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CHAPITRE 2 : CADRE THÉORIQUE DE LA RECHERCHE

2 La théorie sociale cognitive de l’orientation scolaire et professionnelle et du

2.2 Les sous-modèles de la théorie sociale cognitive de l’orientation scolaire et

2.2.1 Le modèle du développement des intérêts professionnels

Le développement des intérêts professionnels est le premier modèle présenté dans la théorie sociale cognitive de l’orientation scolaire et professionnelle de Lent (2008). Il met ici en évidence les sources et les facteurs clés au développement de ce processus et montre comment ces intérêts évoluent à travers le temps et les actions que mène l’individu. Il en donne le résumé dans la figure 2 ci-dessous.

Figure 2 : Modèle du développement des intérêts professionnels fondamentaux au cours du temps – sources : Lent (2008)

Les intérêts occupent une place de choix dans la théorie sociale cognitive de l’orientation et du counseling de Lent (2008). Mais, bien avant lui, de nombreux travaux s’étaient déjà penchés sur cette question. Nous faisons ici référence à ces théories anciennes (avant les années 2000) qui continuent encore d’inspirer nos recherches et nos pratiques actuelles en orientation. Pour Lent (2008), les environnements dans lesquels évoluent les enfants et les adolescents ne cessent de leur proposer des activités dans lesquelles ils sont incités à s’engager et à s’investir de fort belle manière. En les pratiquant et en obtenant de façon continue des rétroactions sur la qualité de leurs performances, « les enfants et les adolescents affinent progressivement leurs capacités, développent des normes personnelles de niveaux de réussite à atteindre et construisent des croyances d’efficacité personnelle et des attentes de résultats relatives à différentes tâches et à différents domaines de comportement » (Lent, 2008, p. 60). À l’école, nombreuses sont les activités qui sont présentées aux enfants et aux adolescents. Celles-ci varient en fonction du niveau, du cycle et du degré d’enseignement dans lequel ils se trouvent, et ont des exigences diverses.

Dans le modèle présenté ci-dessus, l’auteur souligne que « les sentiments d’efficacité personnelle et les attentes de résultats relatives à des activités particulières contribuent à la construction des intérêts professionnels » (p. 60). Vu la diversité des activités dans le cadre scolaire, il montre que l’intérêt pour une activité a une probabilité plus forte de se développer et de se renforcer lorsque la personne se considère elle-même compétente dans cette activité et lorsqu’elle formule des attentes positives en la réalisant. À contrario, selon lui, une

personne a une probabilité plus forte d’éprouver un dégoût ou un désintérêt pour une activité lorsqu’elle doute de ses capacités et s’attend à obtenir de mauvais résultats en la réalisant. Pour Lent (2008), « en se développant, les intérêts, ainsi que les sentiments d’efficacité personnelle et les attentes de résultats suscitent l’élaboration d’intentions ou de buts qui soutiennent ou accroissent sa propre implication dans des activités particulières » (p. 60). Ainsi, les buts que l’on se fixe augmenteraient à leur tour, la probabilité de pratique de l’activité. En conséquence, les efforts mis en œuvre au cours de cette pratique entraineraient selon lui, « la construction progressive d’une configuration particulière de résultats qui, pour le meilleur ou pour le pire, aide à réviser les sentiments d’efficacité et les attentes de résultats grâce à une boucle de rétroaction en constante activité » (p. 60). À l’école, plusieurs recherches montrent que les élèves ont des attitudes différentes envers les enseignants et le contenu des matières qu’ils enseignent. Tandis que d’autres aiment les mathématiques et les sciences, certains préfèrent se diriger vers les disciplines littéraires ou les matières neutres. Les sentiments de compétences et les intérêts qu’ils développent par rapport à ces matières ne sauraient être expliqués par un effet de hasard si l’on se réfère à cette théorie. En effet, certaines sources du sentiment d’efficacité personnelle pourraient mieux nous aider à le comprendre. Ce sont les résultats antérieurs qui définissent le sentiment d’accomplissement personnel et les rétroactions. Un élève qui obtient toujours de meilleures notes dans une matière développera un sentiment d’accomplissement et un sentiment d’efficacité personnelle élevée dans celle-ci. En retour, les rétroactions positives qu’il reçoit de l’enseignant et son sentiment d’efficacité personnelle renforceraient ses attentes de résultats après ses devoirs. Ceux-ci l’amèneront à développer un intérêt particulier pour cette matière. Ce faisant, il se fixera des buts qui guideront l’ensemble de son activité et les actions qu’il mettra en œuvre pour réussir ses devoirs. Les résultats de ses devoirs lui permettront ainsi de réviser la boucle d’enchainement de ce processus. Ils expliqueraient aussi dans l’autre sens, le peu d’intérêt et le moindre engagement que certains élèves manifestent envers certaines matières. Cela pourrait les amener à être de moins en moins assidus en classe pour suivre les enseignements de ces cours et à fournir moins d’efforts pour réussir dans ces matières. Selon Lent (2008), ce processus se répète sans arrêt avant l’entrée de l’élève dans un parcours professionnel, qui serait déterminé au niveau des points de bifurcation et des paliers d’orientation dans le système éducatif. Plusieurs recherches avancent que les intérêts

deviennent relativement stables à la fin de l’adolescence ou au début de l’âge adulte. Selon Lent (2008), les nouvelles expériences d’apprentissage significatives que nous faisons et qui nous permettent d’étendre notre sentiment d’efficacité personnelle et nos attentes de résultats dans divers domaines seraient à la base de la modification et de l’évolution de nos intérêts. C’est pourquoi la théorie sociale de l’orientation postule que l’évolution de nos intérêts est fortement liée aux changements qui interviennent au niveau de notre sentiment d’efficacité personnelle et nos attentes de résultats.

Selon l’auteur, le développement des intérêts favorise le développement des capacités objectives par les évaluations et des valeurs auprès de qui les sentiments d’efficacité personnelle joueraient un rôle d’intermédiaire. Par ailleurs, il affirme que le développement des intérêts, du sentiment d’efficacité personnelle et des attentes de résultats ne se fait pas dans un vide social. En contextualisant ainsi la construction de ce processus dans un cadre sociale, il actualise le développement des intérêts par un deuxième modèle appelé « modèle

des facteurs personnels, contextuels liés à l’expérience, qui affectent le comportement de choix professionnel ». Ce modèle est présenté dans la figure 3 ci-dessous.