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L E CONCEPT DE COMPETENCE EN PSYCHOLOGIE

S ECTION 1 : D EFINIR LE CONCEPT DE COMPETENCE

2. L E CONCEPT DE COMPETENCE EN PSYCHOLOGIE

Dans le domaine de la psychologie, les compétences sont un concept central. Depuis les années 1960, plusieurs chercheurs se sont intéressés aux habiletés cognitives et intellectuelles utilisées au cours de la réalisation d’une tâche (Ackerman et Woltz, 1994).

Mais étudier les compétences du consommateur - consumer skills - sans évoquer le savoir ou connaissance du consommateur - consumer knowledge - paraît difficile tant les relations qui lient ces deux concepts sont étroites. En effet, que ce soit au niveau de leur définition ou à celui du processus d’acquisition de ces concepts, l’un et l’autre

paraissent indissociables. Les études menées en psychologie se sont principalement intéressées à l’apprentissage de compétences - et donc des comportements - en étudiant les niveaux de réalisation de certaines tâches conditionnées par le niveau de connaissance de l’individu (Ackerman, 1989). En comportement du consommateur, le concept de compétences – dans le sens de skills - n’a reçu peu d’attention alors que la connaissance - knowledge - fut reconnu comme un construit central (Park et Lessig, 1981 ; Engel, Blackwell et Miniard, 2001 ; Park, Feick et Mothersbaugh, 1992 ; Cordell, 1997 ; Ladwein, 1999). Les auteurs s’accordent alors sur le caractère multidimensionnel du savoir et de la compétence (Brucks, 1986 ; Alba et Hutchinson, 1987 ; Dacin et Mitchell, 1986), mais les définitions restent confuses (Gattiker, 1992 ; Chervonnaya, 2003).

Si les concepts semblent intimement liés, il paraît nécessaire de préciser ce qui les différencie. Romiszowski (1981) pose la distinction suivante : la connaissance est « l’information stockée dans l’esprit de celui qui apprend - learner’s mind », alors que les compétences sont les « actions - intellectuelles ou physiques - et les réactions

- aux idées ou aux personnes - qu’un individu exécute de manière compétente de façon à atteindre un but ». Pour mettre en œuvre ses compétences, l’individu doit

posséder un certain savoir.

La connaissance

La définition de la connaissance donnée par Romiszowski est partagée par de nombreux auteurs. Ils font référence à un stockage dans la mémoire d’informations (Engel, Blackwell et Miniard, 1993), de faits et principes (Page et Uncle, 2004). Kanwar, Olson, et Sims (1981) renvoient à la manière dont cette information est stockée. La connaissance est une représentation codée de manière symbolique de

l’information sur le monde extérieure. Les premières études faisant allusion au concept de connaissance du consommateur datent des années 1960 et renvoient aux modèles de comportement du consommateur de Howard et Sheth (1967, 1973) et de Engel, Kollat et Blackwell (1973). La connaissance ou savoir du consommateur est un sous-ensemble de la connaissance et plus précisément « le sous-ensemble du total des

informations qui permet au consommateur d’agir sur le marché » (Engel et al. 1995,

p. 337). Le savoir du consommateur permet d’expliquer la recherche d’information (Brucks, 1985), la perception des prix (Rao et Sieben, 1992) ou l’efficacité d’une campagne publicitaire (Campbell et Keller, 2003).

La compétence

Alors que la connaissance est un sujet fort prisé, les compétences ont fait l’objet de moindre recherches et sont un concept difficile à définir (Adams, 1987; Spenner, 1983). Les études en psychologie sont principalement centrées sur l’apprentissage de compétences par l’entraînement ou la pratique. L’accomplissement des objectifs est conditionné par le niveau de connaissances déclarative et procédurale requis pour agir de manière satisfaisante (Ackerman, 1989). La connaissance déclarative est la connaissance « à propos de quelque chose - about something ». La connaissance procédurale est la connaissance de « comment faire quelque chose - how to do

something ».

Selon Adam (1987), les compétences se définissent par rapport à trois caractéristiques : 1) elles relèvent principalement du domaine du comportement dans lequel le comportement est supposé complexe ; 2) elles sont apprises graduellement par l’apprentissage ; 3) atteindre un but dépend des comportements et des procédures. Les compétences représentent donc à la fois des comportements appris et des

procédures mentales (Gattiker, 1992). Elles sont acquises et entretenues au cours d’un cycle de quatre étapes (Romiszowski, 1999) :

- réception des informations pertinentes de la part de l’environnement - perception correcte et interprétation par le rappel des prérequis - prise de décision de manière appropriée

- passage à l’acte (qui constitue la réponse au stimulus)

De manière schématique, le cycle de compétences se présente comme suit. Figure 2: Le cycle des compétences

D’après Romiszowski (1999)

Les compétences s’acquièrent progressivement pour atteindre la maîtrise de compétences plus sophistiquées et ce n’est que par la pratique que les compétences s’améliorent. Pour acquérir des compétences motrices, par exemple, trois phases sont nécessaires (Fitts et Posner, 1967). La première phase est principalement cognitive. Le sujet tente de comprendre le domaine de connaissance et les tâches liées. Pendant cette phase, il est impératif de construire une image mentale de la compétence à acquérir. L’individu va souvent se contenter d’imiter la tâche effectuée par son modèle. Au cours de la deuxième phase, la pratique est mise en œuvre pour améliorer

S

R

Stimulus

Réponse

ENVIRONNEMENT INDIVIDU

1. Perception 2. Rappel des pré requis

3. Plan 4. Action

les compétences. Cette phase d’association doit permettre à l’apprenant de mettre en relation les divers éléments de l’action. Il utilise un système de feedback pour développer ses compétences. Enfin, dans la troisième phase, les compétences deviennent automatiques et requièrent moins de ressources intellectuelles. L’individu jouit d’une plus grande autonomie.

Bien que la connaissance et la compétence soient des concepts proches, la psychologie aide à les distinguer. La connaissance renvoie à l’information stockée en mémoire et la compétence renvoie à l’application de connaissances. La compétence appartient donc au domaine de l’action, elle peut s’améliorer progressivement et est transférable d’un domaine d’application à un autre.

3. VERS UNE DEFINITION DU CONCEPT DE COMPETENCE GRACE AUX APPORTS DES