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Encadrements, instructeurs et professeurs Une sélection attentive

DEVENIR OFFICIER À LA VEILLE DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE

B) Encadrements, instructeurs et professeurs Une sélection attentive

L’exemplarité attendue parmi l’encadrement des élèves explique l’attention toute particulière qui est portée à sa nomination et sélection. Ce recrutement quitte le cadre strict de l’armée et est porté dans la sphère publique et politique.

L’École navale est soumise du point de vue militaire aux lois, décrets et règlements applicables aux bâtiments de guerres et à ce titre elle relève directement du vice-amiral préfet maritime de la 2e région, basé à Brest. En tant qu’institution militaire formant des officiers, elle commandée par un capitaine de vaisseau qui assure la direction des études, secondé par un capitaine de frégate. Toutefois, les officiers qui servent à son bord sont désignés par le Ministre de la marine après proposition du commandant de l’école, appuyé en cela par le préfet maritime de Brest232. La finalité de l’école étant de former les futurs dirigeants militaires, dont les meilleurs seront appelés vers les plus hautes fonctions, il ne saurait être question de s’affranchir d’un « droit de regard » sur la qualité et la pertinence de l’encadrement au niveau ministériel. Car si l’armée demeure bien « la grande muette » n’ayant pas voix au chapitre dans le domaine politique233, la position singulière qu’elle occupe au sein de la société en fait toutefois un objet

230http://www.academie-francaise.fr/prix-fabien

231 COHEN Yves, « Les chefs, une question pour l’histoire du XXe siècle », op. cit., p. 67-83.

232 Arrêté ministériel réglant l’organisation, le fonctionnement de l’École navale et de l’École des élèves officiers

de Marine du 27 août 1937, Bulletin officiel de la Marine, n° 10, 1e octobre 1937, p. 729.

233 Sur ce sujet nous renverrons notamment à : DUHAMEL Éric, FORCADE Olivier et VIAL Philippe (dir.),

Militaires en République 1870-1962. Les officiers, le pouvoir et la vie publique en France, Actes du colloque

international tenu au Palais du Luxembourg et en Sorbonne, 4-6 avril 1996, Paris, Publications de la Sorbonne, 734 p.

109 d’une attention toute particulière. À ce titre, ce regard ministériel serait peut-être le signe, si ce n’est d’une certaine appréhension du politique et du haut commandement envers l’encadrement militaire, au moins d’une volonté de contrôle de la qualité et pertinence du personnel envoyé les instruire.

Au sein de l’ESM, une étape supplémentaire est franchie. Le commandant de l’école n’est pas nommé par le Ministre de la Guerre, mais désigné par le Président de la République lui-même, lié à l’histoire de l’établissement. En effet, dès sa création l’arrêté du 8 pluviôse an 11 portant organisation de l’ESM proclame que les professeurs et le gouverneur sont nommés par le Premier consul234. Cette tradition se perpétue sous le Second Empire235 puis par la suite lors de la proclamation de la République. Toutefois, il est précisé en 1882 que si le commandant de l’école est nommé par le président de la République, les cadres supérieurs sont quant à eux placés sous les ordres directs du Ministre de la Guerre236. Mais rapidement, un

contrôle plus strict s’opère. Dès 1900, le général de division Louis André dans un rapport au président de la République annonce ainsi :

« Les décrets qui régissent actuellement l’organisation de l’ESM ne permettent au Ministre de choisir les instructeurs ou professeurs militaires que parmi les officiers proposés par les inspecteurs généraux ou par les comités de l’artillerie et du génie ; ils spécifient, en outre, que les officiers instructeurs seront pris de préférence parmi les anciens élèves de l’école. J’estime que le droit du Ministre de choisir les officiers qui lui paraissent les plus aptes à remplir ces emplois spéciaux ne doit pas être limité par des proposition qui peuvent lui être soumises et que son choix doit pouvoir s’exercer sur tous les officiers de l’armée, sans distinction d’origine237 ».

Le Ministre de la Guerre désigne dès lors les titulaires de tous les emplois du cadre de l’école et nomme les professeurs militaires et civils, processus toujours en vigueur en 1935238.

Cette différence de mode de nomination pourrait s’expliquer par la place prépondérante occupée par l’armée de terre par comparaison à la marine (il sort en moyenne 370 officiers de l’ESM entre 1933 et 1938 contre 69 officiers de marine), qui justifierait de fait cette attention particulière portée sur la valeur de son encadrement. Mais ces décisions ne peuvent se

234 Collection de décisions nouvelles et de notions relatives à la jurisprudence, tome 13, Paris, 1807, p. 138 235 Le moniteur de l’armée, n° 35, 21 juin 1861.

236 Décret portant règlement sur l’organisation de l’École spéciale militaire, Journal Militaire officiel,

18 janvier 1882, p. 22.

237 Décret portant règlement sur l’organisation de l’ESM, Bulletin officiel de la guerre, 25 septembre 1900, p.

1548.

238 Décret portant réglementation de l’École spéciale militaire, Bulletin officiel des Ministères de la Guerre, des

110 comprendre que si l’on prend en compte de la difficile républicanisation de l’armée qui se met progressivement en place depuis 1870239, où celle-ci est pensée par les républicains comme « lieu d’acculturation républicaine et laïque240 ». L’affaire Dreyfus conduit à un contrôle plus strict et sévère de la République sur l’armée. C’est dans ce contexte que s’explique le rapport du général Louis André qui préconise un renforcement du ministère, et donc de la République, sur l’ESM. Ce dernier, Ministre de la Guerre depuis juin 1900, réforme profondément le système interne de l’armée de terre en limitant le pouvoir des officiers sur leurs pairs (suppression des commissions de classement par les généraux) et entreprend de républicaniser l’armée en notant l’ensemble des officiers en raison de leurs opinions politiques.Ce procédé, révélé en 1904 sous l’appellation de « l’affaire des fiches », conduit à sa démission241. L’implication de militaires de l’armée de terre dans différents scandales qui ont ébranlé la Troisième République à ses débuts (scandale des décorations en 1887242, boulangisme, affaire

Dreyfus, affaire des fiches en 1904), expliquerait donc cette volonté de contrôle sur l’armée de terre. Pour Xavier Boniface, l’affaire des fiches révèle surtout des différences de conception de ce qui constitue la République. Pour les militaires elle est avant tout « un ensemble d’institutions auquel, par devoir, par tradition sinon par conviction, ils témoignent de leur loyalisme, en dehors de toute inféodation. (…) En même temps, le scandale né de la révélation [de l’affaire] témoigne de l’échec du système institué par le général André, avant d’ouvrir la voie à une normalisation et à un renforcement de l’État de droit243 ». Olivier Forcade a ainsi démontré que sous la Troisième République s’opère alors un ensemble de mesures qui visent à limiter les droits politiques du militaire : suspension progressive des droits de réunion et d’association, d’expression, de vote et d’éligibilité. Le but est de garantir la loyauté et

239 GUILLAUME Pierre, GUILLAUME Sylvie, « Élans et pesanteurs, le réformisme républicain au XIXe siècle »,

in GUILLAUME Pierre, GUILLAUME Sylvie (dir.), Réformes et réformisme dans la France contemporaine,

Paris, Armand Colin, 2012, p. 7-48.

240 BONIFACE Xavier, L’armée, l’Église et la République (1879-1914), Paris, Nouveau monde éditions, 2012, p.

18.

241 Voir WIEVIORKA Olivier et PROCHASSON Christophe, La France du XXe siècle, documents d’histoire,

Paris, Editions du Seuil, 1994, p. 160-165.

242 Le scandale des décorations est un scandale politico-financier de trafic de décorations militaires, qui met en

cause le général Caffarel accusé de monnayer des légions d’honneur notamment et de favoriser des concurrents dans l’attribution de marchés militaires. Dans un premier temps, le Ministre de la Guerre Théophile Ferron préfère étouffer l’affaire en plaçant le général en retraite anticipée sans poursuite judiciaire. L’affaire éclate le 8 octobre 1887 lorsque le journal Le XIXe siècle (proche du boulangisme) relève l’existence du trafic, et devient politique après que l’enquête ait révélé que celui-ci est orchestré depuis l’Elysée par Daniel Wilson, député d’Indre et Loire et gendre du président de la République Jules Grévy, contraignant ce dernier à démissionner.

111 l’obéissance des officiers au gouvernement légal244.Ce « droit de regard » découlerait ainsi de cette même logique : s’assurer de la bonne fidélité à la République des officiers en charge d’encadrer les recrues, où choisir le commandement, c’est choisir l’homme qui impulsera ses idées dans l’école et chez les futurs officiers et par extension dans l’armée. Jean de Préneuf montre d’ailleurs que la nomination aux postes de commandants des écoles de formation initiale et d’application sont attribués à des officiers de confiance et d’expérience dont l’obéissance et la loyauté sont au-dessus de tout soupçon et qui ont fait leurs preuves dans le commandement d’unités de combat245.

Dans la même lignée, est institué au sein même du Ministère de la Guerre un conseil de perfectionnement de l’École Spéciale Militaire246 qui se réunit lorsque le Ministre juge nécessaire de prendre son avis sur des questions de principe concernant l’organisation et l’enseignement de l’école : conditions d’admission, plan général d’instruction, organisation d’ensemble de l’école, régime des élèves, etc. Le ministre s’octroie donc ici encore un droit de regard sur l’enseignement prodigué en école et sur l’organisation interne de cette dernière. L’image d’une école fermée, coupée des réalités extérieures et fonctionnant en vase clos doit donc être nuancée. Ce conseil peut être également consulté par le Ministre sur la répartition de l’enseignement entre l’ESM et certains centres d’instruction ou écoles d’applications247. En revanche, le ministère de l’Éducation n’est nullement sollicité, attestant ainsi que la finalité recherchée reste bien militaire.

Une rapide prosopographie des différents commandant des écoles est révélatrice des choix politiques opérés. Aux lendemains de la Grande Guerre, le choix se porte sur des officiers chevronnés, ayant activement participé aux combats. Le général Tanant (commandant l’ESM de 1919 à 1925) termine ainsi le conflit en qualité général de brigade commandant la 33e division, le général Frère (commandant l’ESM entre 1931 et 1935) est cité huit fois au cours

244 FORCADE Olivier, « Les officiers et l’État, 1900-1940 », in BARUCH Marc Olivier, Serviteurs de l’État, une

histoire de l’administration française, 1875-1945, La Découverte, 2000, p. 263. Voir aussi FORCADE Olivier,

« L’histoire politique des armées et des militaires dans la France républicaine (1871-1996) : essai d’historiographie », Jean Jaurès cahiers trimestriels, n° 142, octobre-décembre 1996, p. 7-24.

245 MARTINANT DE PRÉNEUF Jean, Mentalités et comportements religieux, op. cit., p. 186.

246 Ce conseil est composé du général inspecteur général de l’infanterie qui en est le président, du général chef de

l’État-major de l’Armée, du directeur de l’infanterie en école, du directeur des troupes coloniales en école, du directeur de la cavalerie en école et du commandant de l’ESM. Voir Décret portant réglementation de l’École spéciale militaire, op. cit.

112 des combats, tandis que le capitaine de vaisseau Drujon (commandant l’École navale de 1926 à 1928) est commandant d’une escadre de sous-marins. Le général Houdemon, commandant de l’École de l’air à son ouverture, s’est quant à lui fait remarquer par ses nombreux exploits militaires. Tous prennent leur commandement avec une ancienneté relative, environs 30 ans de carrière, mais leur nomination à la tête des écoles ne marque pas un frein à leur carrière, au contraire. Le général Tanant nommé général de division avec rang et appellation de général de corps d’armée en 1925, le commandant Drujon vice-amiral en 1932 et le général Houdemon général de brigade aérienne en 1938. Le général Frère devient par la suite gouverneur militaire de Strasbourg en 1939. Ce passage en école est donc un tremplin vers une deuxième partie de carrière marquée par de hautes responsabilités militaires, voire politico-militaires. Le commandement des écoles de formation initiale serait alors une récompense pour des éléments qui se sont illustrés par leurs qualités militaires, dont on juge que leurs expériences ne pourront être que bénéfiques au contact de jeunes élèves. Leurs notations soulignent ainsi l’appréciation qui est faite de leur capacité à commander248, la haute valeur morale249, qui seraient autant de

raisons qui semblent justifier leur désignation.

Dans cette même logique, les arrêtés ministériels organisant le fonctionnement des écoles mettent particulièrement l’accent sur l’obligation qu’ont les cadres vis-à-vis des élèves de posséder une exemplarité de la tenue, de la discipline et de toutes les vertus militaires. Ils recoupent l’éducation par l’exemple qu’ils se doivent de professer en permanence à leur contact. Il est d’ailleurs précisé que l’encadrement ne perdra « jamais de vue que la leçon de l’exemple est à la base de l’éducation militaire250 ». Ainsi, répartis en escouades, les élèves de l’École navale sont sous les ordres d’un lieutenant de vaisseau, aussi surnommé loufiat, dont la mission première est la formation militaire des élèves et leur préparation au rôle d’officier. Dans ce but, les loufiats doivent s’efforcer d’entrer en contact étroit avec les élèves et contribuer à les éduquer autant qu’à les instruire. Ils participent pleinement à la pédagogie par l’imitation et l’exemple. Les règlements annoncent qu’ils doivent aider les élèves de leurs conseils, les soutenir, les encourager, tout comme agir sans faiblesse vis-à-vis de ceux qu’il faudrait redresser ou corriger251. Ces cadres de contact ont aussi pour mission de finaliser l’homogénéité

248 Dossier personnel de l’amiral Drujon, SHD MV CC 7 4e MODERNE 855 (7). 249 Dossier personnel du général Houdemon, SHD AI 1 P 23131 (2)

250 Arrêté ministériel réglant l’organisation, le fonctionnement de l’École navale et de l’École des élèves officiers

de Marine du 27 août 1937, Bulletin officiel de la Marine, n° 10, 1e octobre 1937, p. 729. 251 Idem.

113 du corps et à ce titre, leur objectif est aussi de reproduire un esprit particulier. Ainsi, les instructeurs de l’École de l’air ne sont pas issus dans un premier temps de l’armée de l’air, mais de l’armée de terre. Ce n’est qu’après quelques années, une fois les officiers sortis de l’école et rappelés après une période opérationnelle qu’est véritablement prise en compte la vocation particulière du pilote252. Il est d’ailleurs intéressant de noter que si dans les textes rien n’impose de recruter l’encadrement parmi les anciens élèves issus des écoles de formation initiales, dans les faits la très grande majorité est bien issue du sérail et reproduit ainsi à son tour le schéma inculqué lors de son passage en école. Cet ensemble participe d’une pédagogie qui vise à s’inscrire dans le temps long, accentuant dès lors le sentiment de temps immuable en école.

Un encadrement de haut niveau ?

« Le lot de nos professeurs, à peu près tous militaires, n’était pas uniformément relevé. Cela pouvait tenir au fait que l’École navale, semi-service à terre, était peu recherchée, surtout en temps de guerre ; cela pouvait aussi tenir à la recherche hâtive devant le nombre imprévu [d’élèves], d’un supplément d’officiers qu’on avait pris là où ils faisaient le moins défaut253 ».

Cette remarque cinglante d’un élève-officier sur la qualité du corps professoral au sein de l’École navale en 1939 pose la question de la qualité de celui-ci et vient atténuer l’affirmation de l’amiral Drujon selon laquelle « les cadres militaires sont recrutés parmi le personnel naviguant et sont choisis en raison de leurs aptitudes254 ». La critique d’un encadrement de

moindre qualité est une remarque récurrente au sein des écoles militaires. C’est ainsi que le futur général d’armée aérienne Gabriel Gauthier, issu de la promotion de l’École de l’air 1936, fait part de son sentiment qu’un minimum de moyens a été donné à l’école et que l’état-major ne s’est pas du tout préoccupé d’en faire une grande école de l’air. Il reconnait que les instructeurs sont pour beaucoup des passionnés, sans qu’ils représentent toutefois « le fin du fin parmi les officiers255 ». Un ancien de la promotion 1937, la première à s’installer à Salon-de-

252 RAMIERE DE FORTANIER Arnaud, Historique de l’École de l’air, op. cit. 253 AUGEY Pierre, Souvenirs d’un marin de cinq « Républiques », op. cit., p. 25. 254 Contre-amiral DRUJON, « Nos grandes écoles, l’École Navale », op. cit., p. 578.

255 Cité par Général SILVESTRE DE SACY Hugues, « L’École de l’air, école d’ingénieur, école d’officier, une

étude de perception », in Centre d’études d’histoire de la Défense, Formation initiale de l’officier français de 1800

114 Provence, souligne quant à lui médiocrité de l’organisation et de l’encadrement. Pour lui, les instructeurs ne sont pas des spécialistes et « on n’avait pas recherché l’élite intellectuelle militaire pour la mettre à l’École de l’air256 ». Un constat similaire s’applique pour la promotion Pinczon du Sel (1939-1940) où il est spécifié que si les moniteurs accomplissaient assez bien leur missions, ils n’étaient pas des professionnels hautement qualifiés, mais savaient néanmoins faire preuve de pédagogie, de patience et de camaraderie257.

Il y a en école un véritable paradoxe. D’un côté la volonté réelle pour les états-majors de vouloir recruter un personnel militaire avec un haut degré de compétences et de valeur morale, capable d’inspirer les élèves par leurs faits d’armes et expériences opérationnelles ; tandis que de l’autre ce poste souffre d’un manque d’attrait, perçu comme un frein à la carrière contrairement à un théâtre d’opération. En découle alors un décalage où les affectations en écoles sont parfois perçues comme une sanction, quand justement l’état-major les considèrent comme une promotion, ce qui explique de fait la difficulté à recruter cet encadrement. S’opposent ainsi à l’ESM une formation militaire « assurée par des officiers, ayant l’expérience de la guerre », bien conduite, à une culture générale assurée par des officiers « souvent mal préparés à ce rôle258 ». En effet, la grande majorité du corps professoral est issu du corps des officiers à la suite des réformes souhaitées en 1871 où l’enseignement général s’est militarisé pour répondre aux enjeux d’une professionnalisation de la formation259. C’est notamment le cas pour toutes les matières se rapportant à la chose militaire : sport, tactique, infanterie, tirs… mais aussi l’histoire dans sa composante militaire260, la formation morale, etc. Seules les matières scientifiques et strictement littéraires (langues et français) sont laissées entre les mains d’un corps professoral civil recruté parmi le corps des agrégés, provenant du lycée ou de l’université et « choisi avec grand soin261 ». Cette disparité dans le recrutement même des enseignants atteste le décalage qui s’opère entre d’une part un enseignement militaire, et d’autre par un enseignement scientifique ou littéraire, qui pose les bases d’un disfonctionnement dont la campagne de France sera l’un des révélateurs.

256 Idem, p. 115.

257 DELMER Christophe, « La promotion 1939 « Pinczon du Sel » dans la tourmente », Le Piège, n°128,

mars 1992, p. 30.

258 JOUHAUD Edmond, La vie est un combat (Souvenir 1924-1944), Paris, Fayard, 1974, p. 15.

259 BONIFACE Xavier, « L’enseignement de l’histoire militaire à Saint-Cyr depuis 1871 », Revue Historique des

Armées, n° 228, septembre 2002, p. 69.

260 Idem.

115 À la veille du déclanchement du second conflit mondial, le corps des officiers renvoie une image relativement uniforme. Le recrutement opéré tout au long des années trente et qui intervient après les bouleversements sociaux et économiques de la Grande Guerre n’entraine pas un renouvellement profond du corps. Si la part des officiers non issus des grandes écoles a pourtant presque doublé depuis 1913, le poids qu’occupent les écoles de formation initiale est tel que les évolutions sont difficilement perceptibles. Le profil des candidats aux grandes écoles n’a pas changé et le recrutement s’effectue dans sa grande majorité parmi une frange relativement aisée de la population, minoritaire et sensible aux valeurs transmises par l’armée. La part des fantasmes, les vertus exigées, le sentiment d’appartenir à une élite, aidés en cela par le poids des traditions, donnent à l’ensemble l’impression d’un corps figé dans le passé. La formation reçue ne modifie qu’à la marge cette image et souligne les lacunes que celle-ci fait