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Les entretiens : une méthodologie traditionnelle qui met toujours à l’épreuve

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III. Les entretiens : une méthodologie traditionnelle qui met toujours à l’épreuve

De façon plus classique, nous avons conduit une cinquantaine d’entretiens entre février 2009 et juin 2012.

Si l’usage de cette méthode est fréquent en sciences sociales et s’appuie sur de nombreux retours

d’expériences, elle n’en demeure pas moins toujours instable et peut conduire à des situations délicates.

Le choix de l’entretien et les acteurs sollicités

· L’entretien : un outil indispensable

144Le technicien en question a en effet cherché à recueillir des informations sur notre compte auprès d’une représentante associative que nous connaissions. Celle-ci nous a ainsi indiqué qu’il était inquiet de nos intentions et souhaitait savoir si nous réalisions « vraiment » une recherche. Elle s’est ainsi efforcée de le rassurer, mais son appréhension initiale a semble-t-il été plus forte

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L’entretien n’a pas été une méthode privilégiée d’emblée, mais s’est imposée au fil du temps et après le

recueil de premiers résultats, comme un outil incontournable pour répondre à notre interrogation. Leur

conduite est en tout cas enchâssée dans l’enquête de terrain.

Comme l’énoncent Pinson et Sala Pala (Pinson, Sala Pala, 2007 : 556), « l’entretien semi-directif est un outil

non seulement pertinent mais encore indispensable pour qui veut connaître l’action publique ». « Connaître

l’action publique » : c’est bien là l’un de nos objectifs. Dès lors, comme nous y invitent les auteurs, nous

optons pour deux usages de l’entretien : un usage informatif/narratif et un usage compréhensif : « chacun de ces usages reposant sur des objectifs de recherche et des postulats théoriques différents, et étant porteur

d’implications spécifiques en termes de gestion de l’enquête (que ce soit pendant l’entretien, en amont ou en aval). Alors que l’entretien narratif permet de reconstituer le déroulement de l’action publique dans son historicité, l’entretien compréhensif ouvre la voie à l’analyse des pratiques et représentations des acteurs des

politiques publiques » (Pinson, Sala Pala, 2007 : 557). Par ailleurs, l’une des limites fréquemment énoncées

au sujet des entretiens – le caractère reconstruit de l’action publique – peut être palliée par la multiplication de leur nombre. « Mais, répétons-le, cette multiplication des entretiens ne correspond pas à

une exigence de représentativité statistique [145], mais plutôt de saturation des informations. C’est une des

conditions qui permettront au chercheur de ne pas être tributaire du mensonge ou de la défaillance de la

mémoire de tel ou tel acteur. Dans cette perspective d’usage informatif et narratif de l’entretien, on considère

que les propos et informations recueillis constituent un « corpus », un « réseau documentaire » dont il faut essayer de mettre au jour les contradictions et les consonances afin de parvenir à une vision fiable des

processus historiques participant à la construction de l’action publique » (Pinson, Sala Pala, 2007 : 579)146. · Les acteurs sollicités : modalités et caractéristiques

Les acteurs sollicités l’ont toujours été de manière ciblée et personnelle. En effet, il ne s’agit pas seulement

d’interroger l’institution en tant que telle par l’intermédiaire de ses représentants mais aussi ceux qui sont

impliqués. Aussi, une phase d’identification par recoupement d’informations précède toute prise de

contact. En outre, dans la perspective de la reconstitution d’un système d’acteurs, nous n’avons pas opéré

de sélection des acteurs : tous ceux identifiés et pour lesquels cela était possible ont été interrogés. Les acteurs fréquentés régulièrement ont été sollicités de vive voix, les autres l’ont été selon une combinaison mail + téléphone. Dans un premier temps, nous cherchions à joindre les acteurs par téléphone, ceux-ci le plus souvent nous demandant alors de rédiger un mail, auquel ils ne répondaient finalement pas. Aussi, la formule inverse a-t-elle été préférée : en premier lieu un mail auquel se référer au téléphone en l’absence

de réponse. Cela s’est avéré nettement plus efficace. En termes de présentation, nous avons pris le parti de

préciser que nous menions un doctorat dans la continuité de travaux de Master. Cette stratégie a été

élaborée afin d’optimiser nos chances de retenir l’intérêt des acteurs sollicités. En effet, la forte croissance de mémoires de Master nécessitait de s’en démarquer en mettant en avant la réalisation d’un travail sur le

long terme. Nous avons finalement été à l’origine d’une stratégie dont nous avions été victime en Master :

la fermeture d’un terrain en raison de la présence d’une doctorante en sociologie. Dans ces prises de

145 Le chercheur qui utilise la méthode des entretiens est en effet souvent en proie à la volonté de les multiplier pour asseoir la

légitimité des résultats qu’ils peuvent donner. Un moyen de se «libérer du joug de la pensée statistique, ou plus précisément de l’espèce de Surmoi quantitatif qui incite le chercheur à multiplier le nombre de ses entretiens » consiste à enchâsser les entretiens dans

l’enquête de terrain (Beaud, 1996 : 234). Ce « joug de la pensée statistique » est à rattacher à l’histoire de l’entretien comme méthode d’enquête, qui «s'est longtemps trouvé pris en tenailles, «coincé» entre la forte légitimité de l'instrumentation statistique en sociologie et celle de l'observation participante en ethnologie (métropolitaine), qui fonctionnaient toutes deux comme emblème méthodologique de leurs disciplines respectives » (Beaud, 1996 : 230). Quoi qu’il en soit «la première illusion dont un chercheur [...] doit se débarrasser est celle du nombre d’entretiens » (Beaud, 1996 : 234)

146Les auteurs s’appuient sur la recommandation de Friedberg (Friedberg, 1997 : 314) : « Multiplier les témoignages d’acteurs qui, d’un point de vue formel et/ou en fonction de la connaissance qu’il [l’analyste] a déjà acquise du système, se trouvent dans des situations distinctes et devraient donc avoir une vision différente de la réalité, et multiplier pareillement, dans la mesure du possible, les interviews d’acteurs qui, selon les mêmes critères, se trouvent dans des situations sinon identiques, du moins très semblables et qui devraient donc avoir une perception comparable de la réalité. Avec un tel dispositif expérimental, l’analyste n’est enfermé dans aucun des témoignages recueillis et, par les recoupements et les comparaisons qu’ils permettent, il est capable de prendre du recul par rapport aux « visions et aux versions subjectives » de chacun des interviewés »

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contact, nous n’avons essuyé aucun refus explicite, mais nous avons été confrontée à plusieurs absences de réponse ou de suites, en particulier sur le terrain lillois, comme en témoigne le nombre plus réduit

d’entretiens.

Les interlocuteurs sollicités sont variés : habitants, porteurs de projet, représentants d’association

agissant dans l’accompagnement des groupes, représentants d’organismes d’HLM, représentants de

collectivités ou de structures institutionnelles ayant développé une action en lien avec l’habitat

participatif. Le tableau ci-après présente une répartition du nombre d’entretiens par type d’acteurs.

Tableau 9. Répartition des entretiens par type d'acteurs – juin 2012147

Acteurs Nombre

Habitant/futur habitant 8 Représentant d'association ou de

structures d'accompagnement 8 Technicien de collectivités, SEM, Agence

d’Urbanisme 14

Elu 6

Représentant d'organismes d'HLM 14 Universitaire (hors étudiants) 1

Total 51

Source : élaboration personnelle

Nous ne référençons pas ici l’ensemble des échanges informels que nous avons pu avoir avec l’un ou

l’autre de ces acteurs et bien d’autresà l’occasion de réunions ou de manifestations. Il va de soi que ceux-ci

ont une importance capitale dans l’appréhension de notre objet et ont permis de recouper les

informations. Certains de ces entretiens ont été menés par téléphone, du fait de l’impossibilité de toujours se déplacer. Contrairement à une appréhension initiale, la conduite de ces entretiens est plus aisée qu’elle

n’y parait et ne semble pas être une contrainte pour les acteurs sollicités. Certains d’entre eux, et

particulièrement les techniciens ou représentants d’organismes d’HLM, ont l’habitude de travailler et

d’échanger même longuement par ce biais. Aussi, n’ont-ils pas eu de réticences. En termes

méthodologiques, il y a bien sûr des limites. Nous ne pouvons guetter les réactions de nos interlocuteurs,

quoiqu’une attention portée exclusivement à la voix permette de repérer des éléments qu’une situation

traditionnelle d’entretien en face à face peut dissimuler, du fait d’éléments qui peuvent s’avérer parasites :

le bruit alentour, la tentation de laisser son regard courir dans la pièce, etc… Nous nous privons à l’inverse

d’éléments sur le contexte dans lequel l’interviewé évolue et qui peuvent le caractériser. Ceci constitue

une limite réelle dans la mesure où nous ne pouvons pas appréhender les liens développés entre les personnes – conditionnés en partie par l’espace – ni les pratiques ou l’environnement de l’interviewé (affiches sur les murs, présence d’une bibliothèque, état d’ordre du bureau et piles de dossiers

éventuelles…). De plus, l’échange téléphonique à proprement parler se double de deux limites : le malaise

ressenti bien plus rapidement en cas de « blancs ». En face à face, quelques secondes sans parole ne sont

pas troublantes. A l’inverse, au téléphone, elles tendent à s’étirer. En outre, la capacité à réfléchir et à

prendre du recul face aux questions posées est plus limitée au téléphone, les interlocuteurs éprouvant plus fréquemment le sentiment d’être sommés de répondre et n’osent pas tous dire « attendez, je réfléchis ». Le corollaire de cela est aussi une plus grande rapidité dans les réponses et peut-être une plus

147Juin 2012 marque la saturation de l’interprétation (Glaser, Strauss, 1967). Nous ne quittons toutefois pas le terrain pour autant

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grande spontanéité, elle aussi intéressante. Enfin, la durée d’un entretien par ce biais est de fait plus

limitée, autour d’une heure. La plupart des entretiens ont été enregistrés et retranscrits148.

· Des guides d’entretien à visées narrative et compréhensive

La conduite des entretiens, tous semi-directifs, s’est appuyée sur des guides dont la trame générale, reposant sur les deux objectifs assignés aux entretiens par Pinson et Sala Pala (Pinson, Sala Pala, 2007), est présentée en Annexe 10.

Leur construction a bien sûr évolué selon les acteurs interrogés, les objectifs spécifiques à l’entretien mené et notre niveau d’information. Aussi, pour les techniciens, les élus et les représentants d’organismes,

ils ont été articulés autour des objectifs suivants :

- amener les acteurs à reconstituer leur cheminement dans l'habitat participatif en termes de temporalité et de déclencheur : ce qui compte dans ce cas ce n’est pas tant l’adéquation à la réalité

que les éléments qui font sens pour eux

- recueillir et évaluer leur connaissance propre de l’habitat participatif, leurs représentations et les

modalités de constitution de ces dernières (rôle des réseaux, d’acteurs particuliers, du contexte...)

- identifier les réseaux d’acteurs sur le territoire en question, leurs collaborations et interactions

éventuelles le cas échéant

- retracer le processus d’émergence de l’habitat participatif sur leur territoire et au sein de leur

organisation

- appréhender l’investissement global de la structure dans laquelle ils évoluent (nombre de

personnes investies, projets en cours, missions des uns et des autres…)

- appréhender leur propre rôle, leur investissement et leur intérêt, en essayant de distinguer sphère personnelle et professionnelle

- amener les acteurs à réfléchir sur leur appréhension de l’habitat participatif, notamment en

termes de perspectives de développement à grande et petite échelle

Pour les structures d’accompagnement, en sus de ces éléments, les questions ont été orientées sur le

parcours des interviewés, leur structure et leurs méthodes de travail. Quant aux entretiens menés avec les habitants, ceux-ci avaient surtout vocation à reconstituer leur parcours dans l’habitat participatif, leurs

pratiques, leurs motivations et leurs objectifs. Toutefois, leur intervention en début de recherche en a fait

des entretiens essentiellement exploratoires. A l’inverse, les entretiens menés à l’issue d’une phase de recueil d’informations poussée avaient vocation à préciser certains éléments et à recouper des

informations. Néanmoins, nous nous efforcions de témoigner au minimum de notre connaissance du terrain dans la formulation de nos questions et plus largement d’intervenir le moins possible.

La conduite des entretiens : une diversité de situations

Comme établi largement par les ouvrages de méthodes sur l’entretien, chacun d'entre eux est différent et l'on ne peut prétendre en avoir une parfaite maîtrise. Tout entretien est situé, et ce pour le chercheur comme pour l'interviewé149. Le premier, en dépit de son guide, est susceptible à tout moment de rebondir sur un point en particulier, qu'il n'aurait pas identifié la veille ou auquel il n'aura pas pensé le lendemain, déterminé par ses seules préoccupations du moment. Le second, au même titre, se trouvera dans une configuration inédite et éphémère, qu’il pourra ou non avoir anticipé en préparant son propos150.

148 Nous avons mobilisé un logiciel de retranscription – Sonal – permettant de créer des corpus thématiques. Une même couleur est ainsi attribuée aux séquences thématiques qui se recoupent dans les entretiens

149 « L'expérience de l'enquête prouve qu'un entretien approfondi ne prend sens véritablement que dans un «contexte», en fonction du lieu et du moment de l'entretien. La situation d'entretien est, à elle seule, une scène d'observation, plus exactement seule l'observation de la scène sociale (lieux et personnes) que constitue l'entretien donne des éléments d'interprétation de l'entretien » (Beaud, 1996 : 236)

150 Précisons que la plupart du temps notre guide était dissimulé à l’enquêté en étant glissé dans notre carnet de notes. Nous évitions autant que possible que l’enquêté remarque l’existence de cette trame, qui peut changer la relation d’enquête (Beaud, 1996 : 240). Selon les situations toutefois, nous avons pu être amenée à le rendre visible au cours de l’entretien ou à l’inverse à le dissimuler,

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Section 2. Choix des terrains et croisement de deux méthodes : observation et entretien

· Le poids des acteurs sollicités sur les situations

Une différence doit tout d’abord être relevée entre les acteurs interrogés, selon leur type, autrement dit la

posture ou la fonction au titre de laquelle ils sont sollicités, et les objectifs ou enjeux qu’ils assignent éventuellement à l’entretien. Ainsi, les habitants sont les plus enclins à faire part spontanément de leurs expériences et ressentis. Ils n’ont en général pas l’habitude d’être interrogés et rares sont ceux qui contrôlent l’ensemble de leur discours. Toutefois, certains d’entre eux, par leurs pratiques professionnelles ou associatives sont experts dans l’art de discourir. Dans ce cas, la conduite des

entretiens est plus délicate sur le plan méthodologique. Toutefois, une différence d’âge de dix ans au minimum avec les personnes interrogées a joué en notre faveur et, la plupart du temps, la parole était libre et spontanée. Concernant les entretiens avec les structures associatives ou professionnelles ayant

vocation à accompagner les groupes d’habitants, ils sont à appréhender au regard des enjeux que

l’entretien présente pour ces structures. Elles sont en effet dans une posture de représentation, elles

donnent à voir leur activité à l’enquêteur et ont tout intérêt à se montrer sous le meilleur jour possible.

Des stratégies politiques et communicationnelles ne sont donc pas à exclure, ce qui passe par exemple par un refus de communiquer certaines informations, de crainte de les voir diffuser. Les entretiens avec les acteurs institutionnels que sont les techniciens (collectivités, SEM, organismes HLM) pour leur part se déroulent de diverses façons, en fonction du positionnement de l’interviewé dans sa structure (ancienneté, missions attribuées, position hiérarchique…) mais aussi, évidemment, de sa personnalité.

Aussi, avons-nous été confrontée à un panel de situations, qui nous confirme que l’on n’est jamais

totalement préparé à la situation d’entretien. Il ne s’agit pas de tirer des invariants des situations

d’entretiens que nous avons vécues, mais simplement d’en relever les grandes caractéristiques.

De façon générale, les techniciens interrogés se signalent par leur parole libre et sans détour. Ils n’hésitent

pas à être critiques, particulièrement vis-à-vis de leurs élus. Toutefois, ceux qui occupent leur poste depuis peu de temps adopteront une attitude plus neutre et en retrait, particulièrement lorsqu’ils ne sont pas

seuls à gérer leurs dossiers. A l’inverse, ceux qui sont dans une situation de « monopole » auront moins de

difficultés à donner un avis sans retenue, surtout s’ils occupent des postes situés à un niveau élevé dans la

hiérarchie. L’ancienneté et l’expérience professionnelle jouent un rôle également : les personnes en fin de

carrière ne se sentent guère en danger. La liberté de parole est en un sens conditionnée par la crainte que

l’enquêté éprouve vis-à-vis des retombées possibles de l’entretien et par son niveau d’autonomie. Or, tous

ces éléments, qui conditionnent en partie la conduite de l’entretien ne sont pas connus au départ. Il faut ainsi pouvoir adapter ses questions et son attitude. Les élus sont ceux dont le discours est le plus difficile à analyser du fait du rôle constant de représentation qui est le leur. Le risque de ne recueillir qu’un discours « lisse » ou surfait est réel et peut difficilement être contourné151. Toutefois, là encore, le positionnement

de l’élu en question importe. Un élu se situant dans un courant minoritaire de la majorité à laquelle il

appartient ou dans l’opposition ne considérera pas risqué le fait de mener l’entretien librement, bien au

contraire. A l’inverse, lorsqu’il s’agit de représenter un parti majoritaire, aux « commandes », tout écart de conduite est malvenu et les enquêtés restent sur leur garde. Ces situations sont souvent frustrantes.

Parfois, le chercheur doit convaincre l’enquêté de l’intérêt de son propos. Certains d’entre eux estiment

n’avoir « pas grand-chose d’intéressant à dire », « ne pas être sûrs de ce qu’ils avancent », « ne pas voir

comment être utiles »152. A plusieurs reprises, nous avons donc été amenée à mettre en confiance nos

interlocuteurs et à s’assurer qu’ils ne se sentent pas jugés. Dans ces situations, insister sur le fait que nous

l’enquêté qu’il opérait une digression, dans l’autre il s’agissait essentiellement d’atténuer la distance sociale entre enquêteur et

enquêté et notamment l’impression que pouvait avoir ce dernier de passer un examen (Beaud, 1996 : 239)

151 Beaud (Beaud, 1996 : 242) avance ainsi à propos des militants politiques et syndicaux que ceux-ci « ont tendance à développer des discours dans un langage d'emprunt, qui puise dans le registre des lectures syndicales, propos qui fonctionnent comme autant de discours écrans des pratiques sociales concrètes »

152 Beaud (Beaud, 1996 : 240) avance que l’enquêteur doit «très fréquemment lutter contre l'image négative que ceux-ci peuvent avoir d'eux-mêmes, qui les empêche de se considérer dans un premier temps comme de possibles «bons» interlocuteurs »

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ne connaissons pas du tout le contexte local par exemple ou leurs missions au quotidien permet de recentrer le propos sur des éléments qu’ils maîtrisent, de les valoriser et ce faisant de les rassurer.

· Quand les situations d’entretien se renversent

Les situations où nos interlocuteurs ont une connaissance limitée du sujet abordé et sont en recherche

d’informations se sont doublées de difficultés sur le plan méthodologique. Cette situation est un revers de

la stratégie de présentation pour laquelle nous avons opté. Si se présenter en tant que doctorante est un moyen de convaincre les acteurs sollicités, en situation, cela présente parfois de gros inconvénients. A de nombreuses reprises et surtout lors de nos derniers entretiens, nous avons été invitée à faire part de nos

connaissances et contribuer à l’analyse des actions menées.

« ça m'intéresse aussi d'avoir votre point de vue sur deux-trois trucs [...] j'aimerais bien avoir votre

vision un petit peu de l'extérieur, parce que comme je suis impliqué... »

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