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Chapitre 2 : Détours méthodologiques

3/ Le niveau d’équipement essentiel

2.2 Le travail empirique

2.2.1 L’analyse quantitative

Même si nous pensons que les chiffres ne permettent pas d’accéder aux sens subjectifs, aux processus intériorisés par les acteurs, ils nous autorisent à caractériser la population que nous souhaitons étudier par un recueil de données complémentaires. C’est donc dans un but uniquement indicatif que nous avons envisagé de construire nos propres statistiques. Notre enquête par questionnaire515 s’adresse à l’ensemble des pratiquants de nos associations sportives rurales. Ce

511 Combessie J-C., La méthode en sociologie, Paris, La Découverte, coll. « Repères », 2003 (1996), p.10.

512 Le Comité Régional Olympique et Sportif et la Direction Régionale de la Jeunesse et des Sports : ANNEXE n°5. 513 Le conseil général du Jura, du Doubs et de Haute Saône : ANNEXE n°5.

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La particularité de la MSA réside dans son caractère démocratique puisque tous les cinq ans, l’ensemble de la profession agricole élit des délégués cantonales parmi ses pairs, lesquels élisent à leur tour les membres d’administration de leur caisse régionale. La MSA est alors au plus près de ses ressortissants. En Franche Comté, 741 professionnels agricoles composent l’ensemble des délégués régionaux.

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Le questionnaire aborde les différentes thématiques suivantes : la spatialité / les représentations de la pratique / la carrière sportive / l’emploi du temps / les liens sociaux / le rapport à l’argent / l’esprit critique / l’identification / la 3ème

146 choix nous a également été dicté par la faiblesse des données existantes dans ce domaine de recherche. Dans cet esprit, seuls les résultats qui furent jugés pertinents au regard des processus étudiés ont été utilisés.

La population de référence de notre enquête quantitative est constituée de l’ensemble des personnes pratiquant au sein des associations sportives de nos cinq villages d’enquête. Or, ce sont les présidents des clubs qui possèdent les informations sur leurs adhérents. Dans le courrier mentionné plus haut, nous leur avons proposé de collaborer à notre recherche en nous fournissant la liste et les coordonnées de l’ensemble des adhérents. Les présidents des associations constituaient donc notre accès vis-à-vis de notre population de référence et dans l’ensemble, ils ont été plutôt réceptifs.

Toutefois, sur ce point, nous nous sommes heurtés à quelques difficultés. Tout d’abord, les délais de réponses ont été très longs, jusqu’à plusieurs mois, même après de multiples relances. Ensuite, certains présidents ont refusés de collaborer516, si bien que ces clubs ne figurent pas dans l’analyse. Enfin, la fiabilité des listes de pratiquants sportifs laissait à désirer : en effet, au sein de ces associations sportives, les listings de licenciés ne sont parfois pas remis à jour d’une saison sur l’autre et certaines personnes apparaissent encore, bien qu’elles n’aient pas repris de cotisations au club. Compte-tenu de ces imprécisions, le nombre exact des pratiquants au sein des associations sportives rurales517est difficilement évaluable. A partir de là, il devient difficile d’établir exactement notre population de référence. Ainsi, malgré les nombreuses précautions prises en terme de légitimité du travail, avec les cautions de l’université et de la MSA FC, l’accès à la population de référence n’a pas été facile. Au final, notre recherche au sein de cinq villages ruraux francs-comtois porte sur un total de vingt et une associations sportives, dont un club privé d’équitation et la population de référence de l’étude quantitative s’élève à environ 700 personnes518.

Avec les informations des présidents de club sur notre population de référence519, nous avons construit notre échantillon selon la méthode des quotas520. La dimension de l’échantillon qui avait été choisi avoisinait la moitié de la population de référence. Au final, suite aux différentes contraintes, notre échantillon comporte 333 sportifs qui ont répondu au questionnaire respectant ainsi la distribution globale de la population de référence.

mi temps / l’intégration. Après l’avoir tester, le questionnaire fut ramené à 80 questions, ce qui représente, en moyenne, une durée de passation de 16 minutes. Cf. questionnaire en ANNEXE n°8.

516 Notamment, le club de handball et de tir de Vercel-Villedieu le Camp et le club de moto-cross de Saint Aubin. 517 Certains clubs, notamment de football, reprennent automatiquement des licences à certaines personnes sans que

celle-ci ne l’ait réellement demandé.

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Nous nous sommes intéressé uniquement aux catégories juniors, seniors et vétérans des associations, car il nous semble plus pertinent d’analyser les processus de construction et de déconstruction des connectivités sportives associatives auprès de populations adultes ou jeunes adultes. Donc certains clubs qui ne comportent que des sections de jeunes ont été écartés de l’analyse : le club de judo et de majorettes de Saint Aubin.

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Le sport pratiqué / le club / le sexe / la catégorie de pratique

520 Cette méthode, peut être la plus utilisée à l’heure actuelle, consiste à constituer un échantillon représentatif de la

répartition connue de la population de référence (âge, sexe, etc.). Une fois la dimension de l’échantillon élaborée, il suffit de calculer le nombre d’individus par chaque critère calculé. Cependant, même si elle demeure la méthode la plus rigoureuse, elle comporte certaines limites : par exemple, l’hypothèse que l’information que l’on souhaite obtenir est corrélée avec la population.

147 Le tableau en ANNEXE montre la répartition géographique des répondants à notre enquête. Le village de Jussey possède le plus de répondants. Les 115 sportifs jusséens représentent plus du tiers de notre échantillon (34,5%). Saint Aubin constitue le deuxième village représenté dans notre échantillon avec 24% des répondants. Larians Munans, avec son unique club de football, comporte plus de sportifs que les villages de Vercel et d’Arçon. Les sportifs lariannais sont 16,8% de notre échantillon. Ceux de Vercel sont 15,9% et les répondants d’Arçon constituent seulement 8,7% de notre échantillon521.

De plus, le football est le sport le plus représenté de notre échantillon et cela traduit bien le fait que ce sport demeure le plus populaire et qu’il correspond à l’activité la plus pratiquée en milieu rural. En effet, près de la moitié des sportifs de notre population de référence s’y adonne. Au sein de notre échantillon, les footballeurs sont 48,9% alors que les adhérentes d’un club de gymnastique n’en constituent que 12,6%, soit la deuxième activité sportive la plus pratiquée sur nos terrains de recherche (dont 8,1% pour le seul club de gymnastique de Saint-Aubin). Parmi ces footballeurs, les membres de l’Union Sportive de Larians-Munans sont les plus nombreux de l’échantillon (16,5%) (ANNEXE n°7, tableau 2) ce qui en fait le plus gros club de nos villages d’observation, en terme de licenciés. Le deuxième club de nos terrains est un autre club de football : l’Association Sportive du Plateau, née de la fusion du club de Valdahon avec celui de Vercel, comporte 12,6% des répondants de notre enquête. L’Association Sportive de Saint-Aubin représente 7,2% des répondants.

L’activité suivante est le tennis avec 10,5% des répondants, dont 6,9% au seul Tennis Club jusséen (ANNEXE n°7, tableau 1). Hormis la pétanque qui rallie 6,3% de nos sportifs ruraux, les autres disciplines ne correspondent qu’à une association présente uniquement sur un seul des cinq villages d’étude. Aussi, le club d’équitation situé à Jussey, comporte 8,4% des répondants de l’enquête, le volley-ball 3,3%, le club de plongée 3%, celui de handball 2,4%, celui de VTT 1,8%, celui de tir à l’arc 1,3% et les autres disciplines ne représentent qu’une part infime du paysage des sportifs ruraux de notre population de référence. Nous en avons interrogé quelques-uns pour obtenir une représentativité de l’ensemble des disciplines. En ce sens, les pratiquants en tennis de table, de badminton et de lutte représentent moins de 1,5% de notre échantillon (ANNEXE n°7, tableau n°3). Par ailleurs, au niveau des caractéristiques générales des personnes interrogées pour cette enquête par questionnaire, la répartition homme / femme de l’échantillon traduit très nettement une sous-représentation des femmes au niveau du sport rural. En effet, elles ne sont qu’à peine plus d’un quart de notre échantillon (26,1%) contre 73,9% d’hommes (ANNEXE n°7, tableau n°71). Cela montre le caractère très sexué des disciplines sportives qui sont pratiquées en milieu rural.

La moyenne d’âge des répondants est d’un peu moins de 35 ans. Le plus jeune interrogé est âgé de 15 ans et le plus vieux de 75 ans. La classe d’âge la plus représentée est celle des 20-29 ans

148 qui sont 28,5% et plus précisément les 20-25 ans qui représentent 15, 3% de l’échantillon (ANNEXE n°7, tableau 72). Ensuite les 40-49 ans constituent 19,2% de l’échantillon et les 30-39 ans 18,9% dont 11,1% pour les 35-40 ans. Parmi l’ensemble des répondants, 43,5% sont célibataires, 40,8% sont mariés et 9,9% vivent maritalement (ANNEXE n°7, tableau 73). Seulement, 3,6% des répondants sont divorcés, 1,2% sont séparés et 0,6% veufs.

Au niveau social, les couches populaires sont largement représentées. Hormis les étudiants qui constituent 22,2% de notre échantillon, ce sont les employés et les ouvriers qui sont les plus fortement représentés avec respectivement 21,6% et 19,2% des répondants (ANNEXE n°7, tableau 75). Au total, les inactifs constituent 13,5% de l’échantillon, dont 9,6% de retraités, 2,1% d’inactifs et 1,8% de chômeurs. Au niveau des classes moyennes, nous obtenons 9% de professions intermédiaires, 7,5% des cadres ou de cadres supérieurs. Les commerçants, artisans ou chefs d’entreprise correspondent à 5,1% de l’échantillon et les agriculteurs à seulement 1,2% (ANNEXE n°7, tableau 75). Pour autant, le nombre de ressortissants du régime agricole de notre échantillon est de 12,3% (ANNEXE n°7, tableau 76), ce qui correspond globalement à la moyenne de la majeure partie des espaces ruraux de la région. Bien évidemment, le régime général est le plus représenté avec 60,1% des répondants. Le régime social des indépendants (RSI) correspond à 3,9% de l’échantillon. En ce qui concerne le niveau d’étude des personnes interrogées (ANNEXE n°7, tableau 77), le CAP, BT, BET, BEP est le plus fréquent (29,4%). Le niveau Bac et Bac + 2 (BTS, DEUG) est obtenu par 16,8% de l’échantillon, devant le niveau Bac +3, Bac +4 (14,4%). Les diplômés en doctorat ou en école d’ingénieur ne représentent que 3,6% de notre échantillon.

Les conditions de passation du questionnaire ont été réalisées par téléphone et dans la majeure partie des cas, nous saisissions directement les données sur le logiciel Sphinx522. Cette phase de requête s’est réalisée en avril, mai et juin 2009. Pour contacter les personnes et remplir nos quotas, nous nous sommes heurtés, là encore, à quelques difficultés : pour pouvoir joindre les personnes à leur domicile, nous nous sommes adaptés en les appelant durant certains créneaux (soir après 17h, midi ou le week-end). Une fois le contact établi, nous devions les convaincre de prendre un peu de temps pour répondre au questionnaire523. Quelques fois, dans certains clubs, les adhérents avaient été avertis ; le président ayant passé la consigne ce qui facilita considérablement notre requête.

Pour l’analyse des données quantitatives, à partir du logiciel Sphinx, nous avons effectué un ensemble de tris à plat constituant un premier niveau d’analyse. Nous avons pu tirer les premières grandes tendances issues de notre échantillon. Par la suite, pour aller un peu plus loin dans la précision de l’analyse, nous avons établi de nombreux tris croisés et Analyses Factorielles des

522 Parfois, nous avions des rendez-vous téléphoniques avec certaines personnes à des horaires particulières où nous

n’avions pas accès au logiciel. Nous remplissions donc le questionnaire sous format papier et nous retranscrivions les données sous sphinx ultérieurement.

149 Correspondances (AFC)524, toujours à partir du logiciel. Nous avons donc testé la pertinence des différentes variables de notre questionnaire. Ces premiers résultats quantitatifs constituent une base statistique rare sur le sport en milieu rural. Ils nous permettent d’avoir une vision relativement générale sur les comportements et les modes de vie des adhérents au sein des associations sportives en milieu rural. L’analyse plus précise et détaillée des processus intériorisés intervient par la phase qualitative de notre recherche.