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L'ORIENTATION PARTICULIÈRE DE L'HUMANISME JURIDIQUE GENEVOIS

L'HUMANISME JURIDIQUE A GENÈVE DES ORIGINES JUSQU'A JACQUES GODEFROY

IV. L'ORIENTATION PARTICULIÈRE DE L'HUMANISME JURIDIQUE GENEVOIS

DENYS GoDEFROY (1549-1621)

Dans le sillage de l'héritage culturel transmis par Erasme, l'activité principale de Godefroy et de Lect, marquée d'une part par les améliora-tions introduites dans les édiaméliora-tions des textes, de plus en plus affinées et, d'autre part les essais d'interprétation des questions les plus difficiles et délicates, on trouve le Parisien Denys Godefroy à Genève professant la foi

17 DUFOUR, op. cit., p. 137.

18 DUFOUR, op. cit., pp. 137-138.

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calviniste, en 1579 déjà. Après un court voyage en France, il retourne à Genève où il se remet immédiatement au travail, afin d'y terminer son œuvre la plus fameuse: l'édition de la compilation justinienne, publiée à partir de 1583 en plusieurs fois et pour la première fois sous le titre de Corpus Iuris Civilis.

En 1583, la compilation justinienne fut imprimée sans la glosse, dans une version qui, sans rien enlever de la vulgata bolonaise, et en puisant à la Littera florentine, forma la Liftera Gothofrediana. Les éditions compre-nant la glosse contenaient aussi les apports critiques des recherches histo-riques et philologiques des juristes du mos Gallicus, comme Le Conte, Charondas et Cujas. Dans cette œuvre qui accueillait les contributions médiévales humanistes, Godefroy ne manqua pas de souligner l'impor-tance pour les Novelles des Canons apostoliques, sur lesquels Haloander avait posé son regard en 1531. Non moins digne de mention est la traduc-tion du grec par Egil eus de treize edicta justiniens, des N ovelles de Jus-tin II et de Tibère II, toujours à travers la traduction du grec due au même Egileus. Les autres parties des Novelles de Justinien, de Justin II et de Tibère II, furent prises des appendices de l'Epitome Juliani; les treize Novelles de Léon le Sage, au contraire, furent insérées dans la tra-duction faite par Egileus de la version grecque de l'édition de Scrimgers.

Mais il faut également tenir compte du Recueil des Novelles postjusti-niennes, traduites par Bonnefoy.

L'utilisation de ce vaste matériel d'origine et de provenance différentes comme la reproduction de la glosse d'Accurse, et des notes critiques, pla-cées en marge et dues à la main de Godefroy ou d'autres juristes huma-nistes - en premier lieu Cujas dont Godefroy utilisa l'édition des Libri Feudorum - tout cela explique l'immense succès pratique et théorique de la Littera Gothofrediana.

Pour comprendre néanmoins l'ample succès, la grande faveur, avec laquelle l'édition fut accueillie, même dans la pratique judiciaire, il faut penser que l'œuvre se rattache à celles qui l'ont précédée, fruit des efforts inspirés par les humanistes. Godefroy rédigea également un bref com-mentaire, pour placer plusieurs des remarques critiques émises par les humanistes.

L'œuvre de Godefroy eut - et a - une importance particulière, car elle provenait d'un homme connu comme philologue et historien du droit justinien et préjustinien, et comme spécialiste du droit coutumier fran-çais, mais aussi comme grand connaisseur des œuvres des auteurs latins.

En tout cas, l'érudition et l'esprit pratique furent toujours à la base des

notes qu'il rédige dès 1591 sur les coutumes des provinces et des villes du Royaume de France, ainsi que de son œuvre écrite et publiée sur la prati-que civile, selon les auteurs anciens les plus récents, de 1591 également.

Les œuvres suivantes de Godefroy eurent un caractère plus hardi: la resti-tution, pour la première fois, des Douze Tables dans leur texte d'origine, l'œuvre De lure Paganorum, les notes accompagnant les éditions de Cicé-ron, Sénèque, VarCicé-ron, Festus et enfin Nonius Marcellus. Si tout cela révèle à quel point Godefroy prêtait attention aux manifestations de la culture latine ancienne, le recours dans ses éditions, à une présentation tabellaire des références établies entre les statuts municipaux et les Pan-dectes, montre combien ce grand jurisconsulte possédait le sens de la syn-thèse. Parallèlement dans les Opuscula Iuris Varias, contenant les Epi-tomes du droit féodal, des Novelles des Institutions, des fragments des Douze Tables, de l'Epitome des titres du Digeste et du Code, il tente, dans un but didactique, de mettre de l'ordre et d'établir des dispositions ordonnées des matières, ce que Justinien n'avait pas voulu, ou pas réussi, à faire.

C'est ainsi que l'édition des Paratitla de Cujas, un commentaire aux neuf derniers livres du Code, enrichi avec des remarques critiques de Godefroy, se place dans la même ligne d'érudition et de vision synthéti-que suivie par l'Ecole du mos Gallicus. Certes, ce souci d'érudition de Godefroy est encore plus marqué dans les éditions de Suétone et de Plu-tarque. Les renseignements détaillés que nous apportons ici sur les stu-. dieuses activités de Denys Godefroy sont simplement destinés à montrer

qu'il était principalement un disciple de Cujas, bien que son adhésion au courant humaniste - comme on l'a constaté dans son œuvre la plus fameuse sur le Corpus Iuris - n'eut pas pour effet de le détacher complè-tement de la tradition romaniste médiévale dont sa pratique juridique res-tera empreinte19

19 Outre les nombreuses éditions du Corpus iuris civilis, de D. GoDEFROY à partir de la première édition de 1583, on doit rappeler les ouvrages suivants: De ratione ordinis a jurisconsulto in Pandecti, Codice et Institutionibus servati, Genevae 1580; Notae in quattuor libros Institutionum, Genevae 1583; Fontes iuris canonici, Lugduni 1583;

Authores latinae linguae in unum redacti corpus, Genevae 1585; Antiquae historiae ex XXVII authoribus, Basileae 1590; Tracta tus ad jus varii, Lugduni 1591; Maintenue et défense des princes souverains et églises chrétiennes contre les attentations et excommu-nications des papes de Rome, Genève 1592; Consuetudines civitatum et provin ci arum Galliae, Frankofurti 1597; Quaestione politicae ex iure cornet historia desumptae, Strasbourg 1598; Problemata de obligationibus ex contractu et quasi contractu, Stras-bourg 1601; Conclusiones de emptione et venditione, StrasStras-bourg 1601; Dissertatio de

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JACQUES LECT (1560-1611)

A la même période Jacques Lect orientait à son tour des travaux scien-tifiques de haut niveau dans la voie que nous venons de décrire. Jacques Lect appartenait à une famille qui demeurait à Genève depuis plusieurs dizaines d'années20C'était un jurisconsulte qui aimait notamment les études classiques et littéraires. Ses hautes capacités d'éditeur critique se révélèrent immédiatement avec son édition, en 1587, des épîtres de Sym-maque, œuvre issue de sa collaboration avec Cujas21Il faut encore citer ici sa belle édition des œuvres de Hotman. Mais c'est le droit pénal romain qui parut l'attirer plus particulièrement comme le montrent ses études sur le traité De Poenis de Modes tin et sur l'ouvrage de Macer De Publicis Judiciis22Deux études où sa connaissance du droit des époques préjustiniennes et justiniennes s'appuie fréquemment sur les interpréta-tions de Cujas, de Duaren, de Gellius et de Cassiodore, voire de Bartole, même si les références à ce dernier auteur sont plutôt rares. Dans le De Poenis, ses liens avec les écrits des auteurs de l'Antiquité grecque et latine apparaissent plus étroits et il alterne fréquemment les citations extraites des jurisconsultes du Digeste avec celles puisées dans le Code Théodo-sien. Ses deux discours sur la vie et les œuvres de Papinien et d'Ulpien ne doivent pas du tout être jugés sur le seul plan biographique, mais bien plutôt être considérés comme des essais significatifs de reconstruction historiographique du sens des enseignements transmis par les deux juristes23On ne peut pas ne pas être frappé par les termes apologétiques dont use Lect à propos de Papinien lorsqu'il le définit par un ensemble de vertus morales et intellectuelles: candor, innocentia, diligentia, eruditio, sanctitas, constantia. Un ensemble de vertus admirables et divines que l'humanité aurait toujours pu regarder comme constituant un modèle lumineux d'humanisme. Lect ne ménage pas non plus ses éloges à l'égard d'Ulpien, mais, à l'exemple de Hotman, le calviniste Lect ne pouvait se Suite de la note 19

juridictione, Strasbourg 1603; Disputationes ad Digestum Iustiniani, Strasbourg 1604. Sur le juriste et ses autres ouvrages voir R. STINTZING, Geschichte der deutschen Rechtswissenschaft, Abt. 1, München und Leipzig 1880, pp. 208-209, 386-389;

BoRGEAUD, op. cit., pp. 282-290.

20 BoRGEAUD, op. cit., pp. 296-310.

21 Q. Aurelii Symmachi V.C.P.U. et Cos ord. Epistolarum ad diversos libri X. Jacobus Lectius jurisconsultus, restituit, auxit nolis, Genevae 1587.

22 Ad Modestinum. De poenis liber unus, Genevae 1592; Ad Ae. Macrum de publiciis judiciis liber unus, Genevae 1597.

23 Orationes, Genevae 1615.

soustraire à l'engagement politique et religieux que son époque réclamait de lui. Ses efforts se limitèrent toutefois à un cadre plus local. C'est ainsi que le Citadin de Genève24 fut la réplique genevoise aux prétentions de domination sur Genève de la Maison de Savoie, formulées en 1606. Et quand Antoine Favre, à l'instigation du duc de Savoie, attaqua l'hérésie luthérienne et calviniste dans le premier Livre du Codex Fabrianus, Lect entra en lice avec ses Praescriptiones Theologicae25

Luttant avec succès pour maintenir l'indépendance de sa cité, Lect fut appelé à prononcer un discours célébrant la fin des prétentions étran-gères sur Genève. Celui-ci est intitulé Academiae Genevensis Palingenesia.

Il y montre clairement quels sont les liens qui unissaient la liberté politi-que et religieuse de sa ville à l'Académie, son bastion culturel par excel-lence. Pour preuve de ces liens, on pourrait citer le fait qu'en 1605, devenu maire de Genève, Lect dut quitter la chaire qu'il occupait. Il la reprit cependant par la suite, jusqu'à sa mort survenue en 1611.

Ce que l'on vient de dire est suffisant pour mettre en lumière les quali-tés et les mérites de Lect, juriste aux vastes intérêts culturels, comme l'atteste sa traduction latine de l'Ecclesiaste, ses poèmes, ses élégies, ses notes et son édition des poètes26Le prestige de Lect reste intact, même si l'on ne peut le considérer comme le créateur de l'Ecole de droit de Genève, laquelle compta avant lui, comme on le sait, des professeurs d'un niveau remarquable27

La présence à l'Ecole de droit de Genève de Jean Sarrasin, et ensuite de David Colladon, ne semble pas avoir eu tellement d'importance sur le plan de la science juridique de cette période, allant de la fin du XVIe au début du

xvne

siècle, au moins pour ce que l'on en sait maintenant28

JACQUES GODEFROY (1587-1652)

J'ai rappelé cette période de grande érudition que fut le XVIe siècle durant laquelle les hommes d'études étaient animés d'une grande passion pour l'étude des Anciens. Cette passion nous la découvrons déjà chez Budé, chez Fauchez, chez Pasquier et chez Tillez. Mais si les deux derniers

24 Le Citadin de Genève ou response au Cavalier de Savoye, Paris 1606.

25 Adversus Codicis Fabriani ra npmra KaK6ooqa Praescriptionum Theologicarum libri duo, Genevae 1607.

26 Cf. les indications précises in: BoRGEAUD, op. cit., p. 299, note 1.

27 BoRGEAUD, op. dt., pp. 297 et ss, 302.

28 Idem.

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se sont consacrés à la méditation des antiquités nationales, il faut en trou-ver la raison dans le rapport singulier d'émulation et de dépassement du patrimoine idéal du passé classique que ces auteurs entretenaient. Chez tous ces hommes d'étude, il y avait la conviction et l'espoir de pouvoir construire une culture nouvelle qui aurait hérité, après la barbarie médié-vale, et au travers de l'humanisme et de la Renaissance, l'illumination intellectuelle et civile des civilisations grecque et romaine. De là dérive la persistante validité au

xvre

siècle de la chronologie du développement historique de la civilisation qui, après l'époque de l'Antiquité classique, se trouvait en déclin, au moins jusqu'au temps de Louis XI.

A Genève, le représentant le plus remarquable de cette page heureuse de l'histoire de la science juridique, fut le fils de Denys Godefroy, Jac-ques Godefroy29Parmi ses nombreuses études sur les diverses phases historiques du droit romain, ses éditions d'œuvres juridiques et ses notes critiques des Douze Tables et des différents points du Corpus Iuris,

29 Sur Jacques Godefroy et sur ses ouvrages, on doit se rapporter surtout à BoRGEAUD, op. cit., pp. 368-380. Ch. H. TROTZ., dans la préface des écrits mineurs de J. Gode-froy au titre Opera juridica minora sive Libelli, Tractatus, Orationes et Opuscula rariora et praestantiora, Lugduni Batavorum, 1733, a indiqué les ouvrages du juris-consulte genevois. Des ouvrages juridiques, je rappelle surtout: Fragmenta XII Tabularum cum Got!zofredi et aliorum notis, Heidelberg 1616. Cet ouvrage a été imprimé successivement in: Quatuor fontes iuris civilis, Genevae 1653, dans un recueil qui publie trois autres ouvrages de J. GoDEFROY: Legis Iuliae et Papiae itidem fragmenta suo ordini reddita, notisque illustrata (première édition Genevae 1617);

Edicti per etui, ut etiam Sabinianorum librorum ordo seriesque: quorum duo priora antehac edita; nunc alicubi accuratiora, auctioraque, duo posteriora nunc primum eduntur; Diatriba de Cenotaphio, deque diversis super illius religione Ulpiani et Mar-ciani sententiis, Genevae 1634, 1654; Discursus historicus ad Legem Quisquis. C. ad L. Juliam Majestatis, Genevae 1633, 1654; De imperio Maris et de iure naufragii col-ligendi, lege Rhodis, Genevae 1617, 1654; Diatriba de iure praecedentiae repetitae praelectionis; 2. De notis, seu signis praecedentiae; 3. De eurematicis, seu cautelis in controversiis praecedentiarum, Genevae 1664; De salaria, repetitae praelectionis, Genevae 1656; Manuale iuris seu parva iuris mysteria, ubi quatuor sequentia conti-nentur iuris romani: I. historia; II. bibliotheca; III.florilegium sententiarum ex corpore iustinianeo desumotarum; W. series librorum in D. et in C., Genevae 1652, 1654, 1684, Genevae 1726, Parisiis 1806; Codex Theodosianus cum perpetuis commentariis Jacobi Gothofredi, Lugduni 1665. Lipsiae 1736-1743.

Probst a indiqué avec diligence quels sont les autres ouvrages juridiques et non diques dont Jacques Godefroy fut l'auteur. On ne doit pas oublier les ouvrages juri-diques, politiques et religieux.

Parmi ceux-ci sont plus particulièrement importants: l'écrit sur les limites du dio-cèse de l'évêque de Rome; l'écrit sur l'état juridique des païens sous les empereurs chrétiens.

Très importante également: l'édition annotée des Œuvres de Cicéron.

Jacques Godefroy était surtout connu pour son édition et son commen-taire du Code Théodosien. Ses préoccupations confessionnelles le portè-rent cependant à s'occuper de l'état religieux de l'Allemagne et de l'his-toire chrétienne de l'Antiquité, tout en vouant ses soins à annoter une édition consacrée à une œuvre inédite de Tertullien, ainsi qu'une histoire ecclésiastique due à Philostorge de Cappadoce. Si son édition annotée des œuvres de Cicéron établit bien toute l'attention qu'il vouait aux événe-ments culturels de la latinité, ses Discours politiques et le matériel recueilli pour écrire une Histoire de Genève démontrent l'intérêt qu'il portait à la vie de son temps. On ne peut donc se limiter à considérer Jacques Gode-froy comme un grand philologue et ignorer ses compétences d'historien.

En effet, les observations critiques de Jacques Godefroy sur de nom-breux points du Corpus Iuris, dans les études que nous pouvons considé-rer comme étant destinées à la préparation de l'édition du Codex Theodo-sianus, vont au-delà de simples notes philologiques et érudites d'un humaniste. Elles sont destinées à rendre plus facile la reconstruction his-torique des importants ouvrages de l'Antiquité romaine. Godefroy révèle donc ses qualités, non seulement lorsqu'il s'occupe de problèmes reli-gieux ou de l'histoire du protestantisme, non seulement lorsqu'il entre-prend, sans pouvoir achever son œuvre, d'écrire l'histoire de sa ville, ou qu'il rédige des écrits politiques, comme le Mercure Jésuite et ses Ora-tiones politicae30Il se présente à nous comme philologue et historien, sur-tout dans son activité de romaniste, la principale activité de sa vie, celle qui lui vaudra la célébrité.

Mes vues concordent donc pleinement avec celles de Borgeaud qui a écrit, en substance, que Jacques Godefroy a clairement dépassé les limites de l'exégèse des textes, son but étant évidemment de remonter aux vraies sources des jurisconsultes et des lois anciennes, afin de recons-truire l'édifice premier du droit romain, à ses diverses époques31Il a véri-tablement été à la hauteur de l'entreprise, du fait de ses grandes capaci-tés, de ses connaissances littéraires, de sa vaste et profonde érudition, de son sens critique rarement pris en défaut. On peut donc avancer sans prendre trop de risques, que la stature de Jacques Godefroy est bien euro-péenne. L'importance de ce savant juriste ne peut guère être mise en doute, bien qu'un nombre relativement peu important d'études lui aient été consacrées, du moins jusqu'à ce jour.

Jo BoRGEAUD, op. cit., p. 374.

JI BORGEAUD, op. cit., p. 375.

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En conclusion de ce panorama de l'humanisme juridique genevois, je désire souligner une fois de plus combien étroit est le lien qui le relie à l'humanisme français. Pour l'un et l'autre, et ceci durant une bonne par-tie du XVIIe siècle, le terme et la conception de Renaissance conservèrent toute leur importance, de par l'idée de la translatio studii, à partir de la seconde moitié du XVIe siècle, à Paris, la France assurant alors le relais culturel de l'Athènes historique. Du reste l'éloge de la culture française se retrouve dans le sillage du De Philologia et du De Studio litterarum recte instituendo. L'affirmation s'est fréquemment vérifiée au cours du xvne siècle. Il suffit de rappeler, à cet égard, cette métaphore, déjà fixée aux xve et XVIe siècles, montrant la culture française à cheval entre les Anciens et le Modernes, s'appuyant sur les «nains médiévaux»

et découvrant de nouvelles perspectives depuis les épaules des «géants de l'âge classique».

Il est inutile de mettre en évidence le caractère novateur, créatif et ori-ginal des activités des intellectuels français du XVIe siècle, partagés simultanément entre leur esprit d'imitation des chefs-d'œuvre de l'Anti-quité et leurs tentatives de les dépasser.

La querelle des Anciens et des Modernes a toujours été vive et animée au cours de tout le XVIe siècle. C'est dans ce cadre idéal que l'on peut comprendre pleinement la grande figure historique de Jacques Godefroy.

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