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1.3 Les connectivités sportives associatives en milieu rural marquées

1.3.1 Connectivités sportives associatives et intégration

Le domaine sportif est souvent considéré comme un lieu d’intégration au même titre que l’école et le travail. Le sport constitue, dans une perspective durkheimienne, un groupe secondaire ou intermédiaire355 permettant à l’individu de prendre conscience d’intérêts sociaux supérieurs aux intérêts individuels et de faire l'expérience d'une solidarité à la fois fondée sur des intérêts collectifs et respectueuse des différences entre les individus. Cette théorie s’étant largement répandue, il existe aujourd’hui un discours largement partagé sur les vertus du sport, comme pratique et comme mode d’organisation, en matière d’intégration sociale : le sport serait une école de la discipline, d’apprentissage du sens collectif et des règles de vie ; il intègrerait « naturellement »356 les jeunes, notamment les plus défavorisés ou ceux issus de l’immigration357. Au côté de la simple organisation de pratiques sportives, l’intégration par le sport constitue, entre autres, un objectif latent358 des associations sportives, correspondant à une autre fonction que celle assignée officiellement. Toutefois, petit à petit, largement propagé dans les discours publics, l’intégration par le sport n’en est pas moins devenue une catégorie de pratique359, notamment auprès des politiques publiques. Il s’agit de comprendre alors comment cette conception d’intégration sportive a pu naître au fil du temps au point qu’elle apparaisse aujourd’hui « naturelle ».

354 Chazel F., « Normes et valeurs sociales », Encyclopaedia Universalis, vol.11, 1971, p.894-896, in Callède J-P., La

sociologie française et la pratique sportive (1875-2005). Essai sur le sport. Forme et raison de l’échange sportif dans les sociétés modernes, op.cit., p.434.

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Entre les différents groupes qui intègrent et encadrent l'individu, Durkheim distingue les groupes primaires (la famille, conjugale ou étendue, la communauté villageoise, etc.) des groupes secondaires (les groupes professionnels ou sportifs par exemple). Les groupes secondaires constituent des milieux moraux favorables à l'émancipation des individus, au-dessus de la sphère des intérêts individuels et en deçà des intérêts collectifs abstraits incarnés par l'État. Voir : Durkheim E., De la division du travail social, op.cit.

356 Nous utilisons le conditionnel et soulignons l’aspect naturel de l’intégration par le sport parce que nous verrons plus

loin que le sport peut aussi très bien être, au contraire, un facteur d’exclusion. En soi, le sport ne possèderait pas de vertus naturelles mais des valeurs contradictoires suivant l’utilisation que l’on en fait.

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Voir à ce titre les résultats de l’enquête SOFRES réalisée en novembre 2003, à l’occasion du 20ème anniversaire de la marche pour l’égalité et contre le racisme où les jeunes d’origine maghrébine indique le sport comme 3ème lieu d’intégration après l’école et le travail.

358 Merton R.K., « The unanticipated consequences of purposive social action », American sociological review, n°1,

1936, p.22-35.

99 Tout d’abord, l’introduction significative de l’idée d’intégration sociale dans les sciences de l’Homme remonte à la fin du XIXème siècle360. Pouvant être appliquée soit à un système social, soit au rapport qu’entretiennent réciproquement un individu et un système social361, l’intégration362 désigne un état de forte interdépendance ou de cohérence entre des éléments ou bien des processus sociaux363. En France, l’intégration est un concept clé de la sociologie durkheimienne où il existe un lien négatif entre fréquence de l’anomie sociale (et fréquence du suicide) et la force de l’intégration des individus dans la société par l’intermédiaire de leur appartenance à des groupes sociaux dont certaines institutions favorisent la structuration (Eglise, famille). A l’origine, Durkheim réserve l’utilisation du concept au problème de la société dans son ensemble. Puis les sociologues contemporains s’interrogent sur la formation et le maintien des entités collectives, sur les relations entre l’individu et le groupe. Dominique Schnapper, en l’occurrence, montre que l’intégration n’est pas un processus unique et rectiligne, mais qu’il comporte des dimensions et des modalités différentes, voire discordantes364.

Parallèlement, historiens et sociologues du sport s’accordent pour reconnaître l’origine anglo-saxonne du sport moderne et sa diffusion massive sur le continent européen, à la même époque, fin du XIXème et début du XXème siècle. L’analyse élasienne de la diffusion du sport dans les sociétés occidentales365 montre que le sport, à travers son institutionnalisation, sa règlementation, sa bureaucratisation, est très vite apparu, selon la typologie classique de Durkheim, comme un modèle éducatif, permettant une intégration dans les groupes d’appartenance et dans la société dans son ensemble à travers les liens qui peuvent être tissés entre les individus.

Par la suite, la politisation des loisirs sportifs, du Front populaire dans les années 30 aux premières années de la Vème République, a permis au sport d’acquérir ses lettres de noblesse en matière d’intégration. Au fil de son histoire, le sport est devenu, malgré les conflits et les résistances du courant freudo-marxiste notamment, un modèle d’intégration qui s’est imposé dans le paysage social comme dans les têtes de nos contemporains. « Le sport et son modèle intégratif entrent, dans

la fin du XXème siècle, dans une ère de la massification avec une différenciation des pratiques et des représentations. (…). Dès lors, sous différentes modalités, le sport se répand dans toutes les strates

360 Spencer H., Principes de sociologie, trad. Par Cazelles E., Paris, Félix Alcan, 1910 (1891).

361 Nous renvoyant à la théorie générale des systèmes sociaux : Parsons T., Structure and process in modern societies

op.cit. 1960.

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« A la différence de l’intégration qui s’adresse à tous, l’insertion sociale en direction des jeunes désigne l’ensemble des efforts délibérément mis en place en vue de doter les plus démunis notamment de certaines aptitudes à la vie sociale. Autrement dit, il s’agit là de « corriger » ce qui est le plus souvent perçu comme des « ratés » de la socialisation « primaire » (famille, école) » in Gasparini W., « Les contradictions de l’intégration par le sport, conférence conclusive », Actes du colloque international « Intégration par le sport : état des recherches », Sale (Maroc), 25 mars 2004.

363 Richard J-L., « Intégration », p.636, in Mesure S., Savidan P. (dir.), Le dictionnaires des sciences humaines, op.cit. 364 Schnapper D., Qu’est ce que l’intégration, Paris, Gallimard, 2007. Dans cet ouvrage, l’auteure s’interroge sur ce

concept d’intégration à la française. Elle commence par un travail de déconstruction de ce concept-horizon (p.60) puis elle démontre les particularités de ce processus au sein de la société française.

365 Norbert Elias (1994) insiste sur le potentiel de pacification des mœurs par le sport et son rôle dans l’avènement de la

Démocratie et de l’Etat en Angleterre. L’Etat anglais, à travers une éthique de la discussion et une libération contrôlée des émotions, impose son autorité auprès des élites. Pour Elias, le sport est alors intégré au processus de civilisation, basé sur l’autocontrôle.

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de la société, bien relayé par un Etat en quête d’un modèle social dans une situation de crise. »366

Ainsi, depuis le début du XXème siècle, la vision d’un sport intégratif et vertueux « par essence » est sans cesse réaffirmée à travers les différentes politiques publiques. Dès sa naissance, puis à travers sa diffusion, le sport est apparu comme un modèle intégratif367.

Dès lors, le sport possèderait les vertus permettant d’intégrer les individus. Pour Durkheim, l’intégration sociale est le processus par lequel l’individu participe à la vie sociale. Plus particulièrement, l’intégration peut alors se définir au sein de notre objet d’étude comme le processus permettant aux individus de participer à la vie des associations sportives en milieu rural. Toutefois, cette forme d’intégration repose sur la socialisation des adhérents, c'est-à-dire que l’individu est intégré lorsqu’il acquiert des normes et des valeurs propres à l’association. Les effets socialisateurs du sport ont d’ailleurs constitué un thème central de la sociologie du sport368. L’entrée dans une association sportive, avec ou sans l’incitation familiale pour les plus jeunes, avec ou sans la pression amicale d’un tiers, est essentiellement une démarche volontaire. On « entre dans le club », on « signe une licence », pour marquer son adhésion à une collectivité et son comportement vis-à-vis du groupe. Il convient de parler de socialisation de l’individu, du jeune ou de l’adulte369, du pratiquant ou du dirigeant, de l’éducateur ou de l’entraîneur, dans la mesure où celui-ci va acquérir et intérioriser progressivement les normes, les valeurs et les croyances partagées par le groupe. Ainsi, en milieu rural, les associations sportives jouent un rôle important puisqu’elles apparaissent souvent comme une « seconde famille » avec l’accent mis sur les connectivités. L’engagement volontaire des individus permet de construire des connectivités sportives associatives dépassant les appartenances « naturelles », qu’elles soient territoriales, familiales ou professionnelles370. Ces associations s’appuient sur une appartenance organique, autrement dit, une appartenance héritée, où les individus s’inscrivent du fait de leur origine, mais, elles lui confèrent, ce faisant, un autre statut : l’appartenance n’est plus seulement héritée, elle est aussi revendiquée comme une source d’identité.

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Gasparini W., Vieille Marchiset G., Le sport dans les quartiers. Pratiques sociales et politiques publiques, op.cit., p.25.

367 Voir à ce propos la partie « Naissance et diffusion d’un modèle intégratif du sport » in Vieille Marchiset G., Le sport

entre intégration et exclusion. Normes et processus de transmission en question. Mémoire de HDR, Université de Franche Comté, novembre 2005, p.41-45.

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Tout juste dégagée du discours fortement saturé d’idéologie sportive, cette discipline naissante dans les années 70, « trouvait là un sujet charnière pour un travail réellement scientifique » : Irlinger P., Louveau C., Metoudi M., « Sociologie des activités physiques et sportives : promenade dans la littérature », Bulletin de l’AECSE, n°10, n°spécial « Recherches et interventions en APS », mars 1991, p.4-35. Article publié sur sollicitation par la revue STAPS, février 1992. Plus récemment, dans son travail de synthèse, Jean Paul Callède identifie la socialisation par le sport comme un des axes privilégiés par les auteurs concernant l’associationnisme sportif : Callède J-P., La sociologie française et la pratique sportive (1875-2005). Essai sur le sport. Forme et raison de l’échange sportif dans les sociétés modernes, op.cit., p.432.

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Berger P., Luckmann T., La construction sociale de la réalité, op.cit.. Peter Berger et Thomas Luckmann définissent la socialisation comme un processus inachevé qui se poursuit tout au long de la trajectoire sociale des individus. Ils distinguent la socialisation primaire (enfance) de la socialisation secondaire. Cette dernière permet aux individus de s’intégrer à des sous-mondes spécialisés, comme le monde sportif par exemple. La socialisation sportive peut alors s’envisager pour tout type de population, jeune ou adulte.

101 A cet effet, un lien important semble noué entre les activités sportives et la construction identitaire. Comme le souligne Jean-Pierre Augustin, d’un point vue général, « le sport et les

activités qui lui sont liées ont pris une place grandissante dans le monde contemporain. Aujourd’hui, totalement immergé dans la société, il s’impose comme un moyen d’identité individuelle ou collective dont chacun peut user selon ses libres dispositions. En jouant sur le triple registre de l’autonomisation, de l’institutionnalisation et de l’universalisation, il progresse et apparaît comme un élément de la culture contemporaine, un fait de civilisation, un champ social à part entière »371. Les sports possèdent un très grand pouvoir d’expression identitaire au sens large.

Tout d’abord pour l’individu, dans le processus de socialisation qu’implique la construction d’une personnalité quasi miraculeusement adaptée à la trajectoire qu’il parcourt dans l’espace social et aux positions qu’il y occupe. Pour Marc-Edmond Lipiansky372, « l’identité résulte des relations

complexes qui se tissent, entre soi et autrui, entre le social et la personne », c’est dans et par la

comparaison aux autres que l’individu construit une certaine définition de soi, corrélative d’une définition de l’autre373. Puis, pour un groupe, un village, un quartier, qui semble souvent s’unir et façonner sa cohérence identitaire autour d’une équipe ou de la réussite des siens. Les associations sportives deviennent un vecteur important du développement d’une identité locale, notamment en milieu rural ; les équipes se défiant non plus pour le seul enjeu sportif mais aussi pour la défense de l’honneur de leur clocher374. L’organisation du club sportif et son fonctionnement participe également à ce phénomène, en plus de la simple pratique d’activités physiques375. L’amour pour un club, où le sentiment de sympathie que l’on ressent pour certaines associations sportives, contribue et renforce ce processus identitaire qui peut s’étendre vers d’autres personnes extérieures au club376. Le sport en général et les sports d’équipes en particulier ne peuvent pas être dissociés de la communauté locale qui leur fournit ressource et moyens d’exister. Comme le montre de nombreux travaux sur cette question377, en favorisant les identités collectives, les associations sportives participent au patriotisme local et à la symbolique du territoire dont la presse locale se fait parfois l’écho en consacrant une place importante aux activités des clubs et aux résultats des équipes.

371 Augustin J-P., Sport, géographie et aménagement, op.cit.

372 Lipiansky M-E., « Identité, communications et rencontres interculturelles », Cahiers de sociologie économique et

culturelle, 1986, P.7-49.

373 Sur le processus d’identification individuel, voir également : Goffman E., La mise en scène de la vie quotidienne,

Paris, Minuit, 1973 et Dubar C., La socialisation, op.cit. Claude Dubar relève notamment deux processus identitaires différents que l’on peut synthétiser sous la forme suivante : l’identité pour soi et l’identité pour autrui. Celui-ci s’inscrit donc dans une relation duale entre notre personne et autrui.

374 Faure J-M, « « Voutré, mon village », le football dans la culture populaire », op.cit.

375 Voir à ce titre les travaux des géographes et en particulier la récente thèse de Brice Tonini, La dynamique spatiale

des pratiques sportives. Des patronages à l’intercommunalité. L’exemple du basketball, du football et du rugby dans les Pays de la Loire, op.cit.

376 Jean Michel Faure a très bien décrit ce phénomène dans la localité de Voutré où une forte identité territoriale s’est

constituée autour de l’équipe de football locale à travers l’engouement suscité par une rencontre face l’équipe du village rival voisin.

377

Citons entre autres : Poli R. (dir.), Football et identités. Les sentiments d’appartenance en question, éd. CIES, Neuchâtel Suisse, 2005. De Waele J-M., Husting A., Football et identités, éd. Université de Bruxelles, Bruxelles, 2008.

102 Elément du cadre de vie, de valorisation de l’espace, d’affirmations d’identités locales, de socialisation, le sport associatif rural se situe au carrefour de nombreux enjeux sociaux et notamment celui de l’intégration. Les équipes et les clubs la facilitent dans la communauté sportive mais plus globalement dans la société locale. Il convient de s’interroger sur ce processus à travers notre angle des connectivités. Dans quelle mesure les individus construisent des connectivités sportives dans une perspective d’intégration ? Ces deux concepts sont relativement liés. En effet, les individus sont en interrelation les uns avec les autres puisqu’ils partagent les mêmes valeurs, ayant chacun vis à vis des autres des obligations mais aussi des droits. Ce ciment, que nous appelons dans notre recherche « connectivité » et qui produit de la solidarité entre les membres d'une société, pour reprendre la thèse de Durkheim, ne naît pas spontanément mais résulte de cette intégration, qui se construit, dans des lieux, (ici le village rural, l’association sportive ou le groupe de pairs) ou grâce à des dispositifs précis (organisation, fonctionnement du club, « esprit club »).

Ce processus demeure alors une composante importante de la pratique sportive associative. En l’analysant, Jean-Paul Callède en relève plusieurs dimensions : l’intégration de l’individu dans le groupe, l’intégration sociale par le sport de l’individu issu de l’immigration et les formes d’intégration sociale au sein de l’institution sportive. En ce qui nous concerne, la complexité de notre objet de recherche nécessite en premier lieu de spécifier, de caractériser la dimension du processus analysé : parlons-nous d’intégration au sein de groupes particuliers, de groupes de pairs, de groupes d’amis ? Parlons-nous d’intégration à l’association ? Parlons-nous d’intégration au sein de territoire, celui du village rural en l’occurrence ? Parlons-nous d’intégration à la société pour une population spécifique ? Notre questionnement porte donc sur le rôle des associations sportives en milieu rural dans le processus d’intégration et sur ses étapes. Plus précisément, en quoi la construction des connectivités sportives associatives rurales peut-elle s’appréhender dans une perspective d’intégration ? Pour réaliser ce travail, nous pouvons nous appuyer sur les composantes empruntées aux quatre types d’intégration identifiés par Werner S. Landecker378.

- « L’intégration culturelle désigne la concordance entre normes d’une même culture. On parlera alors d’identité de sens ou d’orientation convergente des éléments constitutifs de cette culture, ou encore d’incohérence, de dissonance ou de contradiction entre ces mêmes éléments.

- L’intégration normative prend en compte la conformité de la conduite – sportive – aux normes de la collectivité. Concrètement, elle s’impose avec la mise en évidence de l’ajustement à la règle comme des écarts et autres manquements à celle-ci. Il s’agit aussi d’appréhender le degré auquel les valeurs du groupe (club, section, équipe, comité directeur, bureau de la section…) constituent pour ses membres des normes effectives.

378

Landecker W.S., « Les types d’intégration et leur mesure » (traduit de l’américain), in Boudon R., Lazarfeld P., (dir.), Le vocabulaire des sciences sociales. Concepts et indices, Paris, Mouton et Co, 1965, p.37-48.

103 - L’intégration communicative concerne les échanges de signification au sein du groupe. La communication, entendue alors comme échange de signes, permet de préciser le degré de cohésion et de solidarité du groupe, voire la manifestation de certains symptômes d’isolement ou de clivage dans les formes et les contenus de communication.

- L’intégration fonctionnelle renvoie plus précisément à l’organisation du groupe et caractérise le degré d’interdépendance entre les éléments qui structurent celui-ci. La spécialisation des tâches, la nature et le volume des échanges peuvent être considérés comme des indices relatifs à cette dimension. »379

Ces différentes formes sont plus ou moins présentes en fonction des associations sportives en milieu rural. Parfois, la communicative peut être forte dans certains clubs, ne facilitant pas forcément l’intégration de nouveaux venus et s’accompagnant d’une assez faible intégration

fonctionnelle. En tout cas, chaque type d’intégration, culturelle, normative, communicative, fonctionnelle est pourvu d’une échelle d’analyse « dont il faut déterminer des indicateurs observables dans les interactions sociales relatées ou observées.380 » En milieu rural, les associations jouent un rôle important en devenant une institution permettant l’intégration sociale de ses adhérents. Toutefois, dans certains cas, celle-ci demeure plus ou moins effective puisque l’intériorisation de l’ « esprit club » peut rester partielle. Le curseur se déplace d’une acceptation totale au rejet des normes, des codes, et des autres. L’intégration peut aussi ne pas être totale.

Les associations sportives rurales apparaissent donc comme des organisations fondamentales dans la structuration sociale des individus en milieu rural et se trouvent au cœur de nombreux enjeux de sa société. Par les connectivités sportives qui sont nouées, elles constituent un nouveau cadre de socialisation par lequel émergent certaines revendications identitaires (individuelles et territoriales). Elles constituent aussi et surtout des vecteurs d’intégration sociale fondamentaux dans notre société contemporaine.

Or, la transformation des valeurs, l'individualisme croissant, les changements dans la vie économique et sociale affectent ces lieux d'intégration et ces dispositifs. Cette cohésion peut parfois être menacée, notamment au regard des conduites effectives en matière sportive. Les valeurs qui lui sont assignées sont parfois en net décalage avec la réalité. Par sa plasticité, chacun peut attribuer des finalités, des significations singulières au sport, ainsi la cohésion sociale n'est donc jamais définitivement acquise. Une société doit toujours veiller à la construire et, pour cela, à intégrer ses membres sous peine de retrouver des situations de rupture de lien social, d’exclusion.