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L’engagement actionnarial

L’engagement actionnarial est une forme atténuée d’activisme actionnariale, qui vise à faire évoluer les pratiques et comportements des entreprises vers plus de responsabilités au travers

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Le GRI distingue dans le secteur bancaire et financier les métiers de retails, investment et asset management et demande pour ce dernier d’effectuer un bilan de la politique de gestion des actifs (AM 1), des actifs sous gestion à fort bénéfice social (AM 2) et de l’acitivté des actionnaires orienté ISR (AM 3).

170 Initiative, crée en 1997 par la Coalition for Environementally Responsible Economies (CERES) et du Programme des Nations-Unies pour l’Environnement (PNUE), produit des lignes directrices pour l’élaboration des rapports annuels de développement durable.

d’échanges et de dialogues constants. Bien qu’il utilise les mêmes leviers que l’activisme actionnarial, l’engagement actionnarial est beaucoup moins agressif que celui-ci et se construit bien en amont de l’assemblée générale par la création d’un dialogue et d’échanges avec les dirigeants de l’entreprise. L’engagement actionnarial ne vise pas à s’opposer à l’entreprise en cherchant à modifier ou changer la stratégie de l’entreprise, mais plutôt à influencer son orientation stratégique et l’inciter à mieux prendre en compte les enjeux ESG. De plus, contrairement à l’activisme actionnarial qui vise une prise de participation pour exprimer ses revendications, l’engagement actionnarial s’appuie sur les actionnaires pour nouer des échanges avec le conseil d’administration et influencer l’orientation stratégique de l’entreprise. L’engagement actionnarial prend ainsi différentes formes avec d’une part l’exercice du droit de vote de l’actionnaire en assemblée générale dont le vote des résolutions proposées par l’entreprise et le dépôt de résolutions et d’autre part la construction d’échanges réguliers au travers de rencontres avec les directions et les membres du conseil d’administration.

L’engagement actionnarial est une démarche active de la part des investisseurs socialement responsable qui vise à influencer et faire progresser l’entreprise sur les trois piliers du développement durable. Contrairement à l’activisme actionnarial, elle repose sur une démarche partenariale propice à la construction d’un dialogue. Cette forme d’activisme pousse vers un changement progressif des pratiques de l’entreprise par la création de relations plus étroites entre actionnaires et dirigeants, afin que ces derniers prennent mieux en compte les attentes de leurs parties prenantes dans leur stratégie à long terme. L’inconvénient de cette démarche est qu’elle repose sur la bonne volonté des entreprises et que seul un nombre significatif d’investisseurs socialement responsables peut contraindre les plus réticentes d’entre elles à entreprendre un dialogue actionnarial.

En pratique, l’investissement socialement responsable repose sur différentes approches qui tendent à se conjuguer selon les objectifs et la finalité attendue par les investisseurs. Les approches exclusives confèrent une éthique plus soutenue que les approches sélectives qui participent beaucoup plus à un processus normatif. De même, l’arbitrage entre le rendement et le niveau de risque conditionnera l’approche adoptée par le gestionnaire de fonds ISR. Ainsi, la majorité des gestionnaires de fonds en France comme à l’étranger éliminent certains secteurs d’activités, sélectionnent les entreprises qui réalisent les meilleures performances

sociales et environnementales et développent une politique active de dialogues avec les entreprises. Malgré cette juxtaposition des approches, les investissements socialement responsables peuvent être regroupés en deux grandes tendances majeures.

1.1.3. Principes actifs et passifs de l’investissement socialement responsable

Les investissements socialement responsables se révèlent plus ou moins actifs selon les différentes approches employées. Les différentes approches ou modes de gestions peuvent relever d’une gestion passive et indicielle ou à contrario, être proactives en contribuant activement à l’amélioration du bien-être, au respect et à la protection de l’environnement.

L’ISR actif

L’investissement socialement responsable actif est issu des premières formes d’actions financières qui visaient à défendre des principes éthiques ou des valeurs sociétales. Il est l’expression d’une volonté sociale d’intervenir sur l’économie et les marchés financiers. Avec les fonds d’origines éthiques et religieuses, l’ISR actif est la forme la plus ancienne d’investissement socialement responsable. Dans ce type d’investissement, les convictions morales et de nature éthique président aux choix d’investissements. Par la suite, l’ISR s’est progressivement ouvert à des considérations sociales et environnementales plus normatives dans les choix d’investissements. Ainsi, l’ISR actif est devenu l’expression d’un choix social dans lequel les investisseurs socialement responsables expriment le choix de société dans laquelle ils souhaitent vivre. Les premiers fonds ISR actifs exprimaient une volonté de conformité de la société avec les valeurs universelles du bien et du mal des textes religieux. Aujourd’hui, les fonds ISR actifs défendent un choix de société en cohérence avec les principes du développement durable, c’est-à-dire, socialement équitable, économiquement viable, environnementalement vivable. Les valeurs ou secteurs ne répondant pas à ces enjeux sont exclus des choix d’investissements.

De même, les valeurs qui ne participent pas à l’atteinte de ce choix social ne sont pas prises en compte, ni sélectionnées par les investisseurs socialement responsables. L’ISR actif se révèle dogmatique et pousse à des standards répondant à la norme sociale dans laquelle ils se situent. Cette norme peut évoluer d’une société à une autre, chaque société mettant en avant les valeurs et normes qui lui semblent les plus importantes. Dans l’ISR actif, les attentes et

valeurs des clients, épargnants ou investisseurs socialement responsables prédominent à la performance financière. La recherche de justice sociale, de préservation de la nature et autres constitue la finalité des investissements socialement responsables actifs. Par conséquent, toutes les approches qui visent à atteindre cet objectif et choix social entrent dans le champ de l’ISR actif.

L’ISR passif

L’ISR passif repose sur une gestion passive des investissements socialement responsables qui recherchent à atteindre une performance financière sous contrainte environnementale, sociale et de gouvernance (ESG). La gestion passive ou indicielle consiste à investir à partir d’un indice de référence. Dans le cas de l’ISR, ces indices sont réalisés par des agences de notations extra-financières qui présélectionnent les meilleures valeurs d’un point de vue ESG à partir d’un indice de marchés pour créer un nouvel indice responsable. Le FTSE4Good et le Dow Jones Sustainability Index sont deux indices responsables réalisés à partir des meilleures valeurs ESG des indices FTSE et Dow Jones. Ces indices responsables constituent des « benchmarks » ou valeurs de références pour les gestionnaires de fonds responsables. Ils arbitrent et gèrent ainsi leurs portefeuilles de titres à partir de cette base de valeurs ESG présélectionnées pour en tirer la meilleure performance financière.

Si la recherche de performance financière prédomine dans l’ISR passif, elle ne doit pas être à n’importe quel prix pour l’investisseur responsable. Ainsi, des filtres ou critères ESG sont appliqués aux côtés d’autres critères extra-financiers pour sélectionner les valeurs le plus performantes d’un point de vue environnemental, social et de gouvernance. Ces critères ESG ou filtres permettent également d’évaluer les risques ESG auxquels s’exposent les entreprises par leur secteur d’activité. Parmi ces risques, on retrouve principalement la pollution, les conflits sociaux ou d’accident, et la corruption. Par conséquent, le processus de sélection normatif permet de réduire ces risques par la mise en place de procédures, standards, normes ou certifications. Les labels et référentiels permettent ainsi aux entreprises d’apporter des gages de légitimité et de sérieux par la certification de leur processus de production, conception et de distribution. L’ISR passif se caractérise par une recherche de performance financière et une maîtrise des risques ESG. Cette analyse par le rendement-risque, élargie aux domaines environnementaux, sociaux et de gouvernances, rapproche l’ISR passif de l’analyse financière traditionnelle.