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2.1 Clarification conceptuelle

2.2. Diverses approches conceptuelles de l’événement médiatique

Dans les écrits scientifiques que nous avons consultés, on peut noter une confusion des concepts « événement médiatique », « nouvelle », « actualité », « information » et « discours médiatique ». Comme nous l‟avions indiqué, bien qu‟il y ait indiscutablement un fond commun à ces différents concepts, nous avons opté pour celui d‟événement compte tenu des dispositifs discursifs qu‟il implique et qui, à notre avis, semble être plus approprié dans le développement de notre thèse. Les différentes approches conceptuelles que nous résumons ici ont donc été prises en compte à cause de la dynamique discursive qu‟elles renferment. En tenant compte de ce principe, les différentes approches peuvent être résumées en deux grandes catégories ou tendances : la première tendance considère

39 l‟événement médiatique comme une production objective du journaliste. Ce qui revient à dire que la position sociale du journaliste n‟est pas de nature à perturber l‟objectivité de la production médiatique de l‟événement (Everett, 1984; Gauthier, 1992); quant à la deuxième, l‟événement médiatique s‟inscrit dans un processus de construction ouvert et dynamique qui peut être appréhendé à partir de son ancrage socioculturel. Cette dernière tendance est l‟option de notre thèse. Nous voulons analyser l‟événement médiatique sous l‟angle d‟une approche susceptible d‟intégrer des dimensions de production et de réception médiatiques de l‟événement. Ainsi, l‟événement médiatique est pensé et analysé en interaction avec la situation de communication et les divers éléments discursifs antérieurs qui sont la somme des formulations « auxquelles l‟énoncé se réfère (implicitement ou non), soit pour s‟y opposer, soit pour en parler à son tour; il n‟y a pas d‟énoncé qui, d‟une manière ou d‟une autre, n‟en réactualise d‟autres » (Foucault, 1969, p. 130).

Le travail de synthèse de ces approches est complexe à cause de la pluridisciplinarité des pratiques sociales des productions médiatiques. Loin de vouloir faire une synthèse totalisante de la problématique de la production médiatique de l‟événement, notre objectif ici est de présenter pour les besoins de notre thèse, une synthèse nécessairement partielle des différentes approches liées à la production et à la réception de l‟événement médiatique.

2.2.1.-L‟événement médiatique comme production objective du journaliste

À la question de savoir si la position sociale et professionnelle du journaliste ainsi que son histoire personnelle sont de nature à perturber l‟objectivité de sa production événementielle, la quasi-totalité des chercheurs répondent par l‟affirmative de sorte qu‟aucune production médiatique ne saurait prétendre à une pure objectivité. Si le rôle des médias de masse est d‟informer le public sur ce qui se passe afin que celui-ci puisse se faire sa propre opinion (Cornu, 1994, p. 88), il est normal qu‟entre les médias et le public, il y ait une entente de principe sur l‟exactitude de la réalité transmise. D‟où la nécessité de l‟approche objective de la

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production de l‟événement. Il se pose néanmoins la question de la nature de ce qui peut être dit « objectif ». L‟objectivité signifie-t-elle la « vérité » ou la « réalité » de l‟information transmise? Ou plutôt doit-on la considérer comme l‟attitude de neutralité ou d‟impartialité adoptée par les producteurs de l‟information dans le processus de transmission de ce qui se passe?

2.2.1.1. La nature de l’objectivité médiatique

Gilles Gauthier24 est l‟un des défenseurs de la théorie selon laquelle, l‟objectivité est un trait caractéristique du vrai journalisme (c‟est aussi pour l‟essentiel, la thèse de Tom Wolfe25, David L. Eason26, Michael Devitt27, John R. Searle28). Pour lui, en effet, l‟objectivité ne se limite pas seulement au seul type du journalisme d‟information en opposition à des formes plus « engagées » du journalisme telles que le journalisme d‟opinion, journalisme d‟enquête, journalisme de combat. Même de l‟objectivité du journalisme d‟information relève de la conception la plus orthodoxe, il n‟en demeure pas moins, comme l‟a souligné Dennis Everett, (« Journalistic Objectivity is Possible », 1984) que dans bien des cas, certains journalistes d‟opinion ou de service sont plus objectifs que les tenants du journalisme traditionnel d‟information. L‟objectivité ne s‟applique pas non plus aux seuls genres journalistiques de l‟information dite « rapportée » en rapport aux autres qui sont plutôt de l‟information « expliquée » ou encore « commentée », car ce faisant, on opte pour une vision réductrice de la notion de l‟objectivité dans le sens qu‟elle n‟est valable qu‟à la seule fonction de compte rendu du journalisme. Or, les caractéristiques de l‟objectivité du journalisme d‟information dite « rapportée » peuvent être similaires à celles des informations dites « expliquées »

24 Cf. Gilles Gauthier, « L‟objectivité, nécessité du journalisme ! Défense d‟une idée prétendument

dépassée », In Journalisme, communication publique et société, Acte du colloque Louvain-Laval (Novembre 1992); Les Études de communication publique, Cahier N. 7; voir aussi Gilles Gauthier, « La vérité : visée obligée du journalisme », Les cahiers du journalisme, 2004, N. 13, pp. 164-179.

25 Tom Wolfe, The new journalism, New York, Harper & Row, 1973.

26 David L. Eason, « The new journalism and the image-wold: two modes of organizing

experience », Critical studies in Mass Communication, 1984, pp. 51-65.

27 Michael Devitt, Realism and Truth, Oxford, Blackwell, 1991.

41 ou commentées (comme dans le cas de l‟éditorial), dans le sens que l‟objectivité est comprise comme impartialité29.

Mais au-delà de la production médiatique, l‟objectivité pour Gilles Gauthier est aussi possible dans la forme la plus conventionnelle de sa contestation, c'est-à- dire « à la cueillette de l‟information », autrement dit, à la détermination par le journaliste de ce qui mérite d‟être médiatisé. De façon traditionnelle, dans la perspective sociologique, ce qui fait « évènement » pour le journaliste est déjà, à la base, une sélection, un choix motivé et donc subjectif et par conséquent discriminatoire par rapport aux autres événements non retenus. Gilles Gauthier, sans rejeter la thèse de la construction sociale de la réalité dans la production médiatique, réfute l‟idée que l‟objectivité soit à la genèse du choix journalistique; elle s‟applique plutôt à une étape ultérieure comme c‟est le cas en science : « ce n‟est pas au moment de la détermination d‟un problème qu‟il fait sens de parler d‟objectivité mais, le cas échéant, plus avant au moment de son traitement » (1992, p. 14). Par ailleurs, les conditions de production (contraintes matérielles ou formelles, contexte social ou politique, pratiques journalistiques, conditions économiques) peuvent certes avoir des incidences sur l‟objectivité, mais leur seule existence ne fait pas abdiquer l‟objectivité journalistique. En fin de compte, pour appréhender l‟objectivité journalistique, il faut déterminer son « domaine d‟application »30 qui est « le traitement de l‟information », c'est-à-dire « la relation première et fondamentale entre le journaliste-agent et une réalité dont il a à rendre compte » (Idem, p. 15). Il ne s‟agit donc pas de l‟objectivité en soi, mais d‟une « conception relationnelle de l‟objectivité », autrement dit « cette aptitude du journaliste de rendre compte factuellement de la portion de réalité qu‟il considère » (Idem, p. 16). À partir de cette théorie d‟objectivité journalistique, on peut présupposer de la production objective d‟un événement médiatique dans le sens

29 Cf. Notre résumé s‟est fait essentiellement à partir de l‟article de Gilles Gauthier, « L‟objectivité,

nécessité du journalisme ! Défense d‟une idée prétendument dépassée », In Journalisme,

communication publique et société, Acte du colloque Louvain-Laval (Novembre 1992); Les Études de communication publique, Cahier N. 12.

30 Ici, Gilles Gauthier (1992 : 10) dit que l‟utilisation de ce concept s‟apparente à celui de « champ

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où cette production est une représentation fidèle, adéquate ou exacte de la réalité. L‟événement médiatique peut être dit objectif si et seulement s‟il est une représentation fidèle de la réalité, s‟il est une correspondance ou une concordance entre la production de l‟événement médiatique, la réalité perçue et la réalité elle- même. Le caractère contextuel de la production médiatique de l‟événement ne peut remettre en cause l‟objectivité de celle-ci dans la mesure où cette objectivité est « contextuellement dépendante (…) des éléments de compréhension qui la déterminent tout comme les prémices d‟arrière-plan déterminent la signification littérale d‟un énoncé » (Idem, p. 19). Cette objectivité ne doit pas être confondue avec la notion de vérité, ni à celles d‟honnêteté, d‟équité et de neutralité (qui sont des notions liées au sujet-journaliste), mais plutôt considérée comme une représentation fidèle de l‟événement, condition sine qua non dans laquelle le journaliste disparaît pour faire place au discours.

2.2.1.2.- Objectivité versus vérité médiatique

Vérité et objectivité sont deux concepts qui s‟entrecroisent dans le domaine médiatique. La problématique de l‟objectivité médiatique ramène toujours sur le terrain de vérité des faits transmis par les médias31. Cependant, si pour certains, la

vérité serait dans la réalité des faits rapportés, pour d‟autres par contre, elle serait dans le discours tenu à propos des faits rapportés. Dans ce dernier cas, dire la vérité pour le journaliste serait de ne pas manipuler l‟information au point de modifier la réalité perçue; d‟où les principes de base formulés à l‟égard du travail journalistique : neutralité et impartialité (Cornu, 1994, p. 358). Dans la médiatisation d‟un événement, le journaliste doit donc être équitable et éviter tout parti pris. Pour être plus précis, Charaudeau préfère distinguer ce qu‟il appelle la « valeur de vérité » (représentation rationalisée de l‟évidence d‟un phénomène) des « effets de vérité » (résultat d‟un sens commun ou sens partagé des choses)

31 Nous partons ici de l‟article de Yeny Serrano sur « L‟objectivité journalistique : droit des citoyens,

devoir des journalistes? » paru dans Les Cahiers psychologie politique, en ligne, numéro 10 de janvier 2007 et consulté le 19 mai 2011.

43 et soutient que les médias s‟inscrivent dans les effets de vérité. Autrement dit, la véracité des choses rapportées par les médias découlent de sa concordance avec la manière commune de désigner les choses (1997, pp. 44-49) .

Certains chercheurs vont préférer le concept de « réalité » à celui de « vérité » puisque ce dernier recouvre une connotation morale ou éthique (Esquenazi, 2003, p. 22). Quand on parle de « réalité », on parle non seulement de ce qui est vrai mais on y implique la notion de réel donc ce qu‟on peut trouver dans le monde commun (Berger & Luckmann, 1986) ou dans l‟espace social (Boudieu, 1979). Ainsi, comme le public ne peut pas, à chaque cas, vérifier l‟authenticité d‟un fait, la réalité médiatique du fait découle du caractère vraisemblable de ce fait, c‟est-à-dire dans un cadre global commun de voir les choses. D‟autres chercheurs ont mis l‟accent plutôt sur le caractère stratégique de l‟exigence de l‟objectivité comme un idéal d‟une presse non partisane, un objectif de fidélité qui garantit à la fois une bonne audience auprès du public et un dispositif de protection contre les critiques.

2.2.1.3.- Objectivité comme principe d’authenticité

La mission civique que revendiquent les médias dans les sociétés démocratiques leur impose de se tenir à l‟écart de toute partisannerie. L‟objectivité est une option qui consacre leur indépendance face à l‟influence du politique et de l‟économie. Elle garantit l‟impartialité et le caractère équitable des rapports entre les médias et les différentes forces en présence. Ainsi, l‟objectivité est un principe d‟authenticité du vrai journaliste. Elle est un principe de base pour toute production médiatique qui se veut crédible (Chalaby, 1998). Elle se veut un « contrat tacite de lecture qui unit les producteurs de contenus médiatiques à leurs consommateurs » (Moumouni, 2006, p. 131). Malgré les contingences socioculturelles ou professionnelles, le journaliste reste le maître d‟œuvre de sa production. Il a le pouvoir et les moyens d‟orienter son activité et de résister aux pressions extérieures. C‟est l‟autonomie du journaliste, c'est-à-dire sa capacité de faire face

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aux contraintes liées à son travail qui détermine ici l‟objectivité. Dans le processus de médiatisation, le journaliste n‟est pas comme dans le cas de la publicité, lié à la source de l‟information mais il peut s‟en détacher et rester indépendant de sa source pour rapporter de façon objective, selon les règles de l‟art, les évènements d‟intérêt général (Utard, 2003). Cette indépendance, combinée avec son professionnalisme, est au fondement de la crédibilité de l‟évènement rapporté. Les Américains Kovach et Rosenstiel (cités par Moumouni, 2006) dans leur ouvrage sur les caractéristiques du journalisme, font ressortir les neuf principes fondamentaux qui président à l‟objectivité journalistique : L‟obligation de dire la vérité, le devoir de loyauté envers le public, la rigueur en matière de vérification, l‟indépendance vis-à-vis des sources; l‟obligation de servir de contre-pouvoir indépendant, de fournir un forum de débat public et de compromis, de chercher à rendre intéressante l‟information pertinente, de rendre l‟information compréhensible sans tomber dans le sensationnalisme et de laisser ses professionnels exercer leur libre arbitre32.

L‟objectivité journalistique est à la base de la Charte des devoirs professionnels des journalistes français (juillet 1918), révisée en janvier 1938, puis en mars 2011 et rebaptisée Charte d’éthique professionnelle des journalistes. L‟objectivité et l‟exactitude des faits à rapporter sont une valeur fondamentale du journalisme. Un journaliste digne de ce nom, « tient l‟esprit critique, la véracité, l‟exactitude, l‟intégrité, l‟équité, l‟impartialité, pour les piliers de l‟action journalistique ». Dans le Guide de déontologie des journalistes du Québec (novembre 1996), il est noté que « les journalistes ont l‟obligation de s‟assurer de la véracité des faits qu‟ils rapportent au terme d‟un rigoureux travail de collecte et de vérification des informations ». La recherche de la vérité quel que soit le prix à payer, est au cœur de la Charte européenne des journalistes (Munich, 1971), de même que celui du

32 Cf. Bill Kovach and Tom Rosentiel, The Elements of Journalism: What Newspeople Should Know

and the Public Should Expect, New York, Three Rivers, 2001; Charles Moumouni, « Le discours

normatif des journalistes et les pratiques du publi-reportage dans les journaux de Québec », Les

cahiers du journalisme, N. 16, Automne 2006. C. Moumouni a noté que plusieurs autres auteurs ont

fait ressortir ces principes. Exemple : Marc François Bernier (2004), Éthique et déontologie du

45 Nouveau Code international de l’éthique journalistique adopté par l‟UNESCO en novembre 1983. Cependant, toutes ces dispositions auto-règlementaires d‟une possible objectivité journalistique n‟excluent pas que dans le processus de la production de l‟événement médiatique, le sujet-journaliste soit inscrit dans un espace social qui a une teneur normative, comme nous venons de le voir, et des dispositifs symboliques de mise en forme du discours médiatique. Dans ce contexte, si le travail du journaliste consiste en amont à recueillir ou à sélectionner l‟événement, en aval, la mise en scène médiatique de cet événement est incontestablement une production. Ce qui nous permet de dire que l‟événement médiatique est le fruit d‟une double dimension à la fois empirique (la vision du fait et les facteurs sociohistoriques qui ont favorisé celle-ci) et cognitive (son saisissement qui tient compte des interactions entre l‟individu et son contexte socioculturel). Cette double dimension qui prend en compte tous les paramètres socio-contextuels de l‟émergence de la production médiatique de l‟événement, est largement prise en compte par la conception sociologique de l‟événement médiatique.

Le postulat sur lequel repose la théorie de l‟objectivité de la production de l‟événement médiatique laisse entendre que la fonction du journaliste est essentiellement de rendre compte le plus adéquatement possible de ce qui se passe. Or la raison fondamentale qui a motivé notre préférence pour le concept d‟« événement » est justement l‟interaction discursive qu‟on ne retrouve pas nécessairement quand il s‟agit d‟une nouvelle ou d‟une information. Cette inter- discursivité entre les différents acteurs fait en sorte que le journaliste n‟est plus seul dans le processus de production de l‟événement qui est alors une praxis intersubjective. L‟événement médiatique est moins un phénomène découlant exclusivement des théories de l‟information, pour lesquelles communiquer signifie essentiellement transmettre objectivement des messages, qu‟à une phénoménologie et une anthropologie socioculturelles, qui rendent indissociables l‟événement médiatique et l‟élaboration des valeurs constitutives de sa médiatisation en tant que pratique sociale discursive. Le caractère

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fondamentalement social et contextuel invite à concevoir l‟événement médiatique au-delà du lien entre évènement et média, qui ne tiennent compte que des critères professionnels et des schémas journalistiques (reposant sur une certaine objectivité). L‟événement médiatique remplit une fonction sociale qui implique un ensemble de relations symboliques de nature politique au sens où la mise en scène médiatique de l‟événement doit permettre la mobilisation d‟une attention publique.

2.2.2.-L‟approche sociologique de l‟événement

La sociologie de la communication est sans nul doute le secteur des sciences sociales où la problématique de l‟événement en lien avec les médias a été le plus mise en exergue. Lié aux activités de communication des acteurs sociaux, l‟événement est appréhendé et analysé grâce aux référentiels dans lesquels il a un sens pour les acteurs concernés. Ainsi pour l‟approche sociologique en général, le sens de l‟événement médiatique n‟est pas donné seulement à partir de la réalité évènementielle en elle-même mais aussi par sa saisie subjective. L‟événement médiatique est une construction intersubjective de la réalité sociale. Il existe une structure sociale pré-narrative qui préside à la production et à la réception de l‟événement. Ainsi, pour saisir le sens de l‟événement, il est indispensable de le mettre en correspondance avec l‟espace symbolique de sa production et la position des acteurs concernés (Bourdier, 1984). Cette position des acteurs s‟inscrit souvent dans une dynamique de conflits où les dominants cherchent à valider leur légitimité. Ainsi, l‟événement médiatique est le fruit de la reproduction d‟une certaine inégalité sociale (Idem). Plusieurs chercheurs ont abondé dans le même sens, comme Michel Crozier et Erhard Friedberg (1981) dans leurs travaux sur la bureaucratie; Talcott Parsons (1937) sur la stratification sociale; Gaye Tuchman (1978) sur la construction des enjeux sociaux; John Haule (1984), Bernard Miège (1989) et Armand Mattellart (1999a) sur leurs analyses des contraintes structurelles ou professionnelles liées à la production médiatique.

47 Au cœur de la sociologie de la communication, le paradigme constructiviste est incontestablement celui qui a servi à analyser le phénomène événementiel en lien avec les médias. D‟autres paradigmes tels le fonctionnalisme, les théories critiques ou encore d‟autres théories voisines aux paradigmes précédents : le déterminisme technologique, la fonction de l‟agenda, le paradigme journalistique, la théorie de la culture, la théorie cognitive, la théorie du système, la théorie des schémas, la théorie du code journalistique et la théorie de l‟intertextualité du discours journalistique, explorent comment l‟événement médiatique se structure à travers la socialisation. Pour les besoins de notre thèse, nous avons voulu dresser un résumé général des différentes approches sociologiques dégagées de la revue de littérature. Cet exercice a pour but, non seulement de réaliser un travail de synthèse mais surtout de nous permettre de justifier notre cadre conceptuel.

2.2.2.1.- L’approche constructiviste

Le paradigme constructiviste repose sur le postulat que les événements véhiculés dans les médias sont le résultat d‟un processus socialement organisé. Les événements tels qu‟ils sont présentés par les discours des médias n‟existeraient pas en dehors du domaine de l‟information. Tout événement médiatique est une construction sociale qui résulte d‟une communauté de sens dans laquelle il est perçu, transmis et interprété (Mucchielli, Corbalan, & Ferrandez, 1998, p. 29). La mise en scène médiatique de l‟événement s‟inscrit dans des représentations sociales communes des problèmes sociaux qui permettent aux acteurs de convertir les occurrences en évènements publics (Corcuff, 1995). On peut résumer ainsi la position épistémologique du constructivisme : l‟événement médiatique n‟est pas un donné mais une construction basée sur des critères pragmatiques, « rien n‟est donné, tout est construit » (Bachelard, 1971, p. 16). La connaissance de la réalité qui en découle est relative et la réalité perçue est celle qui convient momentanément. Autrement dit, l‟événement médiatique découlerait de la réalité expérimentée par le journaliste dans l‟environnement socioculturel actuel. La réalité connaissable est une réalité phénoménologique, celle expérimentée par le

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journaliste qui découle elle-même d‟une expérience collective (Watzlavick, 1988, pp. 123-124). L‟événement médiatique est alors le produit d‟une interaction sociale dont la compréhension n‟est accessible que dans la mise en relation d‟éléments individuels et collectifs faits de normes partagées par les individus d‟un même