• Aucun résultat trouvé

8. Analyse :

8.1 Les associations et media antispécistes sur les Réseaux Sociaux Numériques

8.1.1 Association Co&xister (Suisse) : une approche proche du blog

Notre observation de la page Facebook de l’association Co&xister nous a mené à collecter un grand nombre de publications. Pendant la période observée, l’association a ainsi publié 375 posts, avec des périodes d’intense activité (trois posts par jour) et des périodes sans publication (jamais plus de cinq jours). La majeure partie des publications est constituée de photos et de vidéos réalisées par les membres de l’association. Ces publications montrent la majorité du temps des animaux habitant au refuge, et sont parfois à visée informative (quant aux maladies dont souffrent les animaux issus de l’élevage de masse, par exemple) et parfois à visée plus récréative (ce genre de publications insiste sur l’aspect mignon des animaux, ou les montre dans des situations amusantes). Nous rapprochons cette utilisation de celle d’une activité de blogging traditionnelle, les publications permettant d’attirer l’attention sur les activités du sanctuaire et de maintenir un lien avec les personnes intéressées par celles-ci au jour le jour. Ce genre d’utilisation traduit ainsi une certaine familiarité avec les RSN et leur fonctionnement associée à une certaine aisance dans leur utilisation, mais aussi assurément une volonté de faire croître la page. Les textes accompagnant les photos et vidéos rapportent tantôt des anecdotes courtes, des récits se rapportant aux animaux du sanctuaire et à leurs conditions de vie actuelles ou antérieures, ou relèvent parfois de contenu plus militant à propos de la cause antispéciste.

Les publications reproduites ci-dessous illustrent bien la variété du contenu partagé par les responsables de la page Facebook de Co&xister. La page permet autant de faire partager le quotidien du sanctuaire, de singulariser et “personnifier“ les animaux, de partager du contenu militant, ainsi que de relayer les articles et contenus théoriques produits par les responsables de l’association :

35 Figure 4 Une publication de photographies, représentative

du contenu de l’association Co&xister31

Figure 5 Du contenu plutôt léger, avec cependant un message antispéciste32

31 Co&xister (17.12.2020). La choubiditude extrême de Alcor, illustrée en 4 situations. Facebook.

Repéré à https://www.facebook.com/associationcoexister

32 Co&xister (03.12.2020). La choubiditude extrême de Alcor, illustrée en 4 situations. Facebook.

Repéré à https://www.facebook.com/associationcoexister

36 Figure 6 Partage d'un article écrit par une des

responsables de l'association33

Ce lien avec le public intéressé mais aussi plus généralement avec le grand public se manifeste aussi par le grand nombre d’évènements ouverts aux personnes extérieures qui permettent de faire découvrire le sanctuaire et ses activités, ainsi que ses besoins, au plus grand nombre, alors qu’il n’est pas accessible au public en temps normal.

Quarante publications faisant la promotion d’évènements (pour un total de treize évènements organisés, plus d’un par mois) ont ainsi été recensées pendant la période de collecte de données. Nous avons pu voir que ces évènements rentraient dans plusieurs catégories : les journées portes-ouvertes, permettant de faire « visiter le sanctuaire et ses habitant-e-s, et discuter avec celles et ceux qui le souhaitent, autour d’un sirop et d’une part de tarte »34, les journées bénévolat, permettant aux personnes intéressées de venir « contribuer aux missions du sanctuaire Co&xister et [de] donner un coup de main »35, les formations, en communication animale, ou accompagnement de la mort, par exemple, et l’accueil de sympathisants et personnalités, avec des cours de yoga donnés par une sympathisante, un vernissage de livre, etc.

Nous avons également noté que l’association possède un site Internet, référencé dans de nombreuses publications sur sa page Facebook.

33 Co&xister (27.11.2020). Les sanctuaires, ou l’utopie réaliste. Facebook. Repéré à https://www.facebook.com/events/681832422683773

34 Co&xister (2020). Visite publique du sanctuaire Co&xister, samedi 17 octobre de 15:30 à 17:30.

Facebook. Repéré à https://www.facebook.com/events/681832422683773

35 Co&xister (2020). Journée bénévolat, dimanche 13 décembre 2020 de 09:15 à 17:30. Facebook.

Repéré à https://www.facebook.com/events/196578045298642

37

8.1.2 269 Libération Animale (France) : une approche centrée sur l’activisme

La page Facebook de 269 Libération Animale se caractérise par un volume de publication moins marqué, mais par le recours à des textes beaucoup plus longs. Si l’organisation publie également moins de photos et de vidéos, on peut remarquer un fort accent mis sur la qualité formelle du contenu audiovisuel partagé, les photos et vidéos publiées étant toutes visiblement sélectionnées et préparées avec soin. Le ton est ici plus militant, beaucoup du contenu partagé faisant référence à des actions passées, ou parfois en cours, du mouvement (blocages d’abattoirs, etc.). Aucun évènement ou message n’invite cependant les visiteurs et les abonnés de la page à rejoindre ces actions, au-delà du soutien possible via des contributions financières, ceci s’expliquant par la nature illégale de ce genre d’actions et les sanctions encourues par les organisateurs et participants. Certaines publications font ainsi mention des divers procès, amendes ou peines judiciaires, qui touchent les membres de l’association. Certaines publications présentent les animaux recueillis dans le sanctuaire de l’organisation, mais ici le texte accompagnant les photographies et vidéos met l’accent sur la « rage », la « colère » et la « puissance » de ces

« compagnons » ou « camarades »36,37, ainsi que les « actes de résistance » dont ils peuvent faire preuve38, plutôt que sur leur mignonnerie.

Nous joignons ci-dessous deux images caractéristiques des illustrations jointes aux publications de 269 Libération Animale. Les animaux sont capturés en contre-plongée, les lignes de force et les contrastes sont accentués, un type de prise de vue qui favorise l’impression de puissance. À la communication inter-espèces et aux aspects attendrissants évoqués par les contenus de l’association Co&xister, se rajoute cette volonté de dépeindre les animaux comme détenteurs d’une « puissance révolutionnaire » et « politique »39. Ce type de mise-en-scène répond aux textes des publications, qui déploient des champs lexicaux et des idées de force, de détermination, chez les militants comme chez les animaux, qui sont décrits comme des « compagnons », et de libre-arbitre.

36 269 Libération Animale (12.12.2020). Une histoire de violence : rencontre avec la rage de Rambo.

Facebook. Repéré à https://www.facebook.com/269LIBERATION.ANIMALE

37 269 Libération Animale (12.12.2020). Une histoire de violence : rencontre avec la rage de Rambo.

Facebook. Repéré à https://www.facebook.com/269LIBERATION.ANIMALE

38 269 Libération Animale (03.10.2020). « C’est la fin, mon merveilleux ami » : Disparition de nos deux

petits camarades Chokelus et Pino. Facebook. Repéré à

https://www.facebook.com/269LIBERATION.ANIMALE

39 269 Libération Animale (07.01.2020). LETTRES À NOS CAMARADES : NE TARDE PAS TROP, VIS DE MANIÈRE IMPRUDENTE, VIS DANGEREUSEMENT, C’EST LA SEULE FAÇON QUI VAILLE ». Facebook. Repéré à

https://www.facebook.com/269LIBERATION.ANIMALE/posts/2522768074678392

38 Figure 7 Nounours & Çano (Illustration de la

publication "A nos gestes dérobés" 40)

Figure 8 Le coq Shams, (illustration de la publication "À toi Shams" 41)

40 269 Libération Animale (12.12.2020). À vos gestes dérobés. Facebook. Repéré à https://www.facebook.com/269LIBERATION.ANIMALE

41 269 Libération Animale (12.12.2020). À toi Shams. Facebook. Repéré à https://www.facebook.com/269LIBERATION.ANIMALE

39

Nous avons également pu noter que l’association 269 Libération Animale n’avait pas partagé d’images de souffrance animale dans des abattoirs, telles que celles diffusées dans les enquêtes de l’association L214, et qui sont largement reprises par les autres associations et les media, durant la période d’analyse. Si des images prises de manière clandestine lors d’actions de blocage dans des abattoirs sont bien présentes sur le site, elles ne se focalisent pas sur des animaux blessés ou morts, et ne cherchent pas à démontrer de possibles maltraitances (ces faits sont toutefois dénoncés dans les textes accompagnant les images). Ce choix, que l’on peut qualifier d’éditorial, répond au positionnement éthique et philosophique de l’association, qui cherche à sortir les animaux du « statut de victimes et de l’image de vulnérabilité dans lesquels les emprisonne le mouvement animaliste »42.

Enfin, nous avons pu noter que l’association ne possède pas de site Internet. Étant donné que nous avions pu nous procurer un exemplaire de manifeste de l’association mis à disposition à l’Espace autogéré de Lausanne, sur lequel la page Facebook de l’association est indiquée en moyen de contact, nous avons pu en déduire que cette page constitue le principal moyen de communication de l’association avec le public sur le web et plus particulièrement sur les RSN.