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Définition du développement durable

Les conférences internationales ont donc largement façonné le concept de développement durable. Du concept initial de décroissance porté par les travaux du Club de Rome, le concept de durabilité du développement aura progressivement évolué, s’imprégnant d’éthique et de responsabilité avec Hans Jonas (1999), pour devenir un facteur de développement pour les pays émergents. Si l’on retrouve pour la première fois la notion de « développement durable »47 dans le rapport intitulé La stratégie mondiale pour la conservation : la

conservation des ressources pour le développement durable48 publié en 1980 par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN)49, ce n’est qu’en 1987, avec la Commission mondiale sur l’environnement et le développement organisé par l’Organisation des Nations Unies, que le développement durable acquerra sa définition la plus connue. Le rapport de Brundtland, du nom de Gro Harlem Brundtland, la Ministre d’État du Royaume de Norvège qui présida la Commission mondiale sur l’environnement et le développement, en donnera la définition suivante :

47 Sustainable development

48 IUCN, World conservation strategy: living resource conservation for sustainable development, IUCN, UNEP, WWF, FAO, Unesco, 1980, 77 pages - http://data.iucn.org/dbtw-wpd/edocs/WCS-004.pdf

« Le développement durable est un mode de développement qui répond aux besoins des

générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. »50

La définition du développement durable donné par le rapport de Brundtland s’est largement inspirée des cultures amérindienne, orientale et africaine. En effet, les principes d’une économie respectueuse, d’une société harmonieuse et d’un environnement préservé se retrouvent dans de nombreuses cultures et philosophies religieuses, à l’image de cette citation « nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants » attribuée à Antoine de Saint-Exupéry, reprise par Léopold Sédar Senghor et dont le principe se retrouve également chez les Amérindien51. Cette définition confère également au développement une dimension intergénérationnelle que l’on retrouve dans l’œuvre de Hans Jonas (1999) avec Le

principe de responsabilité52 et les impacts des progrès technologiques sur l’humanité et les générations futures. La définition du développement durable donné par le rapport de Brundtland étend cette dimension intergénérationnelle à l’ensemble des activités humaines. En effet, elle incite sur la soutenabilité des modes de développement afin de répondre aux besoins de chacune des différentes générations, et de concilier les aspects économiques, sociaux et environnementaux des activités humaines pour former ce que l’on appelle communément les trois piliers du développement durable.

50 Brunthland G. (1987), Notre avenir à tous, Chapitre 2 Vers un développement durable, Introduction.

51 Citation « La Terre n'est pas un don de nos parents. Ce sont nos enfants qui nous la prêtent »

Schéma 6 – Les trois piliers du développement durable

Source : Notre représentation

Ces trois dimensions du développement durable qui entrent en interaction les unes entres elles, constituent une base de réflexion à toutes initiatives ou démarches responsables, qu’elles soient menées par des États, des collectivités territoriales, des entreprises ou des individus. L’interaction entre ces trois piliers vise à mettre en place des relations équitables (interaction entre économique et social), une gestion viable des ressources naturelles (interaction entre économique et environnemental) et un système social vivable (interaction entre social et environnemental) pour former au croisement de ces différentes interactions ce que l’on qualifie de « développement durable ».

De manière plus concrète, le pilier économique cherche à développer une croissance respectueuse de l’homme et de la nature au travers de la mise en place de modes de production et de consommation durable, et par l’optimisation du système économique. La création de richesse équitable repose ainsi sur une utilisation raisonnée des ressources naturelles et des milieux naturels, et une évolution plus éthique et équitable du commerce international. Pour cela, l’économique doit mieux prendre en compte l’intégration des coûts environnementaux et sociaux dans le prix des biens et des services. Le pilier social cherche quant à lui à répondre à des objectifs d’équité sociale et la satisfaction les besoins humains essentiels comme la santé, la sécurité, le logement, l’éducation, etc. L’équité sociale prend forme au travers de politiques publiques de lutte contre l’exclusion et la pauvreté, de réduction des inégalités ou de respect des cultures. Enfin, le pilier environnemental du développement durable cherche à préserver l’environnement et les ressources naturelles à

Économique Social Environnemental Viable Vivable Équitable Durable

long terme. Il repose ainsi sur la préservation et la mise en place d’une gestion durable des ressources naturelles destinées à réduire l’impact des activités humaines sur l’environnement. Il vise également à réduire et les risques environnementaux par le maintien des grands équilibres écologiques comme le climat et la biodiversité.

En catégorisant le développement durable en trois piliers, le rapport de Brundtland a permis aux différentes initiatives de développement durable de bénéficier d’une méthodologie unique, capable de s’adapter aussi bien aux institutionnels – États, régions, département et collectivités territoriales – qu’aux entreprises ou autres organisations. Ces principes de développement durable se sont ainsi déclinés au sein de l’entreprise avec la responsabilité sociétale d’entreprise (RSE) et à la finance avec l’investissement socialement responsable (ISR).

2.1.2. Intégration économique du développement durable

Lors des différentes conférences internationales, les États se sont régulièrement engagés à mettre en œuvre des politiques de préservation de l’environnement et de justice sociale. Ces déclarations d’intention ont ainsi participé à l’institutionnalisation du développement durable et à son intégration dans les politiques publiques par un Agenda 21, mais également au sein de l’entreprise.

L’Agenda 21

Lors de la conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (CNUED) de 1992 à Rio de Janeiro, les chefs d’État présents ont adopté 27 principes53 destinés à mettre en œuvre un plan d’action pour le XXIe siècle54 au niveau des territoires. Articulé autour de 40 chapitres, l’Agenda 21 regroupe près de 2.500 recommandations concernant l’intégration des principes de la déclaration de Rio dans les politiques publiques. Selon le chapitre 28 de l’Agenda 21 (Annexe IV — Table des matières Action 21), les collectivités territoriales

53Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement - http://www.un.org/french/events/rio92/rio-fp.htm

« jouent, au niveau administratif le plus proche de la population, un rôle essentiel dans l’éducation, la mobilisation et la prise en compte des vues du public en faveur d’un développement durable »55. Les collectivités territoriales sont ainsi appelées à mettre en place un Agenda 21 à leur échelle selon la formule de René Dubos « agir local, penser global »56. Ces plans d’action pour le XXIe siècle locaux57 visent à transposer les principes du développement durable au niveau d’un territoire pour améliorer la qualité de vie des habitants, la gestion des ressources naturelles et l’attractivité du territoire. Pour atteindre ces objectifs, l’Agenda 21 local doit respecter les principes de consultations publiques en menant une concertation avec tous ses acteurs concernés : élus et personnels, habitants, associations, entreprises, structures déconcentrées de l’État, réseaux de l’éducation et de la recherche... L’Agenda 21 local se décompose en 4 étapes :

1. Élaboration d’un diagnostic préalable, donnant une bonne connaissance du territoire sur le plan économique, social, environnemental et organisationnel,

2. Définition d’une stratégie décrivant les objectifs à court, moyen et long terme, les méthodes et les moyens d’actions proposés, les acteurs et les partenaires impliqués ainsi que les critères d’évaluation,

3. Mise en œuvre d’un programme d’actions transversales, concrètes et démonstratives,

4. Évaluation systématique et permanente des politiques menées et des actions engagées, dans une logique d’amélioration continue.

En France, le Comité français pour l’environnement et le développement durable ou Comité 21, crée en 1995, est chargé de faire vivre l’Agenda 21 et d’intégrer le développement durable sur le territoire français autour de trois programmes :

• Accompagner l’éducation au développement durable ;

55 http://www.un.org/french/ga/special/sids/agenda21/action28.htm

56 Formule attribué à René Dubos (1901-1982) agronome, biologiste et écologue français émigré aux Etats-Unis qui a participé aux travaux préparatoires du premier Sommet de la Terre à Stockholm en 1972

• Ancrer le développement durable dans les territoires ;

• Promouvoir un développement économique responsable et un tourisme durable.

Il regroupe ainsi plus de 470 membres58, composé d’entreprises, de collectivités, d’associations, d’institutions et d’établissements d’enseignement. Le comité 21 vise à favoriser la création d’échanges et de partenariats entre ses adhérents dans tous les domaines et secteurs d’activités.

La mise en œuvre de la déclaration de Rio et l’intégration de l’Agenda 21 dans les territoires ont fait émerger d’autres structures actives dans la promotion du développement durable, comme l’Association 4D (Dossiers et débats pour le développement durable), l’association ETD (Entreprises territoires développement), et le réseau des agences régionales de l’environnement (RARE). Toutes ces structures, réunies au sein de l’Observatoire national des agendas 21 locaux, sont soutenues par le Ministère du Développement durable et l’Association des Maires de France dont les communes sont également engagées dans d’autres réseaux de villes comme la Cités et gouvernements locaux unis (United Cities and

Local Governments)59 ou l’International Council for Local Environmental Initiative.

La conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement de Rio de Janeiro a ainsi participé à l’intégration du développement durable dans les territoires, qui a eu également pour impact d’institutionnaliser celui-ci. Ainsi, au travers des Agendas 21 locaux, le développement durable a progressivement été intégré dans les politiques publiques. Ce processus d’institutionnalisation du développement durable dans les politiques publiques aura également eu un impact sur le secteur privé, en sensibilisant les entreprises à leurs responsabilités sociales et environnementales.