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Introduction générale

TEMPORELS EN ANGLAIS

IV. L E PRESENT PERFECT : APPROCHES ET PROBLEMATIQUES THEORIQUES

4. Extended Now Theory (ENT)

4.1. Arguments principaux de l’ENT

L’ENT développe l’idée que lorsqu’un énoncé est au PP, le procès décrit est ancré dans un « maintenant étendu », un laps de temps variable qui commence dans le passé et qui inclut le moment de parole. Le maintenant momentané du présent est étendu pour des raisons discursives, sa durée est déterminée selon le contexte.

McCoard (1978) en justifie l’intérêt en mettant l’accent sur le fait que le PP est le résultat d’un choix subjectif du locuteur et que ce choix est ce qui justifie la notion de pertinence actuelle :

“We maintain that the key is whether or not the speaker chooses to include a prior event within the compass of his ‘extended present’. As long as we insist on identifying a reason external to the speaker for the choice preterit-or-perfect, we risk making the concept of current relevance completely vacuous. […] It is essentially the speaker’s own (‘subjective’) identification of relevant time periods that comes to bear” (McCoard, 1978, p.45)

Puisque l’ENT fait l’hypothèse d’un maintenant étendu qui est défini par le contexte, McCoard s’intéresse aux éléments de l’énoncé au PP qui peuvent permettre d’identifier le laps de temps qui correspond à ce maintenant étendu. Premièrement, l’auteur propose une typologie des adverbes temporels, qu’il place sur un continuum +THEN / - THEN, que nous reproduisons ci-dessous :

Tableau 9. Continuum +/- THEN des adverbes temporels (McCoard, 1977 :135)

+THEN ± THEN - THEN

long ago long since at present

five years ago in the past up till now

once (= formerly) once (= one time) as yet

yesterday today not yet

the other day recently herewith

those days just now lately

last night often since the war

in 1900 always

at 3 :00 never

after the war already

no longer before

PARTIE 1 – Chapitre IV – Approches théoriques du PP

Ce continuum des adverbes (ou locutions adverbiales) est établi selon « leur capacité de co-occurrence avec le prétérit et le present perfect » (135), nous remarquons effectivement que, dans la colonne +THEN se trouvent des adverbes qui apparaissent prototypiquement dans des énoncés au prétérit alors que dans les colonnes ±THEN et –THEN, nous trouvons des adverbes acceptables dans les énoncés au PP. Il est intéressant de noter que les adverbes fréquentatifs tels que often, always…peuvent apparaître dans des énoncés au présent simple ou progressif, ce qui semble mettre l’accent sur un lien prégnant qu’il existerait entre PP et présent grammatical.

Deuxièmement, McCoard s’interroge sur l’existence de plusieurs types de PP distincts dans le sens où un énoncé peut recevoir plus d’une lecture, comme en (28) :

(28) We have won the game.

Selon l’auteur, l’énoncé (28) peut avoir une lecture résultative à savoir “We are the winners” mais le sujet de l’énoncé peut désigner une équipe qui a gagné la coupe pendant ses années d’activité, la lecture sera alors principalement existentielle.

Enfin, McCoard souligne les interactions complexes entre les propriétés aspectuelles des procès et le type de lecture obtenu dans les énoncés au PP afin d’éclairer la représentation de l’intervalle temporel qu’il y a entre le procès décrit par le participe passé et T0.

Il cite Dillon (1973 :277-8) qui distingue cinq lectures possibles en fonction des propriétés aspectuelles des procès, qu’il organise autour de trois notions : +DURATIVE, +MOMENTARY, +COMPLETIVE.

Dans l’énoncé (29), le procès est interprété comme se poursuivant jusqu’à T0: (29) He has remained in his room (for two days). +DURATIVE

Dans (30) le procès est interprété comme survenant au moins une fois avant T0 : (30) He has sneezed. +MOMENTARY

Dans (31), l’interprétation est itérative, le procès survient de façon répétitive avant T0 : (31) He has sneezed for two days +MOMENTARY +DURATIVE

L’énoncé (32) reçoit la même interprétation que (30) : (32) The lake has frozen. +COMPLETIVE

L’énoncé (33) reçoit la même interprétation que (32), à l’exception que le procès peut s’étendre dans le futur (en raison de la propriété +DURATIVE) :

(33) The lake has frozen for two months. +COMPLETIVE +DURATIVE

Pour McCoard (1978), les différentes lectures possibles du PP sont indépendantes de la forme :

“[All the various interpretations of the perfect] reflect the various ways in which [it] is made consonant with the panoply of event-types, objects, manners, and pragmatic understandings, which are involved in the construction of sentences.

Many different types of implication ‘fit’ the perfect, and certain ones are more or less regularly attached to specific semantic/grammatical subclasses. But none of these meanings of completion, iteration, state, or what you have is internal to the meaning of the perfect itself; nor external to the preterit.” (McCoard, 1978, p.149)

L’ENT se nourrit principalement de la distinction entre prétérit et PP : le premier matérialise un « passé excluant le présent » tandis que le second matérialise un « passé incluant le présent » (ibid., 152), McCoard utilise cependant le terme d’inclusion pour les deux formes,

« inclusion négative » pour le prétérit et « inclusion positive » pour le PP. L’auteur considère que la valeur d’antériorité est commune aux deux formes, sauf que cette valeur est t oujours présente dans les formes au prétérit alors qu’elle ne l’est pas forcément au PP. Il est intéressant de noter que la catégorie d’inclusion (positive ou négative) proposée par McCoard semble être uniquement applicable lorsque le prétérit et le PP peuvent être mis en concurrence dans un contexte particulier.

4.2. Limites de l’ENT

Le choix du locuteur invoqué par McCoard n’est pas clair car cette idée n’est pas développée dans la théorie, dire que le locuteur fait preuve de « subjectivité » lorsqu’il attribue la notion de pertinence actuelle à un énoncé n’explique pas les procédés par lesquels il fait ce choix (s’il s’agit d’un choix). En outre, McCoard ne donne aucune explication sur les raisons qui expliqueraient la compatibilité ou l’incompatibilité contextuelle des adverbes temporels, ce qui est pourtant une des problématiques fortes liées au PP.

PARTIE 1 – Chapitre IV – Approches théoriques du PP

L’ENT repose essentiellement sur la mise en concurrence du PP avec le prétérit, adoptant une approche principalement temporelle (la notion d’inclusion) ; nous pouvons remarquer que le prétérit ne code pas forcément l’antériorité (prétérit modal). La notion temporelle d’inclusion n’est pas assez clairement mise en relation avec d’autres paramètres (adverbes, propriétés aspectuelles du procès) pourtant bien identifiés.