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Faibles taux d’épargne publique

SECTION 4. LA RELATION EQUIVOQUE EDUCATION - CROISSANCE

4.4. Education, résultat de la croissance, les faits stylisés

La croissance spectaculaire des économies asiatiques au cours des deux dernières décennies s’explique de manières diverses. D’une part, elle est attribuée à la forte ouverture extérieure

30 Jonathan Temple (1999): The new Growth Evidence, Journal of Economic Literature, Vol. 37, N°1, March 1999, pp.112-156.

31 Behrman Jere r. (1987). Schooling in Developing Countries: Which Countries are the Over- and Underachievers and What is the Schooling Impact?. Economics of Education Review, 6(2), pp. 111 - 127

qui aurait favorisé la promotion des exportations et la diffusion de la technologie. D’autre part, elle serait le fruit d’une accumulation de capital physique et humain grâce à une épargne suffisamment forte et une politique éducative bien suivie (Graphique I.3). Sur la base des données récentes, on a pu remarquer que les taux d’épargne du Japon, Thaïlande, Chine et Malaisie ont tous une tendance croissante sur la période 1960-2003 alors que les pays africains ont présenté, quant à eux, une tendance décroissante sur la même période. En outre, une comparaison du taux de croissance du PIB réel (Graphique 4) sur la même période (1975-2003) permet de conclure que les revenus ont également suivi une tendance divergente. Dans l’autre sens, si le taux d’épargne peut expliquer la croissance des pays spécifiés dans l’échantillon, il est paradoxal de constater qu’avec une tendance décroissante de même type que ceux observés pour les pays d’Afrique Subsaharienne, le Japon présente un PIB par tête plus élevé que tous les pays/groupe de pays de l’échantillon. Cela dit, les forts taux de croissance du taux d’épargne n’expliquent pas à eux seuls la divergence des revenus entre pays. Autrement dit, l’hétérogénéité des taux de croissance entre pays telle que soutenue par la théorie de croissance endogène semble conforme à l'observation, étant donné la divergence accrue des revenus entre pays riches et pays pauvres.

Les taux d’épargne domestiques observés entre 1960 et 2003 Afrique Subsaharienne sont les plus faibles par rapport à ceux des quatre pays d’Asie du Sud Est. La Malaisie tient la tête du peloton suivi du Japon et de la Thaïlande. La Chine dispose des taux d’épargne les plus proches de ceux réalisés par l’Afrique Subsaharienne. Ces taux d’épargne élevés donnent des avantages énormes aux autres pays par rapport à ceux du continent africain

Graphique I.3 : Courbe empilée de l’évolution du taux d’épargne domestique des quatre pays d’Asie du Sud et des pays d’Afrique Subsaharienne entre 1960 et 2003

Source : Construit par l’auteur sur la base des WDI, 2005, Banque Mondiale

Par ailleurs, si l’investissement en infrastructures constitue une base d’amélioration de la productivité de l’activité économique domestique, force est de constater que les pays d’Afrique en manquent cruellement. Une analyse de Barro (1990) a mis en évidence que les infrastructures facilitent la circulation des informations, des personnes et des biens et contribuent de ce fait, à la fluidité des transactions économiques. Dans le même temps, Aghion et Howitt (1992) considèrent que la croissance est due à l'accroissement des inputs effectivement utilisés, alors que Coe et Helpmann (1993), mettent en évidence la corrélation entre la recherche-développement et la productivité pour les pays de l'OCDE et leur impact sur la croissance du produit par tête. On remarquera d’autre part que la demande d’éducation et donc d’amélioration du niveau du capital humain a également des effets externes importants pour l’économie nationale.

Car, a souligné Lucas (1988), la productivité privée externe du capital humain a un effet positif sur la croissance dans le sens qu’en cherchant à améliorer son niveau d'éducation et de formation, chaque individu augmente le stock de capital humain de la nation et, par la même, contribue à améliorer la productivité de l'économie nationale.

En ajustant la contribution des inputs suivant les aspects qualitatifs et structurels, Dubois a décomposé la main d’œuvre suivant son niveau de scolarisation pour rendre compte des variations du niveau général de compétence. Dans cette décomposition, la main d’œuvre alphabétisée a été séparée de la main d’œuvre non qualifiée ou non alphabétisée utilisée (Altinok N., 1994). Dans le même ordre d’idée, Lau, Jamison et Louat (1991)32, ont évalué l'élasticité de la production par rapport à l'éducation et trouvé que celle-ci est positive et statistiquement significative.

Graphique I.4 : Courbes compilées de l’évolution du PIB per capita pp 1975 à 2003 (en dollars constant de 2000)

Source : Construit par l’auteur sur la base des WDI, 2005, Banque Mondiale

Appliquant une fonction de production Cobb-Douglas comprenant d’une part, l’output et d’autre part, ces deux catégories de variables, l’auteur a obtenu des résultats étonnants. A la différence de Solow qui, recherchant les sources de la croissance américaine entre 1909 et 1949 a trouvé que 7/8 de celle-ci est expliquée par l’amélioration du progrès technique.

32 Lau L.J., Jamison D.T. & Louat F.F. (1991), Education and Productivity in Developing Countries: An aggregate Production Function Approach. Working Papers, (0612), Washington, The World Bank.

Dubois a mis en évidence que 54% de cette croissance est liée au développement du capital humain entre 1929 et 1957 et 23% directement liée à l’amélioration du niveau d’éducation de la main d’œuvre et seulement 30% au progrès technique.

Une approche semblable, utilisée par Denison sur 9 pays développés entre 1950 et 1962, a permis de mettre en évidence que la part de la croissance attribuée à l’éducation varie entre 2% pour la RFA à 15% aux USA alors qu’elle était de 4% à 33% pour les autres facteurs humains et de 13% à 23% pour le progrès technique. La disparité des résultats de l’éducation sur la croissance amène donc souvent à la réflexion qu’avec des moyens identiques, des pays peuvent avoir des résultats très différents, selon l’efficacité avec laquelle ces moyens sont utilisés. Mais ils relèvent toutefois que la valeur de cette élasticité varie en fonction des pays en voie de développement. Elle atteint sa plus forte valeur en Amérique Latine (0,17) puis en Asie de l'Est (0,13), au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (0,10), et enfin en ASS (0,03).

Cette brève description met en évidence les thèses et antithèses de la relation entre l’éducation et la croissance qui montrent toutefois que le rôle moteur de l’éducation dans la croissance n’est pas à renier. Elle permet de comprendre les divergences croissantes qui persistent entre pays riches et pays pauvres.

SECTION 5. LA DIVERGENCE CROISSANTE DES REVENUS ENTRE PAYS