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1.3 Les connectivités sportives associatives en milieu rural marquées

1.3.2 Connectivités sportives associatives et exclusion

Nous venons de voir le sport comme outil d’intégration sociale. Pourtant, de plus en plus d’auteurs, sociologues, ethnologues ou historiens remettent en cause le discours dominant des acteurs du monde politique et associatif sur les vertus intégratrices du sport par nature. Marc Falcoz et Michel Koebel ont dirigé la publication des actes d’un colloque international à Salé, au Maroc en 2004, mettant en perspective les représentations et les réalités de l’intégration par le sport381. L’ensemble des contributions montre que même si les effets de la pratique sportive sont loin d’être négligeables, ils dépendent du contexte de leur organisation, des caractéristiques et des compétences de ceux qui les mettent en œuvre. La transférabilité des vertus supposées du sport à d’autres domaines de la vie sociale est davantage de l’ordre des représentations que des réalités. D’ailleurs, la conférence conclusive tenue par William Gasparini fait état des questionnements sur les contradictions de l’intégration par le sport. L’année suivante, en décembre 2005, à l’occasion du colloque « Sport et intégration » de Rouen, Pascal Duret, William Gasparini et Gilles Vieille Marchiset382 insistent sur les ambiguïtés du sport intégrateur. L’ensemble des enquêtes montre que les pratiques sportives ne sont ni choisies ni investies de la même manière selon les groupes sociaux entraînant des séparations d’ordre social et spatial. Ainsi, l’association sportive peut être perçue comme un cadre permettant aux individus de s’agréger les uns aux autres mais aussi de se désagréger les uns des autres. Le sport peut alors être perçu comme un outil d’intégration mais aussi comme une source d’exclusion.

D’un point de vue théorique, le terme d’exclusion n’est pas un concept au sens strict383. Serge Paugam a dirigé un bilan des recherches sociologiques sur ce thème384 et il indique que ce terme est apparu dans les années 1960, dans le cadre de travaux du Commissariat Général au Plan, sous la plume de Pierre Massé et de l’un des collaborateurs du Père Wresinski385. Puis la publication, en 1974 de René Lenoir, « Les Exclus. Un français sur dix » a joué un rôle clé dans la diffusion du terme386. C’est une notion davantage sociale que sociologique, qui trouve donc son origine dans l’action publique, dans les politiques publiques, plurielles, de lutte contre la pauvreté. En tant que tel, il constitue bien un objet de recherche. D’ailleurs, le sujet a été largement traité dans les sciences sociales où « tout a déjà été dit, ou presque, sur l’exclusion. Les publications ont

pullulé, les conférences n’ont cessé de se répéter. Des textes majeurs ont fait autorité sur la

381 Falcoz M., Koebel M. (dir.), Intégration par le sport : représentations et réalités, Paris, L’Harmattan, coll.

« Logiques sociales », 2005.

382 Duret P., Gasparini W., Vieille Marchiset G., Sport et intégration, Rouen, Direction régionale de la jeunesse et des

Sports, 2005.

383 La distinction entre notion et concept nous renvoie à la philosophie des sciences et notamment à l’œuvre de Gaston

Bachelard. Alors qu’une notion provient du sens commun et dénote une compréhension floue et élémentaire, un concept est une construction scientifique qui permet de faire progresser l’analyse d’un processus. Voir : Bachelard G., La formation de l’esprit scientifique, Paris, Vrin, 1938.

384 Paugam S. (dir.), L’Exclusion, l’état des savoirs, Paris, La Découverte, 1996. 385

Ibid, p.9.

105

question et ont, définitivement balisé les contours.387 » Malgré tout, l’exclusion subsiste même si on retrouve des termes tels que pauvreté, ou marginalité qui ont également la particularité de désigner un phénomène social renvoyant à un ensemble de situations précaires touchant certaines parties de la population. Ce phénomène social contient de la souffrance, de la douleur, du malheur et de l’émotion. En France, différents chercheurs insistent sur les étapes qui mènent à la perte de situations professionnelles et de liens sociaux, à la dévalorisation de soi et au sentiment d’inutilité sociale en introduisant des notions spécifiques : la disqualification sociale388, la désaffiliation389, la désinsertion390 ou la désaffection391. La volonté affichée par les sociologues de décrire l’exclusion non en termes d’état, mais en terme de processus montre qu’elle s’envisage dynamiquement.

Même si l’on parle de ségrégation spatiale392, le territoire n’est pas forcément analysé à sa juste place dans les recherches actuelles sur ces mécanismes393. Historiquement, les travaux de l’école de Chicago puis de l’écologie urbaine ont abordé cet aspect territorial mais par l’angle de l’intégration sociale et non par celui de l’exclusion sociale394. En tout cas, il apparaît pertinent de l’appréhender par le territoire et ce, d’autant plus, lorsque notre recherche porte sur les espace ruraux. Qu’ils soient définis comme types structurels (périurbains, à fonction agricole, à dominante touristique…) ou par rapport à des risques de ruptures (fragiles ou très fragiles, stables, émergents…), nous pouvons penser que les transformations de ce territoire entraîne l’exclusion d’individus ou de groupes. En particulier dans le secteur agricole, la restructuration des activités productives, la rupture de la reproduction du travail familial (succession père/fils) et de la transmission patrimoniale ont entraîné une précarisation de l’emploi agricole et une paupérisation qui concerne aussi bien des chefs d’exploitation que des salariés agricoles. L’internationalisation des économies a accentué les risques de faillite (réforme de la PAC et politique des quotas, crise sanitaire) et donc l’exclusion par l’emploi395. Le secteur agricole est donc fortement touché par ce phénomène de pauvreté dont l’étude du revenu, de la consommation et du patrimoine constituent

387

Châtel V., Soulet M-H., « L’exclusion, la vitalité d’une thématique usée », Sociologie et sociétés, vol.33, n°2, 2001, p.175-202.

388 Paugam S., La disqualification sociale. Essai sur la nouvelle pauvreté, Paris, PUF, coll. « sociologies », 1991. 389 Castel R., « De l’indigence à l’exclusion, la désaffiliation. Précarité du travail et vulnérabilité relationnelle. » in

Donzelot J. (dir.), Face à l’exclusion, le modèle français, Paris, éd. Esprit, 1991, p.137-168. Castel R., La métamorphose de la question sociale. Une chronique du salariat, op.cit.

390 Gaulejac de V., Taboa Léonetti I., La lutte des places. Insertion et désinsertion, Paris, Desclée de Brouwer, 1994. 391 Queiros de J-M., « Exclusion, identité et désaffection », in Paugam S., L’exclusion, l’état des savoirs, op.cit.

392 Grafmayer Y., « La ségrégation spatiale : une approche conceptuelle et méthodologique » in Paugam S., L’exclusion,

l’état des savoirs, ibid.

393 Voir à ce propos : Mathieu N., « Pour une nouvelle approche spatiale de l’exclusion sociale », Strates, n°9, 1996-

1997. L’auteure indique qu’il existe bien un paradoxe « dans l’opposition symétrique de ces deux positions : l’entrée par l’exclusion sociale ignore l’espace de vie et les territoires des individus et des groupes exclus, elle ne fait jamais référence à la territorialisation des politiques de lutte contre l’exclusion ; la mise en évidence des ségrégations sociales dans l’espace est réductrice dans l’appréhension des processus individuels et sociologiques de l’exclusion, elle est au cœur du débat sur « les territoires contre l’exclusion » dont il faut en dépasser les contradictions. »

394 Rhein C., « Territoire et exclusion : des mots de l’Etat providence et des maux de la société civile », Strates, n°9,

1996-1997.

106 des approches possibles396. Cependant, d’autres catégories sont également touchées par ce phénomène (célibataires, néo-ruraux sans emplois, bénéficiaires de prestations sociales)397. Ainsi, dans une recherche sur la société rurale, il devient légitime de questionner ce phénomène. La dimension économique, à travers l’analyse de l’évolution d’un secteur particulier, peut avoir un rôle actif dans ce processus. L’exclusion peut alors être assimilée à la pauvreté. Cela conduit à la proposition d’indicateurs de mesure de cette pauvreté pour ensuite qualifier la population exclue. En ce qui nous concerne, il convient de s’interroger de la même manière sur la place et le rôle du domaine sportif sur ce processus en milieu rural. Est-ce que les associations sportives rurales engendrent des situations d’exclusion ? L’étude du niveau de vie montre que les catégories touchées sont celles dont les privations se manifestent le plus, notamment en termes de loisirs398.

Outre les facteurs économiques de ces phénomènes et la dimension territoriale de l’exclusion sociale, il s’agit davantage d’analyser ces processus en matière de rupture de liens sociaux. En effet, déjà au début du XXème siècle, Georg Simmel a étudié la question sociale de la pauvreté et celle d’exclusion à laquelle il se référait aussi, à partir de l’angle de la relation d’assistance et donc du lien social399. Pour Serge Paugam400, cette approche possède plusieurs implications théoriques. La première « est que ce qui est sociologiquement pertinent ce ne sont pas

la pauvreté ou l’exclusion en tant que telles, mais les formes sociales institutionnelles qu’elles revêtent dans une société donnée ». La deuxième est que ces formes sont « le produit d’un processus social ». La troisième est que « le statut des pauvres et des exclus dépend à la fois du sens que prennent, dans chaque société, des critères comme le niveau de vie ou le degré de participation à la vie économique et sociale, et du rapport que les populations désignées comme « pauvres » ou « exclues » entretiennent avec ceux qui les désignent ainsi. »

Ainsi, l’examen critique, effectué de nombreuses fois, de cette notion permet d’interroger le centre de notre société. Comme le souligne Robert Castel401, le recours à l’exclusion participe à autonomiser des situations limites en les découplant des processus qui les ont produites et qui leur donnent sens. L’exclusion s’envisage comme processus dont il faut interroger les mécanismes centraux. De plus, elle « doit être conçue moins comme un objet à étudier, moins comme une réalité

à analyser, que comme un analyseur du fonctionnement des sociétés contemporaines.402 » Dans une lecture globale des formes de recompositions sociales des sociétés contemporaines et de la société

396 Brangeon J-L., Jégouzo G., Roze B., « Une pauvreté toujours présente en agriculture », INRA Sciences sociales, n°5,

octobre 1995.

397 Pagès A., « Pauvreté et exclusion en milieu rural français », Etudes rurales, n°159-160, p.97-110. 398

Ibid.

399 Simmel G., Les pauvres, Paris, PUF, coll. « Quadrige », 2002 (1908). L’auteur conclut que « c’est à partir du

moment où ils sont assistés, peut être même lorsque leur situation pourrait normalement donner droit à l’assistance, même si elle n’a pas encore été octroyée, qu’ils deviennent partie d’un groupe caractérisé par la pauvreté. Ce groupe ne reste pas unifié par l’interaction entre ses membres, mais par l’attitude collective que la société comme collectivité adopte à son égard ».

400 Paugam S., « Les formes contemporaines de la pauvreté et de l’exclusion en Europe », Etudes rurales, n°159-160,

p.73-95.

401

Castel R., La métamorphose de la question sociale. Une chronique du salariat, op.cit.

107 rurale en l’occurrence, l’exclusion, à la différence de la pauvreté, qui ne peut que difficilement sortir des griffes de l’analyse économique, ouvre « l’analyse des questions sociales vers des

perspectives sociologiques élargies.403 »

Dans notre recherche, nous analysons les connectivités au sein des associations sportives en milieu rural. En matière de liens sociaux, les associations sportives rurales jouent un grand rôle dans leur construction, dans leur maintien mais également dans leur délitement voire dans leur déconstruction. Nous ne pouvons donc pas envisager les connectivités sans les dé-connectivités. En effet, l’exclusion a ceci de spécifique qu’elle renvoie non pas à un simple écart par rapport à une norme404, mais à une rupture par rapport aux valeurs propres d’une société. Celles-ci, pour notre objet d’étude, se définissent en relation à l’association sportive puisque l’exclu est celui en dehors de l’association, en dehors des échanges régis par l’association et donc en dehors de l’espace sportif local. Dans une telle conception, l’approche du lien social s’opère à travers le domaine sportif et la destruction de ce lien suppose une déconnexion avec le monde sportif local. Le social est alors subordonné au sportif associatif. Ainsi, l’analyse des processus par lesquels les individus se déconnectent les uns des autres au sein des clubs ruraux peut nous renseigner sur l’exclusion sociale en milieu rural. Il s’agit d’analyser ce processus de délitement, d’effritement, de rupture des connectivités sportives conduisant à une forme d’exclusion des associations sportives rurales. La recomposition de la société rurale à partir d’une lecture des clubs sportifs peut se concevoir entre des « in » et des « out »405 sans que cela ne constitue des univers bien séparés, des « catégories hors-sol406 ». Au sein des associations, les rapports entre les personnes, avec la reliance sociale, avec les conditions du vivre-ensemble, avec l’intériorisation de l’ « esprit club », peuvent parfois conduire à des ruptures, à des refus de certains liens. Ces processus relèguent certains et certaines au frontière de l’institution sportive. L’exclusion peut alors être considérée comme un processus plus ou moins brutal de rupture progressive des liens sociaux.

Dès lors, il convient de s’intéresser aux différentes formes de rupture de liens qu’il existe au sein du mouvement sportif et plus particulièrement en milieu rural et de voir quelle peut être la nature de ce processus social. Pour Martine Xiberras, le phénomène de l'exclusion pose deux problèmes : le premier d'ordre épistémologique puisqu’il n'est pas possible de délimiter ses frontières, le second d'ordre méthodologique où la question qui se pose concerne la manière dont nous pourrions rassembler dans la même catégorie tous les cas de figures qui découlent de ce phénomène407. Dans toute démarche sociologique, cette thématique et celle de la déviance peuvent

403 Ibid.

404 Comme la marginalité qui suppose que l’on reste lié au système en évoluant à sa limite, à sa marge.

405 En référence aux « insiders » et aux « outsiders » dans l’analyse du quartier de Winston Parva près de Londres dans

lesquels les « outsiders » sont stigmatisés par les établis en référence aux travaux de : Elias N., Scotson J., Logiques de l’exclusion. Enquête au cœur des problèmes d’une communauté, Paris, Fayard, 1997 (1965).

406Castel R., La métamorphose de la question sociale. Une chronique du salariat, op.cit., p.15.

407 Xiberras M., Les théories de l’exclusion, Paris, Méridiens Klincksieck, 1993. L’auteure distingue trois grandes

théories sociologiques sur la question de l'exclusion. La première est regroupée sous l'étiquette de sociologies normatives, le second axe vient de l'École sociologique de Chicago et la troisième enfin considère que l'exclusion ne

108 permettre de dresser la liste des différentes attitudes de la société envers ceux qu'elle rejette. L’exclusion peut alors s’inscrire dans la sociologie de la déviance, initiée par l’école de Chicago408. En considérant la déviance avant tout comme une « production sociale », les interactionnistes ont une autre approche qui consiste à déconstruire la procédure qui aboutit à la désignation du « déviant » et les conséquences de cette opération sur sa trajectoire individuelle409. L’exclusion peut alors s’envisager sous cet angle où la rupture des connectivités sportives peut entraîner des situations déviantes. Toutefois, Howard Becker410 rappelle que c'est surtout la norme411 qui légitime et guide les « entrepreneurs de morale » dans leurs opérations de distinction des déviants et leur catégorisation.

Un détour par la sociologie critique du sport nous permet de relever différentes situations déviantes auxquelles les associations sportives rurales peuvent être confrontées. Les publications récentes d’auteurs critiques du sport412 et la réédition en 1992 de Sociologie politique du sport, que Jean Marie Brohm avait écrit en 1976 qui constituait une des premières théorisations critiques413 du sport, témoignent, en quelque sorte, de l’actualité et de la valeur heuristique de l’analyse d’inspiration marxiste. Une des idées centrales de la thèse défendue par Brohm et son équipe de la revue « Quel Corps ? » réside dans l’existence d’une « homologie structurelle » entre le sport et le capitalisme : « Le sport y est conçu comme un ensemble de pratiques corporelles

institutionnalisées, mis en place par les groupe dominants, en vue d’exercer le contrôle social et de contribuer au maintien de l’aliénation capitaliste ; le sport constitue en outre une représentation symbolique des rapports de production capitaliste.414 » Le propos de Norbert Elias et Eric Dunning sur la diffusion du sport dans les sociétés occidentales concerne très singulièrement la classe dirigeante, la haute bourgeoisie des pays industrialisés qui, si elle se préserve, n’a pas pour autant éliminé ou fait disparaître la violence, de son mode de gouvernement, des politiques internationales

peut être résolue qu'au prix d'un changement de paradigme et d'une mutation épistémologique dans les sciences sociales.

408

La particularité des travaux interactionnistes vient du fait qu'ils ont développé cette question sous un angle tout à fait différent en abandonnant la recherche de la causalité au profit de l'étude des processus interactionnels qui concourent à la construction du phénomène.

409

Ces travaux, regroupés sous l'appellation de « Théorie de l'étiquetage » (Labelling Theory), ont d'une part traité les procédures qui aboutissent à l'étiquetage et d'autre part, les conséquences de cet étiquetage sur l'identité et la carrière des personnes ainsi étiquetées.

410 Becker H.S., Outsiders, op.cit.

411 Les normes s'exhibent en référence aux valeurs, telles que les notions de Justice, de Liberté, d'Égalité, etc., (termes

que Becker trouve vagues et généraux et qui ne suffisent pas à orienter précisément l'activité humaine). Les valeurs s'avèrent ainsi inadaptées pour orienter l'action dans les situations concrètes et amènent les groupes sociaux à élaborer « des normes spécifiques » qui soient mieux adaptées à leurs réalités locales. En l’occurrence, des normes spécifiques seront élaborées par les associations sportives rurales, notamment au sein de l’ « esprit club ».

412

Entre autres : Vassort P., Sexe, drogue et mafias. Sociologie de la violence sportive, op.cit., Redeker R., Le sport contre les peuples, Paris, Berg international, 2002.

413 Brohm J-M., Sociologie politique du sport, Nancy, P.U.N, 1992 (1976). Cet ouvrage fondateur est en fait la

publication anticipée de sa thèse d’Etat défendue en 1977. Il avait été précédé par d’autres articles exposant les premières formulations de sa réflexion, notamment « Sociologie politique du sport » (Partisans, n°28, avril 1966), « Sport, culture et répression » (Partisans, n°43, juillet 1968, Maspero 1972, 1976) et « Vingt thèses sur le sport » et « treize thèses sur le sport » publiées dans la revue Quel Corps ? (n°1, avril-mai 1975) que Brohm venait de mettre sur pied avec ses collègues de même allégeance théorique et politique.

414

Laberge S., « Sports et activités physiques : modes d’aliénation et pratiques émancipatoires », Sociologie et sociétés, vol.27, n°1, printemps 1995, p.53-74.

109 et de l’économie capitaliste mondialisée. En effet, ils ne semblent pas percevoir au sein du développement du mode de production capitaliste industrielle et de l’économie marchande qui reposent sur le rendement et la productivité croissante des agents de production, une quelconque translation de la violence dont l’appropriation et la restitution reposerait sur d’autres formes. « Le

sport n’est pas le résultat de cette diminution, mais plus sûrement celui de la rationalisation du corps au travers de la rationalisation de la société, de l’appareil de production capitaliste et du rapport de production.415 ». De fait, à partir du moment où un individu entre dans le circuit compétitif, il se trouve intégré à un système où toutes les décisions sont prises en vue de l’amélioration des performances. Ainsi, la progression du phénomène du dopage en vue a été perçue comme une confirmation du processus d’aliénation, à l’œuvre dans la pratique sportive416. Aujourd’hui, le sport, en défendant le rendement et la productivité, organise un nouvel esclavagisme417. Il ne fait pas de doute que, dans ce contexte, le sport, puisqu’il est la recherche globale d’amélioration des performances physiques humaines, ne peut se comprendre sans le dopage et les conduites dopantes. Ce phénomène, très prégnant dans le sport professionnel, se développe également fortement dans le sport amateur autour d’un système organisé comme une mafia418. De la sorte, la pratique sportive en milieu rural dont nous savons que l’aspect compétitif y est également très présent ne serait pas épargnée par ce phénomène de dopage. Toutefois, il est