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Région métropolitaine 3 523 744 (2005) 5 4 770 180 (2005)

5 1969-2002: RÉGULATION ÉTATIQUE ET INSTITUTIONNALISATION D’UN NOUVEL ACTEUR

3. LE CAUTIONNEMENT MUTUEL

La caution solidaire est née de l’idée de trouver des formes de garanties alternatives pour les individus et les ménages pauvres. Dans les systèmes de caution solidaire inspirés par l’expérience de « Grameen Bank », l’octroi de crédit ne nécessite pas une épargne préalable. Le financement du système provient de l’extérieur. Les prêts sont attribués à des individus appartenant à des groupes de personnes, issus généralement d’un même espace géographique ou ayant un même statut socio- économique et qui se cooptent librement entre eux. Le groupe est solidaire dans le remboursement. La caution solidaire joue à la fois un rôle de solidarité par l’entraide entre les membres et de pression sociale lorsque le non remboursement d’un membre bloque l’attribution de nouveaux prêts au reste du groupe.

Ce système continue d’inspirer la microfinance à différents niveaux. Le FCM constitue une formule de crédit tout à fait originale mis en place par le PAME. Il repose sur la garantie solidaire et mutuelle des promoteurs, des apports personnels réduits, des taux d’intérêt modérés et la participation à une société d’assurance pour de garantir le risque de non-paiement du débiteur en cas d’insolvabilité. La gestion du risque de crédit est ainsi doublement assurée. Aussi, le choix des personnes n’est plus seulement affinitaires mais supposent une convergence dans l’activité.

Le FCM présente au moins trois avantages. D’abord, l’accès au financement est facilité par la caution solidaire. Ensuite la sécurisation du prêt est garantie grâce à la solidarité et aux valeurs sociales locales qui sont parfois plus efficaces lorsqu’elles sont personnalisées. En effet malgré les principes de solidarité, les responsabilités individuelles demeurent importantes; chacun, à l’intérieur du groupe, défend son nom et son honneur. Enfin la constitution en groupe renforce le taux de pénétration de la structure. La solidarité positive du cautionnement mutuel permet dès lors de redynamiser les entreprises par le partage des risques et responsabilités.

Par ailleurs, la caution solidaire peut aller jusqu’à prendre les formes d’une association de cautionnement mutuel avec l’aide technique. La formule du FCM a donné lieu à la constitution de groupements d’affaires (GA). Il s’agit de personnes appartenant aux mêmes corps de métier ou exerçant des activités complémentaires et évoluant dans une même zone géographique. Le PAME travaille dans ce guichet en partenariat avec le projet d’appui aux petites entreprises sénégalaises (PAPES/ONUDI)20 qui procède à la constitution des groupements, à leur formation et à l’identification de leurs besoins financiers. Il revient alors au PAME de faire le montage du projet et de procéder à son financement. A la différence du FCM, le GA bénéficie d’un accompagnement en amont et en aval du crédit. Il constitue une réponse à l’instrumentalisation dont la caution solidaire peut faire l’objet. Il arrive en effet que les techniciens des IMF ne prennent pas le temps d’expliquer et de vérifier les fondements de la caution solidaire. Aussi, ils peuvent voir à travers le groupe constitué un simple moyen de réaliser une économie d’échelle et interagir seulement avec le président plutôt qu’avec chaque membre21

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Les GA laissent profiler une approche par filière intégrée qui intéresse de plus en plus les structures bancaires classiques. L’expertise technique ou professionnelle commune constitue un élément important à la différence des formules originelles de caution solidaire. Elle permet la mise en place de nouvelles formes de coopératives qui demandent une gestion professionnelle tout en respectant les logiques économiques et sociales. Ainsi, le groupe de caution dans les corps de métiers est en train de se peaufiner en association de cautionnement mutuel. La pertinence de ce nouveau type d’organisation est observable à trois niveaux: D’abord, le cautionnement mutuel constitue une réponse à la garantie demandée par les IMF pour accéder à des prêts beaucoup plus consistants. Ensuite, l’association de cautionnement mutuel, par sa capacité de résoudre les contraintes liées à la garantie et de minimiser le risque de crédit, se pose comme un interlocuteur tout à fait légitime pour les banques commerciales. Enfin, la nouvelle forme de coopération qu’elle permet fait que des structures comme PAMECAS sont en train de reconsidérer le financement d’activités telles que le maraîchage et l’agriculture, classées jadis comme des activités «à risque».

20 Le PAPES, comme d’autres partenaires, procède à un accompagnement en amont et en aval du crédit.

21 Dans les assises de Dakar les participants aux ateliers Cérise ont insisté sur le fait de faire une réplication mécanique de la caution solidaire sans aucuneinnovation. L’information, la formation et la vérification des principes fondamentaux, d’une saine caution solidaire font souvent défaut.

CONCLUSION

Au-delà de l’accès et du dénouement du crédit, le cautionnement mutuel a des effets structurants favorisés par les nouvelles formes d’association basée sur la filière, la complémentarité des activités, la zone d’exercice de l’activité22 et le type d’accompagnement offert par les structures d’appui. Il permet non seulement de réaliser un coût individuel beaucoup plus bas des services d’appui (formation, conseil) mais surtout de rompre d’avec les conditions préalables d’isolement de l’activité, de dépasser les réflexions de méfiance et de construire son capital social de confiance et de relation. L’accompagnement qu’il permet cherche à développer progressivement chez le promoteur une vision plus large sur le contexte de son activité et à renforcer par delà son sentiment d’insertion dans un tissu socioéconomique collectif. En définitive, la finalité de cet accompagnement est d’aider l’entrepreneur à mettre en œuvre de nouvelles combinaisons dans le processus de production en lieu et place du mimétisme et du niveau bas de prise de risque économique qui caractérisent l’entrepreneur sénégalais. Le cautionnement mutuel est une des formes d’intermédiations sociales auxquelles IMF et populations font recours. Les apprentissages qualifiants, individuels et collectifs constituent une autre forme d’intermédiation avec autant d’effets structurants à la fois sur les activités des populations et sur celles des IMF.

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ATELIER C2

Le rôle du financement et des nouvelles organisations sociales dans l’essor de l’innovation sociale sur le plan territorial

Nom Christine Champagne

Formation maîtrise en géographie

Université Université du Québec à Montréal

Sous la direction de Juan-Luis Klein

Titre de la communication APPROCHE ÉCOVILLAGEOISE ET MODE D’HABITER:

LE CAS DE SAINT-CAMILLE AU QUÉBEC

Date 15 mars 2007

INTRODUCTION

La communication présentée portera sur les nouvelles façons d’habiter inspirées de l’approche de développement écovillageois. Celle-ci répond à la déstructuration socio-environnementale des sociétés rurales, lesquelles sont traversées par une crise à la fois territoriale, écologique, sociale, démographique et politique. Ainsi, que ce soit à travers la pensée écologiste et son désir d’harmonisation des rapports Homme/Nature, à travers une néo-ruralité qui invite à un renouveau des rapports Territoire/Culture ou encore à travers la montée du local qui propose une nouvelle logique Espace/Société, l’approche écovillageoise s’inscrit dans un besoin de refaire du sens, de recréer du lien social dans des milieux déstructurés.

La société civile s’est mise en œuvre pour expérimenter de nouvelles façons d’habiter le territoire. Le village de Saint-Camille dans la MRC d’Asbestos fait partie de ces communautés innovantes. Il est un exemple de redynamisation rurale et locale. L’assise de son développement repose sur une réinvention des solidarités communautaires et de l’éthique environnementale. Parallèlement, pour répondre à la déstructuration en cours, un mouvement proposant un vivre autrement basé sur une harmonisation des rapports à la terre et à l’autre a pris son envol: les écovillages. Il s’agit d’individus regroupés en communautés intentionnelles qui se territorialisent à travers un projet écologique et communautaire. Nous voyons se profiler des affinités entre les deux cas et c’est par une analyse de Saint-Camille à partir du prisme du développement écovillageois que nous entendons dévoiler les potentiels et limites d’une telle vision lorsqu’elle se heurte aux pesanteurs territoriales.

En premier lieu, nous mettrons en lumière le concept d’habiter qui est à la base de notre réflexion sur la néoruralité. En deuxième lieu, nous identifierons les principaux éléments de l’approche écovillageoise en rappelant certains concepts fondamentaux et en faisant référence à la praxis en cours dans différents types d’écovillages. En troisième lieu, nous présenterons le cas de Saint-Camille qui s’inspire de cette approche et qui l’adapte aux contraintes du réel. Pour finalement mettre en lumière d’autres récupérations possibles.

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