• Aucun résultat trouvé

Les enjeux d’efficience dans un contexte d’incertitude

informationnelles permet-il une meilleure maîtrise des risques bancaires ?

3. Le sens du reporting pour la gouvernance bancaire

3.4. Les enjeux d’efficience dans un contexte d’incertitude

Deux éléments sont venus altérer l’efficacité financière des établissements financiers, c’est-à-dire l’obtention d’un résultat au moindre coût : le renforcement des fonds propres qui a un impact de plus en plus significatif et l’augmentation de la composante informa-tionnelle dans le dispositif de contrôle interne. Les contraintes de collecte information-nelle et de reporting sont bien souvent perçues par les banques comme des contrainte supplémentaires, un add-on greffé aux opérations qui représente plus un poids qu’un atout pour l’efficience opérationnelle.

Certes, la visibilité apportée à certaines opérations et les informations récurrentes sur les risques significatifs apportent de la visibilité aux cadres dirigeants et au management de manière beaucoup plus formelle et systématique que par le passé. Cependant, tant que la production d’informations, pour lesquelles des moyens importants sont déployés, est perçue comme une fin en soi où l’essentiel est de répondre aux injonctions règlemen-taires, la dissociation entre l’information et l’efficience perdurera, les arbitrages tendant alors à se faire au profit de la création de valeur, quel que soit le contenu de l’information véhiculée.

Or la production d’informations devrait être considérée comme un nouvel élément qui facilite la prise de décision. L’information devient alors un outil au service de l’efficacité dans la mesure où elle va renseigner sur l’environnement interne et externe de la transac-tion et permettre de s’y adapter. Elle fournit des indicatransac-tions, via la mise en place d’indi-cateurs, sur la qualité des comportements. Cependant, cela suppose une disponibilité et une volonté d’exploiter les signaux issus de l’information. Il arrive que les informations transmises par le contrôle permanent ne soient pas toujours analysées au regard des risques : bien souvent l’anomalie majeure est celle qui empêche de produire l’information dans les temps (interruption de système par exemple). Le risque est alors de se focaliser sur l’obligation de moyen en oubliant la finalité des contrôles.

Et si l’information ne réduit pas forcément l’incertitude qui reste inhérente à l’environne-ment bancaire, elle doit néanmoins aider la banque à identifier sa situation par rapport à ses objectifs. Ainsi, par exemple, les résultats de l’évaluation des actifs ne servent pas uniquement les travaux de la BCE : ils peuvent et doivent être corrélés en interne, et éva-lués par rapport aux objectifs définis. Les résultats des contrôles permanents prennent tout leur sens lorsqu’ils sont appréciés à l’aune des risques et des opportunités de l’envi-ronnement. La gouvernance des informations devient ainsi un enjeu de gouvernance de la banque, celle-ci devant repenser l’intégration de l’ensemble de ces reportings au sein de la chaîne de valeur de ses activités.

Chapitre 3 : La normalisation comptable

Le renforcement des exigences informationnelles permet-il une meilleure maîtrise des risques bancaires ?

La gouvernance de la banque peut donc penser et utiliser ces nouveaux processus informationnels non comme des lourdeurs administratives mais comme des armes pour affiner sa stratégie ; elle peut se servir de tous ces nouveaux indicateurs pour obtenir des avantages comparatifs et améliorer ainsi sa performance.

Conclusion

La tentation est grande de sous-traiter les exigences règlementaires de reporting à la

compliance alors même que l’esprit des textes et l’éthique supposent l’instauration d’une culture qui part du plus haut niveau de l’organisation. Au-delà du respect formel des différentes directives et de la meilleure maîtrise des risques que le renforcement des exigences informationnelles doit amener, les exigences accrues de reporting

devraient également permettre aux salariés des institutions financières de s’approprier les valeurs inhérentes à un code d’éthique responsable et soucieux de son impact sur l’environnement le plus large. C’est un enjeu de responsabilité et de transparence, non pas informationnelle mais comportementale. L’information doit alors faciliter la fiabi-lité du jugement et l’éthique orienter l’action, et ce dans un contexte où les individus sont de plus en plus responsabilisés dans leurs prises de décision. Le foisonnement d’information doit aboutir à une synthèse qui permette aux uns et aux autres d’accéder à une responsabilité économique et sociale qui va bien au-delà des seuls critères de profitabilité. Le respect des enjeux règlementaires ne doit pas alors être perçu comme une intrusion dans l’espace de liberté mais au contraire comme une opportunité de prouver que les décisions prises correspondent bien aux meilleures exigences de maî-trise des risques, tant pour la banque que pour l’ensemble de ses parties prenantes, ses stakeholders.

BIBLIOGRAPHIE

• Adams R. (2009), Governance and the Financial Crisis, Finance Working Paper, n° 248/2009.

• Bebchuk L., Spamann H. (2010), Regulating Bankers’ Pay, Georgetown Law Journal, vol. 98, n° 2, pp. 247-287. • Cappelletti L. (2006), Vers une institutionnalisation de la fonction contrôle interne ?, Comptabilité –

Contrôle – Audit., vol. 12, pp. 27-43.

• Cappelletti L. (2009), Performing an Internal Control Function to Sustain SOX 404 and Improve Risk Mana-gement: Evidence from Europe, Management Accounting Quaterly, n° 10, pp.17-27

• CIiancanelli P., Reyes-Gonzalez J.A. (2000), “Corporate governance in banking: a conceptual framework“, Working Paper SSRN.

• Couppey J., Madies A. P. (1997), « L’efficacité de la règlementation prudentielle des banques à la lumière des approches théoriques », Revue d’Économie Financière, n° 39, pp. 95-124.

• Crozier M. (1971), Le phénomène bureaucratique, Paris : Seuil, 82 p. • Crozier M., Friedberg E. (1977), L’acteur et le système, Paris : Seuil.

• Dewatripont M., Tirole J. (1993), La réglementation prudentielle des banques, Lausanne : Ed. Payot. • Goodhart C., Hartmann P., Llewellyn D., Rojas-Suarez L., Weisbrod E. S. (1998), Financial Regulation : Why,

• Grandori A. (1997), An organizational assessment of interfirm coordination modes, Organization Studies, 18(6), pp. 897-927.

• Laeven L., Levine R. (2008), Corporate Governance, Regulation, and Bank Risk Taking’, forthcoming, Journal of Financial Economics.

• Miller, K. D. (2009), Organizational risk after modernism, Organization Studies, vol. 30, n°2 /3, pp.157-180. • Morgan D. P. (2000), Rating banks: Risk and uncertainty in an opaque industry, Federal Reserve Bank of

New York, Working paper, avril.

• Reinhart C. & K. Rogoff (2009), This time is different – Eight centuries of financial folly, Princeton University Press.

• Santos J. (2000), Bank Capital regulation in Contemporary Banking theory: a Review of the Litterature , BCBS Working paper, n° 70, septembre, http://www.bis.org/publ/work90.pdf.

• Shiller R. (2003), The New Financial Order: Risk in the Twenty-First Century, Princeton University Press. • Simon, H. (1997), Models of bounded rationality: Empirically grounded economic reason (Vol. 3),

Cam-bridge, MA: The MIT Press.

• Sinha A. (2011), Address by the Deputy Governor of the Bank Reserve of India.

• Spindler J., (1998), Contrôle des activités bancaires et risques financiers, Paris, Economica.

• Swanson, D. L. (1999), Toward an integrative theory of business and society: A research strategy for corporate social performance. Academy of Management Review, n° 24, pp. 506-521.

D’autres articles à découvrir dans la Revue Française de Comptabilité

Information comptable, rationalité

Outline

Documents relatifs