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Henri de Barse et Walter le Jeune (1263-1292)

Dans le document LES AVOUERIES DES ÉGLISES LIÉGEOISES XI (Page 155-159)

TROISIEME PARTIE – LES BONNES VILLES

2. Henri de Barse et Walter le Jeune (1263-1292)

Quoi qu‟il en soit, le dernier des Walter mourut sans héritiers mâles, de sorte que l‟avouerie passa à un neveu. Prénommé Henri, celui-ci apparaît à compter de 1263892. Il était fils d‟Alice, dame de Vierset et sœur du défunt Walter, et d‟un chevalier, également prénommé Henri893. Ce dernier était décédé vers cette même époque et avait reçu sa sépulture à l‟abbaye d‟Heylissem894.

L‟avoué Henri de Barse épousa une nommée Agnès895. Sa dernière mention remonte au 7 juillet 1271, lorsque les bourgeois de Huy et de Dinant se portèrent garants pour ceux de Liège de l‟exécution de la paix conclue à Huy avec l‟évêque et son chapitre896. Sa date de décès demeure inconnue, mais nous savons qu‟il était mort en 1279, lors du règlement d‟un litige opposant le lignage de Barse et un de ses feudataires aux collégiales Notre-Dame de Huy et Saint-Martin de Liège897.

La contestation portait sur les domaines de Marchin, de Lize, de Jamagne898 et d‟Ereffe. Le défunt avoué de Huy, Walter, son homme de fief, l‟écuyer Walter d‟Ochain899, ainsi que les cohéritiers de ce dernier y revendiquaient la haute et la basse justice, l‟avouerie, les tailles, les exactions, les précaires, le droit de mainmorte ainsi que le tiers des forêts dites de

888 Doyen entre 1254 et 1259. Cf. E.SCHOOLMEESTERS, Liste des doyens de l’église Saint-Lambert pendant les XIe, XIIe et XIIIe siècles, Leodium, t.4, 1905, p.99.

889 Acte daté du 30 mars 1259, cf. J.G. SCHOONBROODT, op.cit., n°258, p.91-92.

890 S. BALAU, ibidem.

891 À propos des Trinitaires, Leodium, t.5, 1906, p.15.

892 Charte du 15 avril 1263, concernant l‟abbaye de Heylissem. Cf. Analectes pour servir à l’histoire ecclésiastique de la Belgique, éd. C.REUSENS, t.27, Louvain, 1898, n°CLXXIV, p.185-186.

893 F. TIHON, A propos du sceau d’Ailid de Jeneffe, Chronique archéologique du pays de Liège, 1908, p.88-90.

Pour cet auteur, Henri serait très probablement issu du lignage de Jauche. Il a développé son argumentation dans un autre article intitulé Les avoués de Huy, A.C.H.S.B.A., t.13, 1901, p.279-281. Il s‟agit en réalité d‟un complément et d‟un correctif de son étude de 1896.

894 J. DE HEMRICOURT, Œuvres, op.cit., t.2, p.142.

895 A propos des trinitaires, Ibidem.

896 CSL, t.2, n°DCXXXVII, p.209.

897 BORMANS & SCHOOLMEESTERS, op.cit., n°XXIV, p.136.

898 Section de Philippeville, province de Namur, arrondissement de Philippeville.

899 Ce Walter appartient probablement au même lignage que le gendre de l‟avoué Everwin d‟Ochain, cité en 1235 (cf. supra).

Martin et de Notre-Dame de Huy, situées entre le domaine de Triffoy900 et Huy. De même avaient-ils des prétentions sur les eaux dans les limites de la paroisse de Marchin. L‟église de Huy et la collégiale Saint-Martin prétendant aux mêmes droits, l‟affaire fut portée devant l‟évêque Jean d‟Enghien (1274-1281).

Le 17 mai 1279, Walter d‟Ochain, frappé d‟excommunication depuis déjà un certain temps, renonça à tous ses droits sur les domaines précités. Afin d‟éviter toute résurgence du conflit, il se vit octroyer une rente de 12 chapons et 7 sous 1/2, payables en deniers, mais d‟autres problèmes juridiques ne tardèrent pas à surgir.

Walter d‟Ochain tenant les différents biens en fief de l‟avoué de Huy, ce dernier devait également intervenir dans le processus de renonciation. Or, le successeur de l‟avoué Walter, Henri, étant lui aussi décédé, la tâche incombait à son fils. Cependant, ce dernier, Walter dit le Jeune, était encore un enfant. Dès lors, Walter d‟Ochain s‟engagea à régler définitivement le litige lorsque le jeune Walter de Barse aurait atteint l‟âge de discernement. Alors, dans l‟année qui suivrait, Walter le Jeune ratifierait les différentes décisions prises et abandonnerait ses droits aux églises, qu‟il s‟agisse de seigneuries, de fiefs ou d‟autres biens. Par la même occasion, il délierait Walter d‟Ochain de l‟hommage féodal qu‟il lui devait en tant que seigneur. Il fut par ailleurs prévu que si l‟avoué n‟agissait pas comme convenu, Walter d‟Ochain verserait une amende de 100 livres tournois.

De crainte de voir cet engagement compromis par la succession à l‟avouerie, encore incertaine au vu du jeune âge de l‟héritier, l‟intervention de ses parents fut sollicitée. C‟est ainsi que sa grand-mère, Alice, et son oncle, Arnould de Barse, chanoine de Huy, se présentèrent également devant l‟évêque et ses hommes de fiefs et renoncèrent à tous leurs droits dans les domaines en question. Pour ce faire, ils relevèrent ceux-ci auprès de l‟évêque et les transportèrent aussitôt dans sa main, au profit des églises Notre-Dame et Saint-Martin.

Le sort semblait s‟acharner sur le lignage de Barse. Walter dit le Jeune n‟exerça ses fonctions que fort brièvement : nous le trouvons mentionné une seule fois, le 14 octobre 1291, en qualité d‟avoué et de conseil de la ville de Huy901. Il mourut dès l‟année suivante. Pour la première fois depuis l‟époque lointaine d‟Adalard, nous disposons en effet d‟une donnée nécrologique précise, ce grâce à la découverte du corps de sainte Odile à Cologne en 1287.

Les reliques de cette vierge martyre, compagne de sainte Ursule, furent données au couvent des Croisiers à Huy par l‟archevêque de Cologne. Cinq ans plus tard, elles étaient transférées dans une châsse, donnant lieu à la rédaction d‟une courte inscription sur parchemin indiquant que le transfert du corps de la sainte avait eu lieu en l‟an 1292, époque où mourut entre autres l‟avoué Walter le Jeune902.

3. La succession de Walter le Jeune et les de Barse-Beaufort (1292-1345) Dès l‟an 1300, nous rencontrons un nouvel avoué de Huy prénommé Walter. Il est fort peu probable qu‟il s‟agisse du fils de Walter le Jeune, étant donné que ce dernier ne devait pas

900 Partie du territoire de Marchin, qui confinait à l‟époque aux seigneuries de Barse et de Vierset.

901 Wautier vouué et consail de Huy. Cf. CSL, t.2, n°DCCCLIII, p.545. Dans l‟édition du cartulaire, ce document est daté du 19 novembre 1297. Comme le fait remarquer E. PONCELET (L’avouerie de la Cité de Liège, p.199), il convient de rectifier cette erreur. En effet, en 1297, Hugues de Châlons avait accédé à l‟épiscopat et Jean d‟Avesnes n‟était plus mambour.

902 J.DARIS, Les églises du diocèse de Liège, t.1, Liège, 1867, p.389-390.

avoir plus d‟une vingtaine d‟années lorsqu‟il mourut. Par ailleurs, rien ne prouve qu‟il ait eu des héritiers903. La lignée des descendants d‟Alice se serait éteinte avec lui.

Dès lors, une question se pose immanquablement : qui était ce Walter ? Nous avons vu précédemment que les gens de Barse entretenaient de bonnes relations avec ceux de Beaufort au siècle précédent. Pour preuve, la présence de l‟avoué Walter VI comme exécuteur testamentaire d‟Arnould de Beaufort. En réalité, il est probable qu‟il existait même un lien de parenté entre les deux lignages. Ainsi, retrouve-t-on l‟écu à bande coticée des Beaufort sur le contresceau de Walter de Barse en 1238904.

La parenté entre les de Barse et les Beaufort se trouve confirmée au XIVe siècle par le chroniqueur hesbignon Jacques de Hemricourt. Celui-ci indique que la fille aînée d‟Arnould, seigneur de Harduemont, fut mariée à l‟avoué de Huy, seigneur de Barse, qui était issu du lignage de Beaufort905.

Dans un autre passage de son œuvre, de Hemricourt évoque un Walter, avoué de Huy, qui descendait du vieux seigneur de Beaufort906. Il pourrait donc très bien s‟agir de notre avoué de 1300. Apparemment cousin sous-germain de Walter le Jeune, ce Walter IX était le fils de Henri de Beaufort et Béatrice de Dommartin907. Il décéda entre 1300 et 1304 et laissa un fils, Walter, et deux filles, Elise-Marguerite et Agnès.

La veuve de Walter de Beaufort, Alide de Harduemont, dame de Jeneffe, se remaria avec Simon de Walcourt. Celui-ci se déclara avoué de Huy en l‟an 1304 et fut vraisemblablement le tuteur du jeune héritier Ŕ le futur Walter X Ŕ avant de mourir à son tour vers 1313, date de son testament908. L‟année suivante, c‟est Jean de Harduemont en tant que tuteur de sa sœur, avoueresse de Huy par son premier mariage, qui releva l‟usufruit de celle-ci devant la cour féodale de Liège.

Le 30 novembre 1316909, Walter X, qualifié d‟avoué de Huy et de chevalier, releva le château et la terre de Barse ainsi que l‟avouerie de Huy. A cette occasion, il assigna à sa future, Marie, fille de Nicolas Malcortois de Wasseige, 200 livres tournois à titre de dot sur l‟avouerie. Elle devait en recevoir aussitôt la moitié, tandis qu‟elle jouirait de la moitié restante après le décès de sa belle-mère, l‟avoueresse douairière Alide. Par ailleurs, Marie ne pourrait conserver cette dot que si leur héritier légitime atteignait l‟âge de quinze ans. Dans le cas contraire, elle devrait instamment rendre la somme à son époux.

903 A. GUILLAUME, Petit cartulaire du château de Vierset du XIe au XXe siècle, A.C.H.S.B.A., t22, 1948, p.28.

904 J. DE HEMRICOURT, Œuvres, op.cit., t.2, p.418.

905 Item, deveis savoir que ly promire filhe de monssaingnor Ernut, saingnor de Harduémont, sereur à monssaigngnor Johan et à monssaingnor Lambier, fut mariée al voweit de Huy, saingnor de Barche, qui estoit do lynage de Beafort... J. DE HEMRICOURT, Œuvres, t.1, n°161, p.121-122.

906 Et assy issit de viez saingnor de Beafor messires Watier, qui fut avoweis de Huy. Ibidem, p.144.

907Béatrice de Dommartin avait pour parents Eustache de Persant de Haneffe et une fille d‟un Gérard de Jauche.

Cette dernière était probablement la sœur d‟Henri, époux d‟Alice et père de Walter le Jeune. Cf. F. TIHON, Les avoués de Huy, A.C.H.S.B.A., t.13, 1901, p.281.

908 Alide était veuve le 16 février 1314, date à laquelle son sceau est appendu à une charte de l‟abbaye de Saint-Jacques. Cf. E. PONCELET, Sigillographie liégeoise, Sceau d’Ailid, dame de Jeneffe, avouée de Huy, Chronique archéologique du pays de Liège, mai 1908, p.46-47.

909 E. PONCELET, Le livre des fiefs de l’Eglise de Liège sous Adolphe de la Marck (1313-1344), Bruxelles, 1898, p.14-15. On notera que PONCELET, ignorant sans doute le parchemin accompagnant les reliques de sainte Odile, ne fait pas état de la mort de Walter le Jeune. Aussi prétend-il que le Walter qui fait relief en 1316 est le même que celui apparaissant comme mineur dans le règlement du litige en 1279.

La même année, Walter X figure parmi les signataires de la paix de Fexhe. Nous le retrouvons également en tant que feudataire du comte de Looz, dans un acte de relief du 31 août910. On notera que ce relief concerne Lambert de Harduemont, un parent de notre avoué puisqu‟il appartient au même lignage que sa mère. D‟après de Hemricourt, il s‟agirait d‟un des frères de celle-ci (cf. supra).

Lors du décès de sa mère, Alide de Harduemont, Walter hérita entre autres de 30 bonniers de terre dans le territoire de Ciplet911. Ceux-ci furent ensuite acquis par un dénommé Leonard de Meffe qui en fit relief devant la cour féodale, à Huy, le 6 avril 1318912.

Durant la décennie qui suit, Walter X est fréquemment cité parmi les hommes de l‟évêque de Liège, en particulier lors des reliefs devant la cour féodale. Le 20 décembre 1320, il apparaît une nouvelle fois en tant que feudataire du comte de Looz, Arnould V. Walter reconnaît être son homme de fief pour quinze livrées de terre, qu‟il lui assigne sur ses biens à Tahier913, terre qu‟il détenait auparavant sous forme d‟alleux914. En 1323, nous le retrouvons comme exécuteur testamentaire de son beau frère, l‟écuyer Gérard de Ramelot915. Cinq ans plus tard, c‟est Walter qui commande les Hutois à la bataille du thier d‟Erbonne916.

A en croire le chroniqueur Jean d‟Outremeuse917, Walter X se serait rendu en Terre-Sainte vers 1330918. Qui plus est, Jean, comte de Namur depuis peu919 et Guy, son frère, l‟auraient accompagné dans son périple. Les deux frères auraient été faits chevaliers de la main même de l‟avoué. Ces informations sont manifestement erronées, du moins en ce qui concerne la Terre-Sainte. Nous savons ainsi que le comte de Namur se trouvait à l‟époque en Lituanie.

Pour ce qui est de l‟adoubement, il est plus difficile de se prononcer920.

Quoiqu‟il en soit, Walter était bel et bien présent dans nos régions dès l‟année suivante. Ainsi est-il cité dans un acte (4 juin 1331) émanant d‟un de ses parents, Jacques de Beaufort, qui fit don du bois de Herbemont à un certain Pierlot de Horion. Ce bois, un alleu faisant partie de l‟héritage dudit Jacques, était possédé pour moitié par l‟avoué Walter921. Par la suite, celui-ci

910 J.G.SCHOONBROODT, Inventaire analytique et chronologique des chartes du chapitre de Saint-Lambert, à Liège, Liège, 1863, n°516, p.142.

911 Section de la commune de Braives, province de Liège, arrondissement de Waremme.

912 E. PONCELET, Le livre des fiefs sous Adolphe de la Marck..., op.cit., p.207-208. Contrairement aux affirmations de TIHON (A.C.H.S.B.A., op.cit, 1901, p.281), Alide de Harduemont semble bien être la mère de Walter et non sa sœur. Alide était fille d‟Arnould de Harduemont ( 25 mai 1293).

913 Hameau d‟Evelette, commune d‟Ohey, Province de Namur, arrondissement de Namur.

914 CSL, t.3, n°MXL, p.216.

915 Commune de Tinlot, province de Liège, arrondissement de Huy.

916 Cf. S.BALAU, op.cit., tableau généalogique « avoués de Huy de la maison de Beaufort ». Cet affrontement eut lieu en 1328 (et non en 1324 comme l‟indique BALAU). Les milices hutoises y contribuèrent à la victoire de l‟évêque, Adolphe de la Marck.

917 En cela in meismes, entour le fieste de Trois-Rois en jenvier, estoit li conte de Namur, mesire Johans, aleis à Paris aveque le conte de Flandre : se li prist male et morut, et fut là ensevelis ; et refut conte ses ansneis fils Johans, qui avecque Guys, son freire, et Waltier, le voweis de Huy, alat à Saint-Sepulcre ; là ilhs furent fais chevaliers par le main del dit Waltier. JEAN D‟OUTREMEUSE, Ly Myreur des Histors, éd. S. BORMANS, t.6, Bruxelles, 1880, p.457.

918 Jean d‟Outremeuse ne livre pas d‟indication chronologique précise concernant cet événement. C‟est un lecteur du manuscrit qui plaça une note en marge selon laquelle la chronique de Jean de Warnant, aujourd‟hui perdue, situait les faits en l‟an 1330.

919 Il s‟agit de Jean II de Dampierre, comte de Namur entre 1330 et 1335.

920 Voir à ce sujet la note de C. DE BORMAN dans DE HEMRICOURT, Œuvres, op.cit., t.1, p.144.

921 C.PIOT, op.cit., n°17, p.37-38.

est encore mentionné en 1333922 ainsi que le 25 septembre 1334, en tant que signataire de la paix des Douze, où il figure parmi les partisans des Waroux. Il mourut sans héritiers en 1345923.

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