grady, échevin de Liège, et d‟Anne Rosen, Pierre-Henri de Grady fut lui-même échevin entre 1677 et 1720. Il mourut le 24 octobre 1724. Cf. C. DE BORMAN, Echevins..., op.cit., t.2, p.313-314.

686 Né à Liège vers 1707, il fut échevin entre 1750 et 1766, date de sa mort. Ibidem, p.372-373.

687 Province de Namur, arrondissement de Namur.

tréfoncier de la cathédrale de Liège688. Tout porte à croire qu‟il les conserva jusqu‟à la fin de l‟Ancien Régime.

VIII. Chênée

L‟histoire de cette avouerie coïncide pour l‟essentiel avec celle d‟une famille locale, le temps de quelques générations seulement. Le premier avoué connu était un chevalier, Jean, qui mourut le 25 mars 1273 et reçut sa sépulture aux Ecoliers. Il avait épousé une dénommée Bonne dont il eut 4 enfants689.

Son fils aîné, Jean de Sougné, lui succéda comme avoué, mais durant une période somme toute fort courte puisqu‟il décéda à son tour en 1278. Il fut inhumé à Chênée690. Son fils, Wéry, issu d‟une union avec une nommée Cossen est cité comme avoué de Chênée à partir de 1288.

Wéry possédait une maison dans le quartier en Sock691, à Liège, dans laquelle un vol d‟objets de valeur fut commis aux environs de 1288692. Les présumés coupables de ce forfait étaient au nombre de quatorze. On leur reprochait également un fait nettement plus grave, à savoir le meurtre de Wérote, le cousin de l‟avoué. Une plainte avait d‟ailleurs été déposée à ce sujet par la mère de la victime, Marie.

En plus d‟être fort nombreux, les protagonistes de cette sordide affaire étaient loin d‟être de simples brigands : leurs noms nous sont parvenus et l‟on constate d‟emblée que certains d‟entre eux appartenaient à la noblesse locale. Ainsi retrouve-t-on parmi eux deux frères, fils d‟un chevalier de Jupille, de même qu‟un certain Rasar, fils du bailli de Hermée693. Les éléments manquent malheureusement pour éclaircir les circonstances du meurtre et déterminer s‟il s‟agissait d‟une vengeance privée.

Les malfaiteurs bénéficiaient en tout cas de la protection du duc de Lotharingie et de Brabant, Jean Ier (1268-1294). Celui-ci intervint en leur faveur auprès de l‟évêque de Liège, Jean de Flandre (1282-1291), et parvint à obtenir leur grâce. Il promit en contrepartie que les coupables ne causeraient jamais de dommages au prélat et s‟engagea même à lui rembourser d‟éventuels préjudices694.

Wéry épousa une demoiselle originaire de Jupille. A compter de 1323, il nous apparaît d‟ailleurs comme bailli de cette localité. Il mourut en 1361, manifestement fort âgé695. En

688 S.BORMANS, Seigneuries féodales, op.cit., p.318-319.

689 Deux fils : Jean de Sougné et Frognut ; deux filles : Catherine, qui épousa Julien Gailhar (vers 1293-1294) et apparaît comme veuve en 1317, et Agnès ( 1312), qui épousa le chevalier Roger de Hollogne-aux-Pierres ( 5 janvier 1284).

690 J. DE HEMRICOURT, Oeuvres, op.cit., t.1, p.279, §536 et n.2 ; Chênée, section de la ville de Liège, province de Liège, chef-lieu d‟arrondissement.

691 Quartier situé en Outre-Meuse où il existe encore aujourd‟hui une rue Puits-en-Sock.

692 L‟objet du vol apparaît être du fretin, substantif masculin désignant « des petites pièces de monnaie, des petites choses d‟argent ou d‟or ». Cf. Dictionnaire du Moyen Français (CNRS-ATILF), op.cit.

693 Jupille : section de la ville de Liège ; Hermée, section d‟Oupeye ; province de Liège, arrondissement de Liège.

694 CSL, t.2, n°DCCLXXXIV, p.440.

695 J. DE HEMRICOURT, Ibidem, t.2, p.179.

réalité, il est probable que Wéry n‟était plus avoué au moment de son décès. Sans doute avait-il résigné sa charge depuis un certain temps au profit de son neveu, l‟écuyer Baudouin de Hollogne. Baudouin était fils d‟Agnès, sœur de Wéry, et de Roger de Hollogne-aux-Pierres696. Echevin de Liège entre 1314 et 1326697, il fut apparemment le dernier avoué de Chênée. En effet, nous ne retrouvons plus ce titre dans les documents ultérieurs.

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