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12. Annexes :

12.8 Entretien avec Bryan de PEA (28.09.2020)

Q : Alors, je te laisse te présenter.

R : Alors, je m’appelle Bryan […], j’ai trente ans, je suis éducateur social de formation, je suis militant antispéciste depuis quatre ans maintenant, et militant pour d’autres causes depuis une dizaine d’années environ.

Q : Est-ce que tu peux me dire ce que tu fais ici, aujourd’hui ?

R : Alors, aujourd’hui on est dans une action de sensibilisation de rue, en fait. Donc le but c’est de montrer des images de l’exploitation animale dans l’espace public, et puis de discuter avec les gens de qu’est-ce qu’ils en pensent. Et puis de changer aussi le rapport de perception des individus non-humains. Et puis de parler aussi beaucoup d’antispécisme, de spécisme, de discrimination, de domination en fait de l’humain sur l’animal et en fait de changer un petit peu ces perceptions-là que les gens peuvent avoir au sein de la société ou au sein de la construction sociale qu’est le spécisme.

Q : Comment tu t’es retrouvé à participer à ces actions ? R : Bah en fait, il y a quelques années, j’avais commencé déjà à changer pas mal de choses dans mon alimentation, ou bien dans mon comportement personnel. J’étais devenu vegan depuis quelques années, et je me suis rendu compte en fait que c’était pas suffisant et que j’en avais un peu marre de ne pas agir plus efficacement . Et puis de juste ne pas contribuer, un peu dans le boycott comme ça, même si c’est important mais ça me semblait un peu insuffisant. Et puis du coup, j’ai rejoint PEA il y a trois ans environ, mais j’avais déjà fait deux-trois actions antispécistes avant. Et en fait, j’ai rejoint le groupe et je me suis renseigné un peu plus sur la stratégie et je me suis rendu compte que ça me plaisait, et que c’était vraiment ce type d’activisme que je voulais faire. Et j’ai pu pérenniser mon militantisme, aussi au travers de ces questions-là.

Q : Ça fait donc plusieurs années que tu es là-dedans. Tu étais déjà dans AV, avant ?

R : J’étais dans AV aussi pendant un temps, pas longtemps en l’occurrence. J’ai fait une petite année, en même temps que j’étais chez PEA. J’ai arrêté aussi pour des raisons, d’incohérences avec le mouvement et les idées que AV pouvait prôner, qui me convenaient pas.

Q : A quel niveau, si ce n’est pas indiscret ?

R : Bah, je pense que AV, ils ont une position très veganiste, au niveau de leur outreach de rue, au niveau de leur rapport au discours. Ils vont être très dans le go-vegan, et moi c’est vrai que ces trucs ne m’intéressent pas. Je préfère parler avec les gens d’antispécisme, de spécisme, parce que c’est ce qui sous-tend les comportements. Et puis quelque part, le véganisme si c’est une conséquence… mais c’est pas un moyen en fait, c’est pas un moyen de lutter, c’est plutôt finalement une conséquence de mon engagement antispéciste. Du coup, pour moi, le véganisme devrait pas s’ériger en forme de pureté un peu vegan, comme on entend quelques fois, où si t’es pas vegan t’as rien compris, et t’es une merde. Je pense pas que ça soit cohérent, et je pense que ça culpabilise beaucoup trop les consommateurs. Alors que c’est notre société qui est spéciste, en fait. C’est dur de changer, concrètement. Je comprends ça. Du coup, c’est plus important pour moi de penser les fondations de notre rapport aux animaux plutôt que de questionner notre alimentation ou des modes de vie. Mais c’est pas que ça, AV ils ont aussi eu beaucoup de problèmes dans leur

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rapport avec… ils ont été très psychophobes aussi, quand ils ont parlé du rapport à la dépression, du rapport à la durabilité en temps qu’activiste. Où ils disaient finalement qu’on n’avait pas le droit d’être fatigués parce que les animaux souffrent tous les jours et qu’on doit tout le temps être sur la brèche. Et ça, c’est pas un truc que je trouve pertinent. Parce que la lutte antispéciste elle va continuer encore des années, on est encore loin d’en être sortis, on doit trouver des moyens de durer en tant que militants, et si ç doit passer par faire un moment de pause, ça doit passer par faire un moment de pause. Il faut arrêter cette urgence, en fait, de vouloir absolument changer. Bien sûr qu’il faut changer vite, bien sûr que chaque jour qui passe est terrible, mais il faut vraiment comprendre que c’est une stratégie à long-terme.

Q : Pour revenir un peu sur ton parcours militant, qu’est-ce qui a fait le déclic tout d’abord pour passer au végétarisme, au véganisme et ensuite pour entrer dans le militantisme ?

R : Je pense que c’est déjà une prise de conscience progressive, c’est-à-dire qu’au bout d’un moment, on regarde de plus en plus de vidéos, on se questionne de plus en plus sur notre implication sur ces questions-là. Moi, je suis pas personnellement un grand amoureux des animaux, pour moi c’est pas… je suis pas, genre là « Woouh des animaux », je suis pas comme ça, c’est pas une question d’amour ou d’empathie, c’est une question de justice avant tout. Et c’est pour ça en fait, que je me suis rendu compte que… bah j’ai commencé par être végétarien pendant deux ans, après je suis devenu vegan, et je me sentais vraiment en adéquation entre mes actions et mes valeurs, à ce moment-là. Après, j’ai bifurqué vers le militantisme antispéciste quand je me suis rendu compte qu’il y avait un problème systémique, en fait. Et pas juste un problème finalement d’offre et de demande, et de business. Même si le lobby de la viande, enfin le lobby de l’élevage, est un gros, gros lobby. Ouais, voilà, c’est un peu tous ces petits déclics… Mais c’est passé aussi par beaucoup de visionnement de vidéos, de documentaires, sur internet, de discours d’activistes… Je crois que c’est vraiment passé par ça, faut être honnête. C’est à force d’avoir lu, relu, vu des choses, que je me suis rendu compte que c’était plus possible pour moi de poursuivre dans cette voie-là, aveuglément en fait.

Q : Et ça c’est un parcours dans lequel tu as été accompagné, tu as eu des personnes auxquelles tu as pu t’identifier, des modèles ? R : Ouais, c’est une bonne question. En fait, j’ai été plutôt seul. En fait je suis devenu végétarien quand j’étais en couple. Donc on a fait ça à deux, donc il y avait aussi toute une démarche où on s’entraidait. Donc, c’était vraiment plutôt cool. Parce qu’on pouvait aussi se questionner sur nos propres doutes, et notre propre façon d’aménager l’espace, etc. Ça c’était plutôt cool, et après très rapidement tout ce qui était au niveau véganisme et antispécisme, par contre, bah je me suis retrouvé seul pour le faire et ça n’a pas été facile, parce que quand on est sesul on se rend compte de la difficulté que c’est de tenir cet engagement-là sur le long-terme. D’ailleurs on sait qu’il y a beaucoup de végans qui ne tiennent pas leur engagement plus d’une année, qui reviennent après à une forme de… genre c’est… tu retombes dans une forme de truc… Mais en fait, c’est trop dur pour eux de maintenir leur engagement, bah de nouveau : parce que les structures sont spécistes. Quand on est au restaurant, quand on est entre amis, on est invalidés en fait. Il y a beaucoup de végéphobie, aussi, dans le système actuel. Et en tant que communauté, en tant qu’individu militant, c’est très dur de faire les bons choix, et puis de les tenir. Ça a été vraiment un gros parcours du combattant. Et maintenant

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je me sens bien, ancré dans cette lutte-là et j’ai pas prévu d’en ressortir avant un bon moment.

Q : Dans ces moments où tu t’es retrouvé tout seul face aux difficultés, Internet ça a été une source d’informations, de soutien ?

R : C’est une ressource et une malédiction en même temps. Je pense que sur Internet on trouve pleins d’articles, pleins de ressources, pleins d’idées, plein d’aide. Pleins de stratégies qui peuvent nous permettre de moins se sentir seul. C’est vrai que le côté communautaire sur Internet, pour moi, il a été important, j’ai pu rejoindre des groupes, j’ai pu socialiser au travers de mon activisme, et rencontrer de plus en plus de personnes qui m’ont inspiré, qui m’ont forcé, qui m’ont guidé, qui m’ont aidé et que j’ai pu aider, aussi. Voilà, il y a toute une forme de co-construction d’une identité militante qui a été vraiment importante, sur internet aussi c’est vrai. Mais il y a aussi sur Internet aussi… Moi j’ai eu des grandes pauses réseaux sociaux, par exemple, parce qu’à un moment donné, si tu commences à militer sur les réseaux sociaux, ça devient extrêmement compliqué de tenir, parce qu’au bout d’un moment tu perds espoir en fait. Tu perds très vite la notion que ce que tu fais ça a du sens, t’as plus envie en fait.

C’est très violent de se confronter aux réseaux sociaux et à l’Internet. Y a de tout, y a plein d’experts qui connaissent tout, tous ces effets Dunning-Kruger. Tous ces trucs, bah c’est un peu chiant quoi. Je dirais que c’est un peu les deux, quoi. D’un côté ça a été salvateur et ça a été bénéfique, et de l’autre côté il y a eu des moments où ça a été un peu la descente aux enfers et il a fallu me distancer un peu de tout ça.

Q : Quand tu dis militer sur Internet, ça veut dire quoi ?

R : Bah ça signifie par exemple de commenter des posts qui sont spécistes pour resituer un peu les choses C’est par exemple dans les interventions médiatiques sur une action antispéciste où une action où il y a des végans, les cassages de boucheries, ce genre de trucs. Bah en fait, c’est d’être dans les commentaires, et puis d’y aller, d’écrire, etc. C’est quelque chose que je faisais beaucoup avant d’être dans des actions concrètes et que j’ai arrêté quasiment de faire depuis bientôt une année et demie. Je ne réponds quasiment plus, à part à des gens en privé, mais sur des posts ou sur des discussions genre Facebook, ou Instagram, Twitter ou autre, là je le fais plus. Mais oui, c’est ça, typiquement, c’était vraiment de re-questionner des gens sur leurs comportements et leurs pratiques mais en ligne. Ce qui est jamais vraiment bien, je me suis rendu compte que c’était pas super efficace, quoi.

J’ai l’impression en fait que sur Internet, les gens sont campés sur leurs positions.

Même dans la vraie vie, d’ailleurs. Mais dans la vraie vie, il y a quand même un échange, tu peux te raccrocher à une forme d’intérêt commun, tu peux quand même te dire « tu vois on est les deux des êtres humains, on est les deux dans un système où on comprend pas tout ce qui se passe. Il y a des choses sur lesquelles on peut avoir de l’impact ». Mais si tu as ce discours sur Internet, c’est très vite ridiculisé, c’est très vite dédramatisé, tu vois. Et en fait, tu passes juste pour un bobo utopiste, pis qui a pas les pieds sur terre. Ou un extrémiste. Et ça, c’est vraiment un truc où j’ai eu beaucoup de peine à me distancer de tout ça, et à un moment donné, ça m’a fait mal en fait. Ça a été assez violent à vivre, et je me disais en fait « mais les gens vont pas changer en fait ». En fait, tu te rends compte, quand tu finis une discussion Internet, qu’en fait c’est foutu quoi. Et je pense que c’est pas une bonne idée, de penser que c’est foutu, parce que je pense pas que c’est le cas, en fait.

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Q : Donc ensuite tu es passé par plusieurs organisations, avec quels moyens d’action ?

R : Oui, bien sûr, parce que j’ai aussi fait des actions de désobéissance civile, des actions qui étaient plus des actions directes, en fait, disruptives. Ouais, des actions de rue, des conférences, des organisations du mois vegan chez PEA. Enfin, voilà, pleins de types d’actions différentes, qui me semblent toutes convergentes, et qui sont toutes selon moi intéressantes stratégiquement. Pour moi, en fait, c’est la multiplicité des actions qui va créer l’efficacité d’une lutte, en fait. On a besoin de tout, en fait, on a besoin de tout, on a besoin d’avoir des gens qui sauvent des animaux, on a besoin d’avoir des gens qui parlent à d’autres personnes, on a besoin d’avoir des conférenciers, on a besoin d’avoir des talk-shows sur internet, on a besoin d’avoir des documentaires, on a besoin d’avoir des gens qui vont parler aux politiques, on a besoin d’avoir tous ces groupes d’actions différents pour arriver à une cohérence de lutte qui fait sens et qui permet en fait des vrais changements profonds.

Q : Et aujourd’hui, tu milites dans plusieurs associations ?

R : Bah, là aujourd’hui c’est vrai que moi j’ai trouvé un peu ce qui me convient, dans ce type d’action-là. C’est-à-dire que, pour moi, c’est vrai que parler avec les gens et essayer de comprendre comment ils fonctionnent, essayer de leur montrer en fait qu’il y a une autre voie possible, etc. Je pense que c’est quelque chose qui me plaît et qui…

enfin, je fais pas de l’activisme par plaisir, si je pouvais faire autre chose de mes week-ends, je ferais autre chose tu vois. Mais c’est vrai que… j’ai eu fait un peu plusieurs choses, j’ai été parlé à des parlementaires, et tout, et franchement, ça, ça reste encore une des actions que je préfère faire. Sur le sujet de l’antispécisme. Par exemple, sur des sujets comme le climat, par exemple, la désobéissance civile non-violente c’est quelque chose qui me parle plus que des stands, ou voilà… Parce que j’en ai eu marre de faire des stands pour le climat, tu vois. Alors que pour l’antispécisme, vu que c’est une guerre idéologique qui est pas encore avancée par rapport à la guerre idéologique du climat, ou bien des luttes sociales, par exemple, ça me semble important d’être d’abord dans une forme de… pas d’éducation, parce que c’est un peu pompeux de dire ça, mais dans une forme de vulgarisation et de sensibilisation de la réalité. Donc pour l’instant, ce type d’action me convient, peut-être que dans quelques années je me rendrais compte que j’en ai marre de parler avec les gens, que ça me fatigue, et puis à ce moment j’irai dans autre chose. Let’s go, quoi. On verra quoi.

Q : Tu as dit que tu avais fait de la désobéissance civile ou de l’action directe.

Aussi dans l’antispécisme ?

R : Oui, alors un petit peu. Mais pas au point de me disqualifier totalement niveau activisme, parce qu’il faut se rendre compte que la répression contre l’antispécisme elle est très forte. Bah on l’a vu aussi avec Mathias, et tout ce qui s’est passé. C’est vrai que ça a été un gros choc de voir que le système n’est pas prêt à ce que des activistes fassent de la désobéissance civile, comme des blocages d’abattoirs ou autres. Mais j’ai déjà eu, par exemple, été filmer des endroits, moi, tout seul comme ça. Et je faisais ensuite des rapports au vétérinaire cantonal, mais je me suis rendu compte que ça ne servait à rien, parce que le vétérinaire cantonal n’était pas ouvert à aller changer des choses dans ces endroits-là. Ouais, il y a eu pas mal de choses que j’ai pu faire, des choses que je peux dire et des choses que je peux pas dire. Mais du coup, ça a été intéressant à vivre, mais là j’ai un peu calmé ça. Honnêtement, je pense que c’est comme beaucoup d’activistes, après ce qu’il s’est passé avec Mathias, je pense qu’on s’est tous un peu calmés dans notre manière de se mettre en action, en

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fait. Parce qu’on se rend compte que, vu qu’on veut durer, il faut être stratégique, et que ça serait dommage de se disqualifier trop tôt en fait. Ça serait dommage que ça se finisse comme l’ALF en Grande-Bretagne.

Q : Au niveau de ton parcours, c’est quelque chose que tu retrouves chez les jeunes militants ? Ou bien tu as l’impression qu’ils arrivent par d’autres biais ? R : Bonne question, je connais pas assez tout le monde. Mais les nouveaux militants, de ce que je peux te dire, aussi dans d’autres groupes, vu que je suis chez XR, ou comme ç, eux ils sont plutôt animés d’une forme de rage, de révolte, que je vis aussi, mais d’une manière unpeu différente. Mais c’est vrai que cette rage, d’un côté elle m’inspire, je la trouve belle, je trouve qu’on a besoin de se rebeller, actuellement. On a besoin d’aller au-delà de l’obéissance, de la docilité face au système. Donc ça, je pense que c’est important, après j’ai peur qu’ils se brûlent les ailes : qu’ils commencent, que pendant une année, ils soient à fond, à fond, et puis… c’est ce que beaucoup de militants font, dans l’antispécisme, c’est qu’ils vont commencer à fond, c’est ce que j’ai fait au tout début, d’ailleurs. Après, j’ai dû me calmer, parce que je me suis rendu compte que j’allais m’épuiser trop vite… et on y va et au bout d’une année on arrête parce qu’en fait on se rend compte qu’on y arrive plus, qu’on est démotivés, qu’on est désabusés. Donc, j’ai vu pas mal de militants faire ça, il y a eu des militants, on les a vus venir à des actions au tout début, pendant six mois, tout d’un coup on les voit plus du tout pendant des années, d’un coup ils reviennent un peu. Mais je sais que… je suis pas en train de leur jeter la pierre en disant que c’est un problème, chacun fait comme il peut avec ce qu’il a. Mais c’est important d’être stratégique, comme je disais, et puis de connaître ses limites, et de faire ce qu’il faut pour durer. Il y a des gens aussi qui militent mais de manière beaucoup plus passive, aussi, que ce soit par des dons, que ce soit par d’autres choses… ou en parlant avec leurs proches, par exemple. C’est des méthodes, des modes de militantisme que je trouve efficaces aussi, en vrai il y a pas… nan c’est faux de dire ça, j’allais dire il y a pas de mauvaises actions, mais c’est pas vrai, il y a des mauvaises actions, il y a de très mauvaises

Q : Au niveau de ton parcours, c’est quelque chose que tu retrouves chez les jeunes militants ? Ou bien tu as l’impression qu’ils arrivent par d’autres biais ? R : Bonne question, je connais pas assez tout le monde. Mais les nouveaux militants, de ce que je peux te dire, aussi dans d’autres groupes, vu que je suis chez XR, ou comme ç, eux ils sont plutôt animés d’une forme de rage, de révolte, que je vis aussi, mais d’une manière unpeu différente. Mais c’est vrai que cette rage, d’un côté elle m’inspire, je la trouve belle, je trouve qu’on a besoin de se rebeller, actuellement. On a besoin d’aller au-delà de l’obéissance, de la docilité face au système. Donc ça, je pense que c’est important, après j’ai peur qu’ils se brûlent les ailes : qu’ils commencent, que pendant une année, ils soient à fond, à fond, et puis… c’est ce que beaucoup de militants font, dans l’antispécisme, c’est qu’ils vont commencer à fond, c’est ce que j’ai fait au tout début, d’ailleurs. Après, j’ai dû me calmer, parce que je me suis rendu compte que j’allais m’épuiser trop vite… et on y va et au bout d’une année on arrête parce qu’en fait on se rend compte qu’on y arrive plus, qu’on est démotivés, qu’on est désabusés. Donc, j’ai vu pas mal de militants faire ça, il y a eu des militants, on les a vus venir à des actions au tout début, pendant six mois, tout d’un coup on les voit plus du tout pendant des années, d’un coup ils reviennent un peu. Mais je sais que… je suis pas en train de leur jeter la pierre en disant que c’est un problème, chacun fait comme il peut avec ce qu’il a. Mais c’est important d’être stratégique, comme je disais, et puis de connaître ses limites, et de faire ce qu’il faut pour durer. Il y a des gens aussi qui militent mais de manière beaucoup plus passive, aussi, que ce soit par des dons, que ce soit par d’autres choses… ou en parlant avec leurs proches, par exemple. C’est des méthodes, des modes de militantisme que je trouve efficaces aussi, en vrai il y a pas… nan c’est faux de dire ça, j’allais dire il y a pas de mauvaises actions, mais c’est pas vrai, il y a des mauvaises actions, il y a de très mauvaises