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Faibles taux d’épargne publique

SECTION 5. LA DIVERGENCE CROISSANTE DES REVENUS ENTRE PAYS PAUVRES ET PAYS RICHES PAUVRES ET PAYS RICHES

5.4. La complémentarité des décisions éducatives

Philippe Aghion et Peter Howitt (1998) attribuent la multiplicité des trajectoires de développement aux effets de seuil et aux trappes de sous-développement. Ils suggèrent que la complémentarité des stratégies de décisions d’investissements éducatifs et en R&D peuvent conduire à une multiplicité des trajectoires de développement.

Sur la base des modèles à générations imbriquées, Aghion et Howitt (1998) montrent comment les différentes stratégies individuelles et collectives influencent les trajectoires de développement économique. Ce modèle à génération imbriquées avec accumulation du capital

humain est basé sur l’idée qu’il existe un continuum de famille dont les générations sont imbriquées et où chaque individu vit deux périodes : les individus nés à la date t héritent du capital humain agrégé accumulé par la génération d’individus nés en t-1. Si tous les individus nés en t héritent du stock de capital humain h agrégé accumulé par la génération précédente née en t-1, alors on aura :

h h

h

1i,t1,t= 2,t1 (1) où

h

2,t1=

h

i2,t1di.

Les indices « 1 » et « 2 » représentent respectivement, l’individu jeune et l’individu âgé. Pour simplifier, on supposera que les individus d’une même génération sont identiques et par conséquent, leur masse est égale à 1 de sorte que la population totale est constamment égale à 2. Autrement dit :

h t

h t1, = 2, −1. (2)

Avec h t 12, − , le capital humain que l’individu né en t-1 a accumulé une fois qu’il est devenu âgé.

Pour indiquer comment le capital humain au cours de la vie d’un individu est gouverné, on formulera en outre l’hypothèse que :

h t vt v

h t2,−1=(1+γ( 1) θ) 1, , t (3)

Où v est la fraction de temps qu’un individu jeune né en t, consacre à l’éducation, et 1−vle temps complémentaire qu’il consacre à la production, γ(vt−1) un nombre positif qui ne décroît pas avec vt 1− , le temps consacré à l’éducation par la génération précédente et θ >0.

Supposons en outre qu’un individu doté d’un stock de capital humain h a un produit marginal h et gagne un salaire h. Un individu né en t avec des qualifications

h

1,tchoisit alors le temps v qu’il consacre à l’éducation de façon à maximiser son utilité inter-temporelle de consommation.

Si les préférences sont linéaires et que

ρ

est le facteur d’actualisation, le temps optimal consacré à l’éducation v est donné par la solution du programme suivant : *

Max ((1v)

h

1,t+ρ

h

2,t) sous contrainte de

h

2,t=(1+λ

v

θ)

h

1,t (4)

Dans le cas particulier où et

γ

est constant, on obtient la solution unique suivante : ρθγ θ productivité en t et t+1 sera faible et le taux de croissance aussi. Autrement dit, la productivité du travail dépend du stock de capital humain acquis non seulement par la génération présente mais aussi par leurs descendants de même que le stock actuel impactera fortement sur la productivité de la génération suivante. Par conséquent, la valeur des richesses produites par une économie dépend de l’effort d’investissement de plusieurs générations imbriquées.

Ce résultat corrobore avec les faits observés dans la plupart des pays pauvres en raison du manque des ressources d’une part, et d’autre part, à cause des coûts d’opportunités élevés, résultant de l’envoi des enfants à l’école. Puisque les enfants constituent pour les parents des pays pauvres, une main d’œuvre familiale importante. Le tableau qui suit montre, avec quelques exceptions près que les pays qui ont un taux de littératie élevé sont également ceux qui enregistrent un taux de croissance conséquent.

Tableau I.5 : Comparaison du taux de scolarisation et de croissance du PIB entre 1975 développement peuvent expliquer les contradictions manifestes avec les données de ce tableau. Cela dit, non seulement le taux d’inscription au primaire et au secondaire est importants, mais encore faut-il tenir compte des réussites scolaires et des taux d’achèvement pour mieux évaluer les effets de l’éducation sur la croissance dans les pays en voie de développement. Nous ne disposons malheureusement pas de données suffisantes sur ces indicateurs pour en faire une évaluation portant sur les pays de notre échantillon.

Sur la base de l’examen du modèle d’Azariadis et de Drazen (1990) sur la technologie éducative, Aghion et Howitt ont supposé que celle-ci, caractérisée par les externalités de seuil aboutira à des résultats suivants : générations successives investissent de moins en moins dans l’éducation. Cette trajectoire, peut coexister avec une trajectoire élevée, le long de laquelle, toutes les générations

investissent au moins v dans l’éducation et où 0

γ

(vt1)≡

γ

pour tout t. On assistera alors à une reproduction des classes des pauvres au niveau microéconomique. Au plan global, on assistera à une trappe de sous-développement caractérisée par une trajectoire de croissance de plus en plus faible. Les pauvres demeureraient alors pauvres parce qu’ils sont pauvres et la

Là aussi, le niveau d’éducation à l’état régulier avec croissance élevé est donc égal à :

θ

γ θ

ρθ

=( )1

v et le taux de croissance correspondant : θ

θ θ

La condition nécessaire et suffisante de coexistence de ces deux équilibres est la suivante : v

v

v< 0< avec quelques restrictions sur v0, θ, γ et γ .

Deux conclusions se dégagent de cette analyse. Premièrement, la prise en compte des externalités de seuil, dans la technologie éducative peut conduire à une multiplicité d’états réguliers et de la « trappe de sous-développement » où l’acquisition actuelle des qualifications dépend du niveau d’investissement passé en éducation. En d’autres termes, l’insuffisance passée des investissements éducatifs est corrélée négativement avec la croissance future de la productivité du travail et donc avec la croissance des revenus. Par conséquent, les pays qui n'ont pas les mêmes niveaux d'investissements éducatifs initiaux de capital humain peuvent

croître indéfiniment à des taux différents de revenus. Ce qui justifie, selon Drazen et Azariadis (1990) que l'intervention publique de l'Etat dans l'éducation pour sortir de la "trappe de sous-développement" ou de l'éviter pour promouvoir une croissance élevée et durable.

Deuxièmement, et comme l’ont relevé Aghion et Drazen (1998), ce raisonnement est valable sous l'hypothèse restrictive d'un agent représentatif. Mais dans le cas d’une économie nationale et plus encore, dans le cadre des données de panel comprenant des agents aux caractéristiques hétérogènes et avec inégalité de revenus, les résultats peuvent varier considérablement.

5.5. La complémentarité des stratégies de décisions éducatives et de R&D : multiplicité