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Les collisions Penning entre deux atomes d’He*

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1.1 Stabilit´ e d’un ´ echantillon dense d’He*

1.1.3 Les collisions Penning entre deux atomes d’He*

Lorsque la densit´e d’un gaz augmente, les premi`eres nouvelles collisions entre atomes `a prendre en compte sont les collisions `a deux corps. Ce para-graphe d´ecrit ces collisions in´elastiques entre atomes d’He*, susceptibles de d´estabiliser un ´echantillon dense.

Du fait de l’´energie interne de 20 eV, deux atomes d’He* entrant en collision ont assez d’´energie pour conduire `a l’ionisation de l’un d’entre eux (l’´energie d’ionisation `a partir du niveau m´etastable vaut environ 4.8 eV) ou

`

a la formation d’un ion mol´eculaire [61] selon les r´eactions : He(23S1) + He(23S1)→

He(11S0) + He++e

He+2 +e . (1.4) La premi`ere s’appelle une ionisation Penning et la deuxi`eme une ionisation associative. La r´ef´erence [60] a mesur´e un rapport de branchement de l’ioni-sation associative de 3 % pour des ´energies de collision de 100 neV (1 mK).

Le rapport de branchement n’est pas connu pour des ´energies plus faibles et ces deux r´eactions seront indiscernables dans notre syst`eme exp´erimental.

Dans ce m´emoire, nous appellerons l’ensemble de ces processus : collisions Penning `a deux corps.

1.1.3.1 Interactions entre He*

Lors d’une collision entre deux atomes dans l’´etat m´etastable 23S1, le moment cin´etique orbital du syst`eme entrant en collision est nul tandis que son spin total vautSt = 0, 1, ou 2. Les deux atomes peuvent alors interagir via trois potentiels correspondant aux ´etats mol´eculaires :1Σ+g, 3Σ+u, 5Σ+g. A grande distance r entre les atomes, ces trois potentiels se confondent [61] et sont bien repr´esent´es par l’expression :

V(r) =−C6 r6 −C8

r8 , (1.5)

avecC6 ≈3280 (u.a.1) etC8 ≈210000 (u.a.). En tenant compte de la barri`ere centrifuge de moment angulaire relatif l, le potentiel effectif est :

Veff(r) = l(l+ 1)

Pour avoir un ordre de grandeur de la hauteur de la barri`ereU0 et sa position rmax, on n´eglige le terme enC8. Les r´esultats sont donn´es dans le tableau 1.1.

On constate que, pour des atomes dont l’´energie cin´etique moyenne est dans la gamme du mK, seule l’onde partiellel = 0 contribue aux collisions. L’appli-cation des r`egles de sym´etrisation induit alors que les atomes n’interagissent que selon les potentiels mol´eculaires 1Σ+g et 5Σ+g.

1unit´es atomiques : 1 Bohr'0.53 ˚A, et 1 Hartree'27.2 eV

l rmax (nm) U0 (µeV) U0/kB (mK)

1 4.2 0.7 8.2

2 3.2 3.7 42.6

3 2.7 10.4 120

Tab. 1.1 – Calcul de la position et de la hauteur des premi`eres barri`eres centrifuges pour deux atomes d’He* interagissant selon le potentiel effectif (1.6).

1.1.3.2 Taux de collisions Penning non polaris´e

Lorsque les deux atomes d’He(23S1) entrant en collision sont `a grande distance, ils peuvent ˆetre d´ecrits par la projection M de leur spin sur un axe de quantification quelconque, qui peut prendre les trois valeurs −1, 0 ou 1. S’ils ont la mˆeme projection sur cet axe, on parle de collision entre atomes polaris´es. Dans le cas g´en´eral, s’ils n’ont pas ´et´e pr´epar´es dans un

´etat M particulier ou s’il n’y a pas de champ magn´etique directeur pour lever la d´eg´en´erescence, toutes les configurations de projection (M1, M2) sont possibles et la collision est dite non polaris´ee.

Pour caract´eriser quantitativement ces collisions Penning `a deux corps, on d´efinit une constante de collisions β. Celle-ci est d´efinie par le flux de pertes dˆu `a ces collisions pour un gaz thermique homog`ene 2 :

dn

dt =−βn2 (1.7)

o`u n est la densit´e de l’´echantillon. Pour une collision entre deux atomes dans un ´etat de spin total St et interagissant selon l’un des trois potentiels

1Σ+g, 3Σ+u et 5Σ+g, on relie la constante de collisions βSt `a la section efficace σSt des collisions (1.4) par βSt = 2σSt(vrel)vrel (vrel est la vitesse relative moyenne). Le facteur 2 vient du fait que pour chaque collision 2 atomes sont perdus. Pour un nuage d’atomes non polaris´es, `a la temp´erature T, la constante moyenne de collision est obtenue en moyennant sur la distribution de vitesses relatives et en additionnant les contributions des trois potentiels, soit βnon pol = β. Chacun des trois termes β(2St+1)Σ vaut <

βSt >, les crochets d´esignant la moyenne sur la distribution de vitesses. A une temp´erature inf´erieure au mK, cette constante se r´eduit `aβnon pol, puisqu’il n’y pas d’interaction selon le potentiel 3Σ+u. De plus, l’interaction suivant le potentiel 5Σ+g ne conduit pas `a une ionisation (au premier ordre)

2Attention, cette constante est parfois d´efinie pour un condensat :βbec =β/2!, o`u 2 ! est le facteur de r´eduction quantique (voir plus loin). On d´efinit aussi souvent la constante de r´eaction :K2=β/2, o`u 2 se r´ef`ere `a 2 atomes perdus pour chaque collision.

car la conservation du spin ne serait pas v´erifi´ee (voir paragraphe suivant).

Cette constante se r´eduit donc `a βnon pol

D’un point de vue th´eorique, la constante de collision Penning est calcul´ee en supposant que d`es que les atomes s’approchent `a une distance inf´erieure

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a 7 rayons de Bohr, ils sont perdus avec une probabilit´e de 100% [54, 55]. La constante de collisionβnon pol pour un ´echantillon d’atomes non polaris´e dans l’´etat 23S1 a ´et´e estim´ee th´eoriquement [62] dans la limite de temp´erature nulle. Elle a ´egalement ´et´e mesur´ee par diff´erents groupes [63, 64, 65, 66, 67]

pour des temp´eratures de l’ordre de 1 mK . La valeur moyenne des r´esultats vaut βnon pol ≈ 5×10−10 cm3/s. Cette valeur ´elev´ee rend particuli`erement difficile l’obtention de densit´es de l’ordre de 1012 at/cm3, comme attendu proche de la condensation, car l’´echantillon est d´etruit en moins de 10 ms ! 1.1.3.3 R´eduction des collisions Penning

Le processus de collisions Penning est gouvern´e `a l’ordre le plus bas par l’interaction ´electrostatique, ce qui impose la conservation du spin total au cours de la collision. La formule suivante d´ecrit les diff´erents ´el´ements inter-venant dans la collision, accompagn´es de leur spin respectif :

He(23S1) + He(23S1) → He(11S0) + He+ + e

1 + 1 → 0 + 12 + 12

Avant la collision, le spin total des r´eactifs peut valoir 0, 1 ou 2. Celui des produits de la collision ne peut prendre que les deux valeurs 0 ou 1. L’inter-action des atomes selon le potentiel 5Σ+g interdit donc les collisions Penning et la constante moyenne de collisions Penningβ est nulle.

Cette suppression des collisions Penning entre atomes polaris´es n’est ce-pendant pas totale. Les deux atomes interagissent par l’interm´ediaire du mo-ment magn´etique associ´e `a leur spin. L’hamiltonien de cette interaction spin-spin pour deux atomes dont le vecteur position relative est R, est donn´~ e par

H ∝µ2B hS~ˆ1·S~ˆ2R2−3(S~ˆ1·R)(~ S~ˆ2 ·R)~ i

(1.8) Il peut induire des transitions entre l’´etat de la voie d’entr´ee |St = 2, Mt = 2 > et les ´etats de sortie |St = 2, Mt = 1 > (´etat 1), |St = 2, Mt = 0 >

(´etat 2) ou |St= 0, Mt = 0> (´etat 3), `a l’exclusion de tout autre. Les deux premiers cas ne sont pas suivis d’une ionisation car le spin total est toujours 2. Le dernier cas permet une ionisation car le syst`eme passe du potentiel5Σ+g

`

a1Σ+g qui, lui, peut conduire `a une ionisation Penning.

Une fa¸con de pr´eparer le syst`eme dans un ´etat de spin total 2 est de polariser chacun des atomes dans un ´etat M = 1. Le chapitre 3 montrera que ceci est automatiquement r´ealis´e pour l’He* dans un pi`ege magn´etique car les ´etats M = 0 et M =−1 sont non pi´eg´es.

L’interaction d´ecrite par l’hamiltonien 1.8 introduit alors deux processus de pertes diff´erents. Lorsque les atomes se retrouvent dans les ´etats 1 et 2, ils ne sont plus pi´eg´es et sortent du pi`ege sans ionisation. Ce type de processus est appel´e relaxation de spin. Lorsque les atomes se retrouvent dans l’´etat 3, ils subissent une ionisation.

Le taux de pertes `a deux corps pour un nuage d’atomes polaris´es dans un pi`ege magn´etique a ´et´e calcul´e th´eoriquement [54, 55, 56]. Pour des va-leurs du champ magn´etique inf´erieures `a 100 G, et une temp´erature du nuage d’atomes plus petite que 1 mK, l’ionisation par interaction selon le potentiel

1Σ+g (constante de collision not´eeβ dans toute la suite du m´emoire) domine devant la relaxation de spin (constante de collision not´eeβrs). Le calcul pr´ e-voit une r´eduction du taux de collisions Penning par rapport au cas non polaris´e de 5 ordres de grandeur environ, soit β ∼ 10−14 cm3/s pour une temp´erature inf´erieure `a 1 mK et une constante de collision pour la relaxa-tion de spin environ 10 fois plus faible : βrs ∼ 10−15 cm3/s pour la mˆeme gamme de temp´eratures. Il est donc th´eoriquement possible de conserver un

´echantillon d’atomes `a une densit´e de l’ordre de 1012 at/cm3 pendant une centaine de secondes.

Cependant, la valeur de β calcul´ee d´epend beaucoup du potentiel mol´ e-culaire 5Σ+g utilis´e. La forme analytique de ce potentiel a ´et´e calcul´ee par Starck et Meyer [68], et ces auteurs estiment que la pr´ecision sur le potentiel

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a courte distance est de l’ordre de 1%. En faisant varier le potentiel de plus ou moins 1%, les auteurs de [54, 55, 56] ont montr´e que la valeur deβpouvait ˆetre modifi´ee d’un ordre de grandeur.

Historiquement, une premi`ere estimation exp´erimentale a ´et´e r´ealis´ee en 1972 [69], en polarisant les atomes par pompage optique. Le taux de pertes dans l’´echantillon polaris´e a ´et´e trouv´e au moins 10 fois plus faible que dans l’´echantillon non polaris´e. La r´ealisation de pi`eges magn´etiques d’He* n’a pas suffi pour abaisser cette limite car l’influence des pertes `a 2 corps sur un nuage peu dense est n´egligeable devant les pertes dues aux collisions avec le gaz r´esiduel [51]. Ce n’est que la r´ealisation d’un condensat de Bose-Einstein [8, 9] qui a permis d’abaisser significativement cette limite. Le fait mˆeme que l’on arrive `a garder pi´eg´e un condensat quelques secondes (voir chapitres 3 et 4) implique une r´eduction du taux de collisions Penning polaris´e d’au moins 3 ordres de grandeur. Le chapitre 5 pr´esente la premi`ere mesure exp´ e-rimentale deβ. Une telle mesure a un int´erˆet th´eorique si elle est r´ealis´ee de fa¸con absolue car elle peut permettre de tester le potentiel 5Σ+g utilis´e ou les m´ethodes de calcul employ´ees. Nous verrons qu’elle a ´egalement un int´erˆet pratique mˆeme si elle n’est connue que de fa¸con relative, pour nous permettre d’´etudier la dynamique de formation du condensat (voir chapitre 4).

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