Les caractéristiques de l’expérience scolaire objective chez les élèves de terminale

Avant de donner les détails de ces caractéristiques, nous avons jugé utile de présenter le profil des élèves que nous avons rencontrés dans cet établissement (le lycée classique d’Abidjan). Pour rappel, à l’issue du processus de sélection, seulement quatre (04) catégories d’élèves sur les douze (12) identifiées au départ dans cette école lors de la constitution de l’échantillon théorique ont pris part aux opérations de la collecte (voir tableaux 2). La raison principale de l’absence des autres catégories dans l’échantillon est due au fait que la plupart des élèves de cet établissement ont obtenu une moyenne générale annuelle supérieure ou égale à 10 sur 20 hormis les catégories des élèves inscrits dans les filières scientifiques. Dans les quatre (04) catégories représentées par ces élèves, seulement une d’entre elles avait répondu favorablement à l’appel de l’entrevue. Les élèves des autres catégories n’ont pu être disponibles au moment de la collecte pour des raisons indépendantes de leur volonté. Vu le

nombre insuffisant de répondants dans cet établissement, nous avons doublé le nombre de participants dans deux catégories en vue d’accroître le niveau de saturation des données et d’obtenir une parité au niveau du nombre de participants dans les deux filières de cette école. Au total, au lycée classique, nous avons rencontré six (06) élèves dont trois (03) dans les filières scientifiques et trois (03) dans les filières littéraires. Parmi eux, il y’a quatre (04) filles et deux (02) garçons. Leurs profils se dessinent de la manière suivante :

Gérard est un élève de sexe masculin en classe de terminale D au lycée classique d’Abidjan. Il est âgé de 19 ans au moment de la collecte de données et a obtenu une moyenne générale annuelle comprise entre 8,50 et 9,99 sur 20.

Florence est aussi une élève du lycée classique d’Abidjan. Elle est inscrite en classe de terminale A2 et est âgée de 18 ans. Elle a obtenu une moyenne générale annuelle supérieure ou égale à 10 sur 20 au cours de l’année scolaire 2014-2015.

Dorcas suit aussi une formation littéraire au lycée classique d’Abidjan (terminale A1). Elle est âgée de 18 ans et a obtenu une moyenne générale annuelle supérieure ou égale à 10 sur 20.

Sylvain est inscrit en classe de terminal A2 au lycée classique d’Abidjan. Il est âgé de 18 ans et a obtenu au cours de l’année scolaire 2014-2015 une moyenne générale annuelle supérieure ou égale à 10 sur 20.

Quant à Stéphanie, elle est inscrite au lycée classique d’Abidjan en classe de terminale D. elle est âgée de 20 ans et a obtenu une moyenne générale annuelle supérieure ou égale à 10 sur 20 au cours de l’année scolaire 2014-2015.

Fabienne est aussi inscrite en classe de terminale D au lycée classique d’Abidjan. Elle est âgée de 18 ans. Au cours de l’année scolaire 2014-2015, elle a obtenu une moyenne générale annuelle supérieure ou égale à 10 sur 20.

D’après les résultats de notre recherche, les caractéristiques de l’expérience scolaire objective décrite par ces participants montrent que 50 % d’entre eux ont fréquenté des écoles primaires publiques au début de leur scolarisation. Au collège, ils ont pratiquement tous fréquenté des écoles privées ou semi-privées (5 cas sur les 6). Dans l’histoire de leur scolarisation, la plupart d’entre eux ont évoqué la grande taille des établissements qu’ils avaient fréquentés et mentionné l’ambiance agréable qui y régnait durant leur passage. En plus de l’ambiance agréable qui y régnait, les participants font aussi état de la présence de cantine scolaire et d’édifices religieux dans ces établissements. Le respect des règles disciplinaires comme principe de base du mode de fonctionnement de ces établissements est aussi relaté par ces participants. Ayant fait l’expérience d’autres établissements avant le lycée classique qu’ils fréquentent en ce moment, ils estiment qu’il y’aurait plus de rigueur disciplinaire dans les établissements privés que dans les établissements à caractère public. Trois élèves parmi les participants de cette école affirment avoir fait l’expérience de la chicotte pendant le cycle primaire de leur formation. Cette méthode dissuasive et persuasive les avait amenés à adopter certains types de comportements vis-à-vis de l’école. Les détails de ces allégations seront apportés dans la partie concernant l’expérience subjective des participants. Les caractéristiques de l’expérience scolaire objective des participants du lycée classique sont aussi marquées par l’introduction de nouvelles matières à chaque début d’un nouveau cycle de formation. C’est le cas de l’anglais, des sciences physiques et des sciences naturelles en sixième et de la philosophie dans le second cycle du secondaire. Dans les classes avancées et plus particulièrement dans les classes d’examen comme le Cm2, la classe de 3ème _{et celle de}

terminale, les élèves de terminale du lycée classique d’Abidjan estiment que la charge de travail est trop importante dans ces niveaux d’étude et que la pression qui s’y exerce en termes d’attente est de plus en plus grandissante au fur et à mesure qu’ils franchissent les classes. Les élèves de notre échantillon d’étude du lycée classique d’Abidjan notent aussi une certaine flexibilité dans la gestion des horaires de travail entre les divers intervenants de leurs écoles. Cela leur aurait permis d’avoir des rencontres régulières et collectives avec les conseillers d’orientation. Ces rencontres, pour la plupart, étaient soit des séances d’informations scolaires et professionnelles, soit des activités d’aides à la maturation de leurs choix, des activités de soutien psychologique ou des entretiens individuels. Les microsystèmes que ces élèves ont le plus fréquentés durant leur scolarisation sont par ordre de fréquence, les pairs

(6/6), les conseillers d’orientation (5/6), et les conseillers d’éducation (3/6), les éducateurs (2/6), les enseignants (1/6) et la direction de leurs écoles (1/6). L’expérience scolaire objective des élèves de la classe de terminale du lycée classique est aussi marquée par le peu d’intérêt que ces élèves eux-mêmes accordent aux activités que leur proposent les conseillers d’orientation. Leurs expériences sont aussi marquées par les matières qui leur sont enseignées, l’injonction qui leur est faite à un moment donné de leur parcours pour exprimer leurs vœux d’orientation et leur choix d’établissement au second cycle du secondaire et la gestion du flux scolaire planifié par le ministère de l’Éducation au niveau des différents paliers d’orientation.

1.2 Les caractéristiques de l’expérience scolaire objective chez les élèves de terminale dans le secondaire technique

Au lycée technique, nous avons rencontré huit (08) catégories d’élèves sur les douze (12) initialement prévues dans notre échantillon théorique. Ici, l’absence des autres catégories d’élèves dans l’échantillon réel est aussi due en partie au fait que la quasi-totalité des élèves de cet établissement a obtenu une moyenne générale annuelle supérieure ou égale à 10 sur 20. À cela, il faut ajouter les différences liées au sexe que nous avons constatées en consultant les listes de classes des différentes filières de formation. Les filles sont plus représentées dans les filières de formation tertiaires tandis qu’elles sont en minorité, voire quasi absentes dans les filières industrielles. Dans cet établissement, nous n’avons pu rencontrer qu’une catégorie d’élèves; celle qui concerne les filles des filières tertiaires ayant obtenu une moyenne générale annuelle comprise entre 8,50 et 9,99. Aucune des deux élèves concernées par cette catégorie n’a pu avoir le temps nécessaire pour participer aux entrevues qui avaient été prévues selon le chronogramme. Pour combler le déficit de participants constaté sur le terrain dans cet établissement et accroître le niveau de saturation des données, certaines catégories ont vu aussi le nombre de leurs participants doublé. Il s’agit plus précisément de la catégorie des garçons inscrits dans les filières tertiaires ayant obtenu plus de dix (10) de moyenne générale annuelle et celle des filles des filières industrielles ayant obtenu aussi une moyenne générale annuelle supérieure ou égale à dix (10). Au total, dix (10) élèves ont été interviewés

dans cet établissement. Ils sont équitablement répartis dans les deux filières de formation de cette école. Leurs profils sont décrits comme suit :

Lucie est une élève de la classe de terminale G2 au lycée technique d’Abidjan. Elle est âgée de 20 ans au moment de la collecte de données et a obtenu une moyenne générale annuelle strictement inférieure à 8,50 sur 10.

Quant à Antoine, il est aussi inscrit au lycée technique d’Abidjan dans l’une des filières industrielles (terminale F1). Il est âgé de 19 ans. Sa moyenne générale annuelle de l’année scolaire 2014-2015 est aussi strictement inférieure à 8,5 sur 10.

Kipré suit une formation tertiaire au lycée technique d’Abidjan (terminale G2). Il est âgé de 19 ans et a obtenu une moyenne générale annuelle comprise entre 8,50 et 9,99 sur 20. Quant à N’douba, il suit une formation technique (terminale F1). Il a 18 ans. Il a aussi obtenu une moyenne générale annuelle comprise entre 8,50 et 9,99 sur 10.

Aya est une fille inscrite en terminale G1 (filière tertiaire) au lycée technique. Elle a obtenu une moyenne générale annuelle supérieure ou égale à 10 sur 20 au cours de l’année scolaire 2014-2015. Elle est âgée de 22 ans.

Georges et Moussa sont deux élèves inscrits dans des filières tertiaires au lycée technique d’Abidjan. Georges est inscrit en terminale G2 tandis que Moussa est en terminale B. Ils sont respectivement âgés de 18 et de 19 ans et ont obtenu tous les deux, au cours de l’année scolaire 2014-2015 une moyenne générale annuelle supérieure ou égale à 10 sur 20.

Fidèle et Fanta sont aussi deux élèves du lycée technique d’Abidjan. Elles font partie des rares élèves de sexe féminin qui étudient dans les filières industrielles de cette école (terminale E). Elles ont toutes les deux 18 ans et ont obtenu une moyenne générale annuelle supérieure ou égale à 10 sur 20.

Le nom attribué au dernier élève de cet échantillon de recherche est Ibrahim. Il est inscrit en terminale F2 (filière industrielle). Il est âgé de 18 ans et a obtenu une moyenne générale annuelle supérieure ou égale à 10 sur 20 au cours de l’année scolaire 2014-2015.

L’expérience scolaire objective de ces élèves est tout aussi marquée que celle de leurs pairs du lycée classique d’Abidjan. Sur les dix élèves que compte ce sous-groupe de notre échantillon réel, seulement quatre ont débuté leur scolarité dans une école primaire publique, soit un taux de 40 %. Au premier cycle du secondaire, la quasi-totalité de ces élèves a aussi fréquenté des établissements privés. Ils ont été marqués par l’ambiance qui régnait dans ces établissements qu’ils trouvent aussi différents les uns que les autres. Cet aspect lié à l’environnement scolaire est évoqué par cinq (05) élèves sur les dix (10) que nous avons rencontrés dans l’établissement. La différence des ambiances dans ces écoles est plutôt liée à l’appréciation du cadre qu’ils en font. D’autres les trouvent plus agréables, tandis que pour certains, ces cadres seraient moins agréables. Ils trouvent que leurs établissements étaient de petites tailles (03) et que la majorité de leurs classes était bruyante à cause du bavardage des élèves (02). Dans les établissements qu’ils ont fréquentés, ils notent aussi la présence d’aires de jeu et des espaces réservés pour le petit commerce des vendeuses de nourritures. Au niveau du fonctionnement de leurs écoles, les participants notent l’absence de conseillers d’orientation dans les classes intermédiaires et l’insuffisance des infrastructures entrainant des effectifs pléthoriques dans les classes. Cela est mentionné par trois élèves de sexe masculin dont deux inscrits au tertiaire et un dans une filière industrielle. La moitié de ces élèves ont aussi fait l’expérience de la chicotte au primaire. Ils trouvent que leur formation au lycée technique est beaucoup plus diversifiée. Elle est plus axée sur la pratique et les applications. Selon eux, ils méritent tous d’être dans cette école parce qu’ils pensent être au bon endroit en tant que « bon élève ». Ils affirment aussi avoir tous été confrontés à de nouvelles matières dans leur nouvel établissement. Avec les charges et les pressions excessives qu’ils subissent dans cet environnement scolaire, ils affichent une grande reconnaissance envers leurs enseignants qui, disent-ils « leur ont assuré un bon encadrement ». Dans les établissements qu’ils ont fréquentés, certains élèves attestent l’existence d’une collaboration entre ces écoles et les parents d’élèves pour assurer un meilleur suivi de leurs apprentissages. Durant leur parcours scolaire, certains au nombre de

deux (02) ont été aussi marqués par le mode de désignation du chef de classe. Ce dernier serait désigné soit par le professeur principal, soit par l’éducateur de niveau en début d’année parmi les meilleurs élèves de l’année précédente. Pour certains, la célébration de l’excellence fait partie aussi du mode de gestion de certains établissements. Cela se manifeste par l’organisation de concours d’excellence ou généralement par la remise de prix aux meilleurs élèves de chaque niveau d’étude à la fin de chaque trimestre. L’orientation scolaire et la gestion du flux organisée par le système ont été maintes fois évoquées par les élèves de cet établissement. Après avoir franchi le premier palier d’orientation (classe de troisième), les élèves du lycée technique et plus particulièrement ceux de la seconde des filières industrielles sont appelés à faire de nouveaux choix de parcours en fonction de leurs performances dans les matières et de leurs vœux de spécialisation. Ces nouveaux choix les conduisent vers les filières de la mécanique, de l’électronique, de l’électrotechnique et de l’électricité. Le microsystème avec lequel ces élèves ont eu plus de rapports est constitué par leurs camarades élèves avec qui ils ont des activités sportives et récréatives. Ces derniers sont suivis par les conseillers d’orientation et les enseignants. Les activités qu’ils ont avec leurs enseignants sont pour la plupart liées aux activités d’apprentissage. Avec les conseillers d’orientation, celles-ci sont essentiellement basées sur les séances d’informations scolaires et professionnelles, les visites d’établissements et les journées carrières. Les chefs d’établissements, quant à eux, organisent avec eux des rencontres pour les encourager et les motiver dans le travail.

Après avoir montré la dimension objective de l’expérience scolaire des élèves de notre échantillon, il est maintenant question de faire ressortir, à travers l’analyse de leur parcours scolaire, ce à quoi ressemble la dimension subjective de leurs expériences.