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L‟intérêt de notre projet de thèse repose sur deux éléments : la nature du problème que nous étudions et son appartenance au champ de recherche en communication publique, notamment les axes « représentations et discours publics » et « pratiques professionnelles »15. En questionnant la pluralité et la diversité des

productions de l‟événement autour des propos de Benoît XVI, nous tentons d‟appréhender les situations de communication sous-tendant leur émergence :

15 Comme le décrit le programme de doctorat en communication publique de l‟Université Laval

(www.com.ulaval.ca/etudes/programmes ), les pratiques professionnelles sont « l‟examen des pratiques déjà bien institutionnalisées du journalisme » Plus précisément, les questions sur les « processus de médiatisation de l‟espace public ». Notre recherche touche les règles et les conditions qui président à la collecte, au traitement, à la diffusion et à la réception des nouvelles internationales. Les représentations sociales et discours publics sont « l‟analyse des contenus de communication publique. La teneur sémantique des messages, leur contenu discursif, les représentations cognitives sociales et individuelles ainsi que les significations sociales, les stratégies de mise en scène de l‟information…la communication publique comme lieu de construction de la réalité sociale ».

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« Qui parle? Quelle est la nature de ce qui est dit? À qui s‟adresse-t-il? Quel est le rapport entre l‟information transmise et sa réception? »16.

Il s‟agit pour nous, d‟une part, de chercher les liens de parenté entre la production de l‟événement et sa réception, et d‟autre part, d‟appréhender les rapports qui peuvent échapper à la conscience des producteurs et des récepteurs, mais sont intimement liés à la représentation sociale. Comme le disait, Umberto Eco dans Lector in fabula :

« le journaliste choisit parmi un ensemble de scénarios possibles, en fonction des moyens dont il dispose et dans lequel il cherche à inclure le récepteur de l‟information comme destinataire supposé complice étant donné que le message est conçu pour un destinataire-cible ou un destinataire-modèle » (Umberto, 1979, p. 29)

En alimentant le débat public, les médias ne sont jamais neutres. Volontairement ou non, ils sont des acteurs dans la mise en scène des interactions discursives en vue de la construction des enjeux sociaux. Ce faisant, ils peuvent être considérés comme des faiseurs d‟opinion publique. Max Weber, dans Le Savant et la politique avait déjà souligné que le journalisme n‟est pas seulement un traducteur ou un simple rapporteur de ce qui se passe, il participe à la construction de l‟opinion. Il est le type exemplaire de l‟activité professionnelle placée à mi-chemin entre la vocation du savant et la vocation d‟homme politique. Il est politique, parce que fabricant ou faiseur d‟opinion. Il est savant, parce que chercheur et producteur d‟œuvres intellectuelles et littéraires (Weber, 1959). Cependant, son travail émerge d‟un contexte, c'est-à-dire d‟une mise en relation de ce qui se passe avec les éléments socioculturels et ce sont ces derniers qui constituent la référence à travers laquelle s‟effectue la sélection d‟éléments pertinents à être médiatisés. Dire cela, c‟est poser la problématique d‟un va-et-vient permanent entre le journaliste et son milieu et laisser entrevoir qu‟une analyse de l‟événement médiatisé peut

16 Cf. Patrick Charaudeau, Le discours d’information médiatique. La construction du miroir social,

19 permettre d‟appréhender les principes inter-discursifs autour desquels s‟organisent la construction des enjeux sociaux.

L‟événement médiatique s‟inscrit alors dans une « situation de communication » (Van Dijk, 1997, p. 15) qui informe sur les paramètres socioculturels et les positionnements des différents acteurs dans le jeu de la construction des enjeux sociaux (Bourdieu, 2001). L‟étude des différents paramètres de l‟événement médiatique permet de dégager les multiples strates de sens qui s‟y cachent ainsi que l‟univers référentiel des enjeux sociaux. L‟événement médiatique n‟est pas une simple réalité rapportée mais plutôt un espace où se compriment implicitement ou explicitement les discussions qui se mènent autour des enjeux sociaux. Dans ce sens, notre recherche s‟inscrit bien dans le champ de la communication publique, comme le définit le Département d‟information et de communication de l‟Université Laval :

« La communication publique consiste en l‟ensemble des phénomènes de production, de traitement, de diffusion et d‟échange d‟information qui reflètent, créent et orientent les débats et les enjeux publics. La communication publique désigne à la fois la réalité et l‟étude de la façon dont sont discutés les enjeux sociaux et animés les débats publics. En communication publique, les activités de communication ne sont pas envisagées pour elles-mêmes ou en tant qu‟objet concret en se demandant en quoi elles consistent. Elles sont plutôt abordées en fonction d‟une préoccupation formelle de recherche : en se demandant comment elles sont utilisées comme instruments pour tenter de faire prévaloir un point de vue dans l‟espace public et comment elles concourent à la controverse sociale »

(http://www.com.ulaval.ca/etudes/programmes/troisieme-cycle/1-axe-de- recherche-en-communication-publique/ )

L‟analyse de l‟événement médiatique permet de saisir, de décrire et de comprendre ce qui se passe aux différents niveaux de la dynamique des jeux d‟influence que se livrent les différents acteurs afin de faire prévaloir leurs points de vue dans l‟espace public international et comment ce faisant ils participent à la controverse sociale. Notre travail tente justement de jeter un faisceau de lumière

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sur la dynamique de cette controverse médiatique et voir comment chaque pays s‟est positionné par rapport aux propos du Pape et en quoi cette position traduit une sorte de reconfiguration médiatique endogène de ce qui vient d‟ailleurs.