• Aucun résultat trouvé

Le rôle des facteurs conjoncturels et structurels

SECTION 2 : LES DEUX DIMENSIONS DE L’EDUCATION

2.2. L’approche par le stock du capital humain

Il nous semble, à présent intéressant d’examiner les approches qui utilisent les variables de stock.

En effet, parmi les études récentes sur la croissance et le capital humain, on trouve celle de Knight, Loayza et Villanueva (1992) dont l’objectif était de tester la théorie néoclassique de

17 Akerlof George A. : The Market for "Lemons": Quality Uncertainty and the Market Mechanism, The Quarterly Journal The Quarterly Journal of Economics, Vol. 84, No. 3 (Aug., 1970), pp. 488-500

croissance économique par le panel data approach en sous périodes quinquennales sur un échantillon de 98 pays entre 1960 et 1985. Pour cela, trois modèles ont été testés. Il s’agit de M1 pour celui de Solow (1956), M2 pour MRW (1992) et M3 auxquels ils ont ajouté d’autres variables relatives à l’ouverture des économies de l’échantillon. En utilisant le pourcentage des personnes en âge de travailler scolarisées dans le secondaire, les auteurs ont obtenu selon les modèles utilisés, des effets positifs en coupe transversale et négatifs en panel data.

L’utilisation du modèle M3 avec l’inclusion des mêmes variables que précédemment présente, plutôt des effets positifs sur la croissance. Le taux de croissance de la population en âge de travailler dans les trois modèles, présente des effets négatifs sur la croissance. Le fait que ces résultats soient obtenus en dehors des données africaines exclut tout préjugé lequel la faiblesse ou l’absence des effets de l’éducation des pays en voie de développement est liée essentiellement aux données africaines. L’utilisation des techniques économétriques peut être, à cet effet, sujette à caution. Cela met en évidence que la mise au jour de la relation capital humain-croissance économique est plus dépendante des approches méthodologiques que de la relation réelle qui puisse exister entre les deux variables.

Borenszensztein, De Gregorio et Lee (1994) pour leur part, ont estimé à l’aide des données de panel la croissance du produit par tête de 69 pays sur une période allant de 1970 à 1989 selon une approche semblable à celle de Barro (1991). La seule différence est que ces auteurs ont plutôt cherché à expliquer comment les investissements directs étrangers peuvent affecter la croissance économique des pays de l’échantillon. Utilisant le nombre moyen d’années de scolarisation secondaire des garçons comme proxy du capital humain, ils ont évalué l’impact de celui-ci sur l’accroissement des investissements directs étrangers. Ainsi, quand la scolarisation apparaît comme complémentaire des IDE, son effet sur les investissements domestiques est ambigu. De même, l’effet de l’éducation sur l’accroissement de l’investissement total est positif mais pas très significatif.

A ces différentes approches s’ajoutent l’invalidé et/ou le doute qu’expriment parfois les chercheurs sur la robustesse des analyses économétriques. Beaucoup d’études relèvent que ni les hypothèses de convergence, ni celles de rattrapage ne sont formellement validées par les

analyses empiriques et qu’en plus, les facteurs de croissance d’origine solowienne sont incapables d’expliquer toute la croissance du produit par tête.

C’est donc pour faire la lumière sur cette différentielle de croissance non expliquée par les analyses classiques que Mankiw, Romer et Weil, (1992) et Madison (1995) introduisent le capital humain dans le modèle de Solow. L’élément essentiel dans cette théorie est que les dotations initiales constituent l’essence de la croissance économique. C’est ce qui a motive les recherches tous azimuts des déterminants supplémentaires à l’origine de la divergence croissante des trajectoires éducatives des pays et leur influence sur celles de développement entre pays. Parmi la trentaine d’études sur la question analysée par Jean-Christophe Dumont (2002), une douzaine environ s’intéressera aux variables en début de période. Celle de Hicks (1979) réalisée sur 69 pays sur la période 1960-1973 est particulièrement intéressante. En effet, appliquant des tests économétriques aux taux de scolarisation et d’alphabétisation initiaux et des indicateurs de l’espérance de vie en début de période, Hicks (1979) a mis en relief que seul l’impact de l’espérance de vie sur le produit par tête sur la période domine.

Dans une série d’articles publiés en 1992, 1994 et 199518, Young a également appliqué cette méthode aux « quatre dragons » d’Asie orientale (Corée du Sud, Hong Kong, Singapour, Taïwan) caractérisés par une faible contribution de la croissance de la productivité technique des facteurs sur la croissance du PIB par travailleur. Le rôle du capital humain semble y être modeste comparativement aux autres pays de la région asiatique, alors même que ces pays ont connu des progrès remarquables en matière d’amélioration de la quantité et de la qualité de

18 1. Young, Alwin (1992), ‘A Tale of Two Cities: Factor Accumulation and Technical Change in Hong Kong and Singapore’, in Olivier J. Blanchard and Stanley Fischer, eds., NBER, Macroeconomics Annual, Cambridge, Ma: MIT Press.

2. Young, Alwin (1994), ‘Lessons from the East Asian NIC’s: A Contrarian View’, European Economic Review, 38, pp. 964-73.

3. Young, Alwin (1995). The Tyranny of Numbers: Confronting the Statistical Realities of the East Asian Growth Experience. Quarterly Journal of Economics, (110), pp. 641-80.

Une fois de plus, la question de la qualité facteurs de production, humains et matériels, se pose. La comptabilité de la croissance qui s’est intéressée à la vérification des contributions de l’accumulation du capital physique et du progrès technique à la croissance américaine entre 1909 et 1949 s’était donc attachée à trois facteurs à savoir, la productivité globale des facteurs ou contribution du progrès technique à la croissance, la contribution du résidu et l’interaction des déterminants de la comptabilité de la croissance. Elle a montré que le progrès technique expliquerait 7/8ème de la croissance américaine sur la période d’étude. La qualité du progrès technique et du facteur travail a également été l’objet des calculs de Madison sur les pays de l’OCDE en 1987 et 1991. Madison a donc révélé le paradoxe selon lequel, les dépenses de R&D de plus en plus croissantes des pays développés contrastent avec un ralentissement de la productivité globale des facteurs pour l’ensemble de ces pays.

Tham S. (1995) a quant à lui, essayé par l’approche de Solowienne et en supposant que le rôle de l’éducation est compris dans le résidu, de quantifier les causes majeures de la croissance Malaisienne entre 1971 et 1987. Les résultats de son étude montrent trois choses : (i) la croissance de la Productivité Totale des Facteurs (PTF) sur toute la période est négative et égale à -1,4% ; (ii) il y a une nette chute dans la croissance de la PTF entre une première période 1971-1981 et la période suivante et, (iii) la principale source de croissance entre 1971 et 1987 est attribuable à la croissance du capital physique et au facteur travail, le premier étant de loin le facteur le plus important. Le capital physique a contribué à 104% à la croissance du produit contre 18% pour le travail, sur la période. Ce facteur apparaît donc comme le véritable moteur de la croissance malaysienne sur la période de l’étude. La croissance de la productivité du travail quant à elle, est restée dérisoire et ceci à cause du rôle proactif de l’investissement public passé de 7,7% en 1971 à 12,8% en 1994 contre 18%.

Les critiques ne manquent pas à ces différentes analyses. En effet, la décomposition du taux de croissance en une somme de plusieurs composantes en vue de mettre en évidence la contribution de chaque facteur a été également contestée par Arrous J. (1999) qui en a critiqué l’utilisation excessive des mathématiques.

Les tableaux suivants reprennent les principaux résultats des testes empiriques effectués à cet effet.

Tableau I.1 : Décomposition de la croissance Malaisienne entre 1971 et 1987

Décomposition Auteurs -Périodes Taux de croissance (en %)

Revenu Part du capital Part du travail Résidus

1971-1975 6.7 10,2 3,7 -0,42

1976-1980 8,5 10,1 3,7 0,26

1981-1987 4,6 9,2 3,1 -2,68

Moyenne entre 1971 et 1987 6,3 9,8 3,5 -1,44

Source : Calcul de S.Tham (1995) repris par LAFAYE DE MICHEAUX Elsa

Ces données, (tableau I.7) montrent une fois de plus, le rôle évident dans la croissance des revenus entre 1971 et 1987. Il révèle qu’il est possible qu’il existe et consensus sur le rôle de l’éducation qu’il faille démonter. Pour ce faire, nous distinguons d’une part, le consensus sur le rôle positif de l’éducation et, d’autre part, les divergences issues des travaux empiriques en vue d’envisager un compromis est possible entre les deux.

SECTION 3 : LE CONSENSUS THEORIQUE SUR LE ROLE POSITIF DE