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Le Québec a été, en matière de communication, la première province, malgré la contestation du gouvernement fédéral, à adopter une loi relative à la radiodiffusion, et à se doter d‟un ministère des communications (Laramée, 1989, p. 240). En effet, les gouvernements successifs au Québec se sont toujours appuyés sur leur compétence en matière de langue, de culture et d‟éducation pour revendiquer une pleine autorité dans le champ de la communication sur le territoire québécois. C‟est le gouvernement Taschereau qui a été la première a adopté une loi relative à

83 Statistiques sur l‟Église catholique dans le monde : l‟édition 2012 de l‟Annuaire pontifical fait état

des dernières statistiques sur l‟Église catholique dans le monde avec une augmentation de 1,3%, passant de 1.181 milliard à 1.196 milliard entre 2009 et 2010. La proportion des catholiques dans le monde est de 17, 5%. En Afrique, le nombre est passé de 15,15% à 15,55%. Selon statistique Canada, le nombre de catholiques au Québec est de 5 930 385 soit 83,2% en 2001. Même si la pratique religieuse a considérablement diminué, le Québec reste théoriquement une nation catholique.

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la radiodiffusion en 1929. La cour suprême donnera raison au gouvernement canadien qui avait engagé contre Québec une contestation juridique. Elle s‟appuie sur l‟interprétation du paragraphe 10 de l‟article 92 de la Loi Constitutionnelle de 1867 qui fait référence au télégraphe (seul moyen moderne de communication à l‟époque de la confédération), estimant que les règlementations des ondes hertziennes sont de la compétence fédérale84. Un autre jugement de la Cour suprême en 1977 mettra fin à la guerre de contrôle de la câblodistribution entre le CRTC et la Régie en reconnaissant, là aussi, la compétence exclusive du fédéral. Cependant, les gouvernements successifs québécois ont toujours attaché une importance capitale à l‟importance vitale des télécommunications en adoptant plusieurs lois provinciales. Parmi les principales lois québécoises85 , on peut citer

les lois définissant le rôle du gouvernement dans la promotion de la culture québécoise : d‟abord les lois de 197186 sur le droit inaliénable de tout Québécois à la communication selon leurs besoins culturels, sociaux, économiques et politiques; la promotion et le maintien d‟un système de communication, intégré aux systèmes extraterritoriaux, qui facilitent et contribuent à l‟épanouissement du Québec; de faire en sorte que les interventions de l‟État restent sobres mais suffisantes afin qu‟il ne s‟arroge aucun pouvoir de contrôle sur les contenus (Alai, 1989). En matière de communication, il y a en tout temps des divergences entre le Québec et le gouvernement fédéral. Voici un tableau proposé par Alain Laramée qui met en lumière ces divergences :

84 Les télécommunications sont règlementées par le gouvernement fédéral étant donné qu‟elles

relèvent d‟une composante économique nationale. Cependant étant donné qu‟elles relèvent aussi d‟une politique culturelle et donc considéré comme un service social local, elles sont aussi de la compétence provinciale. C‟est pourquoi, les gouvernements québécois successifs ont toujours revendiqué leur responsabilité en matière de développement culturel de la province.

85 Il faut remonter en 1929 pour retracer les origines de Radio-Québec avec la « Loi relative à la

radiodiffusion en cette province » (première loi du genre au Canada) adoptée sous le premier ministre Taschereau. En 1945, Maurice Duplessis adopte une « loi autorisant la création d‟un service provincial de radiodiffusion ». Cependant, c‟est seulement en 1968 que verra la naissance de Radio-Québec. En 1969, le gouvernement de Daniel Johnson crée le ministère des Communications. Le gouvernement de Robert Bourassa élargit le mandat de la Régie des services public à « l‟émission, la transmission ou la réception de sons, d‟images, de signes, de signaux, de données ou de messages par fils, câble, ondes ou tout moyen électrique, électronique, magnétique, électromagnétique ou optique ».

86 Ce résumé des lois de 1971 et 1978 sur la politique du gouvernement en matière de la

communication, nous le tirons du livre de Alain Laramée, La communication mass-médiatique au

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Divergences de préoccupation entre Ottawa et Québec en matière de communication

Ottawa Québec

Intégrité culturelle canadienne face aux produits américains.

Développement et protection de l‟identité culturelle et de la culture québécoise.

Contrôle de la programmation et de la

propriété. Développement de l‟accès aux médias. Dissémination de la culture

canadienne et des moyens de

communication à la plus grande partie de la population.

Vulgarisation et accès à l‟information gouvernementale.

Unification de la politique des

communications sur tout le territoire.

Développement de la télévision éducative, subventions à la programmation éducative des entreprises.

Pour résumer, on pourrait dire, qu‟en matière de développement et de promotion de la communication, l‟identité culturelle et la culture québécoise restent en toile de fond87. Cependant, les médias jouissent de la liberté de presse garantie par la Charte des droits et liberté. Ils ont une protection juridique tout en ayant aussi des responsabilités (devoir de respecter les droits fondamentaux, rigueur et application des règles de l‟art, équilibre des points de vue, etc.).

En ce qui concerne la presse écrite au Québec88, elle a été à ses origines, une presse dite de « combat » essentiellement créée pour défendre une cause sociale ou politique. L‟histoire de la presse commence au début des années 1760 avec la conquête britannique89. L‟histoire de la presse est indissociable de l‟histoire de

87 La Fédération professionnelle des journalistes du Québec définit le journaliste et son rôle social

dans plusieurs documents accessibles sur le Net: http://www.fpjq.org; www.ajiq.qc.ca ; www.aipc- mtl-iabc.com ; www.amarc.org ; www.cem.ulaval.ca

88 Les détails de ces informations ont été tirés des documents du Centre de ressources en

éducation aux médias (http://www.reseau-crem.qc.ca).

89 En effet, la monarchie française qui avait régenté la vie de la Nouvelle-France, soucieux de

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l‟évolution de la société québécoise. Elle a été toujours à l‟avant-garde de la plupart des progrès sociaux en matière de libertés et de démocratie. La première presse québécoise, La Gazette de Québec/The Quebec Gazette a été fondée par deux journalistes de Philadelphie (Thomas Gilmore et William Brown) en 1764 et étaient consacrée essentiellement aux nouvelles internationales. Afin d‟assurer la survie de leur parution, les deux fondateurs prônaient la neutralité envers le gouvernement colonial. Parallèlement, La Gazette de Montréal, fondée en 1785, défend l‟idée d‟un enseignement public libéré du contrôle de l‟Église. Entre 1759 et 1840, la presse québécoise a été essentiellement une presse de combat pour la défense de la liberté, de la culture et de la démocratie. Deux journaux ont été fondés en Nouvelle France après la Révolution française. Il s‟agit de The Mercury (5 janvier 1805) qui militait aux côtés de l‟Angleterre et Le Canadien (22 novembre 1806) qui défendait la liberté de presse et la démocratie. Après un début difficile avec l‟incarcération de plusieurs journalistes dont le fondateur du Le Canadien, Pierre Bédard, la presse québécoise deviendra une presse dite d‟opinion où s‟expriment les diversités entre 1840 et 1868. La fondation de l‟Institut Canadien à Montréal (1844) a donné un nouvel élan à l‟association de penseurs et des intellectuels qui vont se mobiliser avec les journalistes pour revendiquer des réformes constitutionnelles, l‟abolition de la classe seigneuriale, la souveraineté du peuple, le suffrage universel et la séparation de l‟Église et de l‟État. Devant cette situation, Mgr Ignace Bourget (1799-1885) condamne les activités de l‟Institut, menace les membres d‟excommunication et met leurs documents à l‟index. Il favorise par la même occasion l‟émergence d‟une presse catholique en 1841 : Mélanges religieux. Le Québec voit alors se développer une presse catholique pour contrer les idées libérales. La Conférence des Évêques du Québec fonde en 1857, Le Courrier du Canada. Des membres de l‟Union catholique90 fondent, en novembre 1858, le journal « L’Ordre », d‟obédience catholique. Au tournant des années 1870, on voit naître un nouveau type de presse : les journaux illustrés au

roi de France avait toujours des raisons pour rejeter les nombreuses demandes des institutions religieuses et des institutions coloniales.

90 L’union catholique avait été créée en 1854 sous forme d‟une congrégation avant de devenir une

137 service d‟un lectorat urbain alphabétisé mais peu instruit (L’opinion publique par exemple). La popularité des journaux illustrés donnera progressivement naissance à un modèle de presse concurrente, le grand quotidien d‟information. On peut citer ici, Le Soleil (28 décembre1895), L’Action catholique (9 juin 1915), Le Canada (6 juillet 1893), La Presse (20 octobre 1884), Le Devoir (10 janvier 1910). Cependant, entre 1945 et 1959, la presse québécoise a connu un bâillonnement avec le premier ministre Duplessis. On parle alors de la « loi du cadenas »91. Il faudra attendre la révolution tranquille pour voir à nouveau la presse québécoise au- devant de la scène dans la promotion des libertés. Parallèlement, on voit naître le phénomène de la concentration des médias. La Société Péladeau (Quebecor) publie alors deux tabloïds quotidiens (Journal de Montréal, Journal de Québec), en plus de posséder des hebdomadaires92. Les journaux Trans-Canada de Paul Desmarais (Gesca) possède trois quotidiens (La Presse, Le Nouvelliste et La Tribune) mais avec l‟achat, en 2000, d‟Unimédia, il possède également Le Soleil de Québec, Le droit d‟Ottawa, Le Quotidien de Chicoutimi et la Voix de l’Est de Granby. Quebecor et Gesca, à eux seuls, possède plus de 96% du marché francophone de la presse écrite.

Le journal, Le Devoir est unique en son genre. On peut dire qu‟il est le seul grand quotidien d‟information québécois indépendant (tous les autres appartiennent à de entreprises de presse). Le Devoir est un journal d‟idées, de discussions des affaires publiques. En dehors des textes de nouvelles, reportages et entrevues, nous avons plusieurs textes d‟analyses ou des textes de commentaires Ŕ chroniques et éditoriaux Ŕ qui regorgent de thématiques d‟analyses et de commentaires à partir des propos de Benoît XVI sur le préservatif (Cf.

www.ledevoir.com). Rappelons ici le grand changement du journal, Le Devoir qui, fondé en 1910 par un journaliste et homme politique, Henri Bourassa, était un

91 La « loi de Cadenas » est une loi adoptée le 24 mars 1937 par le Gouvernement du Québec sous

la direction du premier ministre Maurice Duplessis. Elle permet d‟autoriser la fermeture de tout organe de presse coupable de répandre des idées communistes. Cette loi a été déclarée anticonstitutionnelle par la Cour suprême du Canada à la suite du procès Switzman V. Elbling.

92 Les hebdomadaires de Quebecor souvent des journaux régionaux acquis suite à l‟achat en 1950

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journal d‟obédience catholique. Dans un article du Devoir du 22 avril 1947 ayant pour titre : « Positions comme journal catholique », Gérard Filion écrit : « Il existe deux sortes de journaux catholiques. Les uns sont la propriété de l‟autorité diocésaine, qui en inspire et en censure les articles; les autres appartiennent à des laïques qui mettent leur plume au service des causes catholiques, mais qui gardent leur liberté d‟opinion sur toutes les questions qui ne relèvent pas du dogme ou de la morale ». Cependant, comme le faisait remarquer Lise Bissonnette dans un article du 24 septembre 1990, ayant pour titre « Le Devoir, un héritage », d‟obédience catholique au départ, « Le Devoir est passé, comme la société québécoise, à une laïcité institutionnelle. Il ne se sent plus lié, aujourd‟hui, aux prescriptions d‟une Église, et se dissocie même, sur nombre de questions morales, de chemins qu‟il suivit autrefois avec assurance autant que soumission ».

En résumé, les rapports entre l‟Église et la presse québécoise a été souvent des rapports de méfiance et de conflits. Les médias étaient plutôt distants et jaloux de leur autonomie. L‟Église s‟est toujours posée comme garante des valeurs morales de la société traditionnelle tandis que les journaux considèrent l‟Église comme allant à l‟encontre des valeurs de liberté individuelle.

En matière de relations entre l‟Église et la société québécoise93, nous sommes en face d‟une réalité complexe. La Québec est une société démocratique avec un régime canadien qui présente clairement les caractéristiques d‟une dissociation réelle entre l‟Église et l‟État, laquelle s‟est amorcée dès le XVIIIème siècle. Cette séparation découle aussi bien de la reconnaissance de la liberté de conscience et de religion que de la neutralité politique, une neutralité politique essentiellement formulée par la jurisprudence en matière de libertés religieuses94. Historiquement,

93 Nous résumons ici l‟article de Micheline Milot, « Les principes de laïcité politique au Québec et au

Canada » in La laïcité au Québec et en France (Bulletin d‟histoire politique, volume 13, numéro 3, printemps-été 2005). Nous y ajoutons également les résultats d‟un « sondage CROP : les Québécois souhaitent un Pape plus libéral », publié dans le journal Le Soleil du 16 février 2013

94 Dans ce cas, on parle souvent de la laïcité de l‟État, c‟est-à-dire de sa neutralité à l‟égard des

différentes confessions religieuses qui coexistent dans la société, et ce, conformément à une volonté d‟égale justice pour tous. Cependant, cette laïcité de l‟État n‟est pas une réalité empirique mais plutôt un cadre régulateur qui assure l‟autonomie de l‟État par rapport au pouvoir religieux.

139 le principe de neutralité de l‟État a été instauré grâce à l‟avènement de l‟État démocratique de type libéral (1848) et l‟adoption de la constitution de 1867 qui n‟établit aucune Église, mais qui reconnaît tous les cultes95. Durant la période de l‟occupation anglaise, l‟Église catholique va jouer un rôle de leadership en matière de culture et de morale de sorte qu‟elle a été un puissant acteur de la vie sociale. Elle était le principe d‟unité de la société québécoise. C‟est elle qui coordonnait la politique générale de la formation dans les écoles, la gouvernance des hôpitaux et des œuvres sociales. L‟activité de l‟Église catholique était souvent relayée par L’Action catholique, organe de l‟Action sociale catholique, (pas de parution les dimanches) édité à Québec de 1915 à 1962. On pouvait y lire le sermon des prêtres et autres sujets relatifs à la morale chrétienne. L‟avènement de la Révolution tranquille et le processus de la laïcisation de la société québécoise ont provoqué sa disparition.

Malgré la mainmise ecclésiale sur la société québécoise, la prétention de l‟Église à régenter toute l‟organisation sociale va connaître plusieurs échecs96. Le rapport de l‟Église avec la société québécoise reste, depuis la Révolution tranquille, un rapport souvent conflictuel, alimenté surtout par le scandale des prêtres pédophiles et le rôle de l‟Église dans les pensionnats autochtones. L‟adoption de la Charte des droits et libertés de la personne au Québec (1975) vient confirmer l‟égalité et la liberté de conscience comme fondamentalement inscrites dans une tradition politique conçue sous le signe de la neutralité. Il faut noter néanmoins que depuis

95 Il faut cependant reconnaître que cette neutralité est d‟abord et avant tout une loi sous influence

de la Grande Bretagne afin de protéger les minorités protestantes dans un Québec majoritairement catholique.

96 Entre autres, nous pouvons citer l‟adoption, contre la volonté des évêques catholiques, de la loi

sur l‟autorisation du divorce en 1865; les lois contre l‟influence indue des curés lors des processus électoraux afin que les électeurs puissent voter selon leur propre conscience en 1875 au Québec; l‟affirmation juridique de la prépondérance du droit civil sur le droit ecclésiastique en matière de sépulture dans l‟affaire Guibord, à la même époque; ou encore, les jugements de cour qui ont affirmé que le mariage religieux était d‟abord et avant tout un lien civil (affaire Delpit-Côté, 1901) ce, même si le mariage civil proprement dit ne sera établi qu‟en 1969 (Bill Omnibus). La séparation privé/public ne fait toutefois pas partie de la tradition politique québécoise, contrairement à la laïcité de séparation qui a marqué une bonne partie de l‟histoire politique française. Au Québec, la collaboration des Églises dans divers champs sociaux est manifeste (tenue des registres civils lors des baptêmes, des mariages et des funérailles, collaboration et même délégation dans les sphères éducatives, caritatives et hospitalières), (Cf. MILOT, 2005, p. 18).

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la conquête anglaise, c‟est plutôt la langue française qui a été le marqueur incontournable de l‟identité nationale et culturelle des Québécois. Ainsi, l‟identité québécoise ne relève ni d‟une émanation religieuse (comme aux États-Unis)97, ni d‟une séparation institutionnelle entre la religion et l‟État (comme en France)98.

Cependant, même si le Québec n‟est plus une nation de chrétienté active, le catholicisme demeure la référence d‟un grand nombre de Québécois. La neutralité de l‟État garantit la préservation des libertés publiques et de la cohésion sociale. Elle donne aussi une nouvelle dynamique à l‟identité socioculturelle pour qu‟elle reflète mieux le foisonnement et la diversité de la culture et de la société. La société québécoise se présente comme dans un système de double miroir; elle reflète d‟une part la diversité de sa population par des accommodements raisonnables et, d‟autre part, elle tient à véhiculer des valeurs telles que la liberté individuelle avec une prééminence sur les lois religieuses, l‟égalité entre homme et femme et la disparition des signes religieux ostentatoires dans la fonction publique; ce qui constitue encore aujourd‟hui un lieu de débat public. D‟une manière générale, il n‟est plus question pour la société québécoise de se faire dicter ce qu‟elle doit faire par l‟Église catholique ni par aucune religion. Plusieurs initiatives des gouvernements qui ont souvent provoqué de vifs débats publics ont conduit à des lois qui marquent la disparition de l‟influence de l‟Église ou de la religion dans les affaires publiques. C‟est le cas de la déconfessionnalisation progressive des écoles depuis 1963 avec la création du ministère de l‟Éducation et le Conseil supérieur de l‟éducation. L‟année 2002 a marqué le véritable tournant de la laïcisation des écoles au Québec avec le projet de la loi 118, puis ensuite l‟instauration d‟un cours obligatoire, non confessionnel, intitulé Éthique et culture religieuse. Cette laïcisation, selon les promoteurs, est un cadre idéal pour la

97 Aux États-Unis, plusieurs chercheurs parlent de « religion civile » (Herberg, 1955; Bellah, 1967;

1974) ou de religion séculière (Marty, 1976). La réalité sociale américaine s‟articule dans des emprunts issus de valeurs chrétiennes.

98 La France a une conception républicaine de la laïcité. Elle est caractérisée par la séparation du

pouvoir politique de toutes organisations religieuses mais opte pour le respect de l‟égalité morale, de la liberté de conscience et la réalisation du bien commun. Tandis que le Québec est plutôt caractérisé par une laïcité qu‟on pourrait dire « de reconnaissance ». Il s‟agit de la neutralité de l‟état face aux religions. Cette neutralité n‟a pas été institutionnalisée comme en France.

141 reconnaissance de la diversité et l‟égalité des citoyens avec un projet d‟éducation civile qui garantit une unité morale dans la diversité des appartenances. Les débats autour des questions morales ou éthiques ont été souvent le terrain d‟affrontement entre l‟Église et l‟État. Ils suscitent aussi beaucoup de confrontations sociales. C‟est le cas de la mise sur le marché, en 1960, des premières pilules contraceptives. C‟est aussi le cas des débats sur l‟avortement qui, malgré sa décriminalisation par la Cour suprême (en invoquant la Charte canadienne des droits et liberté) continuent de faire débat jusqu‟à ce jour99. C‟est le cas, enfin, de la légalisation de l‟homosexualité le 19 mars 2004100.

Il faut enfin observer que la société québécoise, contrairement à la politique canadienne d‟intégration des immigrants et immigrantes (multiculturalisme), se considère plutôt comme « une société d‟accueil avec une identité et des valeurs communes, une société en mouvance qui sait puiser dans l‟apport des cultures étrangères » (Sarrazin, 2007, p. 17).