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PREMIÈRE PARTIE

1.3. A CTEURS POLITIQUES , INTERMEDIAIRES ET AUDITEURS DES SCENES LOCALES

1.3.3. L ES MEDIATIONS AUTONOMES DES SCENES LOCALES

1.3.3.1. L ES DISQUAIRES ET LABELS INDEPENDANTS

« Les labels indépendants ne cherchent pas à créer des artistes mais à trouver des artistes » Extrait du documentaire « Our Vinyl Weighs A Ton : This is Stones Throw Records »309 Des labels indépendants ou micro-labels se développent sur les scènes locales310, ces derniers peuvent organiser la production, l’édition et la distribution des créations musicales. De même, des disquaires indépendants311 existent sur les scènes locales312, le « retour » du vinyle aidant plus ou moins ces commerces de proximité. Les disquaires indépendants sont aussi légèrement favorisés par le fait que les grandes enseignes de distribution telles que la Fnac ne proposent plus de disquaires-conseil aux auditeurs de musique. Cependant ils ont souvent des économies très fragiles.

Les disquaires lillois rencontrés déclarent en discussions informelles toucher l’équivalent d’un Smic pour 60 heures de travail par semaine. Aussi ils précisent que les ventes de vinyles en ligne, en augmentation compte tenu de l’« effet mode » du vinyle depuis quelques années, pourraient faire flancher leur économie déjà fragile. Cependant, ils mettent en avant la dimension « conseil » de leur travail à laquelle ils sont attachés, et que semblent venir chercher leurs clients.

De la sorte ces disquaires déclarent ne pas considérer les supports de la musique uniquement comme des produits, bien qu’il existe évidemment un acte de vente, et disent envisager plus volontiers les supports physiques comme ayant une valeur bien au-delà de leur valeur marchande. Les productions musicales distribuées par les disquaires relèvent de la création et

309 Documentaire musical, « Our Vinyl Weighs A Ton : This is Stones Throw Records », réalisé par Jeff Broadway,

2014, 94 min.

310 Dans la métropole lilloise on retrouve Noize Maker Records / Uproar For Veneration / Alpage Records / Pilotti /

Laybell / Ah Bon ! Productions / Play it loudly Records / Pourquoi faire simple Records / La fille de l’air / La Cabine / Hanout /Dirty Punk… Il existe en outre une fédération nationale de labels indépendants nommée la Félin (Fédération nationale des Labels Indépendants).

311 Un « label » ministériel nommé Comptoir Culturel visant à identifier les commerces culturels indépendants de

proximité (de musique et de vidéo) a été créé en 2009. Il vise à préserver les réseaux de distribution indépendants. Initié par le Calif (Club Action des Labels Indépendants Français) il reçoit le soutien du Ministère de la Culture. Ce label permet d’assurer une visibilité pour les consommateurs, et en outre permet aux disquaires d’obtenir une aide financière pour assurer les frais de location du local.

312 A Lille on notera la présence de ces disquaires : Besides Records, Minor place records (fermé en 2013), Funny

acquièrent, dans les représentations des médiateurs et usagers, un statut particulier tenant aux sens qu’elles peuvent véhiculer. A ce titre, les disquaires et labels indépendants en tant que distributeurs et promoteurs des scènes locales, déclarent préférer prendre des risques économiques pour faire valoir les musiques auxquelles ils croient et pour lesquelles ils imaginent pouvoir partager leur intérêt avec d’auditeurs impliqués dans l’écoute. Les disquaires indépendants revendiquent le fait de proposer des « sons de qualité ». Cette dimension qualitative des productions musicales est récurrente dans les discours des acteurs des scènes locales : la « qualité » apparaît comme critère à la fois subjectif et « indispensable » pour travailler à ce commerce distinctif. Les intermédiaires autonomes prônent la « diversité » ou l’« émergence » et renient la musique qualifiée de « facile » désignant de façon générale les productions de l’industrie musicale de masse. A l’instar de la notion de « qualité », celle de « sincérité » artistique est très ancrée dans les discours et représentations sociales des acteurs des scènes locales. Et ce, aussi bien chez les disquaires et labels indépendants qui mettent en avant la « sincérité » des groupes et musiques qu’ils défendent ; que chez les musiciens comme le relate Lise (entretien du 28 avril 2011, 27 ans, composition/chant lead/clavier/guitare/batterie, intermittente du spectacle/cours de clavier) :

« Je ferai jamais de concession sur l'essence, enfin sur la sincérité de ce que je fais. Après ça peut toujours être le risque, parce que si tu marches un peu (au sens de réussite) t'as envie que ça continue donc tu fais de plus en plus de concessions, après tu te perds quoi... […] Faut la jouer finement en profitant de ce système institutionnalisé, tout en imposant ta liberté. Et je pense d'ailleurs que c'est uniquement comme ça que tu peux vraiment réussir. Parce que si tu te fourvoies trop pour plaire aux institutions ou aux gens, tu perds ta liberté et puis ta sincérité. Et les gens le sentent. Enfin je crois vraiment en ça. »

Cette conviction profondément ancrée en la nécessaire sincérité du propos artistique, que l’on retrouve chez les musiciens comme chez les disquaires indépendants des scènes locales, fait écho à la notion d’authenticité mise en exergue par la sociologue Nathalie Heinich. Dans les représentations sociales, la sincérité est une des valeurs qui permettrait en effet d’attester de l’authenticité des productions artistiques comme des artistes eux-mêmes, aux côtés de l’humilité, du désintéressement, de l’originalité, de l’inspiration ou encore de l’intériorité313. Pour Nathalie Heinich la singularité (cf. régime de singularité issu du mouvement romantique apparu au 19ème

313 HEINICH Nathalie, « L’art contemporain exposé aux rejets : contribution à une sociologie des valeurs », Hermès,

siècle314) doit se soumettre à l’épreuve d’authenticité (de sincérité) pour révéler l’intention de l’artiste. On comprend combien l’apparition du régime de singularité il y a un siècle, diffuse des valeurs d’authenticité et de sincérité encore largement partagées par les différents acteurs des scènes musicales.

Une autre caractéristique des médiations autonomes des scènes locales, tient en l’apparition de formes de coopérations et de mutualisation de moyens entre acteurs315, notamment favorisés par le contexte économique tendu des dernières années. Ces processus de mutualisation visent à faire valoir un rapport spécifique à la musique « authentique » (« indépendante », « diversifiée », issue de « niches artistiques »), mais aussi à l’économie que certains acteurs souhaitent « à dimension humaine »316. Les rapports entretenus par les disquaires avec leurs clients réguliers se « construisent sur le long terme » et sont empreints de « confiance »). Ainsi les nombreuses productions musicales des scènes locales, qui ne disposent pas de mise en visibilité majeure dans un contexte globalisé, peuvent être favorisées au travers des mutualisations et coopérations croissantes entre tous les acteurs. Et en un sens, les mutualisations entre acteurs intermédiaires font écho aux pratiques coopératives des musiciens participant à de nombreux projets de groupes (polyvalence artistique).

314 Cf. 1.2.2.1. Pluriactivité sociale.

315 Comme entre autres les « Développeurs d’artistes » ou les actions du Calif (Club Action des Labels Indépendants

Français) et de la Felin (Fédération nationale des Labels Indépendants).

316 Comme en atteste cet extrait du communiqué à l’issu du séminaire des développeurs d’artistes :

« Développeurs d’artistes : des artisans indispensables ! Dans les musiques actuelles, les petits producteurs aussi font les grands artistes. La diversité culturelle, en France, repose sur une multitude d’initiatives artisanales qui portent le développement économique des projets artistiques. […] Faisant le lien entre l’artiste et son environnement, ils assument un rôle de chef d’orchestre d’une entreprise artisanale moderne, éclatée à travers de larges réseaux de partenaires. Malgré la dimension artisanale de leurs entreprises et une économie en partie non- monétaire, ils assurent, au sein de la filière musicale, une fonction essentielle au développement économique, culturel et artistique des territoires. ».

Nous pouvons faire l’hypothèse que la coopérativité transcende les frontières des différents types d’activités liés à la musique sur les scènes locales, celles des intermédiaires comme des musiciens. Il existerait ainsi un continuum entre les représentations sociales des musiciens et des intermédiaires autonomes des scènes locales, se basant sur un rapport spécifique à la musique fait d’attentes communes quant à la nécessaire sincérité des propos portés, l’intérêt pour la valeur d’usage primant sur la valeur marchande des supports échangés et une distinction face à l majorité des productions musicales des majors considérées comme inauthentiques.

1.3.3.2.LES FANZINES & WEBZINES : AUTOPRODUCTION ET ENONCIATION

Les fanzines317 et aujourd’hui les webzines font office de caisses de résonnance de l’effervescence créative des scènes locales. Un fanzine désigne un petit magazine d’information imprimé et à diffusion limitée de quelques centaines à quelques milliers d’exemplaires, élaboré par des passionnés de musique, de bande dessinée, de cinéma…, alliant illustrations visuelles et explorations du verbe. Utilisant l'image et l'écrit, les fanzines sont des expressions contre-

culturelles symbolisant des appropriations de l'espace public d’énonciation. Les webzines

désignent des fanzines diffusés en ligne généralement non imprimés, quoique certains webzines sont les pendants numériques d’une édition papier. Avec l’arrivée du numérique, ces expressions appropriatives ont retrouvé un nouveau souffle, en effet il est beaucoup plus aisé d’éditer un webzine entièrement créé sur Internet avec des outils simples et accessibles gratuitement318.

317 Fanzine est une contraction de fanatic magazine.

318 Ces résurgences de magazines se donnent à voir au niveau national avec par exemple la revue Gonzaï éditée au

format papier depuis fin 2012 http://gonzai.com/. Le média a lancé son label en 2014 intitulé Gonzaï Records, à cette occasion les auteurs ont rappellé ce qu’ils considèrent comme leur « mission » : « réhabiliter et défricher la musique d’hier et d’aujourd’hui, et mettre à l’honneur le travail de groupes oubliés ou passés sous silence ». On notera entre autres la présence en métropole lilloise de N!ark Le mag http://www.niarklemag.fr/, on peut mentionner - même si c’est dans un registre différent - le mensuel musical gratuit Presto qui existe depuis 24 ans, édité à 30 00 exemplaires en Nord-Pas de Calais, Picardie, Wallonie, - l’édition d’été sur les festivals étant distribuée dans toute la France- qui vit grâce aux ventes d’encarts publicitaires et aux cotisations « symboliques » (me précise Félix du Presto) des membres de l’association (20 collaborateurs réguliers et une cinquantaine plus épisodiques) http://presto.presse.fr/, mais encore le site d’un collectif de reporters de concerts intitulé Scènes du

Les observations de terrain sur les scènes locales en Nord de France ont donné à voir le déploiement de ces formes d’expressions singulières : au cours de l’année 2012 sont apparues simultanément deux initiatives, n'ayant pas de lien entre elles, sur les deux scènes locales étudiées : un fanzine dans l’Avesnois et un webzine à Lille. Ces résurgences de fanzines/webzines, également constatées sur d’autres scènes locales, renvoient historiquement à l'ère d'expression punk des années 1970 au cours de laquelle de nombreux fanzines étaient édités, et qui ont largement contribué à esquisser les contours de certaines scènes locales, particulièrement en Angleterre. Littéralement les fanzines sont créés par les fans, mais en langue française le terme fan charrie une connotation péjorative liée à la musique de variété, or les représentations des personnes impliquées dans la rédaction de fanzines se veulent fort éloignées du domaine de la variété.

Le concept de « grand amateur » d’Antoine Hennion319 semble mieux retranscrire l’idée anglo- saxonne de fan. Initialement la notion de grands amateurs s’applique à la musique classique dans la sociologie d’Hennion, cependant nous nous la réapproprions car elle permet d’intégrer celle d’engagement dans le goût et encourage l’usage d’une sociologie pragmatique, justifiée par la dimension réflexive des discours des acteurs rencontrés. Antoine Hennion déclare :

« Les grands amateurs, ceux-là même qui, aux yeux de la sociologie critique, sont les plus suspects d’aveuglement sur le sens de leur amour, ont été au centre de nos recherches, dans la mesure où ce sont ceux qui ont le plus clairement explicité et critiqué collectivement les modalités et les conditions de succès de leur passion : au-delà du simple entretien, qui montre vite ses limites classiques (posture de justification et d’auto- valorisation, anticipation des attentes supposées du sociologue, tentative de partage et de discussion des goûts eux-mêmes), leur intense activité réflexive fait d’eux des interlocuteurs privilégiés. »320

A l’instar des grands amateurs décrits par Antoine Hennion, les rédacteurs de fanzines des scènes locales nous sont apparus comme des interlocuteurs privilégiés. Notamment compte tenu de leur intense activité réflexive corrélative d’une passion pour la musique, et choisissant également de

Nord http://scenesdunord.fr/recherche/_index.php, ou un site d’information intitulé Lille la Nuit http://www.lillelanuit.com/

319 HENNION Antoine, TEIL Geneviève, « Les protocoles du goût. Une sociologie positive des grands amateurs de

musique », in DONNAT Olivier, Regards croisés sur les pratiques culturelles, Paris : La Documentation française, 2003, pp.63-82.

s’exprimer sur des thématiques sociétales variées. Antoine Hennion suggère que l’observation des pratiques en situation est nécessaire à la compréhension de ces grands amateurs (au-delà des seuls entretiens), car la passion prend corps dans des collectifs et des usages spécifiques. En somme, il existe un savoir-faire des grands amateurs qui s’appuient sur des objets, des espaces et des façons de faire. De la sorte nous avons exploré de près ces pratiquants qui décident de mettre en mot et partager leurs opinions à propos de musiques qui les passionnent, mais aussi de dimensions sociales, envers lesquelles ils développent des réflexions façonnées par leurs modes de vie et un certain esprit DIY.

Le ton très direct, souvent impertinent voire irrévérencieux, fait partie intégrante des codes de ces autoéditions. La possibilité, ouverte à tous, de s’exprimer par écrit, vecteur usuellement réservé aux producteurs officiels de sens, en font des modèles d’expression démocratiques. Ainsi l’autoédition peut se comprendre à l’aune des analyses de John Dewey321 présentant l’art et les pratiques culturelles comme émanant de chacun d’entre nous. En effet, pour John Dewey, l’art est avant tout une expérience, ce qui sous-tend l’idée que l’art est accessible à tous au même titre que l’expérience. Cette approche pragmatique est fondée sur la volonté de dégager les pratiques artistiques des mythes intimidants qui en empêchent l’accès. John Dewey estime que l’art ne doit pas se concevoir en partant des œuvres achevées (telles qu’elles sont présentées dans les musées), mais l’art doit être issu de la dimension esthétique de toutes les expériences humaines. En conséquence, les activités créatives telles que les autoéditions de fanzines impliquant une dimension esthétique visuelle, incarnent l’art en tant que véritable expérience.

Ainsi en 2012 émergent le webzine Han Han322 édité sur Internet et le fanzine Façon Puzzle publié au format papier. La ligne éditoriale du premier est la suivante : « magazine bimestriel de l'émotion érotique et de l'amour universel ». Une fois ce thème posé on comprend le titre du magazine qui renvoie à une façon infantile de signifier « faire l’amour ». Il est créé par le musicien Charly Lazer323 et le photographe Carlo Amen. La volonté affichée est d’en faire un

321 DEWEY John, L’art comme expérience, (1915, 1934 en français), Paris : Gallimard, 2010.

322 http://www.hanhan.fr/ Le premier numéro sort en novembre 2012, Charly nous avait confié à l’époque que le

format numérique était temporaire et qu’il souhaitait pouvoir l’éditer un jour en papier. C’est chose faite en 2014, le magazine peut se trouver en vente dans deux librairies indépendantes situées à Lille et Bruxelles.

323 Charly (discussions informelles et échanges de mails depuis 2010, 27 ans, chant lead/composition/clavier,

webzine indépendant mais ne portant pas uniquement sur la musique, étant très axé sur la dimension visuelle. Ci-dessous le sommaire visuel de la neuvième édition :

Avant l’existence du fanzine, Charly avait déjà publié de nombreuses critiques de différents groupes se produisant sur la métropole lilloise et dans la Belgique voisine. Au travers de « post » et « billets », entre autres diffusés sur les blogs des salles les ayant fait tourner. Une partie du magazine Han Han propose des critiques d’albums ou impressions de concerts ainsi que des playlist. L’avantage non moindre du webzine étant de pouvoir intégrer des vidéos mises en route automatiquement à l’ouverture d’une page ou activées à la discrétion du lecteur. Il contient des critiques littéraires, cinématographiques, des points de vue divers souvent poétisés, de nombreuses photos, souvent érotiques et des illustrations graphiques réalisées par leurs amis ou connaissances coopérant au numéro. La volonté des deux fondateurs comportait également une dimension d’organisation de concerts. De la sorte, environ une fois par mois, sont organisés des concerts intitulés « Apérotisme » au bar Le Rouge dans le Vieux-Lille. A l’occasion de

dans Bison Bisou créé en 2011 à l’occasion d’une Hootenany (cf. 2.2.4.1.) à la Malterie (salle de spectacle de petite jauge, lieu de répétition et de résidences d’artistes, hébergeant de nombreuses associations lilloises). Les Hootenany sont des événements regroupant des musiciens issus de groupes différents afin de les faire jouer ensemble dans des groupes éphémères donnant parfois lieu comme ce fut le cas ici, à de nouvelles formations musicales.

l’anniversaire du magazine, les concerts ont lieu dans d’autres salles de la métropole (l’Aéronef - Smac, la Malterie -lieu de diffusion et structure de soutien musiques actuelles et arts plastiques, le Modjo -café-concert). Les prix d’entrée de ces concerts sont libres. Ils sont l’occasion de donner à entendre un groupe issu de la scène locale lilloise et un autre groupe, esthétiquement proche, issu d’une autre scène française, européenne ou internationale (Rennes, Paris, Canada, Australie, Danemark,…). Charly les contacte principalement au travers de leurs sites internet, pages Facebook ou sur les sites de streaming musical comme Bandcamp.

Bandcamp est un site de mise en ligne de musiques permettant aux auditeurs d’écouter directement les créateurs qui y postent leurs créations et les proposent en streaming gratuitement, au téléchargement gratuit ou payant, en pressages physique Vinyles ou CD (payants). Notons à ce propos cette anecdote révélatrice des enjeux actuels liés à la musique en ligne : sur l’application mobile Bandcamp téléchargée depuis un iPhone, des restrictions mises en place par Apple interdisent à l’application Bandcamp d’ajouter un lien direct pour l’achat de musique, et ce dans le but de ne pas concurrencer iTunes qui est le logiciel de lecture de musique (streaming ou gestion de bibliothèque personnelle) distribué gratuitement par Apple depuis 2001 qui donne accès à l’iTunes Store pour l’achat de musiques mais aussi de séries TV, films, podcasts, jeux et applications. En conséquence, Bandcamp envoie des rappels par mails des musiques ajoutées à une wishlist par l’auditeur afin de pouvoir les acheter sur Internet depuis un ordinateur et non directement sur mobile iPhone. Cet exemple de restriction atteste des stratégies d’hégémonie mises en place par les multinationales sur le marché de la musique. On peut également à cet égard relater la récente démarche marketing très controversée du groupe irlandais U2 en collaboration avec Apple. Apple aurait versé 100 millions de dollars (source : Times), à la major Universal à laquelle est lié le groupe U2, afin que tous les utilisateurs d’iTunes (le nombre total d’utilisateurs dans le monde est estimé à 500 millions) téléchargent automatiquement et gratuitement leur nouvel album (au titre ironique a posteriori « Songs of Innocence »). La somme versée par Apple dépasserait grandement le montant qu’une mise en vente classique aurait engrangé (compte tenu du nombre des dernières ventes d’albums de U2 et du montant de ventes en ligne). En somme Apple a acheté l’album et l’a offert à ses utilisateurs. Mais l’album redevient payant un mois et demi plus tard (le 14 octobre 2014). Face à d’innombrables réactions critiques de ce qui a parfois été décrit comme un « dumping social » (désignant une stratégie commerciale agressive, initialement de vente à perte pour éliminer les concurrents et conquérir des parts de marché), le chanteur Bono a justifié son initiative