12. Annexes :
12.2 Cahier d’observation : 17 mai 2019, espace auto-géré :
1 17.05.19 Espace autogéré de Lausanne
Portes ouvertes de l’association 269 Libération animale
Devant la salle : des personnes passent en direction de la salle (elles portent des pulls 269 Libération Animale)
Un individu seul entre (grand, costaud, cheveux courts et doc martens), je le suis.
Il y a un comptoir, pots et plats de nourriture. Une fille m’accueille et m’annonce que les intervenants sont en retard (bloqués sur la route) => inversion du
programme de la soirée, on mange avant la présentation
Gens présents :
certains portent des t-shirts en l’honneur de Mathias 2 filles et 1 gars (cheveux rouges)
Ils sont derrière le stand et un comptoir. D’autres vont et viennent.
=> Des gens arrivent au compte goutte, ils entrent en saluant plus ou moins de monde
Je m’installe sur une chaise, vers l’écran de beamer encore plié, j’en profite pour écouter et observer.
Conversations : bachelor en géo ; collège ; manif pour le climat
Je récupère quelques tracts qui sont en libre accès
J’entre en contact avec militante (Elisa) qui me donne son accord pour être présent pendant la réunion
J’entends une blague sur Virginia Markus, son omniprésence dans les médias
Tout le monde mange : buffet vegan prix-libre
=> Salade pommes de terres + dahl lentilles + gateau &
bières
Gens arrivent en retard et montent un stand de vente de t-shirts et livres en soutien à Mathias. Collecte de fonds pour sa défense.
Je crois que Virginia Markus est présente dans la salle.
Ils vont à la salle
Activiste antispéciste ?
=> militants ?
=> Habitués du lieu, membres de l’association ou sympathisants
Réseau assez serré, tout le monde salue au moins une ou deux personnes en entrant.
=> à recontacter
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Le public est composé d’environ 50 personnes Part à peu près égale hommes/femmes Relativement jeune
=> Arrivée des intervenants
Femme : jeune, blanche, cheveux bruns et frange, veste vert kaki avec strass et divers pins et patchs (269, 1957, etc.)
Homme : peau matte, crâne rasé, pantalon cargo, pull 269, look skinhead, bottes militaires, physique baraqué
Installent le beamer (un peu à l’arrache). Des gens les aident.
Saluent quelques personnes qu’ils connaissent.
Surtout les personnes qui portent les t-shirts de l’association, au stand et au bar.
Intervention :
Tiphaine gère la parole, allume le ppt (en annexe) Rythme de parole rapide, débit saccadé
=> surtout quand elle parle de la condition animale
=> Intervention de Ceylan pour souligner quelques points relatifs à l’action (élocution plus lente et idées moins articulées)
Tiphaine : le public de la soirée est éduqué, pas besoin de parler d’antispécisme et de philosophie
L’association est connue pour l’action, moyens de lutte
=> discussion et présentation axée là-dessus
269 connue pour blocages, sabotages, désobéissance civile
=> parfois pas appréciée des autres associations + rôle de sanctuaire
=> rôle formateur, elle croit aux vertus du terrain. Ce sont finalement les actions qui forment et écrèment.
Regards et gestes (mains levées et secouées) Je remarque surtout ça entre Ceylan et Mirabelle assise sur le stand, sur le côté de la salle (elle cherche souvent son regard).
Tiphaine : La force du mouvement est sa capacité d’adaptation
=> « revenus » de l’idée de martyr
=> aller vers plus de visages masqués, il n’y a pas
18-30 ans
=> Il s’agit de Tiphaine Lagarde et Ciruk Ceylan, les repsonsables de l’association
c.f. : page facebook de l’association
=> ce sont les militants de la branche suisse de l’association
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Forcément besoin de subir les conséquences de ses actes
Elle revient sur les procès subis par Ceylan et elle Au début, ont volontairement tout pris (répression) pour épargner jeunes militants (12 premiers procès) Ont voulu transformer procès en tribune, mais ça n’a pas marché
=> perte d’intérêt pour la justice
=> « on combat l’état, on n’a pas à répondre de nos actes devant lui » (T.)
« Si on y va, c’est pour leur pisser dessus » (C.)
T : Constat d’échec total du mouvement antispéciste Véganisme = dangereux, soluble dans le capitalisme
=> « Quand les abattoirs auront des diffuseurs de parfum et de musique douce, qu’il y aura un label cruelty free, on aura perdu, le mouvement va disparaître »
+ Allusion aux militants qui acceptent d’aller sur les plateaux TV, répondent aux médias, acceptent de débattre avec des bouchers
Exemple de l’abattoir en Espagne (super-abattoir) Ce genre de projets montre que les militants
antispécistes ne sont pas du tout pris au sérieux par les responsables
=> « ne même pas exister aux yeux de ses ennemis, c’est la défaite » (T.)
Parle de « 6 millions d’individus par an envoyés à l’abattoir »
=> Action directe violente = seul moyen d’exister D’ailleurs, conteste cette appellation de « violence »
« La violence, ça concerne les actes contre des personnes… et encore »
=> pour le moment, pas de violence chez 269 Libération Animale
=> Abandon idée martyr
+ constat invisibilisation de la lutte
=> passage à d’autres types d’actions (reste volontairement vague)
Parle de sabotages, etc. mais la question de la violence physique reste à envisager
Reste vague sur le type de violence envisagé
Laisse entendre que les modes d’action vont s’intensifier dans un futur proche
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Par rapport à d’autres organisations, l’action directe est le seul moyen de lutte efficace
+ permet de « fixer le noyau dur de vrais militants » Ceux qui sont prêts à envisager la prison, des poursuites
=> Elisa (depuis le public) : « Il faut être déterminés et clairs sur le fait qu’on finira dans la pauvreté » Il faut accepter les poursuites : on ne peut pas toujours organiser des caisses de soutien, des soirées anti-répression
T : risque = dilution de la lutte
=> Etat impose à nouveau son agenda par la voie judiciaire
Perte de contrôle des militants
Q ? des sanctuaires :
Formateurs : contact direct des animaux, individus à sauver
Les animaux sont des complices, des compagnons, des camarades
=> redonner liberté, possibilité de se battre T : anecdote du taureau à l’abattoir qui soufflait de rage et d’impuissance => abattement
L’exposition directe à ces cas est le seul moyen de filtrer les militants
=> dans les sanctuaires, les animaux retrouvent leur fierté, puissance
« les gens qui visitent sont surpris de la fierté et de la puissance dégagées par les animaux »
Ne dira pas où se trouvent les sanctuaires
Les sanctuaires sont d’ailleurs surveillés à distance : voir qui entre et sort
Ceylan avertit la salle : on ne doit pas sous-estimer la surveillance policière
Dans un endroit ouvert comme l’espace auto-géré, ils ont très bien pu venir à l’avance et mettre des micros partout.
Mirabelle et cheveux rouges secouent souvent les mains en souriant.
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La conversation commence avec un hommage à Mathias, photo de lui où il caresse une vache dans un sanctuaire
Pendant toute la présentation, une femme parle à voix assez haute à l’arrière, elle semble déranger du monde.
Mathias est présenté comme un prisonnier politique
=> « On a des prisonniers politiques et tout le monde s’en fout » T.
Mirabelle est passée en prison, mais est sortie plus vite (vérifier durée)
=> applaudissements pour elle
Ceylan lui adresse des signes et sourires et la désigne dans la salle
=> Mathias accusé sans preuve, au hasard (Mirabelle)
Images des actions :
Belles photos (bien travaillées, pros)
Images de militants en file indienne dans des chaînes d’abattoirs, sur le toit d’un bâtiment industriel avec des banderolles. Avec des animaux. Parfois aux prises avec la police.
=> Jamais d’images de réelles actions contre la propriété (incendies, etc)
=> « je ne peux pas intervenir sur le sujet sans provoquer de repli » T.
Par exemple : sujet des caillassages de vitrine (raison des peines de prison) pas évoqué, pas d’images
Tiphaine mentionne le fait que les risques judiciaires pour ce genre d’action ne sont pas très élevés (en réponse à une question : comment éviter les risques pour soi ?)
Revient sur le fait que les blocages dont un moyen de faire le tri et de motiver les militants
« Certains viennent à un, deux, trois blocages et ne reviennent jamais »
Ceylan : « Ils viennent et ce n’est pas pour eux, ils retournent à leurs stands sur les marchés » (ton volontairement moqueur) martyrs et le traitement du cas de Mathias
On sent que le mouvement est à un tournant dans son discours, ses actions
Mirabelle a l’air secouée par son passage en prison (ne s’en vante pas du tout)
Hiérarchie dans l’illégalité des actions : on parle et on montre les blocages, on mentionne les
sabotages, on évoque de très loin les incendies
Complices = animaux non-humains
=> vrai nouveau vocabulaire
=> radicaliser
Je l’ai compris comme une allusion au fait qu’ils ne passent pas aux vraies actions
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Tiphaine note que le recours aux actions directes attire les militants antifas, qui parfois n’avaient jamais considéré le véganisme comme une réelle lutte (même si parfois vegans eux-mêmes)
=> réel intérêt stratégique à la radicalisation de la lutte
Questions et interventions du public : Surtout sur les risques pour les militants
=> les réponses sont assez directes Les risques, il y en a, il faut les accepter
Un membre du public (jeune, entendu parler avant, membre de l’orga° des marches pour le climat) est reçu de manière assez goguenarde par Tiphaine et Ceylan
Germanophone demande (en anglais) si les sanctuaires ne doivent pas servir de bases de formation et de sensibilisation (rester ouverts) pour les enfants, les jeunes
Q ? de la transmission
T : Réponse toujours assez directe
Les animaux sont des complices , pas des bêtes de foire
Ils ne sont pas à disposition des gens pour les sensibiliser
=> « on ne peut pas recueillir le consentement, on ne le fait pas »
« ce sont des membres de la famille, on vit avec »
Tiphaine pense que 269 n’a pas besoin de rassembler plus
« on est déjà suffisamment pour faire de grandes choses »
A demi-mots, elle parle de la question du danger des actions ouvertes à trop de monde
=> « pas besoin d’être 150 pour bloquer un abattoir, déjà à dix on ne sait pas qui est tout le monde »
=> intérêt des actions en groupes resserrés (amis, etc)
« Les gens n’ont pas besoin d’attendre qu’on organise.
On a montré comment faire »
=> lancer actions individuelles, même si moins ambitieuses, efficaces
On visionne un film
Voix off grave, images d’une occupation d’abattoir à Houange
=> images de l’intérieur (chaîne d’abattage) mais aussi
Retrouver ce film
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de l’extérieur (militants montent sur le toit) puis évacuation par la police
Rires dans la salle quand on voit un policier faire les sommations d’usage
Images de vaches
On voit Ceylan sans masque avec quelques militants masqués
Les militants sont enchaînés dans un abattoir La police coupe les chaîne et tire les militants un à un Fin du film
=> Quelques questions (personnes visiblement intéressées par les actions)
Fin de la présentation : applaudissements Les gens commencent à discuter. Des jeunes
approchent Tiphaine. Ils discutent à voix basse un peu à l’écart.
Je me dirige vers le stand de soutien à Mathias pour donner mon mail et recevoir le powerpoint de la présentation (300 pages, on en a sauté beaucoup pendant la soirée)
Une dame demande comment le livre d’or va pouvoir être transmis à Mathias => boîte aux lettres de la prison
Attention : ne pas parler d’activisme dans le livre d’or Des gens y écrivent des blagues
Tout le monde discute, une petite queue s’est formée devant Tiphaine.
Je commence à expliquer ma démarche aux personnes qui gèrent le stand.
Je choisis volontairement de m’adresser à deux personnes à la fois pour éviter que les gens ne pensent que j’essaie d’être discret ou que j’ai des intentions autres.
Les deux gérantes du stand (dont Mirabelle) sont visiblement intéressées par mes questions.
Je leur fais bien comprendre la nature de mon travail, son aspect universitaire et je leur garantis l’anonymat Mais double refus, Mirabelle me dit qu’elle « n’est pas très chaude pour tout ce qui est collecte d’infos »
Q ? comment ont-ils retrouvé ces images
Mais effrayées par répression ?
J’entends et je comprends qu’ils parlent du moyen de participer à une action
Normal qu’elle soit sur la défensive (prison)
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Une autre militante (t-shirt « Mathias », petite, cheveux très court) refuse aussi la discussion + glousse avec Mirabelle
=> je décide de changer d’approche et d’aborder quelqu’un de seul
=> Elisa au bar
Je m’approche et lui reparle de ma recherche, elle est d’accord de me parler
=> me donne son numéro
Me demande ce que j’ai pensé de la réunion, petite discussion
Je la remercie et vais attendre pour parler à Tiphaine qui termine de parler à quelqu’un
La personne s’en va, elle connaît visiblement Tiphaine qui lui dit qu’elle visite un sanctuaire quand elle veut.
Je m’approche de Tiphaine
=> Quelle approche des RSN vu le type d’actions et le discours (clandestinité) ? Aussi par rapport à la communication (photos, vidéos, etc) très soignée ? T : On aimerait s’en passer
Servent à rien à part que c’est le seul média que l’on contrôle vraiment
Obligés de s’en servir
Mais finalement les réseaux n’ont jamais ramené personne
=> 1000 personnes likent, 300 commentent, 10 envoient un message, 1 vient vraiment et ne revient jamais
=> seul moyen de faire venir des gens, c’est ce genre de réunion
=> vertu du terrain = formateur, + tri des vrais et des autres
Virginia Markus ?
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