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Encadré II.1 : Les quatre systèmes scolaires européens

SECTION 6 : LA PRESENTATION DES DONNEES

6.1. Justifications théoriques des principales variables du modèle

Dans le chapitre 1, nous avons analysé les différentes variables éducatives et leur rôle dans les modèles économiques. Il s’agit dans cette sous-section de justifier et d’analyser les variables retenues pour l’estimation. A cet effet, 11 variables sont retenues mais seulement 7 seront analysées en détails. IL s’agit du produit intérieur brut par tête (PNBH), de formation brute du capital fixe (FBCF), des taux de scolarisation primaire (TBSP) et secondaire (TBSS), des flux net d’investissement directs étrangers (FNIDE), de la variable d’ouverture commerciale (OUVERT) et variable caractéristique du potentiel d’innovation (POTINNOV).

6.1.1. Le produit national brut par tête

Selon l’usage courant en analyse économique, les études de la performance ont tendance à utiliser le taux de croissance du produit intérieur brut pour analyser l’évolution de la production dans le temps (Barro, 1991 ; Barro et Lee, 1994 ; Barro et Sala-i-Martin, 1995 ; Azariadis et Drazen, 1990 ; Mankiw, Romer et Weil, 1992 ; Benhabib et Spiegel, 1994 ;

92 Excel for Web site, Human Development Report 2005, PNUD, http://www.pnud.org

sur les données en coupes pour mettre en évidence les effets de l’éducation sur la croissance.

Les résultats obtenus sont divergents. D’une manière générale, le niveau d’éducation initiale a des effets positifs sur le décollage économique. En d’autres termes, l’éducation semble être le préalable à la croissance économique. Dès lors, l’utilisation de la variable PIB par tête dans les fonctions de production fait partie des usages. En effet, dans sa définition formelle, le produit intérieur brut mesure la somme des valeurs ajoutées de l’ensemble des agents économiques résidents et d’une économie sans tenir compte de leur nationalité. Comme tel, il constitue une bonne mesure de l’impact de la croissance de l’éducation ; ce qui justifie le recours massif des économistes à cet indicateur dans les analyses théoriques. Il constitue le principal indicateur utilisé par la Banque Mondiale dans son rapport sur le développement humain depuis 1946.

Dans les études de comparaison internationale, on a souvent recours au PIB par tête et en dollars américain. Son inconvénient est de ne pas tenir compte du taux de dépréciation des actifs nationaux ni réduction ou épuisement des ressources nationales (BM, OCDE, ONU).

De plus les fluctuations des taux de change peuvent faire de sorte que le PIB d’un pays soit surestimé ou sous-estimé selon que la valeur de sa monnaie nationale s’est dévaluée ou réévaluée par rapport au dollar. Dès lors, les mouvements haussiers ou baissiers du PIB d’un pays ne correspondent pas nécessairement à la hausse ou à la baisse de sa richesse nationale.

Il en est de même pour le PNB qui, contrairement au PIB, s’intéresse à la nationalité des agents plutôt qu’à leur résidence comme l’est le PIB.

Il semble donc que cette variable se prête mieux à la comparaison internationale que la première. Car, contrairement au PIB, le PNB prend en compte les revenus du capital et du travail reçus du reste du monde auxquels on soustrait ceux versés au reste du monde. C’est une mesure adéquate de la valeur des biens et services produits à l’aide des facteurs appartenant aux ressortissants du pays.

Le troisième avantage à utiliser le PNB porte sur la différence fondamentale qui existe entre ce dernier et le PIB. C’est un indicateur qui permet en outre de mesurer si un pays est un importateur net ou un exportateur net de capitaux. Si, au contraire, son PIB d’un pays est

l’étranger. Ce qui implique aussi que ce dernier dispose d’un faible niveau d’investissement direct étranger et vice-versa.

Dans cette analyse, nous préférerons les valeurs en stock du PNB et PIB par tête à leurs taux de croissance. En effet, les revenus d’une économie peuvent croitre régulièrement sans que cette croissance soit suffisante pour satisfaire les besoins de la population. De même, une augmentation du taux de croissance n’est pas synonyme de l’amélioration du bien social.

6.1.2. Les mesures des variables éducatives

Plusieurs mesures sont utilisées pour quantifier le capital humain. Il s’agit du nombre moyen d’années d’études (WB, 1997)93, de l’écart de salaire lié aux différences d’années d’études (Denison, 1964), de l’augmentation de la productivité du Travail (Becker, 1964), du taux brut de scolarisation primaire et secondaire (Delong, 1991 et Summers et Barro, 1991),du taux d’accumulation du capital humain mesuré par le taux de croissance du taux de scolarisation dans le secondaire de la tranche d’âge de 12-17 ans augmenté du taux de croissance de la part de cette classe d’âge dans la population en âge de travaillé trois ans plus tard (Mankiw, Romer et Weil 1992). A cela s’ajoutent le nombre d’années de scolarisation des travailleurs utilisé par Jess Benhabib, M.M. Spiegel (1992) et le ratio du taux d’alphabétisation (literacy rate) utilisé comme proxy du capital humain par Barro (1991). Dans sa critique du rôle de l’éducation dans la croissance, Pritchett L. (1999) constate que « […] there is evidence that appears to be contradictory from two sources: growth regressions using enrollment rates, and regressions in which the growth of output is specified as a function of the level of schooling »94. La divergence observée repose en outre sur les équations reliant les variables éducatives à celles de la croissance économique et bien évidemment de l’inclusion ou non des autres déterminants de la croissance. Elle l’est davantage selon qu’il s’agisse des variables de changement ou les variables de niveau (Freeman R. et Lindauer D. L., 1999). D’autres

93 WB, 1997 : Labor Force Indicators

94 […] les résultats empiriques donnent des effets contradictoires lorsqu’on régresse la croissance sur le taux d’inscription ou sur le niveau de l'instruction ;

sur leur caractère plus ou moins approximatif (Dessus S., 2000)95.

De ce qui précède, le choix des taux de scolarisation primaire et secondaire serait plus intéressant et ceci pour deux raisons principales. D’une part, ces variables sont des mesures fréquemment utilisées dans des analyses visant à quantifier les efforts d’investissements éducatifs. Elles constituent d’autre part des proxies du niveau du capital éducatif à l’état stationnaire. Il existe également d’autres avantages à utiliser le taux de scolarisation (Baldacci Emmanuel et al., 2008)96. Premièrement, le taux de scolarisation est un bon proxy des autres mesures du stock du capital humain tel que le nombre d’années de scolarisation (Worzmann, 2003)97. Deuxièmement, le taux de scolarisation est très lié aux objectifs du millénaire pour le développement (OMD)98. Troisièmement, le taux de scolarisation est largement basé sur les données récentes des pays, contrairement aux autres mesures issues des projections économétriques des approximations. Quatrièmement, la majorité des régressions de l’équation de la croissance économique ont régulièrement recours au taux de scolarisation issue des bases de données des Nations Unies au lieu des variables de réussite scolaire parce que les taux de scolarisation reflètent mieux l’investissement en capital humain (Andrea Bassanini et Stefano Scarpetta, 2001).

Au-delà, il existe des raisons d’ordre pratique pour lesquelles on doit préférer le taux de scolarisation aux autres mesures. Il s’agit notamment de l’absence ou du caractère approximatif et erratique des données sur les autres variables éducatives telles que les dépenses par élève, le nombre d’enseignants par élève ou la part des dépenses publiques consacrées à l’éducation.

95Sébastien Dessus, Capital Humain et Croissance : le Rôle retrouvé du système éducatif, Economie publique, 2000 / 2 Économie publique ;

96 Emmanuel Baldacci, Clements Benedict, Sanjeev Gupta et Qiang Cui. (2008), Social Spending, Human Capital and Growth in Developing Countries, Wold Development, Vol.36, N°8, pp. 1317-1341;

97 Worzmann L. (2003), Specifying human capital, Journal of economic surveys, 17(3),239-270;

98 En fait, dans les huit objectifs du millénaire pour le développement, c’est donc le taux de scolarisation qui a été utilisé comme indicateur de mesure de l’éducation pour tous d’ici à 2015.

Il est mesuré par le ratio du nombre total des élèves inscrits au primaire au nombre total des enfants en âge de scolarisation selon les textes nationaux. Ce niveau de formation élémentaire permet de doter les enfants des capacités de base en lecture, écriture, des aptitudes de calcul et des connaissances élémentaires en histoire et géographie en sciences naturelle et sociale, en art et musique.