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CHAPITRE 4 : L’EXPÉRIENCE SCOLAIRE CHEZ DES ÉLÈVES DE LA CLASSE DE

3 L’expérience scolaire dans la construction personnelle chez les élèves

3.2 Les retombées et/ou la portée de l’expérience scolaire chez les élèves

3.2.3 Les retombées de l’expérience scolaire au niveau du registre de l’action

3.2.3.3 Aspirations scolaires et professionnelles des élèves

À l’école, les choix exprimés par les élèves se font au niveau des différents paliers d’orientation. Dans le système éducatif ivoirien, il en existe deux principalement. Le premier se situe au niveau de la classe de troisième et le second au niveau de la classe de terminale. À ces différents paliers, au cours de l’année scolaire, les élèves sont appelés à exprimer leurs vœux d’orientation. Cela concerne spécifiquement les filières de formation et les différents établissements qui offrent ces formations. Après la classe de la troisième, au niveau de chaque type d’enseignement, il existe aussi un autre palier d’orientation. Celui-ci permet aux élèves d’affiner leur formation de base à partir de la classe de première. Au niveau de l’enseignement général, les élèves de la seconde C ont la possibilité de poursuivre leur formation soit en classe de première C ou en classe de première D. Dans l’enseignement technique, quatre options s’offrent aux élèves de la seconde T1. Ceux-ci ont la possibilité de faire l’une des filières suivantes : première F1, F2, F3 ou première E. De façon générale, les élèves approuvent la validation de leurs choix en ce qui concerne les filières de formation. Cette validation se fait par la commission nationale d’orientation (CNO) à l’issue de la classe de troisième, et par le dernier conseil de classe de l’année en cours pour la classe de seconde. Cependant, nous notons une grande insatisfaction chez la plupart suite aux résultats des

travaux de la commission nationale d’orientation en ce qui concerne leur lieu d’affection pour la classe de seconde. En effet, sur douze élèves de notre échantillon qui se sont prononcés à ce propos, seulement trois s’estiment totalement satisfaits de leur orientation et de leur lieu d’affectation en seconde. Les neuf autres candidats ont exprimé leur désaccord et leur insatisfaction quant à leur lieu d’affectation en seconde. Cela représente un taux d’insatisfaction d’environ 75 %. Toutefois, pour pallier ce problème, des commissions post (CNO) sont mises en place après la publication des premiers résultats de la commission nationale d’orientation pour régler ce genre de litiges et traiter les cas d’omission.

Au niveau des aspirations professionnelles après le baccalauréat, nous notons que les choix des élèves n’étaient pas encore définitifs pour la plupart au moment où nous collections les données. Leurs aspirations professionnelles ont été classées selon la typologie RIASEC de Holland (1992) cité par Guichard et Huteau en 2006 et la carte cognitive des professions de Gottfredson (1981). Nous présentons ici dans la figure 6 ci-dessous une vue d’ensemble de leurs choix professionnels adaptés selon le modèle de la carte cognitive des professions de Gottfredson (1981).

Ingénieur Statisticien Médecin Pilote Architecte Avocat Juge Diplomate Enseignant Interprète Comptable Pasteur

Figure 5 : Choix professionnels des participants adaptés au modèle de la carte cognitive des professions de Gottfredson (1981).

Après analyse, nous notons que seule la catégorie des professions dites réalistes n’est pas envisagée par nos participants. Les professions qu’ils envisagent le plus sont celles de type

investigateur (10), entreprenant (05), social (02), artistique (02) et conventionnel (02). On

les retrouve autant chez les élèves du lycée classique que chez ceux du lycée technique. Les professions de type entreprenant sont plus envisagées par les filles (4 cas sur 5) alors que les professions de type investigateur sont plus recherchées par les élèves qui ont une moyenne générale annuelle supérieure ou égale à dix sur vingt (8 cas sur 10). En outre, nous notons que la profession la plus envisagée par les participants est celle de la médecine.

En troisième, j’avais une idée de ce que je voulais faire plus tard. Je voulais devenir architecte (Moussa).

J’avais toujours l’envie de devenir magistrat parce que quand on nous envoyait les fiches d’orientation à remplir, je mettais toujours comme profession « magistrat ». Sur les fiches d’orientation qu’on remplissait, on nous demandait toujours notre ambition professionnelle et je mettais toujours magistrat (Aya).

Quand j’étais au collège, mon ambition de devenir médecin n’avait pas vraiment changé parce que je tenais toujours à ça (Fidèle).

Pour clore ce chapitre, nous résumons la portée de l’expérience scolaire que vivent les élèves durant leur scolarisation de la manière suivante (voir figure 6 ci-dessous). Elle traduit un enchainement de processus et de mécanismes qui, au bout du compte, prépare l’élève à faire un choix décisif concernant son parcours scolaire et sa vie professionnelle.

Figure 6 : Portée de l’expérience scolaire chez les élèves : mécanisme de construction personnelle et de structuration des aspirations scolaires et professionnelles

Les expériences que vivent les élèves durant leur cheminement scolaire les préparent implicitement et explicitement aux processus de prise de décisions par rapport à leur choix de carrières. Les facteurs implicites et explicites qui accompagnent ces processus se

Registre de la connaissance Registre de la pensée Registre de l'action

retrouvent aussi bien dans les dimensions objectives que dans les dimensions subjectives de leurs expériences scolaires. Ces processus prennent en compte les connaissances accumulées par l’élève durant sa formation. Elles tiennent aussi compte des évaluations personnelles qu’il se fait de lui-même ainsi que celles qu’il fait de l’environnement dans lequel il évolue. On pourrait dire que ces évaluations s’affinent et se précisent au fur et à mesure que l’élève accumule de nouvelles connaissances ou au fur et à mesure qu’il progresse dans sa scolarité. La combinaison ou l’implication de ces deux registres (registre de la connaissance et registre de la pensée) participeraient à la construction personnelle de l’élève. Elle contribue aussi à l’affinement de la subjectivité de l’adolescent, quitte à lui permettre de pouvoir prendre des décisions personnelles quand cela est nécessaire et indispensable pour la poursuite de sa scolarité. C’est le cas des choix que les élèves opèrent au niveau des différents paliers d’orientation. Certains paramètres que nous avons appelés facteurs émergents participent aussi aux prises de décisions de l’élève. Celles-ci aboutissent à un schéma d’actions ou de conduites qui déterminent les choix opérés par l’élève.

Dans le chapitre qui suit, nous poursuivrons la présentation des résultats de notre recherche. Celui-ci aborde le troisième objectif spécifique de cette étude qui a trait à la contribution spécifique des conseillers d’orientation dans la construction de l’expérience scolaire et la structuration des aspirations scolaires et professionnelles des élèves. Les données de la recherche montrent deux aspects au niveau desquels, les actions menées par les conseillers d’orientation dans l’établissement se font plus sentir auprès des élèves. Il s’agit de la structuration de leurs aspirations et du renforcement de leur pouvoir de décision.