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L’INTERMÉDIATION À L’ŒUVRE: VERS UNE TYPOLOGIE DES MODES D’INTERVENTION

Région métropolitaine 3 523 744 (2005) 5 4 770 180 (2005)

DE LA ZONE DU CANAL LACHINE

4. L’INTERMÉDIATION À L’ŒUVRE: VERS UNE TYPOLOGIE DES MODES D’INTERVENTION

Au terme d’une analyse documentaire sur des interventions faites par des organismes intermédiaires auprès de 92 PME, nous avons constaté que l’action d’intermédiation du développement au profit des PME ne peut avoir le même effet partout, du fait des différences de ses priorités sectorielles, de ses stratégies et des moyens qui sont mobilisés pour répondre à des enjeux tout aussi différents selon les territoires.

Dans l’arrondissement du Sud-Ouest de Montréal, la majorité d’interventions a concerné le secteur des services à la production, suivi du secteur manufacturier. Ce qui correspond à l’orientation des actions de reconversion en cours sur ce territoire. Son offre d’intermédiation présente un très large éventail, mais le Fonds local d’investissement (FLI) a été le plus sollicité auprès du RESO.

À Verdun, les aides répertoriées ont concerné préférentiellement le secteur des services aux personnes représentés ici par les organismes communautaires et autres entreprises d’économie sociale. Les services à la consommation se placent en seconde position, ce qui correspond à la tendance de l’emploi qui privilégie l’économie sociale. Ainsi, le Fonds jeunesse emploi (FJP) et le Fonds de développement de l’emploi et l’économie sociale (FDEÉS) constituent les deux programmes dont les ressources ont été les plus sollicitées auprès du CLD de Verdun. L’effort de reconversion a porté sur le démarrage de nouvelles PME, avec un accent sur les réductions de coûts d’implantation des projets.

À Lasalle, la priorité a été accordée aux services à la production, suivi des manufactures et les services à la consommation. Toutefois, les aides répertoriées consistaient en soutien au recrutement du personnel et autres prestations du guichet multiservices, incluant minimalement l’aide financière par la CDEL qui sert de guichet unique d’aide aux PME du territoire. On observe un équilibre dans l’utilisation du FLI et du FJP. Le FDEES n’a été utilisé par aucune des entreprises de notre répertoire. À Lachine, le secteur manufacturier a bénéficié de la majeure partie de l’aide, suivi des services à la production et des services parapublics de la CDEC-Lasalle-Lachine. L’aide consistait en actions de formation, de promotion et d’alliances stratégiques pour l’accès aux marchés. Une part minime a consisté aux interventions d’appui du CLD de Lachine.

Au moyen d’entrevues avec des représentants d’organismes socioéconomiques, nous avons pu identifier les cas les plus illustratifs de la dynamique des quatre arrondissements étudiés :

• La PME A: unité de biotechnologie établie dans le Sud-Ouest de Montréal;

• La PME B: une unité de distribution des logiciels, importés de l’Europe, de Lasalle; • La PME C: une entreprise d’économie sociale établie à Verdun;

• La PME D: une entreprise de services aux industries de transports, établie à Lachine.

Ces études de cas ont permis d’examiner d’une manière approfondie l’interaction entre les organisations intermédiaires et les PME, pour enregistrer les situations qu’elle a engendrées, notamment :

• La décision de localisation des PME aidées sur le territoire d’intervention de l’organisme d’intermédiation; c’est le cas avec les PME A et B.

• L’accès des PME aidées au soutien d’autres instances ou du marché du capital de risque, comme Innovatech du Grand Montréal, suite à l’accès aux aides des fonds (FLI, FJE, FDEES, etc.) gérés par les intermédiaires locaux. Bien que modestes, ces appuis servent donc de levier de légitimation et de crédibilité face au marché des capitaux. Le soutien ainsi entraîné agit sur le coût de démarrage, d’implantation ou d’expansion d’une entreprise, ce qui se traduit par le maintien ou le développement d’activités économiques et d’emplois.

• Le réseautage local a peu influencé l’innovation technologique, sociale ou organisationnelle, voire même la conquête des parts de marché dans les PME étudiées, mais il a permis de mettre en relation des entrepreneurs avec des bailleurs de fonds, en phases de démarrage. À l’exception de la PME C qui est un produit de son territoire local, les partenariats qu’il a engendrés débordent largement la juridiction de l’intermédiaire.

• Des services qui aident les entreprises. C’est le cas de la PME D dont le recrutement des employés spécialisés et les démarches d’obtention de la norme ISO ont été assurées en collaboration avec la CDEC-Lassalle-Lachine. Les services d’élaboration du plan d’affaires et le réseautage sont apparus déterminants, en améliorant la crédibilité des PME auprès du marché des capitaux, tels sont les cas des PME A et B dont les initiateurs n’avaient pas d’expérience en affaires.

Nous avons conclu à l’existence d’une dynamique locale dans laquelle l’aide accordée, en apportant surtout la confiance et la légitimité aux entrepreneurs, vaut bien plus que sa valeur monétaire. Les acteurs locaux induisent une interaction intensive qui catalyse le processus de transformation des ressources allouées aux PME à des fins de production ou de distribution de biens et de services. La PME aidée peut traverser des moments cruciaux de son démarrage, de son implantation ou de son expansion.

L’action d’intermédiation montre cependant certaines limites:

• les ressources disponibles et les procédures sur un territoire n’ont pas toujours la visibilité requise, révélant ainsi la faiblesse des réseaux locaux, dont la construction constitue un des objectifs des organismes d’intermédiation;

• les duplications de services offerts aux PME engendrent un sentiment d’incohérence de l’offre d’intermédiation;

• l’absence de correspondance entre les territoires d’intervention de certains organismes et les territoires administratifs engendre des conflits territoriaux qui diminuent la capacité de mobilisation des aides à distribuer;

• les organismes d’intermédiation établis dans le but de prolonger l’État sur plus d’un territoire administratif subissent une résistance des ceux qui tiennent au droit à affirmer leur identité par des stratégies plus autonomes.

L’aide à l’entrepreneuriat local s’avère donc globalement positive. Elle renforce les capacités collectives de réponse aux problèmes économiques ainsi que la capacité des acteurs locaux d’attirer et/ou de retenir des entreprises, du moins jusqu’à leur maturation. Notre enquête montre qu’en se dotant d’organisations intermédiaires, les territoires se sont construits des qualités attractives, qu’il faudrait renforcer cependant par l’implantation de modalités de gouvernance plus globales qui empêchent la concurrence entre les acteurs locaux pour capter des investissements et les attirer d’un arrondissement à l’autre. L’ensemble de la collectivité métropolitaine se verrait ainsi renforcé.

BIBLIOGRAPHIE

BENKO, G. 1999. Marketing et territoire, in Entre la métropolisation et le village global, sous la dir. de J.-M. Fontan, J.-L. Klein et D.-G. Tremblay, Sainte-Foy: Presses de l'Université du Québec, pp.9-26.

BILLETTE, A., et M. CARRIER. Régulations sociales et PME industrielle: le cas de la région de Saint-Georges de Beauce, in Bélanger, P. Grant, M. et B. Lévesque (sous la direction de)

La modernisation sociale des entreprises, Politique et économie, Tendances actuelles, Les Presses

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