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Faibles taux d’épargne publique

SECTION 6. L’EDUCATION ET L’INNOVATION DANS LES FONCTIONS DE PRODUCTION

[

{

(1v)A+βρ µλ+1µ 1+γ

v

θ

) }

A

max (13)

Le temps optimal consacré à l’éducation est alors égal à :

(

βρθγ µλ+ −µ θ

)

= 1

1

* min 1,[ ( 1 )

v

. (14)

Dans cette équation, vest une proportion croissance de

µ

, la probabilité d’innover.

Le paramètre de l’effort optimal d’investissement en R&D des entrepreneurs µ* est : µ*=1, si

α

<

ρ

(

λ

−1)(1+

γ

v

θ

)(1−

β

) et µ*=0 sinon.

Ce résultat montre donc que plus les individus investissent dans l’éducation, plus le stock du capital humain de l’économie est important et plus élevée sera sa production et plus il y aura des entrepreneurs qui investiront dans les R&D pour accroître leur productivité.

En mettant en lien la complémentarité des stratégies de décision d’éducation des individus et les décisions de R&D des entrepreneurs, ce modèle montre la possibilité d’une multiplicité des trajectoires de croissance à l’état régulier, y compris celle qui contient la trappe de sous-développement. v=(βρθγ) Les taux de croissance correspondant à ces valeurs sont égaux :

λ

=ln

= g

g pour l’équilibre avec croissance élevée et g= g=0 pour l’équilibre avec trappe de sous-développement.

L’hypothèse fondamentale de ce modèle repose sur l’homogénéité des agents économiques d’une part et sur un investissement conséquent de la génération vivant dans la période t-1. Ce qui permettrait de disposer des stocks suffisants de capital humain valorisable sur le marché du travail. De plus, l’application de ce cadre d’analyse suppose que les marchés de travail

fonctionnent de manière concurrentielle de sorte que les facteurs soient rémunérés à leurs productivités marginales. En d’autre termes, plus le stock de capital humain est élevé, plus élevé est le salaire horaire de son détenteur.

Mais que se passerait-il si les individus de la période t-1 ne disposent pas d’assez de ressources pour investir de manière conséquente dans le capital humain ? Et comment évolueraient les niveaux de revenus dans un contexte où le capital humain n’est pas valorisé à son prix du marché ?

6.1. Les nouvelles théories de la croissance, un consensus sur le rôle de l’éducation

Cette section porte sur l’analyse des modèles de croissance endogène et à générations imbriquées basé sur l’altruisme des agents économiques. Elle relève l’importance des préoccupations intergénérationnelles des ménages et le désire des individus de disposer d’un pouvoir d’achat élevé dans le futur dans la détermination du niveau d’investissement dans le capital humain.

Pour Aghion et Howitt (2004), les diversités de politique éducatives et notamment de l’investissement éducatif peuvent conduire à des trajectoires diversifiées de croissance économiques selon les caractéristiques des pays et des blocs de pays. La principale question de Pritchett (1999) sur le sujet à savoir « Where has all the education gone? » laisse perplexes nombres d’analystes du rôle social et économique de l’éducation et dont les conclusions sont semble t-il, tranchées et la polémique résolue. Les questions liées aux choix des déterminants de l’éducation et de la croissance, débouchent, nous l’avons relevé, sur des explications alternatives de la divergence des trajectoires de croissance (Pritchett, 1999, Dragen et Azarias, 1990 et Aghion P. Howitt P., 1998). L’éducation joue donc un double rôle dans le progrès économique. Dès lors, le cercle vicieux de la pauvreté peut être le reflet d’une insuffisance de l’investissement éducatif, lui-même conditionné par le bas niveau de revenus nationaux et des politiques mises en place pour favoriser son expansion.

CONCLUSION

Nous venons d’examiner les différents enjeux, politiques et théoriques, de l’éducation, ses différentes dimensions – qualitatives et quantitatives. Nous avons abordé les différents débats sur le rôle de l’éducation sur la croissance ainsi que la place des autres facteurs. Nous avons également mis en évidence des éléments théoriques et les résultats empiriques existants pour montrer que l’éducation est à la fois préalable et résultat de la croissance économique.

Il en ressort trois constats fondamentaux. Premièrement, l’intérêt accordé à l’éducation durant les années 1990 se justifie par la prise de conscience que l’éducation reste un levier important pour le décollage économique. Et ceci, pour trois raisons essentielles. D’abord, l’éducation est un stock de connaissance valorisable économiquement. Incorporée dans l’individu, elle accroit sa productivité et augmente ses revenus par le biais d’un emploi bien rémunéré.

Deuxièmement, l’éducation favorise la socialisation, l’esprit de citoyenneté, la cohésion sociale et l’apprentissage des règles d’hygiène. Elle améliore alors de ce fait l’espérance de vie des individus (Schulz, 1961) et réduit la malnutrition. Dès lors, les individus qui en dispose un stock limité ou faible sont également les plus pauvres. Il s’en suit ainsi un cercle vicieux de la pauvreté revenus-épargne-capital humain-productivité (Viner J., 1957, Meier G.

et Baldwin E., 1957). Les analyses récentes conduites dans le cadre des théories de croissance endogène et notamment sous Barro et Lee (1991) en ce qui concerne l’investissement dans les infrastructures, démontrent donc que le niveau de développement d’un pays et en particulier, le taux de croissance initial est nécessaire pour enclencher un processus de développement de long terme. Parce que si l’éducation est un préalable, un niveau minimum de revenu est nécessaire pour l’acquérir. Puisqu’en elle-même, l’éducation est un investissement. Le modèle de générations imbriquées et l’analyse des effets cumulatifs démontrent à merveille qu’à niveau de développement bas, correspondrait un taux de croissance à l’équilibre, également bas. Et les pays pauvres resteront pauvres, non pas uniquement à cause de leur faible niveau d’investissement éducatif mais aussi et surtout en raison de la combinaison de divers facteurs de l’environnement. Puisqu’à des niveaux de revenus initiaux semblables, les pays d’Asie du Sud-est ont pu s’en sortir.

Deuxièmement, il semble que les écarts de croissance des pays pauvres d’Afrique et principalement, le faible impact de l’éducation, ne résultent pas que de la variable éducative elle-même. Ils sont en outre liés à la diversité des sources de données et à leur faible qualité (Dessus S., 2000). Ces résultats sont tributaires des types de dimension de l’éducation pris en compte. Les résultats des variables de flux (Lucas, 1988) ne sont pas les mêmes que ceux issus grâce à l’usage des variables de stocks (Nelson et Phelps, 1966, Benhabib et Spiegel, 1994 ; Barro, 1994, Gregorio G. et Lee, 1994).

Enfin, les différentes analyses sur l’éducation, tout en relevant les controverses concernant le rôle de l’éducation (Gurgand M, 2005) conclurent toutefois en l’existence d’une corrélation positive entre l’éducation et la croissance, à une condition près : l’amélioration de la transparence, une meilleure gouvernance et l’amélioration des infrastructures économiques permettant une meilleure circulation de l’information entre les agents économiques.

Dès lors, des taux élevés de scolarisation peuvent contraster, dans certaines régions, avec des bas niveaux de revenus puisque l’éducation n’agit pas mécaniquement sur le développement économique et que son impact reste conditionné par des facteurs de l’environnement socioéconomiques et naturels existants.

Les types de régressions économétriques, les formes fonctionnelles des fonctions de productions ainsi que les méthodes d’estimation et l’absence ou la faiblesse des structures des marchés de travail locaux et des systèmes éducatifs, restent par ailleurs des facteurs dominants.

Le chapitre suivant permettra d’examiner dans les détails les différents éléments de l’environnement, notamment, les facteurs structurels et conjoncturels susceptibles d’influencer sur l’impact de l’éducation et qui contribueraient à expliquer les écarts de revenus en Afrique subsaharienne.

CHAPITRE 2

CONTEXTE GENERAL DE L’ANALYSE DE LA