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CADRE THÉORIQUE DE LA RECHERCHE

Région métropolitaine 3 523 744 (2005) 5 4 770 180 (2005)

DE LA ZONE DU CANAL LACHINE

1. CADRE THÉORIQUE DE LA RECHERCHE

L’émergence du local s’accompagne d’un foisonnement associatif nouveau, porteur du «foisonnement entrepreneurial» (Bridault, 1994) dans des milieux traumatisés. La densité associative et le niveau d’autonomie des dispositifs organisationnels apparaissent comme porteurs d’identité et de progrès. En effet, le contexte plus large de globalisation génère ici une différentiation et une spécialisation accrues qui construisent la spécificité et la position du local dans le global (Benko, 1999).

1.1. L’acteur intermédiaire comme un double produit de la dévolution de l’État central et de l’émergence du local

Face aux appels au désengagement radical de l’État des circuits de production, de distribution et de commercialisation, la pratique de l’intermédiation apparaît comme une forme de dévolution des décisions et des ressources centrales par le biais de la responsabilisation des acteurs locaux. Hansmann (1987) les qualifie d’organismes de partage parce qu’ils allouent aux entrepreneurs des ressources mises à leur disposition par les pouvoirs publics et les bailleurs de fonds de diverses appartenances. L’ensemble d’acteurs intermédiaires opérant sur un territoire constitue son offre locale d’intermédiation du développement, que Jacob et Ouellet, (2002) appellent «l’infrastructure socioéconomique de soutien » au développement des PME. Cela suppose la mise en œuvre d’outils d’intervention, la promotion de ceux-ci, l’octroi d’incitatifs, les services pré-investissement, d’accompagnement et de post-investissement, débouchant sur ce que Dionne, Klein et Larrivée (1986) ont appelé «espace intermédiaire», auquel nous avons fait référence ci-dessus.

L’analyse de la pratique d’intermédiation permet de subdiviser les opérateurs de ces services en trois catégories.

Les intermédiaires généralistes de proximité qui remplissent les fonctions d’animation économique1, en assurant un relais administratif, financier et de gestion entre le palier régional et le milieu local;

1 À savoir celle d’informer, de sensibiliser et de mettre les entrepreneurs ou les candidats créateurs d’entreprises soit en relation, soit en réseau

- Les intermédiaires dits professionnels prestataires de services aux entreprises2;

- Les intermédiaires spécialisés qui aident les entrepreneurs à mettre en œuvre des projets d’innovation.

Les instances gouvernementales qui mettent en œuvre des programmes les confient sous mandat de gestion à des intermédiaires locaux qui relèvent des secteurs publics, communautaires ou privés (Fontan, Klein et Tremblay, 2005).

1.2. Deux approches conceptuelles

Le thème de l’intervention publique pour le développement local est déjà suffisamment documenté. Les travaux correspondants se situent dans deux orientations, les perspectives institutionnalistes et des avantages concurrentiels.

1.2.1. La perspective institutionnaliste

Elle porte sur la construction des rapports socioéconomiques à l’intérieur des espaces locaux, et vise à comprendre le contexte institutionnel et organisationnel des territoires locaux. Les auteurs qui adoptent cette approche s’inspirent de la théorie institutionnaliste et développent des analyses régulationnistes, transactionnalistes et conventionnalistes. La finalité de cette approche est d’expliquer le comportement des agents d’un système économique à partir des institutions, comprises comme un ensemble de règles durables, stables, abstraites et impersonnelles, cristallisées dans des lois, des traditions ou des coutumes, et encastrées dans des dispositifs qui implantent et mettent en œuvre, par le consentement et/ou la contrainte, des modes d’organisation des transactions (Lambooy et Moulaert, 1996). Les institutionnalistes mettent l’accent sur la coordination des actions dans les contextes d’hétérogénéité et de complexité (Ménard, 2003: 4). Ainsi, à la différence des règles taillées sur mesure au gré des individus auxquelles elles s’appliquent, les dispositions institutionnelles revêtent un caractère normatif et n’admettent qu’un ensemble limité d’options acceptables dans une société à un moment donné (North, 1986). Les organisations, par contre, sont considérées à la fois comme les principaux agents économiques et les moyens mis en œuvre par les individus pour palier leurs limites (Brousseau, 1999).

En raison des bouleversements des dernières années sur la scène économique, il s’est développé, à la suite des travaux de Williamson et de North, un courant dit néo-institutionnaliste, qui se fonde sur les coûts de transaction et les droits de propriété. Pour Williamson (1975), les institutions ont comme principale fonction celle de réduire les coûts de transaction. Nuançant la perspective de Williamson, North (1990) pense que les institutions réduisent les incertitudes et les comportements opportunistes des agents du marché.

Dans cette perspective, des travaux tels ceux de Salais et Storper (1993) et de Billette et Carrier (1993) utilisent la notion de convention pour poser un nouveau regard sur le développement économique en milieu régional, mettant l’accent sur les convergences ou les divergences qui naissent entre acteurs. Ces travaux insistent sur l’adhésion à la convention, à une sorte de «common knowlegde».

1.2.2. La perspective des avantages concurrentiels

Elle porte sur les interrelations entre les territoires locaux en matière de production et de marché et concerne les relations productives impliquant les entreprises et les territoires. Cette approche constitue une vision actualisée de la théorie classique des avantages comparatifs, laquelle explique le succès d’une entreprise dans un territoire par l’usage intensif des facteurs de production dont est pourvu ce territoire (Harrisson, 1994), et par les avantages que cela procure dans les échanges avec des entreprises d’autres territoires.

S’inspirant des travaux de Schumpeter3 (1983) sur le processus de «destruction créative» provoquée par l’innovation, Porter (1990 et 1995) propose une vision de la concurrence interterritoriale axée sur l’ancrage local des entreprises et la dynamique due à cette concurrence.

Dans ce contexte, les facteurs les plus compétitifs ne sont plus les facteurs basiques hérités ou produits à moindre coût, mais plutôt les facteurs avancés, produits au moyen d’investissements financiers importants, comme les infrastructures de communication, la main-d’œuvre qualifiée et les centres de haut savoir (Kresl, 2003; Grossetti, 2003), permettant à un territoire autrefois répulsif de se créer des effets cumulatifs au cours de sa trajectoire et devenir attractif.

Nous nous servons ainsi de ces deux approches pour étudier l’effet structurant sur le milieu du processus d’intermédiation, lequel vise à établir des liens entre l’État et les entreprises, d’une part, et entre les entreprises et les autres acteurs locaux, d’autre part.

Ceci nous conduit à réaliser une synthèse de tous ces points de vue en regroupant les actions de soutien des entreprises en trois catégories:

- Des actions de réduction des coûts de réalisation des projets. Cette première catégorie d’actions

d’appui au développement de l’entrepreneuriat met l’accent sur les avantages directs ou indirects qui se traduisent par la réduction du coût d’implantation des entreprises.

- Des actions qui facilitent l’accès aux marchés internes et externes. Cette seconde catégorie

d’actions vise à favoriser l’accès au marché des PME, c’est-à-dire la participation à des réseaux d’échange de produits et services.

- Des actions qui favorisent le réseautage et qui mettent en relation l’entreprise et des partenaires

divers afin de mettre en œuvre des processus innovateurs.

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