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Faibles taux d’épargne publique

SECTION 5. LA DIVERGENCE CROISSANTE DES REVENUS ENTRE PAYS PAUVRES ET PAYS RICHES PAUVRES ET PAYS RICHES

5.2. Les écarts de revenus entre pays riches et pays pauvres : l’existence des effets cumulatifs

Pour beaucoup d’économistes, puisqu’il ne peut y avoir convergence générale, il faut parler plutôt de club de convergence ou convergence par groupe de pays. Car la convergence des revenus entre pays n’est pas valable à cause de l’hétérogénéité des taux de croissance entre pays et de la divergence des revenus entre pays pauvres et pays riches, même si les tendances observées pour les pays d’Asie du Sud-est conduisent à la possible survenance de ce phénomène. Le tableau I.3 suivant met en évidence ces divergences.

Tableau I.3 : PNB/habitant en dollars (prix de 1985)

Groupe/années 1820 1989 Croissance 1820-1989

Comme on peut le constater, le tableau I.5 met en évidence que l’Afrique est le seul continent où la progression du PIB au cours des 169 années est la plus faible alors que d’autres régions aux conditions initiales semblables ont progressé de manière très significative. Cette lente progression du PIB est le reflet de l’existence d’un piège de sous-développement. Par ailleurs, et durant une période plus récente, on constate même une régression de 1/10 du PIB sur la période 1975-2005 alors que cette variation est positive pour l’ensemble des régions du monde, voire 56 fois plus importante en Asie de l’Est et Pacifique (tableau I.4, graphique I.6) Tableau I.4. Ecart de PIB par tête entre 1975 et 2005

Groupe de pays 1975 2005 Pourcentage de variation

Afrique subsaharienne 1877,7247 1773,97231 - 1/10

Moyen Orient et Afrique du Nord 4119,5149 5449,96071 3/10

Asie du Sud 1084,571 2790,6368 16/10

Asie de l’Est et Pacifique 813,41786 5383,79072 56/10 Amérique Latine et Caraïbes 5639,2378 7481,70465 3/10 Source : WDI, Banque Mondiale, CD-ROM 2007

Graphique I.6 : Ecarts de PIB per capita entre 1975 et 2005

Source : WDI, CD-ROM, 2007

Ainsi, en plus des causes précédemment énumérées s’ajoutent la faible utilisation de la main d’œuvre ou la faible participation de la population au marché du travail d’une part et d’autre part, la faible productivité du travail liée à une faible qualification du travail dans les pays d’Afrique subsaharienne pour expliquer la faible croissance économique, son écart par rapport aux autres PVD37.

Il semble en outre que le rôle de l’Etat dans l’investissement en infrastructures publiques est fondamental pour favoriser la circulation des personnes et des biens ainsi que celle de l’information. Aschauer (1989) affirme qu’une augmentation de 1% du capital public aux Etats Unis entraîne une augmentation de la productivité de travail de 0,4%.

Les explications sont tellement nombreuses et diversifiées que proposer aujourd’hui des éléments d’interprétations des écarts de développement entre les différents blocs de pays est un exercice laborieux du moment où beaucoup d’études, non pas les moindres, se sont avérées contradictoires sur le sujet.

Dans ses travaux de 1987, Behrman J.R. (1987) a fait un tour d’horizon sur les niveaux d’investissements éducatifs des pays en voie de développement et leurs impacts sur la croissance des revenus par tête.

Dans cette étude, l’auteur utilise deux variables principales : le taux d’instruction, le ratio d’inscription comme proxy du capital humain et le taux d’investissement brut comme proxy du taux d’accumulation du capital physique pour analyser le lien entre l’éducation et la croissance des revenus par tête. Les principales questions examinées étaient : quels sont les pays qui ont investi le plus et quels sont ceux qui ont investi le moins dans l’éducation ? Et quel est l’impact de l’éducation dans la croissance de leurs revenus par tête ?

Il ressort de l’étude que certains pays disposant d’un haut niveau d’investissement éducatif ont des avantages économiques importants par rapport à ceux ayant des niveaux

37 Nelson P. et Phelps E. (1996) soutiennent que c’est le stock de capital humain et donc les capacités à engendrer le progrès technique et non la différence de taux du capital humain qui explique les écarts de croissance entre les pays.

d’investissement éducatif faible. De même, le rendement social de l’éducation dans les pays en voie de développement en termes de productivité économique, et particulièrement de l’éducation primaire, est élevé en termes de bien-être, de la santé et de la nutrition (Behrman, 1987) ressort également que les niveaux d’éducation sont positivement corrélés avec les revenus par tête car la demande d’éducation est élevée là où les revenus par tête sont élevés.

Finalement l’élasticité-revenu par rapport aux services directement ou indirectement produits par l’éducation est positive, et que le coût d’attente pour obtenir un retour sur investissement de l’éducation et autres investissements tend à se réduire à long terme à cause du faible taux d’intérêt et d’une espérance de vie associée au niveau de revenu.

Cependant, mettre en évidence le rôle des politiques publiques d’éducation et la contribution de celles-ci à l’explication des trajectoires de croissance et de la productivité du travail et la croissance des revenus dans les quatre blocs susmentionnés permettrait de cerner mieux les disparités et inégalités entre les pays.

Les faits stylisés montrent une divergence constante entre les plus riches et les plus pauvres. Le rendez-vous du millénaire échappe par là même aux pays d’ASS. En fait, pour aider les PVD à rattraper leurs retards, la communauté internationale a fixé, sous l’égide des institutions de Breton Wood, des objectifs du Millénaire pour le développement. Un groupe d'experts du Secrétariat de l'Organisation des Nations Unies, du FMI, de l'OCDE et de la Banque mondiale ont à cet effet, retenus à l’unanimité un ensemble de 8 objectifs38, 18 cibles et 48 indicateurs servant à mesurer les progrès accomplis dans la réalisation de ces objectifs (cf. Annexe I.1). Il s’agit de :

Il se trouve donc que les pays d’Afrique subsaharienne ne peuvent pas atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement à l’échéance fixée39.

38 Les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) sont constitués de huit objectifs que les nations sous-développées doivent atteindre d’ici 2015. Ces objectifs sont des défis les plus importants à relever en matière de développement humain. Un acte dit « Déclaration du Millénaire » a été adoptée à cet effet par 189 nations et signées par 147 chefs d’Etat à l’issu du Sommet du Millénaire de septembre 2000 à Dakar. (cf.

http://www.undp.org/french/mdg/basics.shtml) .

39 En particulier, dans le bloc des pays d’Afrique Subsaharienne, 2 pays africains seulement feront partie des 20 qui ont des taux d’alphabétisation compris entre 80 et 97%. Parmi ces 20 pays, 15 appartiennent au groupe des