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Introduction générale

Partie 2. Corpus et méthodes d’analyse

3. E TUDES ANTERIEURES SUR LE CORPUS DE L ARA

3.1. Analyses générales

Comme pour le corpus de Thomas, nous avons mené ces analyses avec les programmes du logiciel CLAN, en sélectionnant une session d’une durée d’une heure d’enregistrement. Nous avons choisi de garder le père de Lara dans nos analyses du corpus de Lara (ce sera le cas sur l’ensemble de la thèse) car il est présent et interagit dans 55 sessions (sur 120).

3.1.1. Longueur moyenne des énoncés

Figure 21. Longueur moyenne des énoncés chez Lara (1;09 – 3;03) et dans le langage adressé à Lara

La LME (calculée en nombre de mots par énoncé) chez Lara progresse de manière régulière entre 1;09 et 2;05, passant de 1,6 à 2,9. Après une période de stagnation (2;05 – 2;10), la LME croît à partir de 2;10 pour atteindre 3,5 mots par énoncé en fin de corpus. En début de corpus, la mère et le père se situent dans la zone proximale de développement avec un écart moyen de 2 mots, la LME chez le père étant toujours légèrement plus haute que chez la mère.

À partir de 2;05, la LME augmente chez Lara, elle rejoint progressivement celle de l’adulte. En termes de LME, le langage adressé à Lara semble être caractéristique du langage adressé à

3,269

3,834 3,776

4,273

4,016

0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4 4,5 5

1;09 1;10 1;11 2;00 2;01 2;02 2;03 2;04 2;05 2;06 2;07 2;08 2;09 2;10 2;11 3;00 3;01 3;02 3;03

Mère Père Lara

l’enfant, c’est-à-dire d’un langage adulte non standard produit par l’adulte pour s’adresser spécifiquement à l’enfant dans une volonté d’adaptation à son langage précoce.

3.1.2. Nombre de mots différents

Figure 22. Nombre de mots différents chez Lara (1;09 – 3;03) et dans le langage adressé à Lara

Lara produit un nombre de mots différents en constante progression entre 1;09 et 2;06, passant de 100 à 300. Alors que ce nombre chute entre 2;07 et 2;11, il croît à partir de 2;11, ce qui permet d’atteindre un nouveau palier où le nombre de mots différents se situe entre 300 et 450.

L’adulte (le père et la mère) présente une courbe qui s’aligne sur l’enfant, on trouve dans un premier temps, entre 1;09 et 2;11, un nombre de mots différents qui fluctue entre 300 et 500.

Dans un second temps, ce nombre connaît une augmentation importante chez la mère entre 2;11 et 3;00 pour se placer dans une fourchette plus haute, entre 500 et 700. En revanche, le père reste aux alentours des 300 mots différents. De manière générale, la diversité lexicale de l’adulte semble fonctionner en parallèle avec les progrès lexicaux de l’enfant, avec une exploitation des périodes de croissance.

325 341

456

285

332

0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000

1;09 1;10 1;11 2;00 2;01 2;02 2;03 2;04 2;05 2;06 2;07 2;08 2;09 2;10 2;11 3;00 3;01 3;02 3;03

Mère Père Lara

PARTIE 2 – Chapitre 3 – Etudes antérieures Lara

3.1.3. Nombre moyen de formes verbales par énoncé

Figure 23. Nombre moyen de formes verbales par énoncé chez Lara (1;09 – 3;03) et dans le langage adressé à Lara

Le graphique montre une augmentation constante de la production de formes verbales chez Lara entre 1;09 et 2;04. L’adulte ne dépasse jamais le nombre moyen de 0,9 formes verbales par énoncé, ce qui signifie qu’il a une production limitée d’énoncés complexe s (avec 2 formes verbales). Nous pouvons noter que le père et la mère obtiennent des résultats très similaires. Chez Lara, on observe une nouvelle augmentation du nombre moyen de formes verbales par énoncé à partir de 2;10 pour atteindre le même nombre que l’adulte à 3;03.

 La LME chez Lara progresse rapidement entre 1;09 et 2;03 suivie d’une nouvelle augmentation entre 2;10 et 3;03. L’adulte s’ajuste à l’enfant (la mère en particulier) ;

 la diversification lexicale se fait en deux temps chez Lara, entre 1;09 et 2;06, puis à partir de 2;11, l’adulte s’ajuste à l’enfant en exploitant les périodes de diversification lexicale ;

 le nombre moyen de formes verbales connaît une augmentation rapide chez Lara entre 1;04 et 2;04 suivie d’une nouvelle augmentation à partir de 2;11. L’adulte produit un nombre limité d’énoncés complexes.

0,681

0,753 0,732

0,687

0,742

0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1

1;09 1;10 1;11 2;00 2;01 2;02 2;03 2;04 2;05 2;06 2;07 2;08 2;09 2;10 2;11 3;00 3;01 3;02 3;03

Mère Père Lara

3.2. Chronologie des travaux publiés sur le corpus de Lara

Tableau 15. Chronologie des travaux publiés sur le corpus de Lara

Date Titre et auteurs Domaine(s)

analysé(s)

(Rowland, Fletcher, Freudenthal) Méthodologie de la recherche

(représentativité des corpus)

En raison de la nature des deux derniers articles mentionnés, ils ne seront pas présentés dans cette partie réservée aux résultats spécifiques obtenus sur le corpus de Lara.

3.2.1. Syntaxe des questions en WH-

L’article de Rowland et al. (2005) explore les données recueillies dans le journal effectué dans le cadre du corpus de Lara (cf. supra, 1.3.). L’objectif principal de l’étude est de rendre compte des productions précoces standard et non standard (intitulées errors) dans l’acquisition des questions en WH-. DeVilliers (1991) et Valian et al. (1992) prédit que l’enfant produit les mêmes proportions de productions standard pour les différents opérateurs (appelés auxiliary/copula). Stromswold (1990) et Santelmann et al. (2002) prédisent toutefois que les opérateurs DO et BE devraient être à l’origine de plus de productions non standard.

Afin de tester ces deux hypothèses, les auteurs tentent de répondre aux questions suivantes :

 dans les productions précoces de questions en WH-, comment se répartissent les productions standard et non standard ?

 Est-ce que le taux de productions non standard varie selon le type d’opérateur et le verbe lexical associé ?

 Cette seconde question est également posée pour l’inversion sujet – opérateur spécifiquement.

PARTIE 2 – Chapitre 3 – Etudes antérieures Lara

Les analyses menées se basent sur le recueil systématique de toutes les questions en WH- produites par Lara, à la maison ou à l’extérieur. Ce recueil fut assuré par les parents et grands -parents de Lara, sous la forme d’un journal. Ils furent entrainés à relever les productions exactes de questions en WH-, qu’elles soient standard ou non et les formes contractées ont été incluses.

Dans le cas d’une forme non standard, des informations plus précises ont été indiquées (omission, morphologie…). Le total des productions recueillies est estimé à 80 % de la production totale de questions en WH- par Lara pendant cette période (2;07 – 2;11) qui correspond au stade IV sur l’échelle de Brown (1973).

Les résultats montrent qu’après une chute de la production de formes standard à 2;07 (sans doute liée à une plus grande productivité), la proportion de formes standard augmente de manière constante pendant les périodes suivantes. Alors qu’elles ne constituent que 50 % à 2;07, elles représentent 90 % des productions à la fin du journal, à 2;11. Le type de formes non standard majoritaire est la non-expression de l’opérateur. À mesure que la production de formes standard augmente, la non-expression de l’opérateur diminue pour atteindre un taux proche de 0 % à 2;11.

 La pertinence de la question des formes standard / non standard est confirmée par cette étude.

 Concernant le PP, l’idée d’un contexte obligatoire est intéressante et largement développée dans la littérature en linguistique générale. Cependant, si l’on considère qu’il y a des contextes obligatoires, comment coder une production telle que « I finished » sachant qu’elle peut être interprétée comme un prétérit ou comme un PP avec non-expression de l’auxiliaire ?

 Toute la question s’articule autour de l’usage : doit-on s’en tenir aux productions de l’enfant ou doit-on toujours mener un travail interprétatif sur celles-ci (lorsqu’elles correspondent pourtant à une forme standard attestée en anglais) ?