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COMMERCE ÉQUITABLE ET CODE DE CONDUITE: POINTS COMMUNS, DIFFÉRENCES ET SPÉCIFICITÉS

Région métropolitaine 3 523 744 (2005) 5 4 770 180 (2005)

4. COMMERCE ÉQUITABLE ET CODE DE CONDUITE: POINTS COMMUNS, DIFFÉRENCES ET SPÉCIFICITÉS

Dans un premier temps, les acteurs du commerce équitable se réclament du développement durable tout comme les acteurs de la responsabilité sociale des entreprises (RSE) qui élaborent des codes de conduites d’entreprises. Alors, si le commerce équitable est lié au développement durable et que la RSE est également liée au développement durable, le commerce équitable et la RSE sont-ils liés ? Du moins, le commerce équitable et les codes de conduites partagent plusieurs points communs. D’abord tous les deux défendent plusieurs ou certaines normes de l’Organisation Internationale du Travail (OIT). Notamment, la lutte contre les discriminations, la lutte contre le travail forcé et l’esclavage, la liberté syndicale, l’élimination du travail des enfants et l’octroi d’un salaire minimum vital aux employées et/ou agriculteurs. Également, les codes de conduite et le commerce équitable encouragent les employées et/ou agriculteurs à plus d’autonomie, ils soumettent l’organisation à un contrôle externe16, ils encouragent les organisations à travailler avec les parties prenantes et recherchent davantage d’équité dans le commerce international.

Quant aux différences, la principale réside dans la logique et les objectifs que soutiennent les deux outils de la consommation responsable. En effet, l’objectif du commerce équitable est de développer des organisations de producteurs marginalisés et de stimuler la prise de conscience des consommateurs. Alors que l’objectif du code de conduite est de mettre en œuvre des normes pour la main-d’œuvre. Quant aux groupes cibles, ils sont forcément différents, d’un côté cela touche les petits producteurs et de l’autre des salariés. Quant à la forme, pour le commerce équitable il s’agit d’un label par produit alors que pour les codes de conduites il s’agit d’un code par entreprise. Également, l’une des différences importantes réside dans la participation des agriculteurs/employés dans l’élaboration du partenariat, du prix de vente et dans le processus de décision. Effectivement, si d’une côte le commerce équitable oblige la participation des agriculteurs et la stimule, de l’autre côté, la participation des salariées dans le contrôle des codes de conduites et dans l’élaboration de ces derniers est très limitée, voir absente.

Malgré la convergence des deux démarches, ces dernières gardent quelques spécificités. Par exemple, le commerce équitable, va «plus loin» que les standards de l’OIT et abordent de questions économiques et de développement. Ce dernier cherche à modifier les règles du commerce international afin d’y intégrer des notions comme l’équité et la lutte contre la pauvreté. Les valeurs du commerce équitable sont centrées sur l’homme (dignité, équité, entraide, décence) alors que celles de la RSE sont des valeurs davantage liées à la «business» (efficacité, pérennité). Aussi les organisations de commerce équitable doivent obtenir 100% de leurs chiffres d’affaires à l’aide du commerce équitable. De plus, le commerce équitable aide les producteurs à accéder à l’indépendance, à passer d’une situation de vulnérabilité à une situation sûre et autosuffisante économiquement. Quant aux entreprises conventionnelles qui se munissent d’un code de conduite, ils ont été créés avec pour objectif légal de maximiser les bénéfices pour les actionnaires.

Toutefois, comme nous le rappelle Jonhson (2003) il est préférable d’envisager ces deux pratiques comme des forces complémentaires puisque les codes de conduite permettent d’instaurer des conditions plus justes de travail à long terme comme le commerce équitable.

CONCLUSION

En regardant cette comparaison on peut croire que le champ d’intervention du commerce équitable et des codes de conduite ne se seront jamais identiques et ne superposeront pas. Les deux démarches garderont leurs spécificités qui font partie des fondements même de chacune d’elle. Il est également vrai de dire que leurs différences ne font qu’amplifier leur degré de complémentarité. Mais au-delà de ce débat terminologique, l’important n’est-il pas le résultat, c'est-à-dire remettre l’homme au cœur des activités et des préoccupations des organisations. Quel que soit la voie qu l’on emprunte l’important est d’arriver à protéger l’homme et sont environnement, à lui garantir un avenir saint et décent. Plutôt que de regarder les codes de conduites et le commerce équitable comme deux démarches distinctes n’est-il pas plus pertinent de les observer comme étant un tout responsable a l’intérieur d’un ensemble plus grand appelé la socio-économie solidaire?

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ATELIER B2

Le commerce équitable et le développement durable

Nom Alice Friser

Formation maîtrise en sciences de l’environnement

Université Université du Québec à Montréal

Sous la direction de Corinne Gendron

Titre de la communication LE RÔLE DES PRODUCTEURS DE COTON ÉQUITABLE

DANS LA CRÉATION D’UNE ÉTHIQUE D’ÉCHANGE GLOBALE

Date 15 mars 2007

INTRODUCTION

Le commerce équitable (CĖ) n’est plus une utopie. Connu sur les cinq continents sous la forme de produits et services divers, il s’impose aujourd’hui comme un modèle de justice alternatif. L’un de ses principaux tenants, la relation entre producteurs et consommateurs, fait l’objet de cette communication.

Nous nous intéressons en effet à décrire la manière dont le CĖ est interprété et utilisé par les producteurs du Sud pour servir leurs objectifs et revendications politiques. Nous cherchons aussi à montrer l’hétérogénéité des voix qui construisent chaque jour la vision que nous avons du CĖ. Nous voulons ainsi évaluer comment les producteurs participent à l’instauration d’un système commercial plus juste d’un point de vue économique, social et environnemental. Pour ce faire, nous nous proposons de révéler la véritable nature des retombées du CĖ en ce qui a trait à la gouvernance des communautés de producteurs de coton équitable, et la dynamique qui les façonne dans la médiation «producteurs- CĖ». Nous procéderons en trois étapes. Nous présenterons d’abord une étude de cas réalisée en Inde, dans la coopérative de coton équitable et biologique Agrocel Pure and Fair cotton’s

growers association, en novembre 2006. Puis, nous aborderons une revue de littérature traitant du

thème de la gouvernance, des nouveaux mouvements sociaux économiques et des écrits relatifs au commerce équitable. Enfin, en guise de synthèse, nous verrons en quoi, lorsque nous nous intéressons à la position des producteurs dans la relation tant ventée par les institutions équitables,

le CĖ ne repose plus sur la relation entre le producteur et le consommateur, mais plutôt sur le croisement de normes culturelles (C. Geertz, 1983) et l’appropriation de valeurs dépendantes de facteurs endogènes propres à la coopérative concernée.

Nous soulèverons ainsi la question d’impérialisme Nord-Sud et, par conséquent, celle de la viabilité du modèle équitable, en nous appuyant sur l’approche centrée sur l’acteur introduite par A. Escobar (1995) et N. Long (1996).

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