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8. Analyse :

8.3 Mise en perspective du matériel récolté, des entretiens et des observations

8.3.2 Internet dans les parcours militants

8.3.2.1 Des parcours progressifs

Les différentes personnes que nous avons pu interroger nous ont toutes confié que leur engagement dans l’antispécisme avait été un processus de long-terme. Ceci est en partie expliqué en premier lieu par les obstacles qui peuvent se dresser sur le chemin d’une personne désireuse d’adopter un mode de vie végan. Au-delà de l’aspect financier, qui, beaucoup de militants l’assurent, n’est pas un obstacle, l’adoption du véganisme suppose un certain nombre de connaissances et de bonnes pratiques dont l’acquisition représente une forme d’éducation de soi. Antoine98 raconte ainsi qu’il n’est pas devenu végan d’un seul coup. Il a commencé par adopter un régime alimentaire végétarien avant de commencer à se questionner sérieusement sur la provenance des aliments qu’il consommait, « ce qui était souvent assez compliqué ». Il illustre également bien les multiples apprentissages par lesquels doit passer la personne qui souhaite faire l’abandon des produits d’origine animale :

« Au bout d’un moment, j’ai renoncé petit à petit à différents produits. J’ai renoncé d’abord à la viande, ensuite j’ai renoncé aux œufs, en tout dernier j’ai renoncé au fromage. A chaque fois c’était en découvrant que, en fait, si je continuais à consommer ces produits, je continuais de payer pour cette industrie, je continuais de voter pour cette industrie. Et du coup, c’était pas aligné à mes valeurs. » (Antoine99)

Bryan raconte une progression similaire de son mode d’alimentation et de consommation :

« […] bah j’ai commencé par être végétarien pendant deux ans, après je suis devenu végan, et je me sentais vraiment en adéquation entre mes actions et mes valeurs, à ce moment-là. Après, j’ai bifurqué vers le militantisme antispéciste quand je me suis rendu compte qu’il y avait un problème systémique, en fait. Et pas juste un problème finalement d’offre et de demande, et de business. » (Bryan)100

Cette forme d’apprentissage progressive peut être facilitée, et peut-être même accélérée, par le contact avec des personnes plus expérimentées dans le domaine du véganisme et de l’antispécisme, susceptibles de jouer le rôle de guides ou de mentors.

Benjamin cite ainsi sa meilleure amie, végétarienne, qui lui « a montré que c’était

97 Benjamin, entretien avec Léo Tarazi (22.12.2020)

98 Antoine, entretien avec Léo Tarazi (28.09.2020)

99 Antoine, entretien avec Léo Tarazi (28.09.2020)

100 Bryan, entretien avec Léo Tarazi (28.09.2020)

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faisable, que c’était bon et que c’était plutôt cool »101. Cependant, d’autres obstacles, familiaux, ou dans le cercle de relations de la personne, peuvent également décourager nombre de personnes. Benjamin raconte ainsi

« J’ai perdu pas mal de potes, quand même. […] Ouais, il y avait vraiment cette pression à pas devenir végan. Parce que j’étais “pas cool”. A l’époque où j’étais juste végétarien, c’était genre t’es végétarien “ouais, tu vas pas devenir végan, s’il te plaît, deviens pas végan” et t’es là genre

“woh ! Laissez-moi tranquille, en fait, je fais ce que je veux” et ouais… ça m’a éloigné de pas mal de gens. En fait je comprenais pas pourquoi… à l’époque j’avais même pas de considérations éthiques, c’était juste des soucis écolos » (Benjamin102)

Si dans le cas de Benjamin, il estime ne jamais avoir été « dans une stratégie d’emmerder les autres », ou « vindicatif, élitiste », les tensions peuvent également être ressentie par la personne en transition. Les conflits peuvent donc émerger de la question de la cohabitation, des repas en commun, mais aussi des valeurs et idées antispécistes qui peuvent conduire la personne en transition à entrer en conflit avec ses proches au sujet de leurs habitudes de consommation. Beaucoup de militants expliquent ainsi être passés par une phase de conflictualité avec leur entourage.

Antoine illustre bien ce type de parcours quand il parle de ses débuts en tant qu’antispéciste :

« J’étais vraiment très en colère contre la société, très révolté. Et puis il y a eu pas mal de clash aussi, avec certains amis, avec ma famille. J’ai dû apprendre aussi apprendre à accepter que […] j’ai pas été végan toute ma vie. C’est un processus ». (Antoine103)

Marie-Laure relate le même sentiment d’isolement, ainsi que la dynamique de la relation qui a pu s’instaurer avec son cercle familial, au fur et à mesure que ses valeurs morales n’étaient plus en adéquation avec le mode de vie en cours au sein de celui-ci :

« Malheureusement, ça a été assez dur, en fait, parce que quand j’ai pris cette décision de devenir végan, il y avait personne dans mon entourage qui était ni végétarien ni végan, ni rien. Et du coup, j’ai eu l’impression de me prendre une grosse claque dans la figure parce que comme je te disais l’autre fois, bah j’utilise toujours cette même métaphore, mais je trouve que ça illustre tellement bien : c’est comme, t’es sur un bateau, avec plein d’animaux en train de se noyer autour du bateau, et pendant que toi t’en sauves un, bah t’as tous tes potes et ta famille de l’autre côté du bateau, qui les rejettent à l’eau par dizaines, centaines. Donc, c’est assez dur, ouais. » (Marie-Laure104)

101 Benjamin, entretien avec Léo Tarazi (22.12.2020)

102 Benjamin, entretien avec Léo Tarazi (22.12.2020)

103 Antoine, entretien avec Léo Tarazi (28.09.2020)

104 Marie-Laure, entretien avec Léo Tarazi (28.09.2020)

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Bryan relate des difficultés similaires, et apporte son explication au nombre de végans qui abandonnent leurs engagements au bout d’une période relativement courte105 :

« […] très rapidement tout ce qui était au niveau véganisme et antispécisme, par contre, bah je me suis retrouvé seul pour le faire et ça n’a pas été facile, parce que quand on est seul on se rend compte de la difficulté que c’est de tenir cet engagement-là sur le long-terme.

D’ailleurs on sait qu’il y a beaucoup de végans qui ne tiennent pas leur engagement plus d’une année […] en fait, c’est trop dur pour eux de maintenir leur engagement, bah de nouveau : parce que les structures sont spécistes. Quand on est au restaurant, quand on est entre amis, on est invalidés en fait. Il y a beaucoup de végéphobie, aussi, dans le système actuel. Et en tant que communauté, en tant qu’individu militant, c’est très dur de faire les bons choix, et puis de les tenir. Ça a été vraiment un gros parcours du combattant (Bryan106)

8.3.2.2 Influence et soutien

Beaucoup des militants rencontrés nous ont expliqué ne pas avoir eu de proches ou de connaissances déjà véganes ou impliquées dans l’antispécisme. Leur transition, et leur décision de changer de mode de vie, ont ainsi été influencées principalement via les RSN et Internet. Lara explique ainsi avoir été sensibilisée à la cause animale, puis avoir décidé de passer au véganisme, grâce à sa passion pour la cuisine. C’est en effet en regardant des vidéos de recettes sur la plateforme Youtube qu’elle a été confrontée à du contenu antispéciste pour la première fois. L’algorithme de la plateforme proposant du contenu aux utilisateurs selon leurs préférences, déduites de leur historique de visionnement, Lara s’est vu proposer des recettes végétariennes, puis véganes. Intriguée, puis « fascinée »107 par les possibilités offertes par une cuisine sans produits carnés au départ, puis sans produits d’origine animale, elle s’est mise à consommer de plus en plus de contenu « vegan ». C’est ensuite que des vidéos orientées sur la philosophie antispéciste, ou des vidéos de sensibilisation à la cause animale, du même type que les enquêtes en abattoirs diffusées aujourd’hui par PEA.

« Choquée et révulsée »108 par ces contenus, elle a fait la démarche d’aller voir les sites Internet de s’abonner aux pages sur les RSN des associations à l’origine de ces vidéos. C’est ainsi qu’elle a découvert Anonymous for the Voiceless (organisation internationale dont la branche suisse gérait le Cube of Truth en région romande avant que PEA n’en reprenne la responsabilité). Elle a ensuite rejoint l’association d’elle-même, sans connaître de militants qui y seraient déjà impliqués. Elle résume ainsi son parcours en expliquant : « je suis venue par le côté culinaire, je suis restée pour les animaux »109. Elle considère ainsi elle-même que c’est « l’algorithme qui [l’]a menée

105 Alex (19.01.2019). Pourquoi les végétaliens et végans reviennent à la viande ? Agoravox. Repéré à https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/pourquoi-les-vegetaliens-et-211463

106 Bryan, entretien avec Léo Tarazi (28.09.2020)

106 Marie-Laure, entretien avec Léo Tarazi (28.09.2020)

107 Lara, entretien avec Léo Tarazi (28.09.2020)

108 Lara, entretien avec Léo Tarazi (28.09.2020)

109 Lara, entretien avec Léo Tarazi (28.09.2020)

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au véganisme ». Reem raconte un parcours également marqué par une sensibilisation relativement autonome : sensibilisée à la cause animale par une vidéo d’abattoir vue à la télévision, elle fait ensuite ses recherches seules, en continuant de visionner des vidéos sur Internet, avant de trouver des associations actives dans sa région, qu’elle rejoint grâce à leurs pages sur les RSN110.

Marie-Laure explique aussi s’être tournée vers Facebook lorsqu’elle a voulu rencontrer d’autres antispécistes. Pour elle « c’est Facebook » qui lui a permis découvrir les associations et les militants actifs près d’elle, c’est Facebook qui lui a également permis d’entrer en contact avec ces militants : « c’est aussi à travers Facebook que j’ai découvert qu’il y avait PEA, qu’ils organisaient des manifs, et que du coup je me suis lancée dans ma première manif […] »111. Elle explique aussi être passée par la

« page vegan de Suisse romande » sur Facebook, qui « post[aient] tout le temps les évènements, leurs manifs, et tout ça. Et puis, un jour, je me suis dit : “Aller, je me lance ! “ »112.

L’engagement de Lara, Reem et Marie-Laure est donc assez représentatif de la manière dont les RSN peuvent jouer le rôle de canalisateur de l’engagement en permettant à des futurs-militants isolés de rompre l’isolement dans lequel ils étaient initialement plongés, de par leur transition solitaire vers le véganisme et l’antispécisme.

Comme le mentionne Benjamin, lorsqu’il évoque ses justifications écologiques à ses débuts dans le véganisme, la philosophie antispéciste n’est pas un débouché obligé d’un passage au véganisme. La découverte de ces associations et de leurs idées via les RSN permet donc aux militants d’approfondir leurs questionnements philosophiques et éthiques, parfois en prenant contact avec des militants, plus expérimentés sur ces sujets et à même de répondre à leurs questionnements.

Dans ces processus de transition, souvent d’abord vers le végétarisme, puis le véganisme et l’adoption de la philosophie antispéciste, la plupart des militants interrogés semblent ainsi avoir trouvé un soutien et des ressources sur Internet et les RSN. En l’absence de références vers lesquelles se tourner dans leurs cercles de connaissances directs, les militants ont en effet effectué un considérable travail de recherche, de documentation et d’information par eux-mêmes. Ainsi, Bryan explique-t-il :

« […] c’est passé aussi par beaucoup de visionnement de vidéos, de documentaires, sur internet, de discours d’activistes… Je crois que c’est vraiment passé par ça, faut être honnête. C’est à force d’avoir lu, relu, vu des choses, que je me suis rendu compte que c’était plus possible pour moi de poursuivre dans cette voie-là aveuglément en fait. » (Bryan113)

Antoine114, pourtant plus critique des RSN en général, décrit lui aussi ses premiers pas dans l’antispécisme en disant qu’il a « vu beaucoup de vidéos sur Internet », à « une période où [il] était une heure par jour sur facebook ». Benjamin rapporte lui aussi

110 Reem, entretien avec Léo Tarazi (12.09.2020)

111 Marie-Laure, entretien avec Léo Tarazi (28.09.2020)

112 Marie-Laure, entretient avec Léo Tarazi (28.09.2020)

113 Bryan, entretien avec Léo Tarazi (28.09.2020)

114 Antoine, entretien avec Léo Tarazi (28.09.2020)

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l’importance du rôle joué par les RSN dans son ouverture aux idées antispécistes, ainsi qu’aux possibilités d’engagement qui lui étaient offertes :

« […] quand on a commencé à militer en 2013, bah déjà la bouffe végétalienne, en ville tu la trouvais pas. A la Migros ou à la Coop, ça se cantonnait à genre un paquet de tofu, la marque Carna n’existait pas, la marque Cornatur c’était quatre pauvres triangles panés de légumes avec des petits pois, des carottes, qui étaient pas oufs non plus. Donc, dans la vie de tous les jours t’étais pas de ouf confronté à ça. Eh bah PEA, moi je les ai connus via les réseaux sociaux, les enquêtes dans les abattoirs c’était aussi via les réseaux sociaux, les personnes un peu influentes, bah les youtubers, c’est aussi via les réseaux sociaux. La base militante, partager des textes, des points de vue via les réseaux sociaux, moi j’ai rencontré des gens via les réseaux sociaux, il y a des groupes qui se sont constitués via les réseaux sociaux, donc ça a été d’une importance fondamentale, sans Internet on n’en serait pas du tout là où on en est actuellement. » (Benjamin115)

Bryan renchérit ainsi sur l’importance des RSN dans son parcours militant :

« Je pense que sur Internet on trouve plein d’articles, plein de ressources, plein d’idées, plein d’aide. Plein de stratégies qui peuvent nous permettre de moins se sentir seul. C’est vrai que le côté communautaire sur Internet, pour moi, il a été important, j’ai pu rejoindre des groupes, j’ai pu socialiser au travers de mon activisme, et rencontrer de plus en plus de personnes qui m’ont inspiré, qui m’ont forcé, qui m’ont guidé, qui m’ont aidé et que j’ai pu aider, aussi. Voilà, il y a toute une forme de co-construction d’une identité militante qui a été vraiment importante, sur internet aussi c’est vrai. » (Bryan116)

Ces expériences personnelles semblent donc plaider pour la force mobilisatrice des RSN (MABI, THEVIOT, 2014 : 8). Les militants concernés y ont en effet trouvé des informations pratiques (pour l’alimentation, la consommation, mais également pour trouver des associations dans leur région), ainsi que des ressources théoriques (sur l’antispécisme et ses courants). Les RSN ont donc pu jouer le rôle de passerelle entre les associations et leur bassin de recrutement. Au-delà de rôle de simple moyen de communication, les RSN ont également pu jouer le rôle de facilitateur de cette adhésion à l’antispécisme, en permettant l’éveil de ces personnes aux questions animalistes, préparant ainsi leur entrée en contact avec des associations et des militants.

8.3.2.3 Modèles de militantisme

Nous avons également pu, lors de nos observations et entretiens, noter un autre fait intéressant. En effet, si les militants rencontrés ont pu nous faire part de l’importance des RSN comme passerelles vers les associations et organisations dans leurs

115 Benjamin, entretien avec Léo Tarazi (22.12.2020)

116 Bryan, entretien avec Léo Tarazi (28.09.2020)

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parcours, nous avons également pu observer le pouvoir mobilisateur des RSN pour l’action, parfois sans l’intermédiaire des associations. En effet, les actions diffusées sur les réseaux sociaux par les associations, telles que les Cube of truth, ou les happenings des différentes Journées Mondiales organisées par PEA, ou encore les actions plus proches de l’action directe ou de la désobéissance civile, telles que les enquêtes en abattoirs, les blocages d’abattoirs en passant par les diverses actions de sabotage ou de caillassage, peuvent parfois inspirer des personnes encore non-militantes et isolées. Ceux-ci peuvent alors passer à l’action et devenir militants sans nécessairement rejoindre d’association. Ce genre de démarche peut s’expliquer par une volonté d’action immédiate, le manque d’association locale dans le rayon d’accessibilité de la personne, ou le manque de connaissance de celle-ci du tissu militant local. Un militant solitaire peut aussi estimer qu’aucune association dans ses environs directs ne pratique les actions qu’il estime efficaces à un instant donné.

Le cas de Bryan illustre bien cette possibilité, qui vient pourtant contredire les travaux de chercheurs tels que Bonelli et Carrié (2018), qui estiment que des strong-ties sont nécessaires pour qu’un militant ne décide d’entreprendre une action à risque. En effet, Bryan nous a raconté que ses débuts dans l’antispécisme l’ont amené à entreprendre de nouveaux types d’actions :

« Alors, c’est arrivé avec l’antispécisme, avant pour d’autres causes, je faisais pas ce genre d’actions. Je faisais des actions de rue, mais différenciées. Depuis que, finalement… Quand j’étais vegan, avant d’être antispéciste, je faisais des disrupts dans des restaurants, par exemple, j’arrive dans le restaurant et je fais un discours pré-appris. Où je dis

« excusez-moi de vous déranger, mesdames et messieurs » et je leur explique ce qu’ils sont en train de manger, en fait. Et souvent, il y a des animaux de compagnie, pas loin par terre, et c’est intéressant de faire le lien. Donc, ouais ces actions-là j’ai commencé à les faire dans l’antispécisme parce que, en fait, je trouve que dans les autres actions il y a déjà assez de connaissances qui sont prêtes et qui sont prêtes à être diffusées. » (Bryan117)

« […] en fait j’ai vu ça dans les vidéos, sur Internet. J’ai vu des gens rentrer dans les abattoirs, avec des téléphones et tout, tu vois et puis finalement, filmer, ressortir. Et enfin bah voilà, quoi, je me suis dit il faut que je fasse ça. Et je l’ai fait, je l’ai fait un peu et à un moment je me suis fait un peu niquer […] mais voilà, ça a été un truc que j’ai fait pendant quelques mois, trois-quatre mois… C’est pas évident parce que c’est un peu stressant à faire. » (Bryan)

Ce genre d’entrée dans le militantisme, autonome et relativement solitaire en ce qu’elles sont isolées des associations qui pourraient chapeauter ce type d’actions par l’expérience accumulée de leurs militants, semble être un des objectifs de 269 Libération Animale. En effet, Tiphaine, pendant son discours lors de la soirée de soutien à Lausanne, encourageait l’audience : « […] les gens n’ont pas besoin d’attendre qu’on organise, on a montré comment faire »118. L’association encourage

117 Bryan, entretien avec Léo Tarazi (28.09.2020)

118 Tiphaine, soirée de rencontre et de soutien à 269 Libération Animale (17.05.2020)

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ainsi les sympathisants de la cause animale à ne pas forcément essayer de rejoindre l’association, Tiphaine expliquant même que l’association « n’a pas besoin de rassembler plus »119, mais de lancer des actions dans leurs régions, au niveau local, même si la responsable admet elle-même que ce type sont moins efficaces. PEA s’engage, dans une moindre mesure, dans des comportements similaires, notamment avec les Journées Mondiales Pour la Fin du Spécisme et celles pour la Fin de la Pêche, en encourageant également les initiatives individuelles de personnes non-affiliées à l’association. Il faut cependant noter la différence d’ampleur entre les deux stratégies, 269 Libération Animale demandant un engagement beaucoup plus important, puisque le recours à l’action directe suppose des risques judiciaires (voir même physiques, dans le cas de confrontation avec les forces de l’ordre ou d’une peine d’emprisonnement) pour les militants.

Le parcours de Bryan vient ici contredire en partie les chercheurs les plus pessimistes quant aux effets des RSN sur la mobilisation (MABI, THEVIOT, 2014), son activité de recherche et de visionnement de contenu antispécistes ayant été suffisant pour le motiver à passer à l’action, sans passer par le giron d’une association. L’absence de strong-ties ne semble pas avoir été ici un facteur déterminant dans son passage à l’action et à la mobilisation. Il faut cependant noter que Bryan semble conscient de l’aspect éphémère d’une telle mobilisation, les risques engendrés par la répression ayant eu raison de son envie de réitérer ce genre d’actions. L’entrée dans une association est ici présentée comme un moyen de faire durer la lutte et de ne pas

Le parcours de Bryan vient ici contredire en partie les chercheurs les plus pessimistes quant aux effets des RSN sur la mobilisation (MABI, THEVIOT, 2014), son activité de recherche et de visionnement de contenu antispécistes ayant été suffisant pour le motiver à passer à l’action, sans passer par le giron d’une association. L’absence de strong-ties ne semble pas avoir été ici un facteur déterminant dans son passage à l’action et à la mobilisation. Il faut cependant noter que Bryan semble conscient de l’aspect éphémère d’une telle mobilisation, les risques engendrés par la répression ayant eu raison de son envie de réitérer ce genre d’actions. L’entrée dans une association est ici présentée comme un moyen de faire durer la lutte et de ne pas