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1.1 Pour une lecture de la société rurale à travers la perspective des

1.1.3 Pour une recherche sur les associations sportives en milieu rural

1.1.3.5 L’association sportive rurale ancrée dans un espace local

Par ailleurs, l’organisation sportive s’inscrit dans un environnement géographique, institutionnel, économique, politique, social et culturel qui influence son fonctionnement interne. Elle s’insère dans un espace plus vaste qui l’englobe puisqu’une association sportive n’est jamais un espace totalement fermé. Ses frontières entre l’extérieur et l’intérieur sont souvent floues. « Par

exemple, les adhérents et les dirigeants ne sont pas les seuls acteurs d’un club sportif. En intervenant ou en s’investissant dans la vie du club, les partenaires économiques (sponsors), la municipalité, les journalistes, les fournisseurs ou les parents des jeunes licenciés participent aussi au fonctionnement interne de l’organisation.201 » En prenant en compte l’organisation du système sportif global202, nous voyons que les associations sportives rurales s’insèrent au sein de leur espace local rural ce qui leur permet de survivre grâce à l’apport en ressources matérielles, humaines et économiques. « Les formes d’insertion des clubs dans la société locale dépendent généralement des

soutiens obtenus par les sphères du pouvoir politique, économique et du public. Les représentants du pouvoir politique que l’on peut identifier aux municipalités proposent les équipements et apportent les subventions. Les représentants du pouvoir économique, chefs d’entreprises, commerçants, offrent des dons, des services et des compétences bénévoles à l’association. Enfin, les supporters donnent argent et militantisme mais expriment aussi des demandes et exercent donc une pression sur les pouvoirs politiques et économiques pour qu’ils soutiennent le club.203 ». Sans ce soutien de l’espace local, ces clubs ne pourraient pas se pérenniser. A ce titre, la commune représente la collectivité fondamentale dans le domaine du sport. Elle constitue le cadre privilégié de la pratique sportive et l’échelle sur laquelle s’enracine l’association sportive. La logique de ce rapport est résumée par les propos d’Antoine Haumont : « la forme la plus générale de cette liaison

est celle du club dont les pratiques et les résultats sont échangés, si l’on peut dire, contre une aide matérielle et morale consentie par une collectivité qui paie pour des effets sociaux escomptés

201 Gasparini W., « Sociologie des organisations et organisations sportives », in : Gasparini W. (coord.), L’organisation

sportive, op.cit., p.15.

202 Voir : Augustin J-P., Sport, géographie et aménagement, 1995. Augustin J-P., « Les variations territoriales de la

mondialisation », Mappe Monde, avril 1996. Afin d’appréhender l’organisation du système sportif global, l’auteur souligne l’importance de prendre en compte le niveau des acteurs, des échanges et des communications. En effet, chaque club s’insère dans une société locale dont l’environnement définit un système d’action concret. A l’échelle globale, l’organisation de compétitions engendre des relations interclubs qui mettent en scène les sociétés locales elles- mêmes puisque d’une part l’existence des clubs dépend des ressources locales et que d’autre part, les rivalités sportives perpétuent celles des communautés locales.

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Augustin J-P., « Pratiques sportives et territoires : les atouts des régions », Sud-Ouest Européen : revue géographique des Pyrénées et du Sud Ouest, n°13, 2002, p.3-10.

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(intégration sociale, notoriété de la ville)204 ». Les liens l’unissant à l’association peuvent être de quatre natures : matériels, financiers, humains et identitaires.

La question matérielle s’articule autour des équipements sportifs, évoqués précédemment. Les municipalités demeurent propriétaires de la très grande majorité des équipements comme le note Jean Monneret : « les enjeux d’une politique sportive d’équipements sportifs ont bien été compris

par les communes, puisqu’environ 95 % des installations sportives sont la propriété de celles- ci205 ». En 2006, Jean-François Bourg et Jean-François Nys réévaluent ce rapport légèrement à la baisse et l’estiment à 90 %206.

Au-delà de la question de l’aménagement d’équipements sportifs, les communes rurales, pour quelques-unes d’entre elles, à partir d’une certaine taille, voient l’aspect humain se structurer autour d’organismes de concertation pour l’utilisation des installations sportives au sein de deux organes principaux : l’Office Municipal des Sports (OMS) et le service municipal des sports207. Le rôle de ces organismes, outre l’établissement d’un calendrier d’occupation des lieux sportifs, est de donner une visibilité de l’action municipale en renforçant l’identité locale, en établissant une logique de collaboration entre les municipalité et les clubs et en intégrant les dirigeants associatifs dans un processus de mobilisation autour du pouvoir municipal.

La commune joue également un rôle prépondérant dans le financement de la plupart des associations sportives par le biais des subventions municipales. Ces dernières, facultatives, précaires (le renouvellement n’est pas automatique) et conditionnelles (leur attribution dépend de différents critères), tendent parfois à perdre de leur primauté dans les budgets mais demeurent, dans bien des cas, la principale ressource avec les cotisations des licenciés. Avec, en moyenne 3 à 8 % de leur budget consacré au sport208, les communes s’affirment comme le principal financeur public.

Conjointement au financement public, le sport repose également sur des apports privés. Aux côtés des ménages et des communes, principaux financeurs, interviennent également les sponsors209. Les communes ont atteint un seuil critique dans la part du budget alloué et les clubs se voient contraints de trouver d’autres sources de financement. L’attrait des sponsors pour la gestion sportive repose sur le principe d’instrumentalisation du sport dans un objectif de construction identitaire et d’obtention d’une image positive comme le déclarent Bénédicte Halba, « l’objectif

204 Haumont A., « Les variations géographiques des sports », in Sport, relations sociales et action collective, Maison

des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, 1995, p.51-59.

205 Monneret J., Les politiques sportives des collectivités territoriales, Paris, Vigot, 1998. 206

Bourg J-F., Nys J-F, Financement des clubs sportifs et stratégies des collectivités territoriales : nouveaux modèles, nouveaux enjeux, Voiron, Presses universitaires du Sport, 2006.

207 Bayeux P., Le sport et les collectivités territoriales, op.cit. L’auteur indique que les premiers OMS sont apparus dans

les années 1930 avec pour objectif de « réunir toutes les personnes bénévoles susceptibles d’exercer une action tendant à moraliser, à intensifier, à unifier et à organiser la pratique de l’éducation physique et des sports au sein de la commune ». Les services des sports municipaux sont eux un service communal parmi d’autres et ont été créés après la Seconde Guerre mondiale avec pour tâche de gérer les budgets communaux du sport et les équipements sportifs.

208 Pigeassou C., « Le management du sport associatif : les enjeux du futur », Corps et culture, n°1, 1995. 209

Le sponsorisme se définit comme une technique publicitaire spécifique au sport. Les sponsors sont en ce sens une forme particulière de partenaires financiers même si le terme est utilisé comme synonymes.

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premier des sponsors est de créer une image et de la conserver210 » et Jacques Fontanel et Liliane Bensahel, « les entreprises investissent pour promouvoir, développer, ou améliorer leur image211 ». Les sponsors trouvent également dans le sport un espace de communication et de promotion. Les partenaires des associations sportives rurales se situent dans l’espace local et soutiennent les clubs de leur commune. Le plus souvent, ils ont tissé un lien étroit, parfois ancien, avec l’association sportive par le biais d’affinités avec les dirigeants sportifs212. Ce lien pouvant aller jusqu’aux origines de la pratique.